Au XVIIe siècle, les enfants naissent et meurent aussi vite. Surtout chez les pauvres. « A Fontanges, petit village niché au pied du pays de Salers », Catherine, la femme de Quentin, le bûcheron, met au monde son premier enfant, qu'elle perd quelques jours plus tard. La vie continue, les temps sont durs, il faut bien se nourrir. C'est pourquoi Catherine se fait engager comme nourrice au château, où Diane, la marquise de Fontanges, vient d'accoucher d'un petit Côme.
C'est l'été, le moment des moissons. Chez Aimé et Léoncie aussi, une naissance a eu lieu. Mais le travail n'attend pas. Toute la famille s'active donc au milieu des épis, laissant la fillette à l'ombre dans son couffin.
Soudain, en quelques bonds gracieux, un chevreuil traverse le terrain. Hélas, qui dit gibier dit chasseurs. Et en effet, quelques minutes plus tard, voilà le marquis et ses invités en train de traquer l'animal, sans souci de détruire les cultures, pire, de renverser le petit Bertrand.
L'enfant souffre d'une fracture ouverte. En dépit des soins de « la béate » (guérisseuse) il succombera à la gangrène dans d'atroces tourments.
C'en est trop. Fatigués de toutes les injustices dont les nobles les accablent, les paysans décident de se révolter.
Les romans historiques me plaisent beaucoup, surtout s'ils ont pour cadre le siècle de Louis XIV que je connais bien.
Ce livre me tente donc, d'autant que le titre me fait penser que j'y trouverai une histoire de femmes de la belle société, pourquoi pas à la Cour ? (ce sont des « Dames ») et que l'illustration me promet des chevaux.
Hélas, je me suis trompée sur toute la ligne.
Au début, je me suis laissé happer par la vie des villageois, la découverte du rôle des « béates » que je ne connaissais pas, la colère légitime de ces manants qui ne comptent pour rien aux yeux des aristocrates qui saccagent leur travail, blessent les enfants et n'ont pas un regard pour la petite victime. Mais très vite, des incohérences fâcheuses m'ont rebutée.
Par exemple, à la tête des protestataires, il y a Firmin. À ses côtés, son vieil ami Gaston qui tombe, blessé par une balle tirée du château. Firmin l'emporte sur ses épaules pour le mettre à l'abri. Ils sont quittes. Voilà soldée la dette contractée en 1648 à la bataille de Lens, où c'est Gaston qui a tiré son compagnon d'armes d'un mauvais pas.
Sauf que, plus tard, on nous présente Firmin, combattant dans l'armée royale, qui a participé à la guerre contre l'Espagne, de 1649 à 1659 et se trouve démobilisé lors de la signature du traité des Pyrénées. On n'a plus besoin de ces soldats qu'il faut payer pour rien et qu'on renvoie chez eux. Firmin et d'autres Auvergnats se mettent donc en route. Il n'est pas du tout déserteur, comme on l'a dit ensuite dans le récit, et il ne connaît aucun Gaston.
Pour survivre, les malheureux sont bien obligés de se livrer aux rapines. Et soudain, quelle aubaine, sur un chemin désert, en pleine campagne, ils tombent sur un chariot défendu par deux pauvres gardes qui ne font pas le poids face à leur troupe et fuient au triple galop. Dedans, la manne céleste : provisions, vin, armes, poudre... Tenant les rênes, un cocher qui n'en mène pas large et préfère se joindre à eux plutôt que perdre la vie.
Qui est-ce ? Eh bien Gaston, pardi ! Tiens ? Ce n'était donc pas une vieille connaissance de Firmin ?
Les exemples sont légion : Catherine tient une sorte de conseil de guerre avec ses amis et le curé qui les cache. Elle leur fait part de son plan pour se sauver sans mettre le saint homme en danger. Quelques pages plus loin, on nous assure qu'ils sont partis dans le plus grand secret et que même le prêtre ignore où ils sont (alors qu'il leur a donné une lettre de recommandation pour son homologue du village dans lequel ils se rendent).
En traversant une bourgade, un dragon envoyé par le marquis, reconnaît le petit Côme au milieu d'un groupe. Rien ne ressemble plus à un bébé qu'un autre bébé, surtout pour un soudard, du haut de son cheval, et qui n'a certainement pas pu approcher l'enfant des nobles.
Au passage, on remarquera que l'homme parcourt sa route à un train d'enfer, à un point tel que sa bête meurt sous lui à l'arrivée. Où donc est passée la haquenée (jument) de Diane de Fontanges, qu'il avait pour mission de ramener ?
Je ne vais pas allonger ma liste, mais tout cela a gâché une bonne partie de mon plaisir de lecture.
Et que dire des invraisemblances historiques ou autres ? Je doute qu'une grande dame oublie en quelques minutes à peine la terrible humiliation infligée par les manants à son mari et elle : « traverser la cité pieds nus et en chemise » pour demander publiquement pardon (je ne révèle rien, cela figure sur la quatrième de couverture) et passe le reste de ses jours en partageant son château avec celle-là même qui lui a fait subir cet affront.
Je vous passe les brûlures extrêmes qui disparaissent par miracle grâce à l'imposition des mains, les fumées délétères d'herbes empoisonnées qui ne touchent que les ennemis sans incommoder ceux qui ont lancé ces projectiles, et bien d'autres …
Donc, c'est triste, mais, pour une fois, je vais me montrer ingrate, car ce roman, je l'ai gagné lors d'une Masse critique. J'aurais bien voulu l'aimer et en chanter les louanges. Mais non, c'est impossible. L'écriture est banale et sans intérêt, l'orthographe aléatoire, des scènes de cruauté gratuite sont détaillées avec complaisance. Si je retiens le nom de l'auteur, c'est pour ne plus me fourvoyer dans une de ses productions.
Je remercie malgré tout Babelio et les éditions
De Borée qui m'ont offert cet ouvrage.