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EAN : SIE344403_956
Gallimard (01/01/1971)
4/5   8 notes
Résumé :
Ce recueil de poèmes est centré autour d'une très belle méditation en prose sur l'opération poétique, décrite comme une expérience sans mesure et inexpiable qui se nourrit de nos propres contradictions.

On y retrouve le même paysage poétique que dans les œuvres antérieures de Dupin, teinté d'une véhémence et d'une violence accrues.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Jacques Dupin nous a quittés ce 27 octobre 2012. Avec son souvenir, c'est tout un pan de ma jeunesse estudiantine qui ressurgit. Ce jour d'Avril où il accompagna ma découverte de Giacometti au gré de dessins et sculptures exposés à la galerie Lelong de Paris. Ce soir d'automne où je le rencontrai après une lecture publique où sa voix grave avait rempli la salle de solennité profonde. Dupin cherchant à exprimer la violence de la rupture, le cheminement dans une nature animée par le feu. Dupin encore, occupé par la rédaction d'une oeuvre sur Miro, intarissable sur le peintre, passant d'une verve passionnée à un silence songeur. J'étais intimidée par l'artiste, mais si désireuse de sonder en lui cette énergie qui pousse à écrire! Dupin que je relis aujourd'hui, honorant un grand poète, incontournable désormais dans le paysage de la poésie française.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
MORAINES


J’ai cru rejoindre par instants une réalité plus profonde comme un fleuve la mer, occuper un lieu, du moins y accéder de manière furtive, y laisser une empreinte, y voler un tison, un lieu où l’opacité du monde semblait s’ouvrir au ruissellement confondu de la parole, de la lumière et du sang. J’ai cru traverser vivant, les yeux ouverts, le nœud dont je naissais. Une souffrance morne et tolérable, un confort étouffant se trouvaient d’un coup abolis, et justifiés, par l’illumination fixe de quelques mots inespérément accordés. Nous coïncidions hors du temps mais le temps pliait les genoux et si je ne le maîtrisais pas dans sa course, du moins commandais-je alors à ses fulgurantes éclipses… Je l’ai cru. Le battement de l’abîme scandait abusivement l’offrande de rosée au soleil, dehors, sur chaque ronce.

p.134
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L’injonction silencieuse glisse à la surface des eaux, brille à la cime de l’herbe et affleure le mot quotidien. C’est la réponse, l’acquiescement qui tonne, le « oui » longtemps réprimé comme si son retard devait augmenter la charge, accroître l’ampleur de l’explosion et rendre irréversible le départ. Il tonne. Arbitraire déflagration, il jaillit de la gueule d’un quelconque canon dont le recul me jette à terre, ici, n’importe où, si je suis vivant. Ici, un lieu habitable à cet instant à cause d’une imperceptible fracture, de l’infime intervalle qui mesure ma liberté de mouvement et de don, pareil à quelque battement de coeur identifié soudain dont il serait la cause fugace. Si je cesse alors d’être exclu, séparé par quelque rempart transparent, c’est pour bouleverser ce que j’aime, saccager ce qui m’est offert, nouer en fagots les branches mortes pour le feu de ceux-là qui peut-être ne viendront pas. Car l’écriture ne nous rend rien. La consommation même est imparfaite.
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PROXIMITÉ DU MURMURE

Seuil de son corps murmurant
ce livre
à la lampe je le dédie

à la lampe c'est-à-dire à la nuit
même dôme et même clarté
même indifférence et même
intimité vindicative
lampe et nuit insondables et proches
de la question que le calme infini
de dehors chuchote en l'étouffant
comme on se détourne d'un crime

ce livre je le casse en vous regardant
choses nues
malgré l'amarre souterraine
malgré le pas mortel
inaccoutumé

p.113
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Tu ne m’échapperas pas dit le livre. Tu m’ouvres et me refermes, et tu te crois dehors, mais tu es incapable de sortir car il n’y a pas de dedans. Tu es d’autant moins libre de t’échapper que le piège est ouvert.
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Les mots à contre-Nuit !

Ce qu'une autre m'écrivait
comme avec une herbe longue et suppliciante
toi, toute, en mon absence, là,
dans le pur égarement d'un geste
hostile au gerbier du sang,
tu t'en délivres
tel un amour qui vire sur son ancre, chargé
de l'ombre nécessaire,
ici, mais plus bas, et criant
d'allégresse comme au premier jour
et toute la douleur de la terre
se contracte et se voûte
et surgit en une chaîne imprévisible
crêtée de foudre
et ruisselante de vigueur

Malgré l'étoile fraîchement meurtrie
qui bifurque
— c'est sa seule cruauté le battement
de ma phrase qui s'obscurcit
et se dénoue —,
il est encore capable, lui, de soutenir
la proximité du murmure
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Videos de Jacques Dupin (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Dupin
Jean Frémon La Blancheur de la baleine éditions P.O.L où Jean Frémon tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre "La Blancheur de la baleine" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L et où il est notamment question de Michel Leiris, David Hockney, Emmanuel Hocquard, Bernard Noël, Alain Veinstein, Etel Adnan, Louise Bourgeois, Jannis Kounelis, Jacques Dupin, Claude Esteban, Samuel Beckett, Marcel Cohen, Jean- Claude Hemery, Jean- Louis Schefer, David Sylvester, Edmond Jabès à Paris le 2 février 2023
"Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs.
Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche."
+ Lire la suite
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