Au cours des années vingt de ce siècle, paraissait en France, à Paris, la traduction d'une double trilogie qui était l'oeuvre d'un éminent philosophe et romancier russe,
Dimitri Merejkowski. La première de ces trilogies racontait le drame religieux de l'empereur Julien et portait comme titre La Mort des Dieux. Totalement opposé dans son esprit au grand drame de
Henrik Ibsen, intitulé Empereur et Galiléen, elle laissait le lecteur dans l'attente d'un répons qui serait la résurrection des Dieux. de fait, tel était le thème de la seconde trilogie de
Dimitri Merejkowski. Cette fois c'était l'épopée simultanément spirituelle, artistique et scientifique de Léonard de Vinci qui justifiait le titre de Renaissance des Dieux. Mais en définitive que fallait-il entendre par là et que fallait-il attendre de cette Renaissance au passé ? Avait-elle seulement le pouvoir de démentir une célèbre prière sur l'Acropole évoquant les Dieux morts, dormant ensevelis dans leur linceul de pourpre ? Si un tel pouvoir existait, il fallait que cette pourpre fût non pas la pourpre d'un crépuscule mais la pourpre d'une aurore. En lisant, l'an dernier, le vigoureux livre de
James Hillman nous proposant le programme d'une psychologie "re-visionnaire" dont je traduirais volontiers le titre en français par "psychologie d'une résurgence de Dieux", je me dis qu'il pouvait bien s'agir de la pourpre d'une aurore, et que peut-être même elle était déjà là à notre insu, depuis toujours, car sans la clarté de cette aurore comment pourrions-nous déchiffrer le message de son héraut ? C'est en quelque sorte le phénomène du Soleil de minuit au Grand Nord, le phénomène d'un crépuscule s'inversant en une aurore levante, que nous présente ce que je voudrais signifier en parlant du "paradoxe du monothéisme". "Le Dieu-Un et les Dieux-multiples", I.1,
le Paradoxe du monothéisme,
Henry Corbin.
La langue de Corbin, cette écriture qui a si bien rendu Sohrawardî et tous les Ismaéliens, montre aussi combien son intelligence était poétique, c'est-à-dire intuitive, apte à capter dans une image tout une théorie de reflets chatoyants. Ainsi la pourpre du crépuscule qui se fait pourpre aurorale évoque aussi, bien sûr, le Gabriel de Sohrawardî, dont il faut "reblanchir" l'aile assombrie, c'est-à-dire la rendre au matin :
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