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EAN : 9782382920664
256 pages
Bouquins (03/03/2022)
4.14/5   14 notes
Résumé :
S’il y a un peintre français qui, par son seul génie, a bouleversé le monde entier, c’est bien Édouard Manet.
Depuis l’enfance, j’aime ses œuvres, ses noirs, ses ivoires, ses énigmes, ses amoureuses. La violence extrême qu’il a suscitée est inimaginable aujourd’hui. Je vous propose une balade personnelle et intime dans sa vie.
Ado, j’avais trois idoles : lui, Jacques Monory, le peintre des meurtres bleus, et Led Zeppelin. Vous allez les retrouver ains... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Guillaume Durand confie son admiration pour Edouart Manet à travers ce beau livre Déjeunons sur l'herbe inspiré du nom du tableau réalisé en 1863 qui est aussi le préféré du journaliste.

Guillaume Durand révèle avoir voulu être « Le Bernard Pivot de l'Art ». Il tente d'expliquer pourquoi l'histoire de l'art mais aussi ses modernités restent connues d'un public restreint, un entre-soi que même l'Éducation nationale, rappelle-t-il, entretient.

Alors, Déjeunons sur l'herbe présente en vingt neuf petits chapitres, superbement illustrés, l'oeuvre de Manet, mis en perspective avec les oeuvres des artistes de la seconde moitié du XXè siècle et du XIXè qui lui ont rendu hommage d'une manière ou d'une autre. .

Mais, Guillaume Durand rend aussi hommage à un père aimé, choyé, grand amateur d'art et à sa mère qui a su, depuis tout jeune, lui expliquer l'Art qui est devenu au fil des années son trou noir, son havre de sérénité. Il balaye sa vie de journaliste en racontant ses rencontres, bien évidement diverses, avec les faiseurs d'opinions mais aussi avec les artistes qu'il a tellement aimé et qu'il aime encore.

A chaque fois que nécessaire, Guillaume Durant raconte comment ce territoire que représente l'Art a été un continent de joie et de dépassement qu'il a revisité, jamais déçu.

Le lecteur croise entre autres les oeuvres d'un Bertrand Lavier, celles de Claire Tabouret et Nikki de Saint-Phalle. Mais aussi la présentation de Anne Rose Suzanne Louviot devenue l'inspiratrice du Nana de Zola mais aussi transformée en Melle Mery Laurent, le modèle de Berthe Morizot, et la dernière muse d'Edouard.

Celle de Jeff Koons reliée à Manet mais aussi aux impressions du journaliste, ex prof d'histoire, est exemplaire de lucidité, de respect, d'analyses et d'intelligence, relevant des aspects de sa personnalité et de sa curiosité peu connues.

Cet ouvrage d'une simplicité désarmante, d'un abord tellement aisé permet de brosser l'influence de ce dandy séducteur qu'était Edouard Manet à partir du décryptage de ses oeuvres ainsi que ce qu'il a apporté à l'art contemporain. Un beau livre à offrir !
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Un tableau qui répond au code de la parité si chère à nos contemporains : deux hommes et deux femmes. Une discussion paisible semble être engagée. C'est en tout cas ce que Manet représente ici. Un cadre bucolique, un bouvier survole les reste d'un pique-nique. L'une des femmes prend le frais, les jambes dans l'eau, près d'une barque. L'autre, au premier plan, vous fixe de son regard énigmatique ; elle est nue. Et c'est la seule dévêtue. Scandale au Salon des Refusés en 1846.

En effet ce tableau n'a rien de badin. Pour mieux comprendre le choc artistique et le bouleversement que Manet va provoquer dans les esprits à l'époque, ce qui fait que cette oeuvre est fondatrice, Guillaume Durand, sur le ton de la conversation comme il sait si bien le faire, nous emmène en balade.

D'atelier en atelier, il bascule sans transition d'un Manet à Jacques Monory, Klein, le Caravage, Claire Tabouret, Yan Pey-Ming, Warhol, Jeff Koons et tant d'autres ; une masse innombrable... Comme le bouvier du tableau, il virevolte dans l'univers du cinéma (plus ou moins brèves apparitions de de Niro, Besson, Hitchcock, Jeanne Moreau...), le rock (ah ! les Stones, les Beatles, Led Zeppelin), la littérature (évidemment Zola, Baudelaire, les incontournables, qui a écrit après eux ?). Son univers artistique et mental n'a pas de limite, c'est un pot pourri et pas si fantaisiste que cela.

Le lecteur est un peu perdu et étourdi par autant de références de la part de Guillaume Durand. Normal pour un enfant de galeriste, me direz-vous ; moins pour le novice. Mais qu'importe car il y a ici une ivresse née de la liberté de penser, une libération pour l'auteur plongé en plein confinement (le livre a sa propre histoire, liée au Covid), submergé par le deuil et la maladie (sa "vallée de larmes"), et l'ivresse fait tourner la tête.

Paradoxalement c'est qu'il y a une forme de cohérence dans l'ouvrage de ce dandy contemporain. Et c'est dans ces moments les plus intimes, où il parle de ses parents, où il évoque ses tribulations, qu'il est le plus touchant et intéressant ; c'est là qu'il révèle l'essentiel de son livre. C'est un chemin personnel qui le mène au bout du deuil de son père. Ce destin est commun à Manet. L'homme qui a compris que derrière les danses, les fracs, les plaisirs et les femmes nues, il y a la détresse ultime de la maladie et de la mort. Là où est l'altérité, là est l'art.

C'est aussi notre lot commun. Et c'est bien pour cela que Guillaume Durand peut nous en parler, comme dans une conversation d'ami à ami autour d'un plat de pâtes ou lors d'une balade dans un musée vaste comme le monde.

Thomas Sandorf
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Comme le titre et la couverture de ce livre le montrent, c'est Manet qui en est le fil rouge. En effet, Guillaume Durand passionné par les oeuvres de ce peintre, nous guide d'une manière très intéressante.

Beaucoup d'artistes fascinés par Manet à travers le XXème et XXIème siècles ont reproduit à leur manière "le déjeuner sur l'herbe" ou des attitudes, des regards dans leurs toiles propres à Manet. Ce dernier, lui aussi dans ses toiles reproduisait des éléments présents dans certaines oeuvres. Par exemple, en hommage à Velasquez, on aperçoit l'ombre derrière la guêtre du Fifre, la trace qui apparaît aussi derrière la chaussure de Pablo de Valladolid chez Vélasquez.

Comme le rappelle Guillaume Durand à la fin de son livre, ce n'est pas un texte pour ceux qui savent et connaissent parfaitement l'histoire de l'art.
En revanche c'est un écrit accessible pour pénétrer dans l'univers de Manet et, pour ma part j'ai découvert beaucoup d'artistes. Je citerai Claire Tabouret, Jan van Imschoot, Gérard Traquandi et bien d'autres.

Une agréable lecture où l'on prend le temps d'observer les différentes oeuvres qui foisonnent dans ce livre.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Mon père était un personnage de Manet : le goût de la cravate, un courage français qu’il est impossible de définir. Aucun a priori sur personne. Son père Joseph, disparu en 1951, venait directement du XIX e siècle, avec ses guêtres et ses déjeuners où il parlait latin avec ses invités. Comme le fifre,il jouait de la flûte. En même temps, tout ce beau monde eut affaire aux Prussiens, puis à deux guerres mondiales…..Chez Maman, peu d’argent mais des tragédies plus intenses dès le départ… son père Frédéric orphelin fit un service militaire de trois ans avant 1914, puis quatre ans de guerre avant de soutenir les mutins de 1917… Fred fut sévèrement sanctionné pour cette solidarité. Après il enchaîna sur la crise de 1929, puis la seconde guerre mondiale. Est-ce vraiment une vie ?
Peindre le malheur comme une forme élaborée de la gloire est une des raisons qui font que j’aime passionnément Édouard Manet.
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Chaque génération réinvente le féminisme. L’arôme de Mery Laurent célébré par les poèmes de Mallarmé et des nombreux portraits au chapeau réalisés par Édouard (Manet) prouvent que la petite alsacienne ne se contenta pas d’´accorder sa faveur au Tout-Paris. Elle devint Nana pour Zola mais elle anticipa aussi la gaité, le culot, le corps triomphant des Nanas en polyester et de toutes les couleurs de Nike de Saint Phalle. Aucune barrière morale ni sociale ne pouvait s’opposer à sa liberté.
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Si vous aimez vraiment la peinture, plongez-vous dans l’ensemble de Vallontton ( 1865-1925), vous y trouverez des gravures extraordinaires. Des tableaux sur la bataille de Verdun sans équivalent. Et comme chez Hopper, des cadrages inattendus et des portraits de femmes touchées par la solitude ou le désarroi. A mon sens, Félix est un bien meilleur peintre qu’Edward. La célébrité ne fait pas tout. Manet et sa bande dont partout!
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J’écris ce livre comme un testament à la hauteur de la culpabilité. Ma carrière s’est déroulée dans l’audiovisuel mais je n’ai jamais réussi à être le Bernard Pivot de l’art, ce passeur, tellement utile puisque l’Education nationale ne fait pratiquement rien.
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Mais quand il peint, la prémonition l'envahit. S'il regrette que les sœurs Morisot ne soient pas des hommes, le regard de Berthe au balcon est celui de la fureur.
Quand la Victorine -Olympia, avec sa fleur, sa nudité, ses mules et son ruban, elle incarne une luxure tarifée et totalement indifférente à celui qui s'avance et qui veut la posséder.
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Guillaume Durand - Déjeunons sur l'herbe
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