Ta grossesse

Le choix à l'avortement devrait toujours rester un choix. La narratrice tombée enceinte de son amant à un choix à faire. Un choix qu'elle n'exprimera jamais clairement mais qui s'impose à elle. Face à cet homme qu'elle ne voit que la nuit, dont elle ne sait rien, avec qui elle n'a jamais partagé un petit-déjeuner, chez qui elle n'est jamais resté dormir, elle doit faire le choix qui chamboulera sa vie à lui aussi. Comment se départir d'une partie de nous-même sans souffrir un peu, un choix qui laissera forcément des séquelles. Une grossesse c'est un corps qui est chamboulé, les nausées, les vomissements. Un avortement c'est un corps qui souffre, le sang, la perte d'une partie de nous-même. Un avortement n'est pas anodin, n'est pas un acte facile, c'est un bouleversement. En face à cela c'est la solitude, prendre la pilule seule, souffrir seule, se relever seule.

Ce livre n'est pas un essai, pas un sujet de polémique, pas un livre qui ouvre un nouveau débat qui semble sans fin alors que la réponse n'appartient qu'aux personnes concernées. Ce livre c'est la souffrance d'un corps, la souffrance d'une femme qui hésite à faire le bon choix et à tenter de vivre avec.

Même si j'avais envie de lire un livre plus sujet à polémique ou qui m'aurait au moins fait me poser quelques questions supplémentaires, cette lecture n'en reste pas moins agréable, douce.

Tenu à distance empathique de ce discours intérieur, le lecteur ne peut qu'observer la solitude et la souffrance physique et psychologique de cette femme. « Ta grossesse » ou plutôt l'histoire de « Ton avortement » est racontée à la deuxième personne du singulier, comme pour donner un peu de parole à une part oubliée de nous, comme pour réconforter l'héroïne dans cette épreuve.

Un roman qui m'aura donné envie de découvrir « L'évènement » de Annie Ernaux auquel l'autrice fait référence et s'inspire.
Lien : https://eemmabooks.wordpress..

Ta grossesse est apparemment l'histoire d'un choix, d'un dilemme que beaucoup de femmes ont connu ou connaîtront, celui de garder ou pas un bébé. le livre décrit d'abord comment le « petit » habite sa mère dès sa conception, et comment, avant même d'en avoir la connaissance effective, la grossesse prend d'emblée toute la place dans la vie, dans le corps et dans l'inconscient de la femme qui le porte. Ce savoir donne à la mère de la joie, une joie évidente et profonde, physique.
Mais cette joie s'accompagne dès la première seconde de la nécessité de faire un choix, choix qui n'en est pas un. C'est une non-décision, prise par le cours aveugle des choses, à l'inverse de tout ce que dit le corps. le bébé n'est pas possible.
Après le moment du « choix », quand la possibilité de sa naissance est effectivement saccagée, le bébé persiste pourtant à habiter sa mère. La vie persévère. Les choses auxquelles nous renonçons, nos vies pas possibles, nous habitent et continuent, malgré nos soi-disant choix, à poursuivre leur existence propre. le pas possible reste réel. Comme si ce qui n'avait pas été accompli trouvait une voie pour parvenir quand même à être, selon un autre mode. Toutes nos vies soi-disant avortées persistent à vivre en nous. Et ces non vies, comme le bébé non vécu de cette histoire, malgré notre oubli, persistent à vouloir nous parler.

J'ai été très vite captivée par l'histoire de cette jeune avocate. L'écriture est prenante, le rythme est rapide, les phrases courtes et incisives.
On rentre dans le vif du sujet, presque immédiatement.
La partie sur l'acte d'avortement en lui-même m'a parue longue et assez désagréable à lire, tant elle est crue. Mais cela a le mérite d'être transparent et de ne pas cacher des douleurs souvent cachées.
Ce que je retiens de ce récit assez bref, mais finalement long pour ce qu'il raconte c'est qu'un choix peut avoir des conséquences à des échelles qu'on ne soupçonne pas nous-même et encore moins les autres.
Il ne faut rien minimiser et surtout être attentif au ressenti de chacun.
J'ai apprécié le style de l'auteur et je relirai peut-être d'autres de ces livres, mais je ne peux pas dire que celui-ci m'a totalement convaincue.

Quand on se plonge dans ce livre, on pense que l'on va suivre le cheminement de la narratrice sur sa grossesse. Elle voit un homme tout les vendredis soir. Il ni y a rien entre eux a part du sexe, mais un soir le préservatif se rompt et elle tombe enceinte. Très vite va se poser la question de garder l'enfant ou pas. L'homme est là par sa présence physique au début mais il fait plus planté verte qu'autre chose car pour lui on sent très vite que c'est une contrainte, mais il lui laisse à elle de faire tout les choix.

Le titre induit en erreur le lecteur car il est plutôt question du choix d'avorter qui arrive très tôt dans l'histoire. On est avec la narratrice dans tout ces questionnements, ces choix et on fait fasse avec elle a la désertion de cet amant qui ne veut que sa liberté sans entrave. On l'accompagne dans ce qu'elle a de plus dur à faire, ses rendez-vous chez les medecins et les répercussions physiques et mentales pour elle.

« Ta grossesse », c'est le récit à la deuxième personne d'une grossesse qui n'aura pas lieu. Tout le texte de Suzanne Duval se concentre sur les émotions, le trouble ressenti par son héroïne la fois psychologique et physiologique, pour parvenir à comprendre un choix - son avortement- et un chagrin de ce qui aurait pu être et qui n'est pas advenu. Et, à travers ce récit bienveillant, lucide et parfois détaché, c'est à une réflexion plus générale sur la part d'ombre qui définit nos choix qu'on peut lire « Ta grossesse ».