Découverte de l'Anglaise
Margaret Drabble avec ce recueil qu'on m'a offert. J'ai premièrement été attirée par le contraste entre le titre Une journée dans la vie d'une femme souriante et le portrait peint par Thomas Cooper Gotch qui orne la couverture. Une belle et jeune femme tout sauf souriante. Un paradoxe lexico-visuel en quelque sorte qui incite à commencer l'ouvrage.
Le recueil comporte treize nouvelles qui furent écrites entre 1967 et 2000. Qui plus est, elles sont inédites en France. Et la large fourchette chronologique permet de voir l'évolution de l'écriture et des sujets de Mrs
Drabble. Autre atout qui d'emblée invite à la découverte.
Et, last but not least, la grande
Joyce Carol Oates en parle comme d'《un recueil débordant d'une vie finement observée, et de l'empathie infinie de l'auteur pour les femmes ordinaires, qui s'avèrent tout sauf ordinaires.》Munie de tous ces arguments convaincants, comment résister à l'appel de ces histoires? Je me lance.
Qu'en est-il après lecture? Un ravissement. Une captation de mon intérêt de lectrice dès le premier récit. Je découvre chez
Margaret Drabble un style très plaisant, tout en finesse et avec une pointe d'ironie qui caractérise souvent la littérature anglaise. Des nouvelles joliment écrites donc, mais pas que cela. Car le fond importe autant chez elle que la forme. Ses histoires mettent en scène des couples, adultères à plusieurs reprises. Ses hommes et ses femmes sont souvent la proie de sentiments et d'émotions contrariées. Les situations varient, du cocasse au drame en passant par la nostalgie ou l'illusoire .
Margaret Drabble évite pathos et sinistrose pour nous offrir des personnages touchants, si proches de tout un chacun, humains dans leurs faiblesses et leurs erreurs, ordinaires, et pourtant, comme le signalait JCO, aucunement banals.
L'auteure dépeint l'amour et les relations amoureuses avec acuité et sensibilité. Rien n'est jamais facile en la matière, encore moins quand ce sentiment se joue en toute clandestinité. Elle invite à voir le miroir aux alouettes que l'amour devient parfois; ses personnages tendent à découvrir ne pas connaître leur partenaire, ni
eux-mêmes, ni les fondements de leur relation. Bien malin qui peut prétendre à une totale certitude en cela.
On retrouve dans plusieurs récits des fulgurances de compréhension, autant d'épiphanies qui éclairent l'esprit des protagonistes, en bien ou en mal. La conclusion de la première nouvelle, "La Tour Hassan", en est un merveill
eux exemple. Si bien décrit qu'à la lecture, on ressent presque de façon physique cette soudaine et forte impression.
Je comptais piocher de temps à autre une histoire en commençant ce livre. Gourmande et comme prise aux rets des phrases de Mrs
Drabble, je ne pus m'empêcher de les lire à la suite.
Si le hasard place ce titre sous vos y
eux, n'hésitez pas à tenter le voyage!