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EAN : 9782253062004
219 pages
Le Livre de Poche (01/11/1992)
4.33/5   6 notes
Résumé :
« C'est, en quelque sorte, le phénomène du Soleil de Minuit au Grand Nord, le phénomène d'un crépuscule s'inversant en une aurore levante, qui nous présente ce que je voudrais signifier en parlant du "paradoxe du monothéisme". » Le judaïsme, le Christianisme et l'Islam forment les trois rameaux de ce qu'il est convenu d'appeler le monothéisme issu de la religion d'Abraham. Il s'agit de la foi révélée en un Dieu unique, inconnaissable par les voies de la perception ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Au cours des années vingt de ce siècle, paraissait en France, à Paris, la traduction d'une double trilogie qui était l'oeuvre d'un éminent philosophe et romancier russe, Dimitri Merejkowski. La première de ces trilogies racontait le drame religieux de l'empereur Julien et portait comme titre La Mort des Dieux. Totalement opposé dans son esprit au grand drame de Henrik Ibsen, intitulé Empereur et Galiléen, elle laissait le lecteur dans l'attente d'un répons qui serait la résurrection des Dieux. de fait, tel était le thème de la seconde trilogie de Dimitri Merejkowski. Cette fois c'était l'épopée simultanément spirituelle, artistique et scientifique de Léonard de Vinci qui justifiait le titre de Renaissance des Dieux. Mais en définitive que fallait-il entendre par là et que fallait-il attendre de cette Renaissance au passé ? Avait-elle seulement le pouvoir de démentir une célèbre prière sur l'Acropole évoquant les Dieux morts, dormant ensevelis dans leur linceul de pourpre ? Si un tel pouvoir existait, il fallait que cette pourpre fût non pas la pourpre d'un crépuscule mais la pourpre d'une aurore. En lisant, l'an dernier, le vigoureux livre de James Hillman nous proposant le programme d'une psychologie "re-visionnaire" dont je traduirais volontiers le titre en français par "psychologie d'une résurgence de Dieux", je me dis qu'il pouvait bien s'agir de la pourpre d'une aurore, et que peut-être même elle était déjà là à notre insu, depuis toujours, car sans la clarté de cette aurore comment pourrions-nous déchiffrer le message de son héraut ? C'est en quelque sorte le phénomène du Soleil de minuit au Grand Nord, le phénomène d'un crépuscule s'inversant en une aurore levante, que nous présente ce que je voudrais signifier en parlant du "paradoxe du monothéisme". "Le Dieu-Un et les Dieux-multiples", I.1, le Paradoxe du monothéisme, Henry Corbin.

La langue de Corbin, cette écriture qui a si bien rendu Sohrawardî et tous les Ismaéliens, montre aussi combien son intelligence était poétique, c'est-à-dire intuitive, apte à capter dans une image tout une théorie de reflets chatoyants. Ainsi la pourpre du crépuscule qui se fait pourpre aurorale évoque aussi, bien sûr, le Gabriel de Sohrawardî, dont il faut "reblanchir" l'aile assombrie, c'est-à-dire la rendre au matin :
(…)
Lien : http://sohrawardi.blogspot.c..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le tawhîd théologique pose et présuppose Dieu comme étant d'ores et déjà un étant, Ens supremum. Or, le mot tawhîd est un causatif ; il signifie faire-un, faire devenir un, unifier. Il va de soi que pour le monothéisme abstrait qui consiste à s'exprimer sur le concept de Dieu, l'unité de celui-ci ne peut être envisagée comme résultant ontologiquement du tawhîd de l'homme.

Celui-ci est une attestation de l'Unité, non pas l'acte de l'Unifique se faisant soi-même Un dans chaque Un. Cette « unificience » entre en oeuvre avec et par le tawhîd ontologique : il n'y a dans l'être (dans l'Acte-être) que Dieu (laysa fî'l-wojûd siwâ Allâh). Ce qui ne veut pas du tout dire qu'il n'y a pas comme étant (mawjûd) que Dieu.

Cette confusion déjà dénoncée ici est si funeste que Haydar Âmolî n'hésite pas à dire en termes lapidaires : le tawhîd c'est affirmer l'être (wojûd, l'Acte-être), et c'est nier l'étant. Ce n'est pas nier que l'étant soit l'étant. C'est nier que le tawhîd professe l'Unité d'un étant, car il professe l'unité de l'être, de l'Acte-être.
(...)
Dès lors nous comprenons toute la portée de déclarations lapidaires comme celles de Haydar Âmolî : Celui-là qui contemple le Divin (al-Haqq) en même temps que le Créaturel (al-Khalq), c'est-à-dire l'Un en même temps que le Multiple, et réciproquement, sans qu'aucun des deux ne lui voile l'autre, celui-là, oui, est un unitarien, un théomoniste authentique, au sens vrai (mowahhid haqîqî).

En revanche, quiconque contemple le Divin sans contempler le créaturel, l'Unique sans le Multiple, celui-là atteste peut-être l'unité de l'Essence sans plus, mais n'est pas quelqu'un qui intègre la totalité, quelqu'un en qui s'accomplit en acte cette intégration. (p. 20 & 22)
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La catastrophe se produit lorsque des esprits débiles ou inexpérimentés en philosophie confondent cette unité de l'être (wojûd, esse, εῖυαι, das Sein) avec une soi-disant unité de l'étant (mawjûd, ens, ὂν, das Seiende).

Il est même arrivé que des orientalistes soient pris au piège et aient parlé de « monisme existentiel », c'est-à-dire d'un monisme qui serait au niveau de l'étant ou existant, le niveau même du multiple, le niveau auquel le théomonisme fonde lui-même le pluralisme des êtres (des étants). C'est là donc ne pas s'apercevoir de la contradictio in adjecto.

C'est le péril qu'a dénoncé avec vigueur un des grands théologiens-philosophes de l’École d'Ispahan, au XVIIe siècle, Sayyed Ahmad 'Alavî Ispahânî, reprochant notamment à un certain nombre de soufis d'être tombés dans cette erreur. « Que personne ne vienne à penser, dit-il, que ce que professent les théosophes mystiques (les Mota'allihûn) est quelque chose de ce genre. Non pas, ils professent tous que l'affirmation de l'Un est au niveau de l'être, et l'affirmation du multiple est au niveau de l'étant. »

La confusion aboutit à professer une unité de l'étant ou existant, s'exprimant dans les pseudo-ésotérismes par les affirmations d'une identité illusoire, dont la répétition monotone provoque une exaspération compréhensible chez un collègue de notre Sayyed Ahmad, un autre grand personnage de l’École d'Ispahan au XVIIe siècle, Hosayn Tonkâbonî.

En tête de son traité sur l'unité de l'être il écrit ceci : « J'étais préoccupé par le souci d'écrire quelque chose sur l'unité de l'être, laquelle va de pair avec la multiplicité de ses épiphanies (tajalliyât) et les ramifications de ses descentes, sans que les existences concrètes soient des choses illusoires, sans consistance ni permanence, comme le voudraient les propos que l'on rapport de certains soufis. Car, entendue à la manière de ces soufis, l'affaire n'est plus rien d'autre qu'un sophisme. Il s'ensuivrait en effet que cieux et terre, paradis et enfer, jugement et résurrection, que tout cela ne serait rien que l'illusoire. La futilité de ces conclusions n'échappera à personne. »

Le théomonisme professe donc non pas que l'Être Divin est le seul étant, mais l'Un-être, et précisément cette unitude de l'être fonde et rend possible la multitude de ses épiphanies qui sont les étants ; le seul exister existencifie les existants multiples, car en dehors de l'être il n'y a que le néant.

Autrement dit, l'Un-être est la source de la multitude des théophanies. (pp. 15-16)
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