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EAN : 9782234056398
200 pages
Stock (17/09/2003)
3.29/5   62 notes
Résumé :
Deux enfants dansaient et sautaient dans la cour déserte de l'école primaire. Deux petites filles surprises et ravies par la joie de la cité. Personne ne les avait vues sortir. Elles ne comprenaient pas pourquoi c'était si surprenant que la gauche ait gagné. Elles vivaient au milieu de militants communistes, parfois socialistes.
La droite, ça devait bien exister, puisqu'on en parlait, mais c'étaient les patrons, c'était loin. Il y avait donc de vraies gens q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
L'ouvrage d'Aurélie Filippetti m'a attiré pour 2 raisons : son titre quelque peu sloganesque 'Les derniers jours de la classe ouvrière' et l'endroit où est situé l'action et que je connais relativement bien, ayant vécu de longues années au Luxembourg et d'avoir traversé cette région de la Lorraine très souvent, pour y aller faire des courses le week-end. du moins, c'est ce que je croyais en entament ce livre. Mais j'ai vite compris mon erreur et réalisé que la réalité pour la population de cette région m'avait grandement échappé.

La description qu'en fait Filippetti dans ce livre, en d'autres termes l'évocation des conditions de vie et de mort des pauvres émigrés pour la plupart des Italiens (et Polonais) dans les mines lorraines constitue, à mon avis, la grande qualité de cet ouvrage. Même si le style et l'écriture peuvent être considérés comme légèrement décevants, ils ne sauraient éclipser la force de cette évocation d'un monde, qui, pour les non-initiés, demeure énigmatique et clos.
Sans les qualités littéraires d'Emile Zola, ce livre m'a fait penser à 'La bête humaine' de ce grand maître, le volume 17 de son cycle des Rougon-Macquart, paru en 1890, soit plus d'un siècle ou 113 ans avant celui-ci.

Le livre illustre, à sa façon, qu'en dépit des grandes différences en revenus qui persistent (lire : 'Le capital au XXe siècle' de Thomas Piketty), grâce à des luttes sociales de longue durée, l'horreur des abus de la classe privilégiée et propriétaire de ces mines, comme les de Wendel, d'une main d'oeuvre bon marché de mineurs qui gagnaient leur maigres salaires sous le sol dans des conditions de sécurité et d'hygiène révoltantes, n'existe plus aujourd'hui, du moins plus dans notre partie du globe.

À ce propos, l'auteur parle des descendants de ces mineurs qui travaillent actuellement comme employés dans les banques du Grand-Duché de Luxembourg.
Aurélie Filippetti est d'ailleurs un exemple vivant, quoique exceptionnel, de cette promotion sociale : fille de mineur, députée à 34 ans de la Moselle ( jusqu'à une date toute récente) et Ministre de la Culture et de la Communication à 39 ans. Sur son passage au 182, rue Saint-Honoré, - siège du ministère à Paris - où depuis un bon mois Françoise Nyssen a pris fonction, je préfère, en tant que Belge, m'abstenir de tout commentaire.

Par contre, je la remercie, non seulement de m'avoir ouvert les yeux sur un monde qui m'étais inconnu, mais également de m'avoir appris un tas d'informations que j'ignorais, bien que fort intéressé par L Histoire.
Si je savais, bien sûr, que cette région à été fort contestée entre les deux pays voisins, je ne savais pas que la siderurgie de Lorraine/Lothringen envoyait des agents en Italie pour recruter des mineurs, contre des primes dérisoires. En effet rien que la construction de la tour Eiffel demandait beaucoup d'acier. J'ignorais aussi que Mussolini, vain comme il était, supportait mal ces 'departs' et offrait des primes de retour au 'sole d'Italia'. "Le succès fût mesuré" ajoute l'auteur, qui après conclue ce chapitre en spécifiant- et je cite de nouveau : "Ils (Les immigrés) s'en allèrent mourir au fond des camps allemands sans avoir revu le coeur vert de l'Italie. Puissent-Ils simplement avoir appris la pendaison du Duce." Autre chose que j'ai appris, c'est qu'il existait une grande rivalité entre mineurs et sidérurgistes.

Le déclin de la sidérurgie en Europe constitue une page sombre pour beaucoup de personnes qui en ont été directement ou indirectement affectés. Et pour être honnête, la richesse fabuleuse de celui qui en a racheté une bonne partie, comme Arcelor, l'indien Lakshmi Mittal me gêne quelque part. Que le nouveau maitre des forges- pour emprunter un terme de George Ohnet- ait financé, il y a 4 ans, le mariage le plus cher de l'histoire (une peccadille d'environ de 50 millions de Livres sterling) pour une de ses nièces...me révulse carrément.

Au fond, cet ouvrage me rappelle aussi l'excellent livre de Silvia Avallone 'D'acier'. Mais cet ouvrage là était un roman, qui est situé dans un contexte plus récent.
Bref, je crois pouvoir recommander cet ouvrage d'Aurélie Filippetti à toutes celles et ceux qui sont intéressés par un monde disparu : celui des dizaine de milliers de mineurs et sidérurgistes, et de leur famille, en Europe Occidentale.


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J'ai longtemps attendu avant d'écrire une critique sur ce livre, et encore aujourd'hui j'hésite.
Je l'ai lu une première fois - avec impatience car c'est un sujet qui me touche beaucoup personnellement - au moment de sa sortie et à cette époque j'avais été très déçue. J'avais surtout été très dérangée par le style, très recherché à défaut d'être vraiment agréable à lire, qui ne correspondait pas du tout à mon sens au sujet. J'avais préféré par exemple le style très dépouillé d'Annie Ernaux dans "La place", sur un sujet un peu similaire.
Et puis récemment, notamment après avoir lu le roman graphique de Denis Robert "Grand Est" (je suis dans une période "lorrainostalgique".....), j'ai eu envie de relire ce livre en me demandant s'il était vraiment aussi décevant que dans mon souvenir. Et ça n'a pas du tout été le cas. Cette fois, j'ai beaucoup aimé, et la lecture m'a profondément touchée car l'auteur livre un témoignage très juste sur l'esprit de la Lorraine des mines et des usines, sur la fierté et les doutes de la classe ouvrière et des militants communistes, et sur les difficultés de positionnement des enfants d'ouvriers. Chose étonnante, j'ai même apprécié le style. J'ai d'ailleurs eu envie de partager de nombreuses citations sur Babelio, à tel point que je me suis demandée si le fait de lire en pensant à ce qu'il pourrait être intéressant de partager sur Babelio n'avait pas changé mon regard sur ce style qui m'avait paru trop recherché voire artificiel des années plus tôt. Peut-être mes goûts et ma sensibilité ont-ils évolué aussi avec l'âge.
C'est en tout cas une expérience intéressante que je ne regrette pas et qui aboutit à 3 étoiles: 1 pour ma première lecture et 5 pour ma deuxième lecture !
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Premier livre d'Aurélie Filippetti, ce court roman est un hommage à la classe ouvrière issue de l'immigration dans la Lorraine industrielle. L'auteur cherche en effet à transmettre des témoignages de toute une population minière du bassin lorrain et à rendre justice à la mémoire ouvrière, à la dignité du monde ouvrier. Ce roman oscille sans cesse entre fiction et documentaire, témoignage et écrit. Il est construit par tableaux dont il est cependant difficile à repérer l'agencement dans le temps.

Hélas ce roman est difficile à lire car rédigé en mauvais français. Les phrases sont très courtes, maladroites, parfois sans verbe et construites en style télégraphique ; de quoi décourager, agacer et faire abandonner le lecteur au bout de quelques pages. Quel dommage que ce style décousu nuise à ce témoignage émouvant de toute une population si vite oubliée, dans une région au déclin industriel et encore aujourd'hui sinistrée !
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En cette rentrée littéraire on parle beaucoup du dernier livre d'Aurélie Filippetti alors je suis allée prendre son premier roman dans ma PAL pour l'occasion. Publié en 2003 "Les derniers jours de la classe ouvrière" ressemble plutôt un récit au titre prometteur.
Pourtant, j'ai bien du mal à noter ce livre. J'ai trouvé le contenu passionnant mais je n'aime pas vraiment le style. Je dirais que l'écriture est chaotique et décousue. Malgré cela et comme la forme à moins d'importance que le fond, j'ai quand même beaucoup aimé ce récit témoignage.
Je dis témoignage car il y a du vécu dans ce que raconte Aurélie Filippetti, originaire de Lorraine au passé marqué par les luttes ouvrières et la fermeture des mines de charbon.
Navigant entre les années 40 et la chute du mur de Berlin en 1989 en passant par mai 68, c'est d'abord l'histoire d'ouvriers engagés pour défendre leur travail, syndicalistes ou militants communistes, qui y ont laissé leur vie ou leur santé.
C'est passionnant y compris d'un point de vue historique car il n'y a pas que des impressions il y a aussi des faits.
Le 3 février 1944, 14 mineurs d'Audun-le-Tiche furent arrêtés par la gestapo descendu les arrêter au fond de la mine avec la bénédiction des patrons. La plupart étaient des immigrés italiens mais c'est pour la France qu'ils se sont battus.
Le témoignage c'est aussi celui de la politique du parti communiste français dans les années 70, sa position sur la production d'énergie nucléaire beaucoup plus mesurée que ce que je pensais.
Et puis il y a les moments de fêtes et de partage sans oublier les poèmes d'Aragon et cet incroyable espoir en un avenir meilleur qui va malheureusement s'écrouler.


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A travers le parcours d'Angel, fils d'immigrés italiens, mineur de fer avant d'être élu maire d'Audun-le-Tich, l'histoire nous fait revivre ce qui a été le quotidien de toute une population locale jusqu'à très récemment la fermeture de la dernière mine. Il y est question d'inégalités sociales, de politique et de lutte des classes, de la culture italienne qui imprègne encore certaines villes mais aussi de solidarité, de mort et de fatalité. Peut-être avant tout d'identité. En tout cas j'en ai trouvé l'écriture puissante et là encore j'ai envie de comparer aux deux romans de Milena Agus que j'ai lus.
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Tu crois que ce n'est pas la forme moderne de la tyrannie, toi, les petits despotes de l'entreprise, les DRH et managers comme ils disent, tu crois que c'est mieux que les seigneurs du Moyen-âge, toi, les gens qui tremblent du matin au soir pour leur place, qui ne savent pas d'une semaine à l'autre comment ils travailleront et combien ils seront payés ? (p.86)
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Certains professeurs s'évertuaient à faire étudier Germinal, sans réel succès. Manque de dépaysement. Ou simplement l'agacement des histoires cent fois racontées. Pourquoi remuer les terrils d'un vieux siècle quand toute l'histoire du fer était à sauver. La mémoire du passé le cédait à l'urgence du présent. Et peut-être au fatalisme.
Plus tard, une fois coupé le cordon nourricier reliant cette histoire-là aux plus jeunes, le roman ramènerait avec la mélancolie de l'enfance l'orgueil d'en avoir été.
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Exilés d'une patrie absente, ils ne pouvaient abandonner cette terre sans drapeau et sans langue à force d'en changer, cette terre de conquête aux frontières si mouvantes qu'elles en disparaissaient, cette terre que l'on violait comme une femme à chaque soubresaut de l'histoire, pour qui l'on se battait comme pour un amour déshonoré. Ils restèrent en Lorraine et moururent.
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Personne n'avait donc décidé, un jour, l'arrêt de la production, délocalisation, personne n'avait proclamé que désormais, après un siècle de loyaux services, la minette lorraine, teneur en fer, 27-30%, devait être remplacée par une jeunette brésilienne, suédoise, à 60-70%? Les chiffres irréfutables, raides comme l'injustice. L'avenir n'était donc pas le fruit du passé, il n'y avait pas de responsable, pas de coupables ici, à cet assassinat?
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Juste les matières techniques, bonne pour le travail, et l'orthographe bien sûr, les lauriers du pauvre, l'orthographe irréprochable, pas une erreur. La police de l'écrit. Être agréable à celui qui vous lit. Ne pas laisser trahir, sauf justement peut-être dans cette obsession-là, de la perfection, dans cet excessif respect de l'autorité d'en face, sinon ne pas laisser trahir l'origine populaire, et la pauvreté, la misère, non, ne pas mettre mal à l'aise celui qui vous lira.
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