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sur 852 notes
Paru en 1977, « Substance Mort », roman majeur de l'oeuvre foisonnante de Philip K. Dick a pour titre original « A Scanner Darkly », en référence à un passage de la première épître De Saint Paul aux Corinthiens : « for now we see through a glass, darkly... ». Une métaphore de la manière dont les protagonistes dickiens appréhendent une réalité insaisissable.

« Substance Mort » est un roman atypique de K. Dick qui délaisse les tropes propres à la Science-Fiction. Cet opus tardif évoque davantage un ouvrage légèrement dystopique et franchement paranoïaque, tant il s'affranchit des codes du genre qui fit la célébrité de son auteur.

Dans une Amérique située dans un futur proche et incertain, dont les habitants vivent dans la paranoïa constante qui hante une société placée sous surveillance technologique, les derniers survivants de la contre-culture des années 60 achèvent de brûler leur cerveau en utilisant une drogue terrifiante, la Substance Mort.

« Pour survivre dans cet État policier fasciste, réfléchit-il, faut toujours être en mesure de sortir son nom, son propre nom. À tout instant. C'est le premier signe qu'ils guettent pour savoir qu'on est accro : pas être foutu de se rappeler qui on est. »

Fred travaille incognito pour la brigade des stups, le corps dissimulé sous « un complet brouillé » qui en brouillant son image, sa voix, son odeur, le rend absolument méconnaissable. Lorsqu'il ne travaille pas, Fred reprend sa véritable identité, celle de Bob Arctor, un toxicomane qui a quitté femme et enfants, pour partager son appartement et son quotidien avec deux autres drogués.

Arctor espionne Donna, une jeune dealeuse, dont il est secrètement amoureux. Une mission qui n'est pas de première importance et ne nécessite pas le port du fameux « complet brouillé ». le but n'est évidement pas de faire tomber la jolie jeune femme, mais de remonter la filière de la Substance Mort.

« Tant qu'à espionner quelqu'un, autant choisir un sujet qu'on fréquenterait de toute façon ; ça paraissait moins suspect et on se faisait moins chier. »

Toujours vêtu d'improbables chemises hawaïennes, Bob Arctor est un personnage avenant, doté d'un humour décalé qui fait souvent mouche. Sa cohabitation avec Barris, bricoleur en électronique au génie incertain et Luckman, trentenaire effacé, est plutôt bon enfant. Les conversations des trois hommes sont truffées d'anecdotes mêlant une paranoïa et un humour typiques des toxicomanes.

Si la consommation constante de Substance Mort d'Arctor, n'augure pas de lendemains radieux, c'est la nouvelle mission que lui confie son supérieur qui va emporter notre héros dans un voyage sans retour au bout de la schizophrénie. Ce dernier ordonne à Fred d'abandonner la surveillance de Donna pour espionner un homme que les Fédéraux ont identifié comme un dangereux toxicomane.

Après un début modérato, « Substance Mort » prend une ampleur typiquement dickienne lorsque le personnage principal Fred est chargé d'espionner le dénommé Bob Arctor qui n'est autre que lui-même. Cette mission sera le début de la descente aux enfers du héros, qui, en plus de devoir affronter une mission à fort potentiel schizophrène, découvrira que Barris n'est pas tout à fait celui qu'il prétend être, et que les inquiétudes qu'il attribuait à la paranoïa qui hante chaque drogué étaient fondées...

« Étrange comme, de temps à autre, la paranoïa peut coïncider avec la réalité. »

La plongée au coeur des ténèbres de « Substance Mort » évoque les ouvrages d'Henri Michaux, qui comme K. Dick fit un usage « approfondi » de différentes drogues, qu'il relate dans « Misérable Miracle » ou « Connaissance par les gouffres ». le titre français est pourtant trompeur. « Substance Mort » ne se limite pas à une description de l'enfer des paradis artificiels. C'est une oeuvre singulièrement ample et ambitieuse qui nous dépeint une Amérique cauchemardesque où les drogués sont constamment traqués pour être placés dans des centres de désintoxication dont nul ne revient.

« A Scanner Darkly » est surtout, comme souvent chez K. Dick, un roman où les êtres et les institutions, ne sont jamais ce qu'ils paraissent être. le verset 13:12 de l'épître De Saint Paul aux Corinthiens, auquel fait référence le titre original, est nettement plus éloquent : « Maintenant nous voyons dans un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face. »

Ce verset résume en quelques mots tout le roman. Pendant l'essentiel de l'intrigue, le héros Fred/Arctor et le lecteur n'ont qu'une vision inquiète, tronquée, faussée de la réalité. le dénouement réalise, en la détournant, la prédiction De Saint Paul et dévoile la Vérité dans son hideuse nudité. Finis les faux-semblants, les fausses pistes, les intuitions paranoïaques. Place à une Réalité devenue Cauchemar ou à un Cauchemar devenu Réalité.

S'il n'atteint pas la perfection formelle d'« Ubik » qui explorait la dissolution du réel avec une maestria époustouflante, « Substance Mort » est peut-être le chef-d'oeuvre de K. Dick. Plus incarné, plus sincère, moins joueur, le roman est touché par la grâce de la mélancolie lorsqu'il donne une âme à son héros (qui évoque un double romanesque de l'auteur), un homme qui continue de vivre alors même qu'il est déjà mort.

« There's more to the picture
Than meets the eye
Hey hey, my my
Out of the blue and into the black »
Neil Young

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Substance mort est l'un des cinq derniers romans écrit par Philip K. Dick. Il l'achève en 1975 alors qu'il est déjà reconnu dans le domaine de la science-fiction (prix Hugo en 1962 pour le maître du haut-château). Riche de son expérience, il livre sans doute son meilleur roman, du moins le plus touchant et le plus personnel de ses livres.

K. Dick propose une plongée dans le monde de la drogue, dans une Amérique inquiétante. La société semble divisée de façon nette entre les riches, les représentants du gouvernement, et le reste de la population qui se drogue. Caché sous son « complet brouillé », Fred, qui bosse pour la brigade des stups, est chargé de surveiller Bob Arctor qui n'est autre que lui-même. Il doit remonter les échelons pour retrouver qui se cache au sommet de la production de la Substance M. Cette drogue que doit prendre Fred pour sa couverture, a pour effet de dissocier les deux hémisphères du cerveau. Ses consommateurs finissent inévitablement par sombrer dans la schizophrénie.

Substance Mort est le roman le mieux construit de K. Dick, le plus émouvant et le plus marquant. Contrairement à ses autres écrits, celui-ci semble savoir où il va lorsqu'il l'écrit. La chute est cynique et la postface est un témoignage poignant au sujet de la drogue.

Car malgré les idées reçues, il est réducteur d'affirmer que le génie de Philip K. Dick réside dans l'absorption de drogues. Une personne sans imagination n'aura pas d'idées créatives après avoir consommé de la drogue. Ses lecteurs seraient incapables de faire du K. Dick. Par contre quelqu'un ayant son talent peut prendre de la drogue pour se désinhiber. Certains génies prennent de la drogue, certes, mais prendre de la drogue ne rend pas génial.

L'étrangeté de ses récits n'est donc pas imaginée comme une volonté d'originalité de sa part. Son style n'est pas étrange « pour être étrange ». C'est justement sa façon d'écrire, et s'il se distingue des autres, il le doit seulement à soi-même et pas à des substances narcotiques.

À chacun de ses livres, K. Dick propose une plongée dans l'inconnu, quelque chose d'inhabituel, mais qui finalement donne un grand plaisir à la lecture. Son non-conformisme continue encore aujourd'hui à renouveler la science-fiction et s'oppose à la décadence du genre. Substance Mort représente peut-être le mieux tout ces aspects de l'oeuvre de K. Dick.
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Pas de SF dans ce roman sombre mais curieusement drôle parfois, et écrit vraiment comme un polar. le flic des Stup file le Dealer mais les deux ne font … qu'un! Suprême délire schizo, un peu la marque de fabrique de l'auteur. de nombreuses trouvailles comme le fameux « complet brouillé », des dialogues surréalistes entre dealers drogués policiers, et puis l'horreur de la drogue - La Substance M- à laquelle il est impossible d'échapper… On devine tous les amis de Dick emportés par la drogue dans la vraie vie cette fois, après avoir perdu leur identité et leur liberté - autres thèmes chers à l'auteur. Un livre fort et triste aussi.
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Pour moi le meilleur de Philip K. Dick avec Ubik, Substance Mort ou la grande conspiration révélée.
Ce livre, que je relis régulièrement, a été comme un coup de massue à ma première lecture... Déjà, dans les années 60, K. Dick a cette prescience d'un état manipulateur, qui crée une dépendance pour faire fructifier sa productivité de drogues... (ça me rappelle la facilité qu'ont les médecins à prescrire de la méthadone ou du subbutex à des gamins même pas accros, ainsi, on a des consommateurs accrochés à perpète à un produit légale, distribué avec la bénédiction de l'état, et qui lui rapporte de l'argent et crée des emplois !...)
Le thème de la paranoïa omniprésente, le brouillage des identités, la mise en abime (Fred forcé de se surveiller lui-même), tout cela crée un récit hyper moderne, toujours d'actualité, où rien n'a vieilli, rien n'a bougé. ça fait froid dans le dos.
Un roman culte, adapté de la meilleure façon qui soit pour ce genre d'histoire hallucinée, sous forme de film mi-animation mi-réalité (un traitement spécial de l'image filmée avec les vrais acteurs, les fait apparaitre comme des personnages dessinés... l'effet est garanti), avec Keanu Reeves, Robert Downey Jr, Woody Arelson, et réalisé par le talentueux et hors-norme Richard Linklater (Boyhood) en 2006 sous le titre "A Scanner Darkly". Un film culte pour un livre culte. La boucle est bouclée.

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Encore un auteur et surtout un ouvrage qu'il est un peu ridicule de noter (sans doute est-ce le cas de tous me direz-vous..)
Mais personnellement, lorsque je me fais cette réflexion, c'est que l'oeuvre est écrite de manière à ce que tout jugement, toute remarque à son sujet la concernera peut-être moins, en tant qu'oeuvre achevée que comme part inaliénable du Réel écrivain à travers elle (je veux dire du "réel qui écrit"..)
Pas seulement parce que l'autobiographie sous-jacente est évidente mais parce que l'auteur se fait autre chose à son contact, non pas pur transmetteur ni chroniqueur (situation la plus "partagée") mais véritable émetteur, visionnaire du monde en train de se faire

Je sais, ça ne veut à peu près rien dire. Mais c'est mon expérience de lecture avec Dick...
(Pas seulement dans "Substance mort")
Je lis, j'adore et je ne sais pas pourquoi j'adore ça car je suis loin de tout comprendre
Même quand il est possible de suivre assez tranquillement ce que vivent ses personnages, l'on sent bien qu'il se passe autre chose, que c'est une conscience hantée avec laquelle on se familiarise peu à peu, qu'une réversibilité est toujours possible, planante

"Substance mort" n'est pas son meilleur roman, c'est une synthèse...
La maladie libérée habilement mise en scène ; elle a l'air nue, implacable, désespérante mais elle s'amuse et rit à nos dépens

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Un titre pas très gai, une couverture qui fait peur, de quoi mettre le lecteur dans l'ambiance et le préparer psychologiquement à la lecture de ce roman dur, complexe et éprouvant.
Il ne faut pas lire Substance Mort si vous êtes sujet à la déprime ni si vous avez envie de vous détendre ni si vous avez besoin d'une lecture légère et divertissante car Substance Mort n'est rien de tout ça. Substance Mort est une plongée dans le milieu de la drogue vu du côté des drogués et en même temps un bouleversant hommage à tous ceux qui se sont retrouvés prisonniers du cercle infernal de la toxicomanie.
On suit Bob Arctor et ses amis, tous appartenant au milieu des « freaks » donc de ceux qui dealent et se droguent, évoluant dans leur monde de paranos angoissés dont les principaux soucis sont de se procurer leur prochaine dose et de ne pas se faire repérer par la police.
Malheureusement pour eux, repérés, ils le sont. L'agent des stups Fred est chargé de leur surveillance. Seulement, voilà, Fred n'est autre que Bob Arctor lui-même dont la véritable identité se trouve dissimulée derrière le « complet brouillé », incroyable invention qui permet à celui qui le porte de faire varier son aspect physique et même sa voix de façon à ce qu'il soit complètement inidentifiable.
Immergé dans une situation qui le contraint à se surveiller lui-même et victime des effets de la Substance Mort, Bob perd peu à peu toute notion d'identité. Les dégâts sur son cerveau évoluent peu à peu au fil du roman lui faisant complètement perdre toute conscience de la réalité.
Les dialogues entre les différents personnages, absurdes au possible, et certaines scènes totalement loufoques décrivant les trips des personnages renforcent cette impression de totale déconnexion entre les « freaks » et le monde réel. le lecteur est plongé dans cet autre monde et découvre avec effroi qu'il n'y a malheureusement aucune sortie de secours. le lecteur aussi se retrouve pris au piège de l'incroyable filet tissé magistralement par Philip K.Dick jusqu'à ce que ce dernier le mette KO avec une fin qui l'achève et l'écoeure.
Je dois reconnaître que Dick est vraiment un as pour les fins « choc » étonnantes et troublantes.
Bouleversante est aussi cette note rédigée par l'auteur en fin de volume dans laquelle il explique avoir lui-même connu l'enfer de la drogue et avoir perdu ainsi nombre d'amis auxquels il rend hommage à travers ses personnages.
Ce roman est classé en science-fiction mais seuls quelques éléments se rapportent au genre (comme le « complet brouillé ») car pour le reste, c'est inspiré du vécu et du réel.
Plus qu'une simple oeuvre de fiction, ce roman est un témoignage et un avertissement à tous ceux qui seraient tentés de vouloir continuer à jouer comme des enfants plutôt que de se confronter à la réalité d'une vie de labeur.
« Ce roman ne propose aucune morale ; il n'est pas bourgeois ; il ne prétend pas que ses héros ont eu tort de jouer au lieu de travailler dur, il se contente d'énumérer les conséquences. »
Et quelles conséquences !
J'ai également retrouvé dans ce roman, tout comme dans Ubik, une critique de la société de consommation et une réflexion sur ce qu'est l'identité. le seul point que je reproche à Dick, c'est cette image de la femme plutôt dégradante réduite à un robot ménager et une poupée gonflable. Je l'avais déjà remarqué dans Ubik. le passage où Bob explique que c'est le rôle des femmes d'entretenir une maison pour excuser que la sienne soit dans un état déplorable m'a un peu agacée. Enfin bon, on va mettre ça sur le compte de la mentalité de l'époque et notamment celle du mouvement hippie dont on retrouve de nombreux éléments ici et en particulier celui que dénonce principalement Dick dans ce livre : la consommation de psychotropes .

Substance Mort est donc un roman fort et dur, qui marque les esprits et fait réfléchir. J'en conseille vivement la lecture.

Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Écrit en 1977, Substance mort est l'un des derniers romans de Philip K. Dick. L'aspect science-fiction est assez léger et le livre peut se lire quasiment comme un roman de littérature générale (avis aux non-fans de SF qui voudraient s'essayer à cet auteur).

Le roman nous plonge dans l'univers des toxicomanes avec le personnage de Bob Arctor, accro à la substance M tout comme ses amis. Mais Bob est également Fred, un agent des stups chargé de remonter la filière de cette fameuse drogue, et qui protège son identité à l'aide d'un "complet brouillé". Un jour, Fred est chargé de placer sous surveillance... Bob, lequel semble avoir des trous dans son emploi du temps ainsi que des revenus de provenance inconnue (et pour cause).

Avec une telle entrée en matière, on pourrait s'attendre à ce que l'histoire vire en thriller. Mais ce serait oublier qu'on est chez Philip K. Dick. L'histoire est d'ailleurs traitée de façon très dickienne : on y suit les errances du personnage principal et sa plongée dans la paranoïa à mesure que la substance M lui détruit le cerveau et que la réalité autour de lui s'embrouille et se désagrège, au point qu'il ne sait même plus qui il est : Bob ? Fred ? ou même Bruce, tant qu'on y est ?

Philip K. Dick signe ici l'un de ses romans les plus personnels, et c'est sans doute l'un des plus aboutis et des plus émouvants. Dans une note de fin, il indique avoir écrit cette histoire en hommage à ses amis toxicomanes (morts ou gardant des séquelles irréversibles), dont il s'est inspiré pour écrire ses personnages. Et cela se ressent vraiment. Les personnages sont habituellement loin d'être une des forces de Philip K. Dick, mais il arrive parfois, de temps en temps, à viser terriblement juste. C'est le cas ici : les personnages sont si pathétiques qu'ils en deviennent touchants. On sent, en filigrane, une certaine tendresse de l'auteur à leur égard.

Autre chose, les dialogues sont des monuments d'absurdité. On ne sait plus trop si on est plongé dans le délire de mecs complètement drogués ou s'il s'agit d'une manière de montrer à quel point la réalité est faite de toc. Sans doute les deux. C'est un effet que j'avais déjà perçu dans certains des romans précédents de Dick (notamment Ubik), mais encore jamais à ce point-là.

Seul regret, le sexisme sous-jacent dès qu'il est question du personnage de Donna Hawthorne. Évidemment, on peut arguer qu'il s'agit de l'époque, qu'on décrit une "réalité" de mecs sexistes, ou qu'elle a bien plus de consistance qu'on ne l'imagine au départ (ce qui est vrai). Reste qu'on ne l'écrirait plus de la même manière aujourd'hui, et que c'est tant mieux.
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Bob Arctor mène une double vie : toxicomane accro à la Substance M, il partage son appartement avec quelques amis dans le même état que lui. D'un autre côté, Bob est aussi Fred et travaille à la brigade des stups. Comme tous ceux qui y travaillent, il doit garder l'anonymat : faux nom et « complet brouillé », un bijou de technologie qui donne à ceux qui le portent une apparence aléatoire et qui change constamment. Même ses supérieurs doivent ignorer sa véritable identité.

Ironiquement, Fred est chargé de surveiller Bob : ce dernier a des trous dans son emploi du temps et des sources de revenus inconnues. Et pour cause, il s'agit du temps qu'il passe à son boulot chez les stups et du salaire qu'il reçoit en conséquence. Tout ce monde paraît être une grande supercherie : les agents des stups se droguent et dealent pour infiltrer les réseaux, et les dealers dénoncent facilement leurs confrères. Plutôt que de se combattre, on a plutôt l'impression que les deux camps se renforcent mutuellement.

J'aurais sans doute plus apprécié ce roman si j'avais lu les commentaires avant de l'entamer : quand on s'attend à un pur roman de science-fiction, on reste forcément sur sa faim. Philip Dick nous livre plutôt son expérience sur l'explosion de la consommation de drogue dans les années 60. Tous les personnages du roman sont inspirés de ses anciens amis. Et le constat est plutôt glaçant : le livre se termine avec une longue liste de noms, auxquels sont accolés « décédé » ou « lésion cérébrale permanente ».

« S'il y a eu un « péché », il aura consisté en ce que ces gens voulaient continuer éternellement de prendre du bon temps. Ils ont été punis pour cela. Mais, je le répète, le châtiment fut démesuré. »
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Un futur proche dans une Amérique, dans une société segmentée (les riches, les officiels du gouvernement, les prisonniers sous l'emprise d'une puissante drogue, Substance D, disponible à bon marché).
Un futur pas si éloigné de ce qui couve actuellement.
J'ai voulu me replonger dans ce livre, que je considérais comme un des meilleurs romans de Philip K. Dick. Et je ne suis pas le seul.
J'ai retrouvé la même fascination à sa lecture : la forte empreinte d'humanité des personnages « prisonniers », la capacité de Philip K. Dick à capturer la confusion mentale et la mécanique de désorientation des personnages.
Le rendu de la dissociation entre ses identités réelles et son identité sous couverture de l'agent infiltré, Bob Arctor. Que l'on n'oublie pas.
Chacun lutte avec ses démons et tente de naviguer tant bien que mal dans cet univers sous surveillance. Les conséquences de ces mécanismes de contrôle que je vous laisse découvrir dans ce roman personnel, exigeant parfois, que nous a laissé Philip K . Dick.
Un fléau qui s'empare du monde.
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Fred est Bob Arctor, et en tant qu’agent des stups, il est chargé de surveiller… Bob. Bob est un junky, entouré de junkies, surveillé par Fred.

Si vous souhaitez lire un livre léger, joyeux, qui fait du bien… passez votre chemin !
Substance Mort est avant tout un roman sur la drogue et les drogués, notamment les effets du produit sur leur cerveau, et la perte de la perception de la réalité parfois mêlée à la paranoïa.
Sujet important pour l’auteur, qui lui-même a abusé des substances illégales. Très vite on devine que ce livre est inspiré par ce qu’il a vu chez ses amis et par ses propres trips. D’où une certaine affection pour certains personnages, même s’il n’élude pas la dangerosité et la violence extrême de quelques drogués. Peut-être le livre le plus personnel de Philip K. Dick.

L’aspect science-fiction est très faible, seuls les costumes « brouillés » que portent les agents infiltrés, élaborés pour qu’on ne se souvienne pas de leur apparence, sont du domaine SF.

C’est un roman difficile, à cause du thème abordé, mais l’auteur sait parfois nous détendre lors de conversations sans queue ni tête des drogués en plein trip, ou avec quelques réflexions qui confinent à l’absurde. C’est bienvenu.

J’ai bien aimé le premier tiers, j’ai eu du mal vers la fin du deuxième tiers notamment lors de longues considérations du protagoniste ou tout le long d’explications scientifiques sur le fonctionnement du cerveau, mais je me suis accrochée, et heureusement car le dénouement en vaut la peine.

Chose rare pour un roman de Philip K. Dick, cette fin m’a particulièrement touchée.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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