Citations sur Manhattan transfer (89)
Des hommes et des femmes, en habits, en robes de mousseline et en costumes clairs, se retournaient pour la regarder. Tels des vrilles de vigne poisseuses, les regards se posaient sur elle quand elle passait.
- Je me demande foutre bien pourquoi tout le monde a tellement envie d'arriver. Je voudrais trouver quelqu'un qui aurait envie d'échouer. Un raté, il n'y a que ça de sublime.
C'est cacher les choses qui les fait se putréfier.
«Comment, vous avez dit que Bob Ingersoll avait été tué par la foudre? s’écria Olga . C’est bien fait pour cet horrible impie.
— Non, pas exactement, mais la peur lui a fait comprendre les choses importantes de la vie et il est entré à l’église méthodiste
— C’est curieux le nombre d’acteurs qui se font pasteurs
—C’est le seul moyen de s’assurer un public croassa l’homme au bouton de diamant.
(...) Et il tourne et tourne autour des 'blocks', dans l'espoir de trouver la porte du gratte-ciel bourdonnant, aux fenêtres de clinquant; il tourne et tourne autour des 'blocks' et ne trouve pas de porte. Chaque fois qu'il ferme les yeux, le rêve s'empare de lui; chaque fois qu'il cesse de discuter à haute voix avec lui-même en phrases raisonnables et pompeuses, le rêve s'empare de lui. Jeune homme, si tu veux conserver ta raison, tu n'as que deux choses à faire... "S'il vous plaît, monsieur, comment entre-t-on dans ce bâtiment ? De l'autre côté du 'block' ? Oui, juste de l'autre côté... adopter l'une des deux inévitables solutions suivantes : t'en aller avec une chemise molle, sale, ou rester ici avec un col Arrow, empesé, bien propre." Mais à quoi bon passer toute sa vie à fuir la cité de destruction ? Et vos droits inaliénables, Treize Etats ? Son esprit dévide des phrases, il marche rageusement. Il va sans but déterminé. Oh ! si seulement je pouvais encore croire aux mots.
Le petit cul-de-jatte s'est arrêté au milieu du trottoir, dans la 14e Rue. Il porte un chandail bleu et un bonnet bleu, tricoté. Ses yeux, tournés vers le ciel, s'arrondissent au point d'envahir toute sa figure de papier mâché. Un dirigeable glisse dans le ciel. Cigare d'étain éblouissant, estompé par la hauteur, il fend avec mollesse le ciel lavé et les nuages doux. Le petit cul-de-jatte s'arrête net, arc-bouté sur ses deux bras, au milieu du trottoir, dans la 14e Rue. Parmi les jambes qui marchent, jambes maigres, jambes dandinantes, jambes dans des jupes, des pantalons ou des culottes, il reste là, complètement immobile, arc-bouté sur ses deux bras, les yeux levés vers le dirigeable.
J'avoue avoir été très déçu par ce roman que m'avait recommandé ma libraire à la suite de sa nouvelle traduction et que je m'étais promis d'ailleurs de lire depuis fort longtemps. Un trop grand nombre de personnages dont l'histoire se déroule sur une trentaine d'années, mais évoqués sous forme de puzzle qu'il appartient au lecteur de reconstituer. J'ai eu du mal à les replacer dans la chronologie et parfois même à les identifier. Il ne se passe rien dans ce récit descriptif et le style de l'auteur m'a paru souvent abscons. Ce roman pourtant classé comme un grand classique de la littérature américaine me dissuade de lire la trilogie USA du même auteur.
Dressé sur une caisse à savons, un orateur braille devant le Cosmopolitan Café, à l’angle de la Deuxième Avenue et de Houston Street : « … ces individus, messieurs… esclaves du salariat comme je l’étais… sont assis sur vot’ poitrine… ils vous ôtent le pain de la bouche. Où qu’elles sont, toutes les jolies filles que je voyais faire les cent pas sur le boulevard ? Allez les chercher dans les cabarets des beaux quartiers... Ils nous pressurent, mes amis… camarades, esclaves, devrais-je dire… ils nous volent not’ travail, nos idées et nos femmes… Ils construisent leurs hôtels Plaza, leurs clubs pour millionnaires et leurs théâtres qui coûtent des millions et leurs navires de guerre, et qu’est-ce qu’ils nous laissent ?… Ils nous laissent les maladies du travail et le rachitisme, et un tas de rues sales jonchées de poubelles… Vous avez les joues pâles, camarades… Vous avez besoin de sang… Pourquoi n’allez-vous pas chercher un peu plus de sang ?… Là-bas en Russie, les pauvres… pas beaucoup plus pauvres que nous… y croient aux vampires, des horreurs qui viennent vous sucer le sang la nuit…C’est ça, le capitalisme, un vampire qui vous suce le sang… jour et nuit… »
De très loin à travers des rues , des murs de maisons, le long gémissement d'un sifflet de bateau parvint jusqu’à elle comme une touffe d'herbe se fraie un chemin dans le gravier ( p 301)
La salle de bains sentait la pâte dentifrice d'autrui ( p 217)