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EAN : 9782070218172
112 pages
Gallimard (07/10/1966)
3.69/5   13 notes
Résumé :
"Au seuil de la poétique est écrit : "Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent". Et qu'avons-nous entendu ?
L'ouïe cherche à redire, en des poèmes tels que ceux-ci, les rythmes auxquels depuis toujours elle fut éduquée ; car notre vue implique une audition première, et nous ne touchons terre que parlant en notre langue, magnifiquement comme le costume ; de même que les hommes n'auraient pas idée de se présenter à eux (au désert, à la montagne, au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Poète, philosophe, essayiste, traducteur, fondateur de la revue Po&sie, Michel Deguy est à l'instar de Philippe Jaccottet et d'Yves Bonnefoy un des plus grands poètes contemporains de langue française.

Disparu en février dernier, il laisse derrière lui une oeuvre foisonnante (son premier recueil date de 1973) et très singulière.
Pour Michel Deguy, ce qui est constitutif de la poésie c'est le lien indispensable entre le penser, le parler et l'écrit. Toute son écriture est une tentative de réhabilitation de ce lien perdu, disloqué par l'époque contemporaine, une réaction à une marginalisation de la parole, de l'imaginaire et du sens. Sa poésie se veut comme une vigilance, une attention portée à la vie, aux choses simples, une méditation faite de lieux, de temps et de liens entremêlés.

Ouï dire est un des recueils les plus significatifs du style de Michel Deguy. Paradoxe, dès les premières pages, la réhabilitation du lien entre le penser, le parler et l'écrit ne semble pas aller de soi. le poème apparaît ici comme une suite d'images sans lien entre elles, créant comme des dissonances, une expression un peu confuse. Quelque chose éveille cependant la curiosité. Il faut patienter, revenir au texte, l'interroger.
Comme dans le détail d'un tableau sur lequel notre regard se pose pour ensuite regarder toute l'oeuvre du peintre, il nous comme faut remonter le long du poème pour le saisir dans tout son espace, dans son intentionnalité.

Ainsi dans les poèmes de Michel Deguy, le lecteur doit venir prendre sa ration de belles choses à savourer, à éprouver, dans une lecture qui ne soit pas (ou plus) passive, réflexive mais plus spontanée, plus instinctive, plus libre.

Toute pensée, toute écriture, toute création possède plusieurs significations, demeure chargée de mystère, n'est jamais définitive, elle est en perpétuel mouvement. de même, les poèmes de Michel Deguy, souvent équivoques, ne sont jamais fermés sur eux-mêmes. Ils sont ouverts à l'imaginaire, à la sensibilité de chacun. C'est ce qui m'a plu de comprendre, de percevoir dans l'écriture de Michel Deguy.

Sa poésie (comme celle de beaucoup d'autres auteurs) invite aussi à se garder des visions un peu trop restrictives que l'on peut avoir de la poésie, du rôle que l'on veut lui assigner, de ce qu'elle doit forcément être pour être reconnue.

" L'arbre éclaire les tempes du ciel
Le cheval engloutit la source
La couleur prend sur les animaux
Laissant l'homme

Ma vie
Le mystère du comme

Puis l'ombre se fait lumière "
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Moraine bleue dans le glacier du soir

La vigne rentre sous le vert, le bleu reprend le
ciel, le sol s'efface dans la terre, le rouge
s'exhausse et absorbe en lui les champs de Crau.
Les couleurs s'affranchissent des choses et
retrouvent leur règne épais et libre avant
les choses, pareilles à la glaise qui précédait Adam.

Le saurien terre émerge et lève mâchoire
vers la lune, les années rêveuses sortent des grottes
et rôdent tendrement autour de la peau épaisse. Falaise se
redresse, Victoire reprend son âge pour la nuit. Les nuages
même s'écartent, les laissant.

En hâte quittée cette terre qui tremble
ils se sont regroupés dans la ville, bardée de portes.
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Tout se tolère et se juxtapose nombres et hortensias
Les bleus et verts dans le spectre du jour
Cependant que du balcon parfaitement mobile
Véloce l'homme arthropode se penche à travers
L'âme à facettes sur toutes choses
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La bulle du ciel…


La bulle du ciel chavire au hublot ; éclipse rapide sur les champs ;
le vent canne un siège de houles ; arctique des nuages, et nous gagnons la
réserve de bleu.
    L’île bientôt : fruit persistant au creux de l’altitude.
    Puis glissade à la plus grande pente du ciel

    Planète Açore : l’anneau d’océan saturnien gire
    Ile : mer bordée de terre
    Éruptions : mais du ciel où coule un basalte léger,
    et s’arrondit à nouveau à un bleu cratère

    Centre de tri des nuages, semeur des cris, le ciel - dépoli pour qu’en
traversant même la place de Pontadelgada tu songes au dieu abscons.
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Il ne sera pas enlevé mais il s'enfoncera
Lui qui rêve de monter, dans la terre il prendra taille d'un corps

Quand le soleil sera moins large, l'hiver moins digne, le vent moins pressant, le pain moins léger, midi moins sûr, la maison moins connue

Il rentre alors vers son humble figure
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Le poète de profil
Le poète à l'équerre de corps et d'ombre sur les seuils
Le poète Gulliver qui retrace un roncier d'hiver avec la pointe de Hopkins
Ou décroît pour accorder l'herbe au zodiaque avec compas de Gongora
Génie des contes perses car il refuse l'indifférence
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Videos de Michel Deguy (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Deguy
Lecture par Anna d'Annunzio Entretien avec Philippe Rey & J.M.G. le Clézio (en duplex des Etats-Unis) Entretien animé par Julien Viteau
« La poésie de Jean Fanchette est exigeante, elle est authentique dans chacune de ses paroles, dans la richesse de son rythme, la valeur de ses mots. Il n'est pas indifférent que dans le monde moderne, imbu de théorie et assourdi de certitudes, ce soit cette voix très ancienne, qui charrie toute la complexité et l'originalité de la culture mauricienne, il n'est pas indifférent que ce soit cette voix-là qui nous donne foi dans la poésie. » J. M. G. Le Clézio
L'Île Équinoxe, anthologie poétique de Jean Fanchette, (Île Maurice 1932 – Paris 1992) poète, éditeur et neuro-psychanalyste rassemble, selon le plan laissé par avant sa mort, les différents recueils composant son oeuvre poétique. Empreints de rigueur formelle, ces écrits disent la nostalgie de l'île d'origine, abandonnée très tôt pour la patrie d'exil : « Je ne suis pas d'ici. Je ne suis plus d'ailleurs. » Cet arrachement ne laisse plus au poète qu'une « identité provisoire ». L'Île Équinoxe est traversée par la voix vibrante d'un homme qui, grâce à l'aventure du poème, peut se réapproprier un monde perdu.
« Je suis debout dans la trouble lumière Arrimé à de petites choses, une odeur, une couleur L'odeur du vent traverse l'espace salé de la lagune qui habite en moi, Qui bat dans mon sang vagabond d'hémisphères » L'Ile Equinoxe : Poèmes 1954-1991, Jean Fanchette
À lire – Jean Fanchette, L'Île Equinoxe, (préface de J.M.G. le Clézio, postface de Michel Deguy), réédition chez Philippe Rey, 2023.
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