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3,33

sur 332 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Au début, j'ai perçu la musique des mots de Lionel Duroy comme on entend un pianiste d'ambiance dans le brouhaha d'un salon bondé, chacun des participants émettant ses jugements, énonçant ses rancunes dans un contexte que je ne comprenais pas encore.
Puis, petit à petit les phrases se sont faites plus nettes, plus coupantes et j'ai pu extirper le malaise de cette fratrie fracturée. Dix enfants devenus grands sans l'amour de leurs parents.
Dix frères et soeurs, perdus de vues, éperdus d'amour, déshérités de bonheur.
Il m'a fallu maîtriser ce texte qui, comme la vie coule sans chapitre. Presque sans strophe mais gorgé de catastrophes.
Paul a écrit des livres, des livres et des livres, pour conjurer sa souffrance, le mal de son enfance. Mais ils n'ont pas compris. Il en a payé le prix. Trente ans de châtiment sans voir leurs jours. C'était sa peine, forçat de l'amour.

Puis vint le jour des retrouvailles celui qui secouent les entrailles.
Paul a fait une belle tablée pour recevoir sa fratrie, les deux femmes de sa vie passée et ses quatre enfants.
On est là pour se pardonner, pour faire bonne figure, pour faire admettre sa posture, faire comprendre son comportement à des enfants qui n'étaient pas là avant.

« le mal est fait, il est évidemment trop tard pour rattraper tout ce que nous avons raté. »

Chacun, à tour de rôle prend la parole et partage ses impressions. Tous les aspects de ces vies abimées sont traités, les beaux, les laids, ceux dont on ne parle jamais de peur de froisser.
Les raisonnements sont discutés, la bienveillance s'invite où la tourmente pourrait naître.
Lassé d'animosité, friand de compréhension et d'indulgence, les fréquentations se rétabliront.
On entend des choses qu'on ne dit qu'une fois mais qu'on n'oublie jamais.

« Une fois la colère passée, on peut se dire qu'on s'aime. »

Lionel Duroy dissèque chaque émotion, c'est bouleversant de fouiller les ressentis des petits et les sentiments des grands.
Cet exercice parfaitement maîtrisé émeut tant il est juste, sincère et authentique.
J'ai vraiment l'impression d'avoir participé à l'événement de ce repas-roman familial, original dans le style et le déroulement.
Le jambon était délicieux mais ça manquait un peu de fromage…


Merci à Masse critique privilégiée, je m'ai bien régalé !

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La boucle serait-elle bouclée?
Et la thérapie littéraire de Lionel Duroy finalisée, avec ce livre en réconciliation fraternelle, comme en point d'orgue d'une symphonie familiale et personnelle racontée sur plusieurs livres ?

Depuis la parution de Priez pour nous (1990), qui avait provoqué une rupture nette avec sa grande fratrie, l'auteur revient inlassablement sur le passé, décortique les relations compliquées avec sa famille, avec ses couples successifs, avec ses enfants. le besoin d'écriture en catharsis, l'impact de l'enfance, le poids de la transmission sont au centre de ses romans qui le sont si peu, étant beaucoup plus proches de l'autobiographie introspective.

J'ai toujours eu plaisir à lire ce qui constitue une saga familiale hors des clous, tout en m'étonnant de l'incompréhension de l'auteur pour l'impact ravageur de ses écrits. Il y a gagné un isolement de pestiféré, une rancoeur de l'entourage pris au piège de ses récits. Mais il est le rare auteur qui admet que l'écriture de sa propre vie est une thérapie indispensable.
Et tant pis pour les dégâts induits...

C'est donc le livre de l'apaisement,
Une lecture imprégnée de sérénité, de souvenirs, de petits bonheurs (être père, être grand-père mais aussi être frère). J'aime la justesse de ses réflexions, son ironie amicale envers les autres et lui-même, sa clairvoyance qui transparaît dans les échanges.. On peut s'agacer d'une sensibilité à fleur de peau, d'un romantisme trop appuyé, d'une forme d'auto flagellation. Mais qui peut juger les autres à l'aulne de la violence des relations familiales ?

A lire quand on a lu les précédents... ça aide...
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L'oeuvre de Lionel Duroy repose en grande partie sur des romans autobiographiques. Ceux-ci se nourrissent des réactions du précédent. Il a commencé par raconter son enfance terrible avec des parents instables, il s'est mis toute sa famille nombreuse à dos. Pas découragé, il a continué livre après livre à nous faire participer à tous les moments de sa vie, en n'épargnant aucun des protagonistes.

Alors cet opus dénote quelque peu, puisqu'après trente ans de confrontation et d'éloignement, il est question de paix et de rapprochement. Une grande partie de la tribu se réunit pour enterrer la hache de guerre autour d'un repas. le narrateur nous présente alors les personnes qui ont compté dans son existence et nous narre les hauts et les bas de leurs relations. Il en profite pour nous résumer l'ensemble des évènements par lesquels ils sont passés dans les épisodes précédents.

Le décor est sobre, une maison en Sologne, l'histoire est simple, un repas familial et les dialogues sont assez communs. A priori, rien de bien passionnant. Seulement, encore une fois, le talent de Lionel Duroy a fonctionné sur moi. C'est peut-être mon côté voyeur qui a parlé ou les échanges pleins de sous-entendus entre les acteurs qui m'ont séduit. Toujours est-il que j'ai adoré être l'observateur de cette réunion sous tension où les langues se délient. L'auteur s'est parfaitement agrémenter la futilité du quotidien avec une réflexion psychologique et rendre le tout attractif.

Ce dernier roman est une pièce supplémentaire au puzzle qu'est la vie de Lionel Duroy. Il complète parfaitement les autres mais peut aussi être lu indépendamment. Quoi qu'il en soit, il met en avant un véritable dilemme auquel sont confrontés certains auteurs un jour : « Même par nécessité d'écrire, est-ce qu'il faut et est-ce que l'on peut raconter sa vie, au risque de blesser ses proches ? »
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Un huis- clos sous forme de diner familial avec une grande famille, c'est risqué car il faut suivre tous les membres sur une longue période de vie. Mais l'auteur a su trouver le style d'écriture qui rebondit oralement pour rester dans l'instantanéité de la conversation et des réparties, tout en permettant les allers et retours dans le passé.
Le propos peut résonner en chacun car on reste souvent prisonnier de son enfance et des blessures qui marquent pour la vie. le roman peut-être lu comme une sorte de psychothérapie de groupe. Pour moi cela reste une performance d'écriture à saluer.
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Paul Dunoyer, le double littéraire de Lionel Duroy, dont on sait qu'il a fait de son histoire familiale la matière de plusieurs de ses romans, accueille la demande de réconciliation initiée par trois de ses frères.
Il y a 27 ans, Paul a été banni de sa famille pour avoir exposé dans un livre le désastre de son enfance, l'irresponsabilité de ses parents, l'imposture de son père, le rêve de grandeur de sa mère et les terribles séquelles de ces comportements sur cette fratrie de 10 enfants. Les frères et soeurs, sous la houlette de Frédéric, un des aînés, ont écarté Paul de leur vie, mais aussi ses enfants, et , de cela, ils ont le regret, ils en ressentent l'injustice, avec le temps qui a passé.
Paul est un écorché vif, qui a été sauvé par l'écriture, sa fidélité à lui-même lui commande de ne rien regretter, mais il accepte d'organiser, dans sa maison qui lui est chère, un déjeuner avec ses frères et soeurs ( sans les conjoints et les enfants). Il fait venir ses propres enfants et ses petits-enfants ( il a eu 4 enfants de deux unions successives) Anna, sa première épouse, et accepte aussi la présence d'Esther, sa deuxième épouse dont il s'est séparé dans la douleur.
Ils seront 8 frères et soeurs à venir, tous sauf Frédéric, et un neveu, Sylvain, qui est sans doute pour quelque chose dans cette demande de réconciliation .
Ce livre est l'occasion de dérouler des paroles, à la fois sur cette enfance partagée, à la fois sur la rupture, à la fois sur le ressenti des exclus ( les enfants de Paul). Dans le déroulement de la journée, on sent la gêne du début, les rapprochements, les paroles de vérité. Paul ne fléchit pas sur la question de son rapport à l'écriture mais s'interroge tout de même lorsque Béatrice, l'une de ses soeurs, lui parle de sa honte de voir étalée au grand jour les avatars de leur enfance qu'elle avait essayé d'oublier. Paul semble, cette fois là, comprendre la blessure, on n'est plus sur la questions des convenances et du soi-disant manque de pudeur à étaler sa vie publiquement.
Au-delà de cette histoire singulière, ce récit nous interroge sur les liens familiaux, sur le vécu, différent pour chacun, d'évènements communs, sur l'humilité qu'il faut avoir pour reconnaître l'amour en nous, sur l'acceptation de l'ambivalence, sur le respect de l'autre.
Un livre humain. On peut être agacé de ce parti pris autobiographique, n'empêche qu'il y a un talent de raconteur et des questions universelles posées avec sensibilité.

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J'avais lu le Chagrin il y a bien longtemps et j'avais oublié les malheurs de Toto et sa famille. Fâché à mort avec ses neuf frères et soeurs depuis trente ans, l'auteur/narrateur - allez... j'ose le mot-valise : le "narrauteur", car on sent bien que Paul et l'auteur ne font qu'un, même si le récit est à la troisième personne du singulier - invite toute la fratrie sur le tard chez lui à un repas convivial avec l'espoir de rabibocher tout ce monde.
Ceux qui aiment les histoires de famille seront ravis. Ceux qui, comme moi, préfèrent les familles dans L Histoire, un peu moins. Il faut cependant reconnaître à Lionel Duroy, dans ce livre où dominent les dialogues, un sens du récit qu'il sait mener avec fluidité. Il pose certaines questions essentielles : qu'est-ce qu'une famille et qu'est ce qui en fait le lien ? Pourquoi écrire ? Que peut-on et que ne peut-on pas écrire concernant sa famille ?
Voilà un livre agréable à lire, même s'il nous remue un peu, et c'est l'essentiel.
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Après avoir lu, il y a quelques années "le chagrin", récit dans lequel Lionel Duroy expliquait pourquoi ses 9 frères et soeurs avaient décidé de le bannir suite à la publication de son premier roman autobiographique ayant pour sujet son enfance et ses parents parfaitement "barrés", j'étais intéressée de lire leurs retrouvailles après 27 ans d'absence.
Ils se retrouvent donc dans la maison de Paul, le narrateur, pour une réconciliation avec lui mais aussi ses 4 enfants et ses deux ex-épouse.
Il en manque un à l'appel. C'est un huit clos où chacun d'entre eux aura le temps de s'exprimer, de développer son ressenti, sa vision de l'enfance, son rapport aux parents et la raison de leur éloignement envers Paul. Chaque différence s'exprime et c'est parfois redondant. C'est bien écrit , intime mais 222 pages, c'est suffisant. Il faut savoir ensuite laisser cette famille tranquille.
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Dans ce roman, Lionel Duroy revient comme toujours sur sa vie en se mettant en scène sous le nom de Paul, son double littéraire. Après 28 ans de rupture totale liée à la parution du premier livre de Paul sur sa famille, ses frères et soeurs, sauf l'aîné Frédéric, ont décidé de lui pardonner et de revenir vers lui et vers ses quatre enfants qu'ils avaient aussi décidé de bannir de la famille. Ils admettent qu'ils sont allés trop loin horrifiés par tout ce que Paul s'apprêtait à révéler sur leur famille dysfonctionnelle. Tout le roman se déroule pendant le repas de retrouvailles et c'est l'occasion pour Paul de revenir sur certains épisodes marquants de leur enfance et de s'interroger sur son besoin viscéral d'écrire sur tout ça. Il est persuadé que, contrairement à ses frères et soeurs, il n'aurait jamais pu survivre à leur enfance sans l'écriture. J'ai lu ce roman (assez court) avec plaisir notamment parce que ça fait un certain temps que je n'ai pas lu de Lionel Duroy (dans son cas, il vaut mieux éviter de lire plusieurs romans à la suite puisqu'il revient inlassablement sur les mêmes thèmes). L'auteur présente le même sujet mais sous un autre angle. le retour de ses frères et soeurs le fait réfléchir et avancer mais une chose reste certaine : il continuera d'écrire sur sa vie (ce roman en est la preuve).
Lien : https://monpetitcarnetdelect..
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"Nous étions nés pour être heureux" peut être considéré comme un livre optimiste. Que nous raconte-t-il ? la réconciliation entre de nombreux frères et soeurs avec celui avec lequel ils étaient fâchés depuis une trentaine d'années. Motif de cette longue fâcherie Paul avait osé écrire des livres sur leurs parents et sur eux même, livres dans lesquels écrivant sa vérité il n'était pas tendre, c'est le moins que l'on puisse dire, avec sa mère tout particulièrement et avec son père.
Il y a déjà quelques années que j'ai lu "priez pour nous" et "le chagrin". Enfants ils n'ont pas eu une vie facile et ce d'autant plus qu'ils s'appelaient les de Pranassac.

Dans ce livre on retrouve Paul pacifié, père et grand-père heureux, ex -mari apaisé, toujours plus ou moins amoureux de ses ex, les mères de ses enfants.

Inquiet avant l'arrivée de ses frères, ému en les apercevant "c'étaient eux, mais terriblement vieillis, on aurait dit qu'on les avaient saupoudré de cendre, et cela lui avait provoqué une émotion à laquelle il ne s'attendait pas". Les soeurs arrivent plus tard.

Pendant le repas les échanges entre eux sont parfois vifs mais jamais agressifs, normal dans une famille nombreuse (je connais bien la question, je porte le numéro 10!). Ils n'ont pas tous la même mémoire des évènements familiaux, l'âge de chacun au moment des faits en modifie la perception.
De leur côté les enfants de Paul en veulent un peu à leurs oncles et tantes de les avoir privés des cousins.

Quelque soit leur réussite de vie personnelle une fois adulte, ils restent marqués par leur enfance calamiteuse "quand on vous écoute, avait justement constaté David, on comprend que vous n'êtes pas encore guéris de votre enfance".




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Ayant entendu dernièrement Lionel Duroy à la Grande Librairie et m'étant aperçue que je n'avais rien lu de cet auteur, j'ai cherché à la bibliothèque de quoi pallier à mon ignorance. Il y avait quatre livres et vraiment j'ai choisi au hasard celui-ci.
Dès le début, on est mis au parfum. Après vingt-sept années de silence, Paul, le narrateur, revoit d'un coup quatre de ses frères et un neveu, Sylvain, inconnu jusqu'alors. Il évoque ses deux ex : Agnès, sa première épouse avec laquelle il a eu David et Claire, et Esther, sa seconde femme et leurs deux filles, Anna et Coline. Son amie actuelle étant Sarah Saber. Je pensais que le compte y était mais non car ils sont une fratrie de dix enfants. Je le saurai quelques pages plus loin. Et si on compte le père Toto et la mère, la Baronne, le compte y est. Et c'est bien cela car il s'agit d'un règlement de compte. Comme ses oncles et tantes leur avaient tourné le dos quand la famille a essuyé un revers de fortune passant d'un appartement à Neuilly meublé façon 16ème siècle à un en HLM, ses frères et soeurs ne lui parlent plus depuis qu'il a édité son premier livre autobiographique. Lui, ses ex et leurs enfants sont devenus des parias. Cela il ne l'a pas digéré et apparemment si j'en crois les commentaires des autres babeliotes, il ressasse cette mise à l'écart encore et encore au fil de ses romans.
C'est bien écrit et certaines réflexions sont bien senties. Cela sent le vrai pas le romancé. Donc, on peut dire que de ce point de vue, j'ai aimé. Mais j'attendrai un peu pour lire les autres livres, je crois.
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