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EAN : 9791020901057
208 pages
Les liens qui libèrent (05/03/2014)
4/5   1 notes
Résumé :
Un plaidoyer et des solutions indispensables pour une prise de conscience globale de la crise environnementale que nous traversons. Ce livre montre que les exploitations économiques et environnementales sont indissociables et qu?elles sont imputables à une minorité accrochée à une idéologie réductionniste et court-termiste dangereuse. Cette réalité impose la mise en place de solutions originales et radicales pour sortir des crises multiples que nous traversons et qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans sa préface « Plaidoyer pour la dette écologique », Jean Gadrey indique, entre autres, que « la dette écologique est un concept d'action politique et de mobilisation pour des droits bien plus qu'une notion comptable »

Il reprend la définition de la dette écologique d'Accion Ecologica : « la dette accumulée par les pays industrialisés du Nord envers les pays du tiers-monde à cause du pillage des ressources causés à l'environnement et de l'occupation gratuite de l'environnement pour le dépôt des déchets, dont les gaz à effet de serre provenant des pays industrialisés ».

Les conséquences du réchauffement climatique sont et seront à la fois globales, mais toucheront plus particulièrement certaines populations. La rareté ou les pénuries à venir de certaines ressources implique pour le préfacier de mettre en place « l'égalité des droits d'accès et d'usage » comme objectif universel vers lequel il faudrait converger. Les réparations pour les dégâts passés et présents ne peuvent se réduire à une compensation monétaire, « on ne peut tout monétariser ».

Jean Gadrey souligne que « C'est l'affirmation de droits universels et égalitaires d'accès à des biens communs environnementaux qui justifie un raisonnement en termes de dette écologique, outil de dénonciation des violations passées et présentes de ces droits, outil de revendication pour que, d'une façon ou d'une autre, les responsables de ces violations, ou leurs successeurs au pouvoir, réparent ce qui peut encore l'être – par conséquent, « outil de réconciliation des peuples » dans un monde plus juste ».

Eric de Ruest rappelle dans son avant-propos que peu de pays (États-Unis, Europe et Japon) sont historiquement « les principaux responsables de l'accumulation anthropique de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ». Il souligne qu'il faut à la fois prendre en compte la dette écologique et rompre avec la logique productiviste du capitalisme. Il y a urgence à mettre en place un « droit de l'environnement dynamique », que cela conditionne aussi nos capacités à construire des « sociétés plus égalitaires, plus résilientes et plus solidaires ».

La dette écologique n'est pas un concept économique, même si sa reconnaissance « devra déboucher sur des réparations concrètes ». Prendre en compte cette dette implique aussi de remettre en cause une conception étriquée du progrès réduite à la croissance matérielle. Crise économique, crise financière, crise environnementale, crise énergétique, crise sociale, sont des facettes de la crise globale du mode de production dominant : le capitalisme.

Le livre commence par des extraits d'un texte de Daniel Tanuro. (Voir son livre L'impossible capitalisme vert, Les empêcheurs de penser en rond / La Découverte 2010). L'auteur souligne que le capitalisme est un rapport social, sa tendance à révolutionner en permanence la production et la consommation, son caractère global, les effets de la production de valeurs d'échange et les différences avec la production de valeurs d'usage. Il revient, entre autres, sur la destruction des communs pour le développement de la propriété privée, la place des monocultures d'exportations, les dégradations de la terre, les engrais de synthèse, etc., sur le tournant qu'à constitué la combustion de la houille, « Cet exemple de carrefour technologique prouve bien que la crise environnementale n'est pas le produit d'un engrenage inexorable de la technique, mais celui de choix sociaux dictés par le profit ». de ce point de vue, il faut refuser la dépolitisation ou la naturalisation de l'histoire. (Voir par exemple, Christophe Bonneuil, Jean-Baptiste Fressoz : L'événement anthropocène.La Terre, l'histoire et nous, Seuil 2013).
L'auteur poursuit par l'analyse de la place de la pétrochimie, de l'empoisonnement chimique de la planète, du nucléaire, du sur-labourage mécanisé, de la consommation de masse, des choix politiques en faveur des industriels… Il souligne le développement des émissions de gaz à effet de serre, le basculement climatique irréversible. « En ce début de XXIe siècle, l'humanité est prise en tenaille entre la crise socio-économique et la crise écologique globale ».

Renaud Duterme et Eric de Ruest tracent les grandes lignes d'une « géohistoire de la dette écologique », en partant du basculement du monde en 1492. Ils soulignent les conséquences de la colonisation, du système des plantations, de la production intensive destinée au marché, de la place de la fiscalité monétaire, du caoutchouc, des monocultures de rente, de l'endettement, etc. Pour ce qui du plus présent, les auteurs analysent les conséquences des politiques du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (plans d'ajustement structurels), le lien entre la division internationale du travail et la dette écologique, la guerre à la nature…

Ils reviennent aussi sur la guerre tout court, le recours aux micro-organismes et d'organismes dangereux, le déversement massif de défoliants lors de la guerre contre le Vietnam. Sans oublier les essais nucléaires, la production des déchets toxiques…

« Les sociétés et les écosystèmes sont en constantes interactions et se façonnent mutuellement ». Les auteurs expliquent les catastrophes liées au transport pétrolier, les liens entre pétrole et sous-développement, le coût global de l'or noir, la course aux gaz de schiste, la « corpocratie fossile ». Sortir de cette économie basée sur les énergies fossiles, financer « la révolution énergétique et démocratique post-carbone » exigera des moyens importants, impliquant d'exproprier des multinationales, de socialiser et de mettre en place des productions décentralisées d'énergies renouvelables, de faire d'importantes économies d'énergie, de réorienter la production en diminuant les dépenses en matières premières, tout en assurant les multiples besoins aujourd'hui non satisfaits.

Les dégâts ou les catastrophes sanitaires dus aux industries chimiques peuvent être qualifiés de crimes, Minamata au Japon, gaz moutarde dans les tranchées de la première guerre mondiale, Zyklon B dans les camps d'extermination nazis, défoliants durant la guerre contre le Vietnam. A quand la traduction des industriels devant la justice ?

Monsanto, Dow Chemical, DuPont de Nemours, la « Révolution verte », Renaud Duterme et Eric de Ruest analysent les multiples conséquences de l'imposition de modèles de développement agricole.

Bhopal en Inde, molécules cancérigènes… encore des crimes industriels.

Sans oublier les organismes génétiquement modifiés (OGM). Comme le soulignent les auteurs « Perte mondiale du droit à autodétermination alimentaire et empoisonnement font partie intégrante de la course au profit d'une minorité ». Ils poursuivent par l'analyse de la dette agricole et alimentaire, le gaspillage, la destruction de la petite agriculture, les politiques foncières, la standardisation de la production agricole, la spéculation ou l'accaparement des terres…

Un chapitre est consacré à la transformation du reste du monde en décharge, à la délocalisation des nuisances. Un autre à l'opportunisme vert, au nucléaire, à ses déchets et à ses coûts réels, aux fantasmes de la géo-industrie…

Les auteurs n'en restent pas à ces analyses, ils proposent « des solutions communes » dans une seconde partie du livre.

« il nous paraît fondamental de reconnaître l'idée de dette écologique – en d'autres termes, d'accepter et d'affirmer la vision réaliste selon laquelle le développement économique d'une partie de l'humanité repose depuis cinq siècles sur l'exploitation environnementale et humaine de la majorité ». Il ne s'agit donc pas d'un simple rapport Nord-Sud, mais plus globalement de relation entre les classes, entre la majorité de la population et une minorité de possédants. Les auteurs parle de réparations, d'annulation totale et inconditionnelle de la dette, de renouveau de l'écologie politique, d'alliance entre mouvements sociaux et organisations syndicales, de logique anti-productiviste post-carbone, de fiscalité progressive comprenant une tranche confiscatoire, de justice intégrant les crimes écologiques, de dissolution de l'OMC, d'une oligarchie mondiale (les 1%), de relocalisation de la prise de décision, de dé-professionnalisation de la politique, de démocratie, d'autogestion…

De multiples pistes de débats… Il y a urgence
Lien : http://entreleslignesentrele..
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il nous paraît fondamental de reconnaître l’idée de dette écologique – en d’autres termes, d’accepter et d’affirmer la vision réaliste selon laquelle le développement économique d’une partie de l’humanité repose depuis cinq siècles sur l’exploitation environnementale et humaine de la majorité
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la dette accumulée par les pays industrialisés du Nord envers les pays du tiers-monde à cause du pillage des ressources causés à l’environnement et de l’occupation gratuite de l’environnement pour le dépôt des déchets, dont les gaz à effet de serre provenant des pays industrialisés
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C’est l’affirmation de droits universels et égalitaires d’accès à des biens communs environnementaux qui justifie un raisonnement en termes de dette écologique, outil de dénonciation des violations passées et présentes de ces droits, outil de revendication pour que, d’une façon ou d’une autre, les responsables de ces violations, ou leurs successeurs au pouvoir, réparent ce qui peut encore l’être – par conséquent, « outil de réconciliation des peuples » dans un monde plus juste
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