Sur certaines lectures on a parfois envie de dire ‘so british'. Sur cette autobiographie, parue en 1924, mon avis est ‘tellement XIX siècle' : les valeurs, le sens de l'honneur, le goût de l'exploration, la fraternité d'armes.
Tout au début, j'avais l'impression de découvrir un livre au charme surannée. Mais après 20 pages, cette impression s'est estompée. J'étais comme à l'adolescence, tombant sur un récit où il se passe des choses, où le narrateur devient mon meilleur ami. le narrateur, un homme vaillant, curieux de tout : il évoque ses études, ensuite son périple dans les mers arctiques et le long de côtes de l'Afrique.
Il parle brièvement de ses débuts littéraires, de
Sherlock Holmes of course et de ses romans historiques. Sur le dernier tiers du livre cependant, une quarantaine de pages relatent la guerre de Boers de 1900 : à mon avis, ces pages sont basées sur des notes prises à cette époque-là et sont restées sans relief.
Sur l'ensemble, l'humour, la sagesse, l'effet tonique. Et puis, curieusement, plus tard, le penchant pour le spiritisme (les forces occultes, la vie après la mort). Un vrai plaisir de lecture.
Extrait – au sujet du voyage dans les mers arctiques : « [en 1880] Pendant sept longs mois, il ne nous arriva du monde méridional ni une lettre, ni la moindre nouvelle. Nous étions partis au cours d'une période fort agitée : la campagne d'Afghanistan venait de commencer, une guerre avec la Russie paraissait imminente. Au moment de rentrer dans la Baltique après le périple sur l'Océan Arctique sur le baleinier Hope], nous n'avions aucun moyen de savoir si un croiseur n'allait pas nous traiter [en ennemis]. Quand, au nord de Shetland, nous rencontrâmes un bateau pêcheur, la première chose que nous lui demandâmes fut si nous étions en paix ou en guerre. de grands événements s'étaient produits pendant ces sept mois : la défaite de Maiwand et la fameuse marche de Roberts quand il s'était élancé de Kaboul sur Kandahar. [ ]
J'ai vécu là une période de ma vie étrange et fascinante. Je n'étais, quand j'embarquais sur le baleinier, qu'un grand jeune homme incertain de lui-même. Quand j'en débarquai, j'étais un homme, et un homme trempé. »
Au sujet du médecin diagnosticien qui lui a servi de source d'inspiration pour Holmes : « … le chirurgien de l'hôpital, Joseph Bell. Mince, sec et nerveux, le nez puissant, le visage aigu, les yeux pénétrants et gris, les épaules anguleuses, la démarche saccadée, il parlait d'une voix forte et discordante. Bien que très habile opérateur, il excellait surtout dans le diagnostic, non seulement de la maladie, mais de la profession et du caractère. » p35