Fin connaisseur du Second empire et de la campagne du Mexique en particulier
Emmanuel Dufour nous propose un livre original en ce qu'il analyse (un aspect de) cette campagne sous l'angle des Mexicains.
Extrêmement fouillé dans le détail des opérations décrites, de la marche en avant par le massif montagneux des Combres, à l'arrivée devant la ville à partir du 4 mai. On peut suivre les échanges télégraphiques entre le défenseur de la ville et les autorités gouvernementales, les mesures prises au fur et à mesure de l'approche des Français, commandé par le général de Lorencez. Ce dernier est généralement présenté comme le premier responsable de l'échec du 5 mai, sa suffisance et son mépris de l'ennemi en particulier se manifestant depuis plusieurs jours parallèlement à sa soif d'une victoire prestigieuse. Déjà l'illusion que la furia francese sera suffisante pour rompre les obstacles... Sapeurs en tête, les Français attaquent après une trop sommaire reconnaissance à partir du milieu de journée. Après une préparation d'artillerie en demi-teinte, les zouaves chargent mais sont bloqués par une ligne de feu d'infanterie : "L'effet de surprise est immense ! La violente fusillade mexicaine déclenchée sur les zouaves les oblige à suspendre leur course et, haletants, à se coucher au sol". Pour un deuxième assaut, des fusiliers-marins sont engagés aux côtés des zouaves. Sans plus de succès. Une troisième tentative avec les zouaves et les chasseurs à pied atteint la base des fortifications mexicaines mais ne peut tenir face à la contre-attaque mexicaine. En dépit du courage des hommes, les pertes sont trop nombreuses et sous l'orage tropical il faut se replier : "Il est quatre heures. On marche depuis cinq heures du matin et l'on se bat depuis midi. Témoin des efforts surhumain de ses troupes, ... le génral de Lorencez donne le signal de la retraite". Tandis que les Français évacuent le champ de bataille, les Mexicains renoncent à poursuivre, mais n'en publient pas moins des communiqqués de victoire : ils ont fait reculer la puissante ("l'orgueilleuse") armée française. Une bataille de quelques heures donc, une bataille qui paraît compter peu à l'échelle de la campagne dans son ensemble, mais à partir de laquelle va naître et croître une forme nouvelle de nationalisme mexicain. Les Français reviendront devant Puebla, mais un an plus tard...
Tout en relativisant la portée quasi-mythique de la victoire mexicaine,
Emmanuel Dufour nous présente sous un jour nouveau (pour nous) la campagne du Second empire et nous en apprenons beaucoup sur les divisions politico-militaires du Mexique et ces Républicains mexicains.
Facile à lire et très intéressant.
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