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EAN : 9782845975071
112 pages
Textuel (14/01/2015)
3.25/5   2 notes
Résumé :
Guillaume Duval, rédacteur en chef du magazine Alternatives économiques, dénonce les méfaits de l'Europe libérale avec son cortège d'inégalités et de chômage. Il refuse cependant le repli nationaliste et démontre combien les conséquences en seraient catastrophiques pour notre pays. Il explore ici la piste d'une Europe plus solidaire, engagée dans la transition écologique et propose les moyens d'y parvenir.
Guillaume Duval nous convainc qu'une autre Europe es... >Voir plus
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Pour Guillaume Duval, « L'Europe s'est construite comme un marché. Au fur et à mesure qu'on a poussé cette logique libérale plus, les dysfonctionnements induits au sein de cet ensemble par l'exacerbation de la concurrence fiscale et sociale sont devenus de plus en plus importants. Avec la crise de la zone euro, on arrive au bout de ce chemin : il devient impératif de sortir au plus vite de la logique d'Europe-marché ».

Pour autant, pour l'auteur, l'Europe est nécessaire : « dans le contexte de mondialisation, face à des géants comme les Etats-Unis, la Chine, le Brésil ou encore l'Inde, seule une Europe structurée et fonctionnelle peut nous permettre de nous en sortir ». Sur le terrain économique mais aussi et surtout pour faire face à la crise écologique.

Pour Guillaume Duval, l'Europe est réformable, comme il le dit, il ne faut pas jeter le bébé (comprenons l'Europe) avec l'eau du bain (l'exacerbation de la concurrence fiscale et sociale) : « avec de la volonté politique […] on pourrait surmonter ces obstacles plus aisément qu'on ne le pense généralement ».

L'Europe n'a pas été pensée dès le départ selon une logique libérale

Pourtant l'Europe n'a pas été pensée dès le départ selon une logique libérale : « elle est née, au contraire, d'une logique économique explicitement planificatrice qui consistait à mettre en commun et à gérer ensemble les ressources clés de l'époque avec la création d'une Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) en 1952 ».
Le rejet du projet de Communauté européenne de défense a été l'événement faisant basculer l'Europe vers une logique libérale
En 1952, dans le contexte de guerre froide, a été conduit le projet de Communauté européenne de défense consistant à créer une armée européenne. Or ce projet fut rejeté par l'Assemblée nationale française en 1954. Cet échec a « installé le doute sur la possibilité de construire de véritables institutions européennes » impliquant des transferts significatifs de souveraineté.
De cet échec, « les élites des pays fondateurs allaient désormais chercher à éviter les transferts de souveraineté en construisant plutôt l'Europe par le marché ».

L'Europe-marché, ça veut dire quoi ?

L'Europe-marché, cela veut dire au départ construire l'Europe par le marché (partant de l'échec des transferts de souveraineté). C'est l'idée qu'échanger (entre Européens) de plus en plus de biens et de services, devrait pacifier durablement le continent et « conduire naturellement les peuples à vouloir faire de la politique ensemble, en abandonnant leurs préventions au sujet des différentes souverainetés nationales ».
Pourtant, selon Guillaume Duval, l'idée que faire du commerce ensemble permettrait de créer l'Europe politique n'a jamais vraiment fonctionné.
Mais, tout d'abord, il est nécessaire de connaitre les étapes de construction de l'Europe-marché.

Les étapes de construction de l'Europe-marché
1) La mise en place du marché commun au sein de la Communauté économique européenne (CEE) avec le traité de Rome de 1957. Il instaure la libre circulation des biens et des personnes
2) L'Acte unique de 1986. Il poursuit et approfondit la logique de la CEE. Il prépare le marché unique de 1993 et « élargit la logique du marché européen sans barrières aux prestations de services, à l'implantation des entreprises et aux mouvements de capitaux »

L'ordolibéralisme : cette idéologie si méconnue sur laquelle se sont appuyés les pères fondateurs de l'Europe

L'ordolibéralisme est une forme particulière de libéralisme économique qui est née en Allemagne entre les deux guerres.
Pour les ordolibéraux, l'Etat ne doit pas intervenir activement dans l'économie en redistribuant des richesses ou nationalisant des entreprises, « son seul rôle consiste à établir des règles et à les faire respecter ». de plus (à la différence du libéralisme anglo-saxon), l'ordolibéralisme tolère les corps intermédiaires et les accords entre eux.
L'Europe s'est construite autour de ces conceptions qui convenaient aux Allemands qui les avaient déjà adoptés pour eux-mêmes.
Il est important de noter que l'ordolibéralisme convenait également aux Français, car il n'impliquait pas de transfert d'éléments significatifs de souveraineté.
Ce marché commun se suffit à lui-même et ne découche sur aucun Etat européen. La Commission européenne se contente d'édicter des règles et de les faire respecter, en s'appuyant sur la puissante Cour de justice européenne en cas de litige.

L'échec de l'Europe-marché

Dans ce grand marché, les Etats se retrouvent en concurrence les uns contre les autres. « Chacun a intérêt de limiter le coût du travail chez lui afin de pouvoir exporter davantage de produits chez ses concurrents ». le problème étant que le coût du travail représente également le revenu des travailleurs, représentant lui-même une partie de la demande intérieure adressée aux entreprises. La baisse du coût du travail freine donc cette demande intérieure. Cette logique n'est viable que si un seul Etat la mène (parce qu'il peut espérer compenser la demande intérieure perdue par des exportations supplémentaires), car « si tous les pays décident de jouer ce jeu, tout le monde y perd puisque la demande intérieure est bridée partout ».
L'Europe-marché est également un échec car il n'y a pas eu au préalable d'harmonisation de la fiscalité sur les bénéfices des entreprises et sur les revenus de l'épargne.
Les élargissements successifs de l'Union européenne ont accentué l'échec de l'Europe marché
Si l'auteur défend politiquement l'élargissement de l'U.E à de nouveaux pays (la Grèce, l'Espagne et le Portugal sortaient de la dictature et il fallait stabiliser leur démocratie naissante ; il fallait également stabiliser la démocratie à l'Est de l'Europe des pays nouveaux venus comme l'Estonie, la Lituanie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, la Hongrie…), il fait le constat que la concurrence, notamment salariale est devenue encore plus féroce.
Les élargissements successifs ont fait entrer de plus en plus de « petits pays » dans l'Union, or la concurrence au sein du marché unique européen est plus défavorable aux grands pays comme la France ou l'Italie qu'aux « petits pays ».

Pourquoi ?

Car un petit pays exporte toujours plus qu'un grand, relativement à se richesse nationale. « Quand il comprime ses coûts, et donc sa demande interne, il peut espérer doper suffisamment ses exportations pour compenser la perte de demande intérieure ». Un grand pays par contre n'y arrivera pas, ses exportations supplémentaires ne pourront compenser cette baisse de demande intérieure.
Même logique sur le plan fiscal : « quand un petit pays abaisse ses taux d'imposition pour attirer des riches ou des entreprises, il peut en attirer suffisamment pour que ses recettes fiscales augmentent (ex : Luxembourg, Irlande…) ». Mais quand un grand pays est obligé d'abaisser lui aussi ses taux d'imposition pour essayer de garder ses riches et ses entreprises, il est forcément perdant car le nombre de riches qu'il peut attirer ou conserver ne compensera jamais ses pertes de recettes fiscales intérieures ».
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