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EAN : 9782379330957
Passes Composes (22/03/2023)
4.25/5   2 notes
Résumé :
L'histoire est écrite par les vainqueurs. C'est ainsi que s'est imposée la figure d'Henri IV comme successeur logique des Valois. Sa légitimité aurait-elle donc été toujours incontestée?? Le déroulé des événements de la guerre de Succession de France et la lecture d'une certaine littérature remettent en cause ce qui a pu paraître comme une évidence. En réalité, le premier roi Bourbon a dû s'imposer face à d'autres prétendants plus ou moins crédibles. Même après que ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ne nous y trompons pas, Fadi El Hage, avec ce livre magnifique, ne donne pas dans l'uchronie ou l'histoire contrefactuelle : il dresse une liste de tous les possibles successeurs du roi Henri III, lequel eut toujours l'air, pour garder le pouvoir et tenter de rétablir les prérogatives, le prestige et l'autorité du roi qu'il ne semblait jamais en mesure d'incarner réellement, de vouloir remettre à leur place les meneurs de la Ligue, cette union de représentants de la noblesse de confession catholique, qui, à la charnière des XVIe et XVIIe siècles, soupçonnés de briguer la place des Valois sur le trône de France et menés par les partisans du duc de Guise, prenaient prétexte de leur lutte contre les Protestants pour se mettre toujours en avant, à la pointe du combat contre ceux qui avaient fracturé l'unité de l'Église, ne réussissant, ce faisant qu'à démontrer l'extrême fragilité de la dynastie régnante, celle des Valois, toujours plus ou moins contestée ou apparemment contestable, en raison de circonstances assez souvent défavorables, qui questionnaient leur légitimité et leurs aptitudes mêmes. On peut bien dire qu'ils étaient eux-mêmes, consciemment ou inconsciemment, travaillés depuis 1328 par le doute quant à leurs capacités à tenir la couronne fermement dans leurs mains puisqu'ils se trouvaient sans cesse contraints de réagir, pour ne pas dire de surréagir, afin de préserver leurs droits et de prouver au monde qu'ils n'étaient pas des usurpateurs, tant, à chaque étape, ils trouvèrent de compétiteurs et de rivaux prêts à les supplanter, à la différence des Capétiens qui semblaient avoir eu quant à eux plus de facilité à se succéder sans interruption de 987 à 1328. L'auteur a ainsi matière à faire des renvois au passé le plus lointain, pour faire le parallèle entre la situation connue dans la seconde moitié du XVIe siècle et toutes celles où des lignées régnantes se trouvèrent mises en danger, aussi bien sous les Mérovingiens, les Carolingiens que sous les Valois, qui, au départ, durent réellement se battre contre les rois d'Angleterre et de Navarre qui, du fait de leur parenté plus ou moins proche ou éloignée avec Philippe IV le Bel et sa descendance, avaient émis des prétentions à s'emparer du pouvoir suprême. D'autres tentèrent aussi de profiter des défaites De Crécy (1346) et de Poitiers (1356) face aux Anglais pour modifier le cours des choses et prendre les rênes à la place du roi, comme l'un des meneurs des États de langue d'Oïl, Étienne Marcel, prévôt des marchands à Paris, en tant que de ces États dépendait le consentement aux impôts de guerre pour les besoins du royaume. Ces allers et retours dans l'histoire font l'intérêt de ce livre, tout autant que le thème abordé, celui de la guerre de Succession de France (autour de la question : Henri IV devait-il régner ?),
car ils donnent à voir bien des moments où tout aurait pu basculer.
Si l'Histoire ne s'écrit pas avec des si et si elle est écrite par les vainqueurs, il ne faut jamais oublier qu'elle est toujours l'objet de possibles retournements, prévus ou imprévisibles, et que les rois, Henri III et Henri IV, eurent toujours à se méfier, en prévenant ou en guérissant, selon le besoin, et cela comme ils le pouvaient, pour conjurer des menaces sans cesse renaissantes et qui venaient de partout. Si les Guise en ascension continue sous Henri III, le cardinal de Bourbon, le roi d'Espagne pour pousser tel ou tel, Henri de Navarre lui-même, et d'autres comme le duc de Mayenne ou le cardinal de Vendôme sont à la manoeuvre, Henri III ainsi que son successeur sont à la contre-manoeuvre, le premier en raison de son faible charisme, le second parce que passant du Protestantisme au Catholicisme en fonction de ses intérêts du moment et parce que l'on pouvait toujours trouver suspect ou insincère, malgré une multitude de ralliements dès qu'il reçut l'absolution pontificale, sa conversion finale au catholicisme pour occuper de plein droit le trône de France. Son assassinat par Ravaillac commandité par un personnage puissant - qui ? On en discute encore - ne le montre que trop. N'évoqua-t-on pas un moment le nom du duc d'Épernon derrière ce geste d'un homme qui ne fut certainement pas seul à agir ? Un temps on songea pour venir après Henri IV à Henri II de Bourbon-Condé, personnage qu'on n'attendait pas, mais prince du sang le plus proche d'Henri III, pour coiffer la couronne. Mais non, la solennité des rites retrouvés des funérailles royales lors des obsèques d'Henri IV assurèrent aux Bourbons la légitimité qui semblait aussi manquer à ce dernier. Et Louis XIII, certes fils d'Henri IV mais roi très catholique, régna en s'appuyant sur la main ferme de Richelieu.
Ce livre signé Fadi El Hage doit absolument être lu par tous ceux qui aiment L Histoire.


François Sarindar
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Palma Cayet (passé du Protestantisme au Catholicisme en 1595) n'eut de cesse de suggérer dans sa Chronologie novenaire à quel point il doutait de la vocation religieuse de la Ligue [union de seigneurs de confession catholique rassemblés pour lutter contre le Protestantisme]. Il penchait plutôt vers l'idée que la motivation première était "l'intérêt particulier de tant de Grands qui prirent lors les armes". [...]. Un chroniqueur catholique anonyme du Bas-Poitou ne voyait pas ladite Ligue sous un jour positif. Il la décrit comme ayant été "formée par des Catholiques peu instruits ou fanatiques et dirigée autant contre l'autorité royale [des Valois sans avenir dynastique par la faute d'un Henri III peu empressé auprès de son épouse et peu porté à faire des enfants] que contre les Protestants".

(Page 65)
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Historien renommé, auteurs de nombreux ouvrages dont une Histoire des maréchaux de France à l'époque moderne couronnée en 2011 par le prix d'histoire militaire et qui fait autorité, Monsieur Fadi El Hage délaisse aujourd'hui les XVIIe et XVIIIe siècles qui étaient son domaine de prédilection et aborde un nouveau champ de recherche, fixant son attention et la nôtre sur un épisode clé de notre histoire : l'accession au trône de France d'Henri de Bourbon, roi de Navarre, à la suite de l'extinction en ligne masculine de la dynastie des Valois.

Préface de Bernard Barbiche, page 9.
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Henri IV fut le dernier roi de France à s'être impliqué personnellement dans un combat, au risque de sa vie. Il agit ainsi tant qu'il eut le sentiment de devoir conquérir sa légitimité. Il avait un courage personnel indéniable et ce coup d'œil qui permet de saisir opportunément un avantage pendant une bataille. En revanche, il n'était pas un stratège convaincant et ses compétences tactiques ne dépassaient pas le niveau d'un chef de parti voire d'un capitaine

(Page 211)
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L'ambassadeur espagnol[, Mendoza,] apprit la nouvelle de l'exécution des Guise à Saint-Dié, peut-être le jour même de l'événement. Le 27 décembre 1588, il exprima à Philippe II ses craintes quant à l'avenir de la Ligue :
"Enfin, il est mort, et à moins que Dieu n'accorde à son frère, le duc de Mayenne, et à Monsieur de La Châtre le moyen de parvenir à s'échapper, il n'y a plus de fondement à faire sur la Ligue".


(Page 151)
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L'Histoire ne se répète pas. Elle inspire. Au risque de vouloir imiter, pour ne pas dire singer. Mais elle inspire. L'impression de trouver des mécanismes ou de percevoir des similitudes, fait qu'on imite un processus passé, qui fait croire ensuite que l'Histoire se répète.


Introduction, page 16.
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