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Citations sur Puissance de la douceur (79)

Il n’y a pas de seuil à la douceur, plutôt une continuelle invitation à être contaminée par elle, qui peut se briser en un instant.
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La douceur suffit-elle à guérir ? Elle ne se munit d’aucun pouvoir, d’aucun savoir. L’appréhension de la vulnérabilité d’autrui ne peut se passer pour un sujet de la reconnaissance de sa propre fragilité. Cette acceptation est une force, elle fait de la douceur un degré plus haut, dans la compassion, que le simple soin. Compatir, « souffrir avec », c’est éprouver avec l’autre ce qu’il éprouve, sans y céder.
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La douceur a fait pacte avec la vérité ; elle est une éthique redoutable.
Elle ne peut se trahir, sauf à être falsifiée. La menace de mort même ne peut la contrer.

La douceur est politique. Elle ne plie pas, n'accorde aucun délai, aucune excuse. Elle est un verbe : on fait acte de douceur. Elle s'accorde au présent et inquiète toutes les possibilités de l'humain.

De l'animalité, elle garde l'instinct, de l'enfance l'énigme, de la prière l'apaisement, de la nature, l'imprévisibilité, de la lumière, la lumière.
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La douceur allège la peau, disparaît dans la texture même des choses, de la lumière, du toucher, de l’eau. Elle règne en nous par de minuscules brisures de temps, donne de l’espace, enlève leur poids aux ombres.
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La douceur est l'un des noms de cette réconciliation avec ce qui a été refoulé, exilé dans le passé et ainsi "repris" avec mansuétude et le courage qu'il faut pour s'avouer qu'on y était, en conscience.

La douceur est ce qui nous permet d'aller au-devant de cet étranger qui s'adresse à nous, en nous. C'est la voix que le poète anime, et recueille.
C'est une part du monde sauvage déposée là.
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La douceur appartient à l’enfance, elle est un retour sur soi, le nom secret de la beauté et de l’élan mystique.
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La douceur est une énigme. Incluse dans un double mouvement d’accueil et de don, elle apparaît à la lisière des passages que naissance et mort signent. Parce qu’elle a des degrés d’intensité, qu’elle est une force symbolique et qu’elle a un pouvoir de transformation sur les choses et les êtres, elle est une puissance.

*

Du prince Mychkine aux vagabonds de Hamsun, ceux qu’on a appelés les innocents ne se savent pas porteurs d’une douceur qui les voue à l’errance et à la solitude. Sa contiguïté avec la bonté et la beauté la rend dangereuse pour une société qui n’est jamais autant menacée que par le rapport d’un être à l’absolu.

*

De nos jours, la douceur nous est vendue sous sa forme frelatée de mièvrerie. En l’exaltant dans l’infantile, l’époque la dénie.

*

Si l’amour et la joie ont des affinités essentielles avec la douceur, est-ce parce que l’enfance en détient l’énigme ? Car la douceur a, avec l’enfance, une communauté de nature mais aussi de puissance.

*

La douceur vient avec la possibilité de la vie, avec l’enveloppe utérine qui filtre émotions, sons et pensées, avec l’eau amniotique […] Sans la douceur de ce toucher originel nous ne serions pas au monde. Sans doute dort-il dans chacune de nos cellules, nous invitant au retour impossible à ce monde perdu qui fut, bien avant les bras maternels, un bercement.
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La douceur ne se possède pas. On lui fait hospitalité.
     
Aucun événement de ce monde ne lui est étranger, car elle porte la responsabilité du vivant. Sans douceur, pas d'être au monde humain.
     
'Fête sensible, II'- p. 80-81
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La douceur est d’abord une intelligence, de celle qui porte la vie, et la sauve et l’accroît. Parce qu’elle fait preuve d’un rapport au monde qui sublime l’étonnement, la violence possible, la captation, la peur en pur acquiescement, elle peut modifier toute chose et tout être. Elle est une appréhension de la relation à l’autre dont la tendresse est la quintessence. 
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C’est par une nuit froide de décembre. Un maître et son serviteur s’engagent dans une route qui traverse la forêt. La neige commence à tomber, peu à peu elle recouvre tout. Ils parviennent tant bien que mal à mener le traîneau jusqu’à ce que le cheval le verse dans le fossé, et se pétrifie. Le froid les gagne peu à peu. Le maître comprend que c’est perdu. Et un retournement s’effectue en lui. Tolstoï, sans jamais donner une leçon morale ni dramatiser la scène, laisse au contraire ce blanc de la neige envahir et engourdir le récit lui-même jusqu’à cet instant où l’on pourrait dire que la douceur entre dans le cœur du maître. Et on le voit alors venir entourer de son corps et réchauffer de son manteau le serviteur exposé au froid et se laisser mourir à sa place. C’est au lieu même du pouvoir que la douceur opère. Elle vient se poser dans les interstices de la cruauté en la retournant comme un gant. Elle est précisément à l’endroit le moins attendu. En ce sens la douceur est christique si l’on accepte de voir dans le Christ la figure de celui qui retourne tous les attributs de pouvoir en servitude consentie, par exemple lorsqu’il lave les pieds des disciples, geste infiniment humain commencé là où il n’y a plus d’explication ni de justification possible. Dans le traîneau, il n’est plus question de mansuétude, de patience ou de justice. Pas d’autres témoins que les loups au loin, le froid, la neige et la nuit. Rien ne se saura du combat spirituel ou de la reddition.

« Maître et serviteur » de Tolstoï, p. 91
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