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EAN : 9782246837145
224 pages
Grasset (18/10/2023)
3.68/5   56 notes
Résumé :
Sortir la science de ses mauvaises habitudes, tel est le projet de ce bref et révolutionnaire essai.

Face à la catastrophe écologique, la science est utilisée pour donner une réponse essentiellement « ingénierique » : technologie à tout prix, algorithmes envahissants, machines toutes-puissantes. Cela constitue le pire des choix. Si elle peut jouer un rôle salvateur, c’est, tout au contraire, en contribuant à un renouveau radical des symboles et des v... >Voir plus
Que lire après L'Hypothèse K: La science face à la catastrophe écologiqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Vous est-il déjà arrivé de regarder un vol d'étourneaux et de trouver ça magique ? Ou alors de vous émerveiller devant un rapace planant au dessus de votre tête, d'une aurore boréale, d'un arc en ciel, d'une étoile filante… ? Et là paf une tête d'ampoule se ramène et vous donne l'explication scientifique de tous ces phénomènes. Loin d'être reconnaissant vous avez juste envie de la baffer façon Obélix pour avoir gâcher la magie et la poésie du moment. Donc quand un scientifique, astrophysicien qui plus est, invoque l'idée de redonner à la science la charge poétique qui lui manque, notamment afin de repenser le problème de la catastrophe écologique je suis tellement étonnée qu'il me faut lire cet essai !

Et j'ai bien fait ! Malgré quelques termes scientifiques et philosophiques un peu retors j'ai été agréablement surprise pas cette plume facile à lire et très compréhensible. Mais surtout j'ai été surprise des propos de l'auteur qui vont à l'encontre de ce que la plupart des scientifiques prônent. Il avance l'idée que toute avancée scientifique n'est pas forcément salutaire et que faire une chose juste parce qu'elle est faisable et/ou que c'est une prouesse technique est loin d'être un objectif noble. Il soulève également une question qui me semble centrale : Une découverte ne serait intéressante que si elle a un intérêt industriel ou marchand ? On en vient au coeur du problème : la science est désormais au service du monde économique. Telle qu'elle est pratiquée en occident elle manque d'âme, d'affect, en témoigne la banalité avec laquelle sont maltraités les animaux de laboratoire. (Je passe rapidement sur ce sujet sinon je vais m'énerver.)

Cette course en avant a fait de nous des êtres technodépendants et disons le de plus en plus pathétiques. Nous sommes dépendants d'une technologie qui n'est pas indispensable à notre survie et pire, qui hypothèque la survie de notre espèce et de toutes les autres espèces.

Dans la problématique actuelle liée au développement durable ce qui est demandé à la science c'est de nous permettre de continuer tel que nous le faisons plus longtemps. Produire une énergie propre pour nous permettre de poursuivre toutes nos activités industrielles, économiques, financières qui détruisent notre habitat. La fuite en avant énergivore montre que l'Homme ne se pose pas les bonnes questions et la science se retrouve otage de cela. « Le problème est moins la propreté de l'énergie que ce à quoi elle est destinée ».

Pour l'auteur, la science ne sauvera pas le monde en trouvant comment réduire les émissions de CO2 mais en proposant un autre chemin. Selon lui, notre science a besoin de philosophie, de poésie pour ne pas devenir quelque chose d'impérial et incontestable réduit à la technique et déshumanisée. le développement des avancés scientifiques ne doit pas nous échapper. La science ne peut plus continuer à être complice de l'artificialisation de notre monde et doit reconquérir son humanité, sa poésie, c'est à dire savoir faire corps avec le monde et pouvoir encore s'étonner devant celui ci.

Venons en au fait, qu'est ce donc que l'hypothèse K me direz vous ? Et bien c'est une vision de la catastrophe écologique qui nous menace et des propositions pour y faire face que je vous laisse découvrir. Et pourquoi ce nom ? Pour deux raisons : l'une scientifique, l'autre littéraire dont la démonstration est très intéressante. Mais il faudra lire pour en savoir plus.

J'ai dévoré cet essai audacieux et courageux entre science et littérature. Je me suis complètement retrouvée dans un grand nombre des idées exposées. Sur la question environnementale j'ai souvent l'impression que la vie même est sacrifiée sur l'autel de l'économie et du high tech et que faire du covoiturage ou cultiver ses carottes ne va pas changer grand-chose. J'ai la désagréable impression que l'avenir de notre planète est entre les mains de technocrates issus de grandes écoles qui ne savent plus ce qu'est la vraie vie : le chant d'un oiseau, l'ombre d'un arbre, le vent iodé porteur de promesses, la sensation de l'herbe sous les pieds nus et non pas un écran de PC, une grosse bagnole qui va vite ou le dernier tour appris par une IA. Alors voir ce cri du coeur porté par un homme de science ça fait du bien au moral même si reste à savoir s'il sera juste un tout petit peu entendu et écouté.
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J'ai d'abord pensé au K de Buzatti (que je relis par hasard actuellement), retrouvé ici des similitudes avec le fameux recueil de nouvelles de l'écrivain italien. L'illusion déliquescente du pouvoir, celle du bonheur factice (façonné par la possession, la domination), l'inéluctabilité de la mort et, dans le même temps, l'épiphanie renouvelée de la vie qui nait, foisonne, magnifiée par l'éphémère, sublimée par la simple contemplation. Pour peu qu'on y prenne garde. Qu'on sorte des sentiers battus, afin de vagabonder, se perdre pourquoi pas, en chemin. Exister.

On comprend plus tard, que l'analogie est d'ordre oncologique (carcinologique). La métaphore est celle de la technologie prédatrice épuisant les ressources de la planète, son énergie…comme la nôtre du reste.

Aurélien Barrau nous enjoint à redescendre du piédestal sur lequel les croyances qui traversent nos sociétés « modernes » nous ont placés, érigeant des dogmes profondément ancrés dans nos esprits, bâtissant de monstrueuses forteresses de certitudes. Pétris d'orgueil et de vanité, nous nous acharnons à dresser une muraille étanche entre nous, homo sapiens, et le reste du vivant. Voilà qui est bien commode, mais si terriblement pauvre intellectuellement, émotionnellement ! Sur cet autel froid, nous pouvons légitimer tous nos actes, surtout les plus vils, sacraliser presque la destruction systématique du beau. Nous ! êtres transcendants qui avons apparemment hérité de la Terre comme d'un jouet que l'on accapare. On peut ajouter aussi notre propension à s'extraire de cette « Nature », dont on définit mal les contours, dont on a souvent peur, car, dans l'imaginaire collectif, elle est, par essence, chaotique, parfois terrifiante, échappant de fait à notre contrôle, notre volonté.

Est-il impensable d'envisager de cesser (un peu) cette course effrénée, absurde ? Peut-on encore se convaincre, tels de fanatiques sectateurs, que l'on pourra exploiter jusqu'à l'os des ressources qu'on se représente inépuisables ? Est-il si aberrant, utopique, imbécile, d'oser freiner, s'arrêter par moment, contempler les vagues grises, un coin de jardin où s'active une colonie de fourmis, avant que la mort ne nous cueille et que dans un dernier spasme, on soit submergé par le regret ?

J'ai un profond respect et une admiration sincère pour l'érudition d'Aurélien Barrau, son aisance à l'oral comme à l'écrit, sa capacité d'abstraction, de conceptualisation, la construction élégante de sa pensée, de son raisonnement.

Qui suis-je au fond pour sanctionner d'une note désincarnée un poète sur un site comme celui-ci ? Cela n'a aucun sens. Alors je prends le parti d'évaluer mon seul ressenti émotionnel à la lecture de cet ouvrage.

L'heure n'est plus au constat. L'effondrement sans précédent et vertigineux du vivant, le dépassement de toutes les limites définissant l'habitabilité de la planète, on y est.

D'autres le font aussi, insistant sur la nécessité d'une vision systémique du phénomène et non d'en extraire quelques composantes symptomatiques (la part du réchauffement climatique liée aux gaz à effets de serre par exemple). Souvent, ce sont (et c'est effrayant) les plus « simples » (et les plus « consensuels ») de nos problèmes que l'on met en avant (occultant le reste), car, pour ceux-là, des « solutions technologiques » sont potentiellement envisageables. En gros, concevoir « l'obstacle » (pour ne pas dire le « péril »), que du point de vue de l'ingénierie, de la technique. Donella H. Meadows l'évoquait déjà au siècle dernier dans « Pour une pensée systémique ». Arthur Keller, dans ses conférences poursuit brillamment ce travail et expose avec beaucoup de clarté le contexte actuel ainsi que la vision biaisée que l'on peut en avoir. Je conseille aussi « Ralentir ou périr » de Timothée Parrique, essai d'économie admirable et implacable. Lui parle de « post-croissance » pour ne pas commettre le crime de lèse-majesté d'employer le terme honni de « décroissance ». Prospérer, sans croissance, être heureux sans 6G ? Bon sang c'est si dur à imaginer ?

Mais cette nécessité vitale, ontologique (presque) à au moins « freiner » n'est pas rentrée dans les moeurs. L'illusion, l'endoctrinement, la chimère du Dieu « progrès », de l'émancipation par la technologie et la possession matérielle ont la vie dure. La vision néo-colonialiste du monde transparait en fond, comme une vieille lune, où tous ceux qui n'avancent pas au même rythme, refusant « la marche vertueuse du progrès » sont déconsidérés, raillés, conspués ou caricaturés.

Amish, âge des cavernes… .

Comme les conquistadors d'antan, voilà que les libéraux vénérant le « marché » viennent prêcher la bonne parole, prêtres missionnaires évangélisateurs d'un modèle productiviste inepte, dépassé, triste, prédateur jusqu'à la destruction. La loi du plus fort, le règne de l'individualisme, la concentration insensée des richesses par une poignée, et par-dessus tout, le « tour de force », faire accepter cela à tous les autres.

Ma seule nuance dans cette « Hypothèse K » tient dans la définition même du mot « Science » puisque qu'Aurélien Barrau exprime souvent l'idée qu'on nous vole les mots, qu'on les vide à dessein de leur substance et de leur sens pour mieux s'en servir dans des logorrhées serviles et mièvres.

J'ai eu du mal à associer des qualificatifs de « prosaïque » et de « poétique » à la Science comme l'envisage l'auteur même si je crois deviner le sens de son propos, l'urgence de son propos ! Cette notion de « trahison » salvatrice, je l'appréhende sans en mesurer les conséquences. La faute sans doute, à mes capacités limitées à voir aussi loin que lui, à concevoir ce nouveau paradigme dont il dessine les contours, mais qui reste encore nébuleux pour moi.

Je continue (à tort surement) d'attribuer à la Science une signification épistémologique. C'est, je crois, avant tout, un contrat tacite entre les chercheurs, les hommes, une méthode rationnelle d'explication de la nature avec les seules ressources de la nature. En tout cas c'est le postulat vertueux. L'objectif est la cohésion des sociétés par une construction du savoir collectif, auquel on peut adhérer, car réfutable, en mouvement et non dogmatique. J'aime bien une phrase de Patrick Tort qui résume cela de manière un peu provocante en disant que « La religion c'est la vérité révélée, la science c'est la vérité démontrée ».

À écouter aussi, ou lire, Guillaume Lecointre qui expose clairement les « piliers » fondateurs de la Science : scepticisme initial ; réalisme ; rationalité (logique et parcimonie) et matérialisme méthodologique. Ce sont les règles du jeu qui permettent d'avoir « confiance » (au sens où l'entend Gérald Bronner par exemple, dans la « Démocratie des crédules »). Confiance mesurée, emprunte d'esprit critique, mais confiance quand même « l'essence de toute vie sociale est la confiance – Gérald Bronner ».

On laisse à la porte de l'édifice où l'on bâtit les savoirs ses certitudes, la métaphysique, tout comme l'intentionnalité. Bien entendu on pourrait me rétorquer « constructivisme des faits », « relativisme social, historique ou conceptuel », mais la Science est un pari sur le long terme. Ne restera plus rien, tôt ou tard, du messager qui a proféré telle ou telle théorie, loi, mais bien uniquement le message si celui-ci n'est pas réfuté par la démonstration. Les principes de la thermodynamique par exemple sont consubstantiels d'une époque d'industrialisation naissante, de la surrection des « machines ». Mais pour autant, on a oublié la plupart de ses fondateurs alors que les formules s'appliquent encore.

Il y a la donc d'un côté la « Science » (inévitablement amorale) et de l'autre, « les usages de la science ». Bâtir une centrale nucléaire ou fabriquer des bombes atomiques est un choix, qui ne dépend plus des mécanismes intrinsèques d'élaboration collective des savoirs, de l'universalisme de la construction des connaissances, mais, s'inscrit dans une strate différente de la société, que l'on peut assimiler à la sphère citoyenne, politique, philosophique et par essence, cette fois, morale. Peut-on reprocher à Ernest Rutherford, par exemple, ses travaux sur la physique nucléaire (lui qui en est un des pionniers), les conséquences de ses recherches (auxquelles il ne conférait d'ailleurs que peu de perspectives ou d'application réelles) et par capillarité, le rendre responsable d'Hiroshima ?

Je comprends bien qu'on pourrait, bien en amont, nuancer sur le cap, les attendus de la Science, mais n'est-ce pas déjà rompre avec ce contrat tacite et universaliste qui rendent les contenus partageables et objectifs ? N'est pas là déjà, orienter le débat par conviction et se risquer sur des chemins inconnus ? Mais peut-être aussi que l'urgence de la situation nous contraint à arbitrer rapidement ce choix cornélien.

Redéfinir la Science, comme le souhaite Aurélien Barrau, en se référant à l'un des premiers récits scientifiques, de Rerum natura et sa composition poétique (en hexamètres dactyliques), je me sens un peu perdu, perplexe face à cette idée.

Mon propos est déjà trop long, je m'en excuse. Ce que je retiens de ce livre, c'est la position sans concession d'Aurélien Barrau, sa révolte (que n'aurait pas renié Jean Genet qu'il admire, je crois), quitte à choquer ou risquer d'être déconsidéré, lui qui pourrait se satisfaire de sa notoriété, de son statut et de son parcours.

Peut-être oui, se tourner vers la poésie, la contemplation à l'heure ou un premier ministre, aux allures improbables d'homoncule grotesque, esprit sclérosé, réactionnaire, d'un autre siècle, engoncé dans une carapace juvénile, assène, lors d'un discours de politique générale insane, des coups de canon qui montrent que l'espoir d'un changement profond de mentalité s'envole chaque jour un peu plus. Les mots, froidement martelés : « production », « progrès », « réarmement », « consommation » sont autant de clous sur le cercueil de notre humanité.

Je regarde le monde qui m'entoure, m'étonne du peu de considération devant le constat effroyable de l'éradication systématique de la vie. « Silence dans les champs », « Nature silencieuse », business as usual, cocon technologique. Circulez, il n'y a (plus) rien à voir ni à entendre ! Et, face à cela, on rencontre beaucoup de mépris, de suffisance, de sophismes faciles qui catégorisent, ostracisent, disqualifient. le dogmatisme du libéralisme économique, des logiques illogiques du « marché » auront remporté la bataille politique et des esprits. Voilà rendus milliardaires des vendeurs de sacs à main ou des personnages vulgaires, boursoufflés d'arrogance, pensant désormais pouvoir conquérir l'espace, bafouant les cieux, poussés par une grotesque mégalomanie, dépensant des fortunes afin de planter un insignifiant drapeau sur une planète morte. Et après ?
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La science, c'est bien, mais...
Ce serait résumer lapidairement un essai brillant, trop peut-être, à la fois aguichant et déroutant. L'auteur, "hyper" intelligent, applique à la lettre son idée d'habiter poétiquement le monde et donc de réinjecter une bonne dose de fantaisie à une discipline qui a perdu de sa puissance révolutionnaire en se soumettant aux puissances dominantes, engluée dans une civilisation techno-logique, destructrice du vivant, humain, minéral et végétal .
Aurélien Barrau déplore le renoncement de la science à penser son sens et ses finalités, qui permettrait d'éviter une catastrophe civilisationnelle dont les scientifiques, essentiellement rationnels et mono-orientés, font le lit. D'où l'injonction à construire une chaopoétique du réel, à susciter des ruptures intellectuelles.
Le gaillard aligne les néologismes à satiété, me perd dès qu'il dévide son propos en suivant les circonvolutions fulgurantes de sa réflexion émises dans un style tarabiscoté ; il m'enthousiasme quand il questionne le projet de construire un grand accélérateur de particules, à la consommation d'énergie démentielle, nécessitant un tunnel souterrain de 90 km de long et l'excavation de 10 millions de mètres cubes de molasse.
"Est-ce digne" ?
Poser la question, c'est y répondre.
Le danger réside dans la dynamique propre d'un emballement insensé de la machine et de la programmation. le techno-cancer gagne en espace.
Je retiens de cette lecture déconcertante, que laisser la science penser pour nous, "relève d'une faute logique autant que d'une faillite politique."
Qu'un scientifique se positionne à rebours de son milieu me réjouit, de même que sa radicalité, dès qu'elle s'exprime détachée de tournures absconses.






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Il semble qu'Aurélien Barrau soit désormais moins connu comme astrophysicien (ce fut son métier initial) que comme philosophe très engagé en faveur de l'écologie. Lui qui est scientifique, il s'interroge dans ce nouveau livre sur la science. Selon lui, celle-ci n'est pas neutre dans le processus qui conduit inexorablement la Terre à sa perte. Elle contribue à cautionner, voire à accélérer la catastrophe annoncée. Cette thèse est discutée d'une manière globale, mais aussi individuelle (au niveau de la déontologie personnelle du chercheur). A noter que l'auteur insiste sur le fait qu'on ne devrait pas se focaliser uniquement sur le réchauffement climatique, car il est aussi accompagné de problèmes très graves, comme l'extinction massive de la biodiversité par exemple.
Vers la fin, Aurélien Barrau tente une comparaison. Considérant l'actuelle prolifération technico-scientifique non maîtrisée et inconditionnellement productiviste, il fait le rapprochement avec le cancer [en grec karkinos = crabe, d'où l'initiale K qui apparait dans le titre du livre]. Cette maladie peut être soignée, avec plus ou moins de succès, mais la meilleure approche n'est autre que la prévention. C'est donc une prévention rigoureuse qui devrait s'imposer aussi dans la gestion de notre planète… mais ce n'est vraiment pas le cas.
L'écriture d'Aurélien Barrau n'est pas toujours agréable, car elle est à la fois nerveuse et ampoulée. J'avouerai que le personnage - presque fanatique - ne me semble pas très sympathique, même si je lui donne largement raison sur le fond.

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Du Aurélien Barrau pur jus dans le texte, qui déplore une fois de plus notre effondrement civilisationnel et le compare malicieusement à la progression inexorable d'un cancer métastatique inarrêtable avec son hypothèse K. « K » comme Karkinos, du grec ancien désignant le crabe ou « K » comme Kafka. Un essai bien conduit, une réflexion sur la contribution de la science à la marche du monde sous ses aspects négatifs et positifs et la nécessité d'un pas de côté du scientifique par la pratique d'un art (la poésie et Jean Genet en particulier ayant sa préférence!).On se régale de cette prose, parfois alambiquée, mais toujours avec l'emploi du mot juste qui contribue à renforcer l'argumentation de l'auteur.
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critiques presse (1)
Bibliobs
31 janvier 2024
Pour l’astrophysicien, la recherche s’aveugle en se croyant neutre. Elle a pourtant un rôle crucial à jouer dans la crise environnementale, à condition de se réinventer radicalement.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Depuis peu, la qualité des intelligences artificielles semble décroître légèrement dans certains domaines, pour une raison particulièrement succulente. Internet étant inondé d’images et de textes générés par des machines, les algorithmes commencent à ne plus « s’entrainer » sur des photographies réelles ou des créations littéraires authentiques mais sur les ersatz générés par ces mêmes codes informatiques ! La boucle absurde de la déréférentialisation s’exhibe dans son absoluité sale.
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De l'intelligence artificielle aux nouvelles générations de téléphonie mobile, en passant par les gadgets connectés, l'unique question qui n'est jamais discutée par les experts et les expertes, et qui serait pourtant la seule méritant de l'être véritablement, se résumerait a: " Veut on le faire?" L'hypothèse implicite d'une évidente désirabilité de toute forme d'artificialisation n'est pas seulement fausse, elle est proprement coupable. Nous inventerons quelques contre mesures pour amoindrir tel ou tel effet secondaire délétère mais nous n'envisageons jamais sérieusement la prévention. Quand les machines ou les programmes sont en croissance tumorale, pratiquement plus rien ne peut être entrepris.
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Lire un texte écrit par une intelligence artificielle revient à faire l'amour avec une poupée gonflable. Tout y est... sauf l'amour.
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La science est sur la brèche .Elle hésite, elle titube.Elle implore d'être pensée et non plus seulement utilisée. Abandonnée à elle-même ,elle ne peut que se faire ,pour l'essentiel ,outil de corroboration et de déploiement de l'ordre dominant.
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Assujettir la matière scientifique à l'ossature sociétale qui la produit, ce ne serait pas seulement la négliger, ce serait la dévoyer. L'engluer dans une matrice idéologique qui oublie sa propre réfutabilité.
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Videos de Aurélien Barrau (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aurélien Barrau
Rencontre avec l'astrophysicien Aurélien Barrau à l'occasion de la parution de "L'hypothèse K, la science face à la catastrophe écologique", aux éditions Grasset.
Résumé : Sortir la science de ses mauvaises habitudes, tel est le projet de ce bref et révolutionnaire essai. Face à la catastrophe écologique, la science est utilisée pour donner une réponse essentiellement « ingénierique» : technologie à tout prix, algorithmes envahissants, machines toutes-puissantes. Cela constitue le pire des choix. Si elle peut jouer un rôle salvateur, c'est, tout au contraire, en contribuant à un renouveau radical des symboles et des valeurs. En réinventant le sens du monde. Elle se révèle essentielle dans le constat du délitement : les espèces disparaissent, les populations s'effondrent, la pollution et la chaleur tuent, la planète devient inhospitalière… Elle demeure pourtant incapable de choisir la direction souhaitable. Considérée comme un simple outil, elle ne pourra que contribuer à accélérer l'effondrement. Comme l'écrit Aurélien Barrau, nous ne tenons pas assez compte des rêves des chiens. A partir de ce qu'il appelle « l'hypothèse K. », un laisser-faire entraînant une prolifération technique exponentielle, ce texte suggère de réinvestir la science de l'immense charge poétique qui lui a été déniée. Et cela afin de la libérer, de lui rendre son pouvoir bénéfique. Un plaidoyer pour une science nomade, tzigane ou touareg, humble et intransigeante. Une science déviante et fière de l'être !
Merci David Even pour la captation et le montage !
@aurelien_barrau @editionsgrasset7893
#science #aurelienbarrau #barrau #ecologie #librairie #millepages #librairiemillepages
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