J'ai lu il y a quelques années
La vérité sur l'affaire Harry Québert. Ce ne fut pas la révélation à laquelle je m'attendais mais j'en étais sorti satisfait, surtout que son auteur
Joël Dicker en était à ses débuts. Ainsi donc, je me promettais
le livre des Baltimore depuis un certain temps. Cet autre opus, une saga familiale mettant en vedette le même protagoniste, l'écrivain Marcus Goldman, me laisse exactement la même impression. Pas mauvais, bien sur, mais pas non plus la révélation que les critiques et médias laissaient espérer. L'auteur connaît la recette, place les ingrédients dans un ordre calculé pour produire un page-turner mais, parfois, ça donnait plus l'impression de la peinture à numéro… Un peu de suspense par ici, un peu d'amour par-là, un soupçon de rivalité et de revers de fortune et… voilà : un best-seller !
L'intrigue : Marcus Goldman est en panne sèche et il entreprend de coucher sur papier l'histoire de sa famille. Plus précisément celle de son oncle paternel Saul, de son épouse Anita, de leur fils Hillel et d'un garçon adopté, Woodrow Finn, dit Woody. Il était proche de ses cousins et, autour d'eux gravitaient des gosses du même âge, Scott et Alexandra Neville. Toute cette tribu sera au coeur d'un drame terrible annoncé depuis le début et qu'on espère (ou non !) découvrir. Cette prémisse est intéressante. Ainsi donc, il n'y a pas d'élément déclencheur conventionnel, plutôt on suit l'histoire d'une famille qui court vers sa perte sans le savoir.
Malheureusement, je l'ai trouvé un peu trop long, le déroulement de cette histoire. Certains diront que l'épaisseur du bouquin va de pair avec le plaisir de la lecture. Plus on aime un roman et ses personnages, plus on veut passer du temps avec eux. Que c'est précisément ces longs épisodes sur les différents membres de la famille famille Goldman qui rendent ces derniers si précieux. Et c'est vrai. Connaître à fond l'histoire d'un personnage aide grandement à connecter avec lui. Mais est-ce nécessaire de connecter avec tous de manière égale ? Est-ce nécessaire de se faire raconter l'histoire du grand-père et de l'entreprise familiale ? Là, je suis moins certains. Ainsi, tout le troisième livre, il aurait pu être résumé en quelques paragraphes, peut-être quelques pages. J'ai perdu intérêt à ce moment. D'autres passages auraient gagné à être allégés un peu.
Le deuxième élément qui m'agace avec les romans de
Joël Dicker, c'est que les retournements de situations sont prévisibles. Par exemple, quand Hillel a des démêlés avec son équipe de football, j'ai deviné juste la cause et les événements qui en ont découlé, je les avais presque tous prévus à partir de ce moment. Cet élément est lié avec le troisième et dernier qui m'a laissé une mauvaise impression, et c'est le goût du drame à tout prix. Quand tous les personnages ont un secret et que l'engrenage ne peut mener qu'à la catastrophe, c'est un peu dur à avaler. Comme si c'était cousu de fils blancs… À la fin, je n'ai pu m'empêcher d'échapper un « Tout ça pour ça ? » Ce drame qu'on m'annonçait depuis le début, je l'ai trouvé expédié un peu rapidement.
Mais bon, le roman compte beaucoup de qualités, davantage même que les éméments que je considère négatifs. Comme je l'écrivais plus haut, c'est agréable de retrouver des personnages connus. C'est aussi incroyable à quel point un auteur suisse réussit à camper « l'esprit américain » et « juif ». Je le sentais chez ses personnages, qui le dégageaient, qui le repsiraient. Peut-être un peu trop, quitte à tomber dans les clichés, mais on pardonne facilement. Et tout cet effort pour situer l'action dans des lieux réels, que ce soit les villes, les quartiers, les rues, etc. le roman prenait presque des airs de biographie.
Ce réalisme, je l'attribue aussi à la façon dont les personnages s'attachent à des petits gestes du quotidiens ou quand ils font des rencontres fortuites qui ne font pas nécessairement avancer l'histoire. Par exemple,
Leonard Horowitz, le voisin septuagénaire de Marcus. Au début, je le trouvais encombrant, je voulais que l'histoire avance, mais je me suis rendu compte qu'il ajoutait du réalisme (si pas tout le monde a un oncle millionaire, beaucoup ont un voisin âgé bavard), de la crédibilité (personne, même un auteur, est complètement isolé). Et c'est un peu leurs conversations qui poussent Marcus à rédiger son histoire. Donc, ces petits détails qui peuvent sembler anodins,
Joël Dicker a su les intégrer intelligemment à son roman.
Au final,
le livre des Baltimore est un roman qui ne révolutionne pas le genre (et tous les romans n'ont pas à le faire non plus !) dont la lecture est agréable en grande partie.