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4,11

sur 3059 notes
Si on connait essentiellement ce roman par son adaptation cinéma, les fans du film gagneront toujours à la découvrir à l'écrit. Et ceux qui ne sont pas fan du film... aussi en fait !



Rick Deckard est chasseur de prime. Car l'histoire se passe dans le futur, et la colonisation de Mars a commencé (mais ne fonctionne pas si bien). Lui est resté sur Terre et chasse les Androïdes, tellement réaliste qu'ils se fondent dans la masse, et seul le test de Voigt-Kampff permet de les détecter en testant leur empathie. Lui même, pour ressentir des émotions, utilise un instrument en créant. Lorsque Dave Holden, le chasseur de prime d'un secteur, est terrassé par un androïde, sa tâche est confié à Rick : il doit en trouver plusieurs, qui ont tués des humains et ont quitté Mars pour rejoindre la Terre...



Sous ses auteurs de roman de SF policier, ce livre est en fait des plus intéressants tant il questionne la nature de l'humanité, par le biais du personnage de Rick. Si le roman fait parfois planer le doute sur son statut d'humain, la question n'est jamais vraiment d'essayer de savoir ce qu'il en est (tout sera vite trés clair) mais de le voir faire son travail, efficacement et consciencieusement dans un premier temps. Mais un événement va le pousser à douter de ses actes, à douter de tout, et finalement à se demander s'il est vraiment heureux. Et c'est tout ce qui va faire de ce roman une oeuvre à part, un livre qui, tel qu'elle pourrait être considéré comme presque inadaptable au cinéma par exemple. Alors on suit Rick, mais pas seulement, puisqu'on va aussi suivre un autre personnage, John Isidore, resté sur Terre aprés la catastrophe, et qui va se retrouver plongé lui aussi, indirectement, dans cette histoire. Et on va, au final, comprendre que tout le roman repose aussi sur une sorte de jeu de miroir entre son personnage et celui de Rick. Les axes pour étudier ce roman sont nombreux et passionnant ! Ce qui confirme que c'est tout l'univers qui est fascinant, films compris !
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Qu'est ce qui nous rends "humains? Rick Deckard évolue dans une dystopie dans laquelle l'organique est précieux et "authentique". On va jusqu'à acheter de la vraie nourriture pour nos animaux synthétiques pour faire croire aux voisins qu'il s'agit d'un véritable animal. Et c'est l'histoire dans l'histoire; effectivement il y a une révolte d'androïdes, il faut les retrouver et comprendre leur motivations. C'est donc un bon roman policier avec de la traque et des courses poursuites. Mais en toile de fond, on se demande pourquoi c'est si important que le hibou ou le mouton du voisin soit synthétique. On se demande si notre enveloppe est bien ce qui nous définie. Et on se demande si les méchants de l'histoire sont si méchants que ça. Rick Deckard se demande tout ça en tout cas.
Les thèmes récurrents chez Philip K. Dick sont la quêtes d'identité et ce qui fait de nous des êtres "humains". Dans chaque récit il expose et explore ses propres théories. Est-ce notre corps organique? Nos souvenirs? Notre conscience? Notre âme? Autant de valeures abstraites difficiles à intégrer dans une équation au résultat binaire, dans des récits tout sauf manichéens. C'est pour cela que ses livres sont "actuels" et le seront encore dans 50 ans, et aussi longtemps que l'on prendra la peine de se demander ce qui fait de nous des humains, et ce qu'il en est de notre humanité. En cela, Dick est proche du maître de l'animation japonaise H. Miyazaki. A ceci près que Dick dépeint une nature très crue dans un contexte futuriste, quand Miyazaki lie le tout dans la poésie des contes populaires japonais.
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Je dois être un des rares amateurs de SF à ne pas avoir vu le film Blade Runner. Quand on sait que le film Total Recall, lui aussi inspiré d'une nouvelle de K. Dick a été marquant dans mon enfance, on comprend encore moins comment j'ai pu passer à côté du phénomène Blade Runner. L'explication est pourtant simple comme souvent, l'année de sortire. 1982 pour Blade Runner, j'avais deux ans... 1990 pour Total Recall, onze ans.

Qu'à cela ne tienne cela me permet de découvrir Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? avec toute mon innocence retrouvée ! La nouvelle est suffisamment longue pour pouvoir être qualifiée de roman. Ici, même si l'intrigue est aguichante (des chasseurs de primes d'androïdes fugitifs, on a fait plus morne !), l'action se retrouve rapidement au second plan. L'auteur semble faire tout pour la rendre banale, ratée, le "héros" réussit quasiment tout ce qu'il entreprend.... en donnant pourtant l'impression de ne pas maîtriser grand chose.

C'est parce que Dick veut nous faire regarder ailleurs que dans les péripéties, il veut que l'on s'intéresse au symbole. Une humanité que la Guerre, la pollution nucléaire a contrainte à s'exiler ou à mourir à petit feu et qui du coup se retrouve confronté aux grandes questions philosophiques. La plupart des gens fuient tout en restant sur Terre (par l'intermédiaire de la télé, d'engins créateurs d'humeurs, d'animaux de compagnie de plus en plus rare... et donc indispensables, de religions nouvelles crées pour garantir la paix sociale). Certains "privilégiés" se retrouvent confrontés au questionnement philosophique : qu'est-ce qui fait l'homme et le différencie de la machine ? Quel but peut-on se donner dans un monde qui se détruit petit à petit ?

Dick est souvent présenté comme un paranoïaque dont l'état psychiatrique a envahi les écrits. Dans notre monde rempli de thèses conspirationnistes, il aurait pu passer pour Monsieur Tout le Monde. C'est surtout un génie visionnaire, qui décrit en 1968 nombre de choses qui, sans s'avérer totalement réalisées à l'identique, retranscrivent parfaitement l'état d'esprit d'un monde futur au bord du basculement et en plein questionnement. le monde qu'il décrit est terriblement angoissant et désespérant, d'autant plus qu'il semble maintenant pouvoir représenter un futur assez proche, où le péril écologique remplace les conséquences de la guerre nucléaire.

Les théories développées sur les choses qui envahissent petit à petit l'espace ou sur la société du spectacle télévisuelle tournant en boucle avec les mêmes animateurs et les mêmes invités qui n'ont même plus d'actualité culturelle en dehors de ces émissions... ca ne vous rappelle vraiment rien ?
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Sur une Terre polluée, où l'humanité survit avec de très rares et donc très chers animaux de compagnie côtés à l'argus, 8 androïdes sont pourchassés par le blade runner Rick Deckard. le récit pourrait se résumer à une traque mais il va bien au-delà.

Cela fait plaisir de retrouver P.K.Dick. Bien que ce roman soit moins approfondi que son chef d'oeuvre"Ubik", il conserve les obsessions de son auteur: deux mondes parallèles, l'un virtuel, l'autre (peut-être) réel, des rapports conflictuels avec l'alter ego féminin, quelques addictions par-ci par-là et un pessimisme bien réel.

Ce qui frappe c'est d'abord la vision du monde. 50 ans après sa rédaction, le roman, qui décrit une vie terrestre de plus en plus compliquée, semble rattraper notre réalité. Les animaux sont tous morts ou presque. Ce qui fait la valeur des vivants. Si bien qu'il n'est pas seulement le point de vue économique à prendre en compte: on en arrive à attribuer un prix exorbitant à la vie.

Et puis le meurtre est autorisé. Rick Deckard est un policier employé pour tuer. Uniquement des robots mais tellement développés qu'ils se confondent parfaitement à la population faite de chair, d'os et d'émotions.

Mais l'androïde n'a pas d'émotions. La détection de ces émotions est au coeur du roman. Si le blade runner n'en décèle aucune chez un individu, il le pulvérise avec son laser.

L'un des conclusions du roman pourrait être philosophique: si les émotions, non feintes, font de nous des êtres humains, à l'avenir, il faudra souhaiter qu'il n'y ait pas de blade runner dans les parages si l'on a un jour sans...
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Relu il y a peu suite à la sortie du second film.
Très beau roman
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Lu dans le cadre du challenge Vance-K. Dick, ce roman de science-fiction de Philip K. DICK nous présente un monde où la technologie a considérablement évolué.
Le must pour les humains est de posséder un vrai animal dont le prix dépend de sa cote à l'Argus et qui est un symbole du statut social ou financier de son propriétaire.
Les gens qui ne peuvent pas se le permettre s'offrent un animal électrique, en tout point comparable aux vivants, mis à part leur mécanisme.
C'est le cas de Rick Deckard qui se navre de n'avoir qu'un mouton électrique.
Blade runner, sorte de chasseur de prime, il espère que la mission qu'on lui confie lui permettra de gagner rapidement de quoi pouvoir acquérir un vrai animal.
Il doit en effet tester et anéantir plusieurs androïdes de la toute dernière génération "Nexus 6" qui se sont volatisés dans la nature après avoir sérieusement blessé un de ses collègues.
L'histoire est passionnante et interpelle, à une époque à laquelle il est de plus en plus question de robots ou d'intelligence artificielle.
Finalement, on se rend compte que le futur c'est presque demain...

Challenge Jack VANCE-Phulip K. DICK
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Si vous cherchez à revivre le film culte, passez votre chemin.
Il faut lire ce livre sans penser à Harrison Ford.
Sans penser à quoi que ce soit du film d'ailleurs.
A titre personnel j'ai apprécié ce récit et j'ai fini par être surpris de l'adaptation qui en a été faite.

A lire donc si on aime la science fiction et les livres qui ne finissent pas en happy end hollywoodien !
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N'ayant pas vu l'adaptation cinématographique de ce roman, et en en ayant entendu beaucoup plus de mal que de bien, je ne m'attendais pas à un livre d'une telle qualité.

J'aime la science-fiction qui ne se réduit pas à un simple récit manichéen, genre avec des gentils humains et des méchants robots. Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? va au-delà de cela, en créant des personnages profonds, capables de se questionner face à des situations délicates qui mettent en avant des réflexions antithétiques révélatrices. Ici il n'y a ni bon ni mauvais. Chaque camp (les humains et les androïdes) a ses propres raisons d'agir comme il le fait, toutes les raisons justifient leurs actions. Tout le roman est fondé sur le concept de dualité, d'où naît un questionnement sur notre propre humanité : qu'est-ce qui la définit ? L'humain vaut-il plus que le semi-organique ?

Questions fondamentales qui semblent se poser sous la lumière du prisme des animaux, révélateurs d'empathie, irrémédiablement attachée à la notion d'humanité. Sauf que les animaux sont aussi des objets dans ce monde capitaliste survivant à l'apocalypse nucléaire. Ils sont des objets de valeur, témoins du statut social de leurs propriétaires. Un poulain vaut plus qu'un mouton, un mouton vaut plus qu'un chat, et que dire des animaux électriques ? C'est la honte inavouable, c'est tenter de s'octroyer un statut en usant de subterfuge !
Le statut, c'est l'obsession du chasseur de primes Rick Deckard, qui n'hésite pas à déglinguer de l'androïde à tour de bras en espérant toucher assez d'argent pour s'acheter un animal convenable, et un vrai ! Mais comme chacun sait, même en gagnant un pognon dingue on reste pauvre...

Dans sa quête, Rick Deckard se trouvera en difficulté maintes fois, à l'instar d'un parcours initiatique qui lui permettra d'acquérir une autre vision du monde, de la réalité, de l'humanité, en finissant son périple en accédant à une spiritualité touchant au mysticisme. Une nouvelle façon de penser s'offre à lui, une nouvelle vision de lui-même et du monde qui lui donne la possibilité d'outrepasser les faux-semblants.
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Ouf! Il nous emmène loin K.Dick, plus loin que les ténèbres mortifères de la Terre désolée dans laquelle il a jeté son anti-héros, assez loin en tout cas pour me permettre ce petit plaisir masochiste de lecteur de dépasser la zone d'inconfort dans laquelle m'emmène souvent son écriture singulière pour plonger dans l'eau lourde d'une lecture dérangeante, car elle donne le vertige.

C'est abyssal en effet ce qu'on voit dans les yeux d'un mouton électrique, quand on est un flic en charge de "retirer" (douce protection de novlangue pour ne pas dire tuer) les androïdes rentrés clandestinement de Mars, nécessairement inhumains, nécessairement dangereux. La prime en vaut la peine, mais si elle peut lui permettre d'acquérir le rare et cher animal vivant qu'il convoite, le prix à payer est lourd quand la mission se révèle être une confrontation avec ce que ce chasseur de prime a, ou pas, de réellement humain.
Comme souvent avec K.Dick, on bascule sans crier gare d'une perception de la réalité à une autre, au point que les frontières se brouillent entre l'humanité du chasseur et celle des androïdes, humanité que la seule empathie se révèle insuffisante à définir.
Le roman est lourd, noir et le propos désespérant, à l'image de ce personnage en déliquescence qui se retrouve comme un Sisyphe absurde à recevoir ses pierres dans un désert sans vie. Et sa portée, dans le contexte actuel ou la technologie brouille les sensations cognitives et envisage la digitalisation de l'homme-dieu, n'en a que plus de poids aujourd'hui.
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"Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" est une merveille et montre décidément la grande diversité du genre de la science-fiction, dans laquelle on trouve aussi bien des romans d'anticipation, tels que "1984", des romans jeunesse distrayants, tels que le premier tome des "Jeux de la Faim" ( le titre reste généralement en anglais, même dans les éditions traduites ) ou encore des contes philosophiques, tels que "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?"
C'est plutôt une manière de conte philosophique sur la nature humaine et la différence entre les humains et les robots, plus que jamais actuelle à l'heure où les appareils informatiques commencent à prendre une apparence de plus en plus humaine.
Et un texte d'une rare profondeur et d'une grande puissance.
L'écriture de K. Dick est efficace, simple et puissante de par sa simplicité.
Le texte est profond, pour les raisons dont j'ai parlé plus haut ; parce qu'il constitue une réflexion tout à fait intéressante et tout à fait pertinente sur la nature humaine.
L'histoire est admirable : l'intrigue bien trouvée, l'univers complexe, travaillé, finement élaboré, aucun détail n'étant laissé au hasard.
La fin, surtout, est merveilleuse ; c'est une fin superbe aux pérégrinations de Rick Deckard.
L'imagination de K. Dick est immense, mais il ne se laisse pas déborder par elle : chaque détail est à sa place, et aucun n'est de trop.
Ce roman a été fait d'une main d'orfèvre : chaque détail, chaque mot, chaque scène est précisément à sa place.
Et c'est ce que j'ai le plus aimé, ce qui fait l'étonnante cohérence d'un roman et ce qui permet à Philip K. Dick d'y mettre tant d'art, de nous faire progresser dans ce récit étonnant, jusqu'à la fin… Et quelle fin, je l'ai déjà dit !...
Un coup de coeur.
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