Eliade s'intéresse au cas des alchimistes et des forgerons à travers leur rôle de transformateurs de la matière et de purificateurs, via la transmutation des métaux vils en métaux nobles chez les uns et, chez les autres, la fonte de minerai qui ne paye pas de mine pour en faire des beaux objets rutilants. Avec autour de ça toute une dimension élémentaire liée en premier lieu à la terre et au feu et dans une moindre mesure à l'eau et à l'air. Plus comme toujours chez Eliade une dimension mystique.
Ouvrage érudit fourmillant de références à toutes les époques et cultures du monde – là encore un classique d'Eliade –, il a aussi les défauts de ses qualités et des visions du bonhomme. L'universalité et l'intemporalité des mytjes qu'Eliade cherche à tout crin à voir dans chacun des concepts qu'il défend atteint aussi ses limites. Tout à son abstraction, il en oublie aussi – ou plutôt il évacue la question, pourtant centrale – que la forge est une discipline bien plus ancrée dans le concret que l'alchimie qui, elle, est davantage marquée par la quête spirituelle. le forgeron lambda n'est le plus souvent qu'un simple artisan, tant dans sa tête qu'aux yeux des autres, pas un genre de chaman métalleux maîtrisant les arcanes du fer et du feu (la quête de l'acier, c'est dans Conan et c'est de la fiction). Dans le même élan, il donne à l'alchimie une stature bien plus éthérée que ce qu'elle a eue en la déconnectant pour ainsi dire d'une chimie avant l'heure.
Mais en tout état de cause, ce bouquin reste très intéressant à lire, stimulant aussi bien quand il a raison que quand il a tort.
Lien :
https://unkapart.fr/critique..