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Bruno Doucey (Éditeur scientifique)
EAN : 9782362290084
296 pages
Editions Bruno Doucey (25/10/2010)
4.42/5   6 notes
Résumé :

Une moisson de prix littéraires et le séisme du 12 janvier 2010 ont permis à un large public de découvrir la vitalité de la littérature haïtienne. Des écrivains comme Dany Laferrière, Lyonel Trouillot ou Gary Victor ont rejoint Jacques Roumain et René Depestre au Panthéon des identités créoles, toutes masculines. Mais qu en est-il des femmes ? Quelle place leur poésie occupe-t-elle en H... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Haïti est une terre littéraire. Nous avons la chance de pouvoir lire un bon nombre de ses auteurs grâce à des maisons d'éditions qui les portent jusqu'à nous. Pour le challenge @autricesdumonde j'avais donc le choix. Et j'ai décidé de ne pas choisir.

Cette anthologie regroupe 35 poétesses haïtiennes. 35 voix sur 150 ans. Des voix qui se mêlent, qui parlent de là-bas ou d'ailleurs. Des voix qui disent une terre meurtrie mais aimée, une terre pesante qui ne vous quitte jamais. Qui parlent de politique à mots couverts ou à voix haute. Des chants d'amour et de désespoir, de révolte et de courage. Mais aussi des femmes qui disent l'intime, le désir, le corps.

Dans une anthologie, il y a des voix que l'on écoute sans entendre. Et il y a celles qui parlent directement à votre oreille. Parce que de si loin, elles vous parlent à vous, rien qu'à vous, de choses qui habitent votre coeur.
J'ai envie de citer Michèle Voltaire Marcelin, Marlène Rigaud Apollon ou encore Elvire Maurouard. Mais surtout, je voudrais vous parler de Mona Guérin-Rouzier (1934-2011). Journaliste, elle a écrit des nouvelles, des feuilletons radiophoniques, des pièces de théâtre et un recueil de poésie. Les deux poèmes présentés dans cette anthologie nous font découvrir une poésie narrative mélodieuse. Soirée près de la lampe, dit tout, en un regard amoureux, du couple, bien mieux que certains romans de 300 pages. Et j'aimerais beaucoup en lire plus.

"Lorsque tu voudras bien déposer ce journal,/ Et glisser ton regard vers le mien qui te guette,/ Tu sauras que mon coeur amoureux et loyal/ Est demeuré pareil au jour de sa conquête./ Alors tu me feras un récit machinal/ de quelque fait nouveau, sans importance au fond,/ En t'écoutant j'aurai ce sourire amical/ Qui, tu le sais trop bien, cache un amour profond."
Soirée près de la lampe, Mona Guérin-Rouzier
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Cet ouvrage comprend en fait, un livre et un CD. Je ne vais parler ici que de ce dernier que j'ai reçu dans le cadre d'un partenariat : "Terre de femmes, 33 voix de la poésie féminine haïtienne", dont les poèmes sont extraits du livre recueil, et lus par deux comédiennes :
Paula Clermont Péan, l'une des figures majeures de la scène haïtienne. Née à Cabaret en Haïti, elle a fait des études de littérature et de théâtre aux États-Unis et en France.
Céline Liger travaille pour des compagnies de théâtre vivant et aime particulièrement mettre en voix des textes poétiques.

Leurs deux voix se succèdent, sur différents rythmes musicaux pour nous faire partager les 33 poèmes de femmes haïtiennes. Ils sont tous de langues françaises mais publiés à des époques différentes de l'Histoire d'Haïti : pendant l'indépendance, l'occupation américain, la période Duvalier jusqu'à aujourd'hui, au lendemain du séisme du 12 janvier 2010.
Le livre comme le CD, ont pour but, de faire entendre la voix de femmes haïtiennes. Celles, qui, pour des raisons familiales, laissent de côté leur art, ou ne le pratique que dans les rares périodes de répit que leur permet leur rôle de femme et mère.

Les 33 poèmes choisis ont des thèmes divers mais tous nous montrent l'attachement au pays et à sa culture. Beaucoup de ces femmes vivent maintenant en France, au Québec ou ailleurs, mais leurs textes sont imprégnés de cette île : les sons, les couleurs, les odeurs, la musique, les danses, les paysages :

"S'il me fallait au monde, présenté mon pays,
je dirai la beauté, la douceur et la grâce,
de ces matins chantants,
de ces soirs glorieux."
Marie-Thérèse Colimon (1973)

"La musique au salon
Les jeunes filles se déhanchent
Les jeunes femmes balancent mollement les hanches
Les vieilles femmes chuchotent, chuchotent..."
Célie Diaquoi-Deslandes (1969)

« La terre a soulevé mon coeur
d'un mouvement sec et violent
elle l'a déchiré
éparpillant mille morceaux
comme larmes d'oiseaux errants
aux quatre vents de mon île
et depuis
chaque nuit
j'entends les battements
hésiter à mi-chemin
entre décombres
et étoiles ».
Évelyne Trouillot (2010)

Un bel hommage aux femmes haïtiennes, et à toutes les femmes.
Un seul regret : ne pas avoir le livre entre les mains pour suivre plus facilement la lecture des poèmes et surtout en découvrir bien d'autres... Je vais surement me laisser tenter par un achat!


Lien : http://lebacalivres.blogspot..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Dames Sarah


Nous Dames Sarah ! Nous sommes les pêcheurs de lune ;
Le tremblement de terre a maudit nos nuits sur la lagune
Nous Dames Sarah pourtant sans verge et sans patrons
Notre vaillance broie, au choc des avirons,
En Haïti, le séisme fatal règne en maître
Déchire notre chair pour nous soumettre
La mer, la mer ne veut plus être notre nourrice.
Ô Traîtrise des vents du grand large… Avarice
De la vague ! Colère et deuils des nuits d’enfer
La rancune du sort a, désapprobatrice,
Posé sur notre front son gantelet de fer.
Aussi nous recousons, sur nos grabats de brande,
La voile déchirée où sèche un peu de sel,
Même si la dîme de nos maux est encore plus grande
Nous résistons aux blessures de notre cœur mortel
Nous remplaçons le mât quand la nef se démâte,
Nous taillons d’autres bois quand sa poupe prend l’eau
Le pleur ne peut plus brûler notre figure mate.
Mais un enthousiasme éternel et nouveau
Celui de Toussaint illumine nos cerveaux,
Louverture avec toi, malgré l’adversité funeste,
Nous renouvelons la beauté de notre geste
Nous serons mères cinq fois, six fois, dix fois
Avec nos mains, nous renverserons les croix
Nous sommes les croyants vers les hauteurs partis,
Nous opposons, aux flots vides, nos démentis.
Et si le séisme prenant nos dernières amies
N’en laisse qu’une, parmi les hardes de ses voiles
Nous savons que l’espoir tenace embrasera ses moelles

Elvire Maurouard (née Marie-Elvie Jean-Jacques le 5 janvier 1971 à Jérémie, Haïti).
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L’abandonnée

Ah! si vous étiez mort! de mon âme meurtrie
Je ferais une tombe où, retraite chérie,
Mes larmes couleraient lentement, sans remords,
Que votre image en moi resterait radieuse!
Que sous le soleil mon âme aurait été joyeuse!
Ah! si vous étiez mort!

Je ferais de mon cœur l’urne mélancolique
Abritant du passé la suave relique,
Comme ces coffrets d’or qui gardent les parfums,
Je ferais de mon âme une ardente chapelle
Où toujours brillerait la dernière étincelle
De nos espoirs défunts,

Ah! si vous étiez mort, votre éternel silence,
Moins âpre qu’en ce jour, aurait votre éloquence,
Car ce ne serai plus le cruel abandon,
Je dirais : « Il est mort, mais il sait bien m’entendre,
Et peut-être, en mourant, n’a-t-il pu se défendre
De murmurer : Pardon! »

Mais vous n’êtes pas mort! ô douleur sans mesure!
Regret qui fait jaillir le sang de ma blessure!
Je ne puis m’empêcher, moi, de me souvenir,
Même quand vous restez devant mes larmes vraies,
Sec et froid, sans donner à mes profondes plaies
L’aumône d’un soupir!…

Ingrat! vous vivez donc quand tout me dit vengeance!
Mais je n’écoute pas! À défaut d’espérance,
Le passé par instants revient, me berce encor…
Illusion, folie, ou vain rêve de femme!…
Je vous aimerai tant, si vous n’étiez qu’une âme.
Ah! que n’êtes-vous mort!

(Virginie Sampeur)
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Dérive en rouge


Parce que chaque mot cache une fin du monde
et que l’ombre rend plus vive la lumière
la vie belle de sa blessure rouge
flamboie de tristesses éparpillées
Un rouge exubérant à en mourir
un rouge à aimer sans prendre souffle
à boire comme un merveilleux poison
Le rouge de mon amour me brûle si fort

Le flamboyant rouge au silence violent
feu de joie ou sacrifice sanglant
le flamboyant carnivore suce le sang de l’été
mon cœur en fait autant, j’en suis maculée
Nous sommes comme des amants voraces

Qui me dira qu’il n’est pas beau de pleurer
qui me dira de me livrer dans l’instant vermeil
et pourquoi le sang tenace de l’été renaît
dans l’orgasme du flamboyant

Un pétale deux pétales trois pétales
rouge sang rouge vulve rouge Ogou
Tu dérives ma fille, tu dérives et t’emmêles
point de garde-fou dans la saison du flamboyant
La passion est rouge, rouge et mouvante
elle exulte au cœur de l’été en chute libre

Et mon désir sans aucune honte me colle au corps
omniprésent omnivore affamé d’instants multicolores
Le rouge flamboyant dans mes veines réclame son dû
comme les lèvres dévorantes d’un été scandaleux


Kettly Mars, Nationalité : Haïti , Née à Port-au-Prince, le 3/09/1958
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Confiance

Ils s’aiment en silence, et leur cœur se consume;
En attendant toujours l’instant qui doit venir.
Ils souffrent, mais pourtant ils n’ont pas d’amertume,
Ils savent que demain leur tourment va finir.

Ils savent que demain les Heures merveilleuses
Viendront sonner pour eux la fête de l’Amour
Et qu’Elles souriront aux belles amoureuses
Qui pleurent dans la nuit en espérant le jour.

Et dans le soir, fiévreusement, leurs bras se tendent
Bien qu’ils soient séparés, ils se parlent tout bas.
Ils disent doucement que leurs âmes attendent,
Et qu’il est des amours qu’on ne détruit pas.

(Ida Faubert)
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Ce que j’ai

Je n’ai comme trésor
Qu’un cœur d’enfant
Fait pour prier
Pleurer souffrir

Pas de fortune
Pas d’héritage
Une simple plume
Est mon espoir

Mes chants d’amour
Mes chants d’espoir
Il faudra bien
Les disperser

Les disperser
Dans tous les coeurs
Pour leur apprendre
À mieux aimer

Je n’ai pour titre
Qu’un nom poète
Je veux le vivre
et l’élargir

(Michaële Lafontant)
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Vidéo de Bruno Doucey
VLEEL 300 Rencontre littéraire avec Bruno Doucey, Indomptables, Éditions Emmanuelle Collas
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