BARU, Auteur de BD :
Pour que tous ces gens venus de partout s'intègrent, il a fallu des meurtres. Meurtre du paysan, d'abord. C'est la génération de mon grand-père qui l'a vécu. Italiens de la campagne, devenus ouvriers pour la Lorraine, ils ont gardé leur identité grâce à leurs jardins. Mon grand-père a fait le sien jusqu'à sa mort. Mon père a tué l'Italien en lui en poussant ses enfants aux études. Le paysan était déjà mort. S'il a poursuivi la culture du jardin, c'était pour nous nourrir, pas par atavisme. Pour moi, c'est un lieu dont j'ai horreur! Je déteste bêcher et, encore plus, cueillir ces putains de haricots !
BARU, Auteur de BD :
Ma Lorraine, c'est celle-là, celle des hauts-fourneaux, pas celle des légendes et des traditions. Celle des ouvriers. Dans ce melting-pot sans précédent qu'ont été les vallées de la sidérurgie. Sainte Claire était la cité construite pour loger les ouvriers. A la place des premières fonderies, assez loin de l'usine. Les ouvriers pouvaient bien venir à pied ou à vélo. Autour des hauts-fourneaux, les maisons des contre-maîtres formaient le cercle. Et dans l'enceinte de l'usine, la grosse maison de maître du patron veillait. Curieusement, avec le développement des envies écologiques, nous sommes arrivés aujourd'hui à inverser totalement cette organisation : les plus riches partent s'aérer au vert, les moins favorisés restent au bord des fumées.