Les vers rassemblés ici entendent mettre toujours plus de couleur à la vie. le court poème que voici (p. 7) me semble très bien résumer ce recueil :
« Esquisse de
philosophie
Épicure n'a cure
de rester stoïque
et n'est plus là quand
il faut tout remettre
à
Plutarque. »
C'est « comme une rivière souterraine » (p. 11) que les mots « s'enchaînent, s'entremêlent » avec « une douce rengaine ». Eu égard à l'épigraphe, les couleurs revoient aussi à la peinture au sens large : « La peinture est une poésie silencieuse » (
Plutarque). de nombreuses expressions avec les couleurs émaillent ces poésies en « technicolor ». Des rimes parfois un peu faciles, d'autres fois insolites, mais toujours d'une belle musicalité et même d'une sensualité certaine (cf. p. 41 « La paire de chaussêtre » qui « ne prend plus son pied », p. 51 « une tendresse infinie », ou bien p. 73 « rougissant de plaisir »).
Vers la fin, un beau poème en prose dédié à
Christian Bobin.
Un dernier échantillon bien nacré :
« L'huître perlière,
Amarrée au fond des mers,
l'huître perlière
se laissa un jour porter par les vents,
se laissa un jour porter par les courants,
rencontrant mille gens
rencontrant mille temps
rencontrant mille tourments,
sa perle de nacre toujours grossissant
se laissa bercer par le ressac
jusqu'à un gros rocher.
Le soleil la caressa,
et le plaisir de cette nouveauté
fit briller sa nacre si violemment
qu'un passant
la découvrit avec émerveillement. » (p. 53)
Une poésie qui convoque décidément tous les sens du lecteur.