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4,07

sur 619 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour son dernier roman en date publié chez Sonatine, l'écrivain britannique R.J. Ellory nous emmène à Jasperville, un bled perdu dans le Nord-Est du Canada où personne n'aurait l'idée de vivre s'il n'y avait pas de minerai de fer à exploiter.

En 1984, Jack Devereaux a d'ailleurs fui cette région hostile pour refaire sa vie à Montréal. Mais, vingt-six ans après avoir quitté l'enfer blanc québécois, il reçoit un appel de la police locale qui va malheureusement l'obliger à retourner au bercail. Son jeune frère Calvis vient en effet d'être arrêté pour tentative de meurtre et, ce qui étonne le plus Jack, ce n'est pas que son petit frère ait disjoncté… mais que cela ait mis si longtemps à arriver !

C'est donc sur fond blanc que R. J. Ellory déroule sa plume foncièrement noire. Un endroit éloigné de tout où les hivers sont rudes et les étés humides et peuplés de moustiques. Un environnement propice aux dépressions et aux suicides… si vous n'y mourrez pas avant, de froid ou dévoré par des animaux affamés, allant d'une meute de loups à un ours. Et pour couronner le tout, selon les autochtones algonquiens, la région serait également peuplée de wendigos, des créatures surnaturelles, maléfiques et anthropophages que vous n'avez pas vraiment envie de croiser. Bref, l'environnement idéal pour y planter l'intrigue d'un roman noir !

« Une saison pour les ombres » n'est pas seulement un cadre hostile limitant fortement l'espérance de vie, mais également l'histoire d'un retour aux sources forcé. En cherchant à comprendre pourquoi son frère a voulu tuer cet homme, Jack Devereaux se voit en effet obligé de lever le voile sur un passé qu'il avait pourtant enfoui au plus profond. Au-delà de ce frère qu'il a lâchement abandonné à l'aube de ses douze ans et des mauvais souvenirs qu'il a choisi de laisser derrière lui, Jack avait également tourné le dos à son premier amour… et à ces nombreux corps retrouvés éventrés au fil des ans. Welcome back à Jasperville !

« – Tu penses que Dieu nous punit tous ?

– Non, répondit Henri. Les hommes se punissent tout seuls. Dieu n'est là que pour porter le chapeau. »

« Une saison pour les ombres » est donc un roman foncièrement noir, livré par un maître du genre, ainsi qu'une recherche de vérité au coeur d'un passé pas toujours bon à remuer. Un roman d'ambiance qui dresse progressivement le portrait d'une communauté isolée essayant de survivre tant bien que mal là où personne ne veut demeurer. Une intrigue qui s'immisce au sein d'une famille et d'une fratrie détruite par les drames. Un endroit où vous ne voulez absolument pas aller…sauf qu'en compagnie d'Ellory, j'y serais volontiers resté encore un peu !
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Enquêteur sur les incendies pour les assurances, Jack, ou plus anciennement Jacques, Devereaux reçoit un appel de Bastien Nadeau, de la Sûreté du Québec. Celui-ci lui annonce que son frère, Calvis, est actuellement en détention. Comme possédé, il a essayé de tuer un homme dont on ne sait encore s'il survivra à ses blessures. Même si Jack ne l'a plus vu depuis 1984, l'année où il a tourné le dos à sa famille et à Jasperville, il décide, malgré tout, de venir en aide à son frère, d'autant qu'il n'a plus que lui comme famille. Il pourra peut-être, enfin, comprendre pourquoi Calvis n'a perdu la tête qu'après toutes ces années. le trajet en voiture, qui lui prendra deux ou trois jours, sera l'occasion pour lui de se rappeler les moments terribles qu'a connu Jasperville, avec les meurtres horribles de plusieurs jeunes filles à partir de 1972, les drames qu'a connu sa propre famille, les raisons qui l'ont poussé à fuir la ville et ne plus y revenir...

L'on ne venait pas vraiment habiter la petite ville de Jasperville par choix mais pour le travail, grâce surtout aux mines de fer qui, dans les années 70, étaient fortement exploitées. Dès lors, il fallait s'acclimater au froid glacial, au vent tempétueux, aux 8 mois de l'hiver et à sa situation géographique loin de tout. Aussi, Jack, dès qu'il en a eu l'occasion, a fui et n'y est jamais retourné en plus de 25 ans. La faute à ces nombreuses jeunes filles, mortes dans des conditions horribles et inexpliquées, la population ayant toujours tenu pour responsables des bêtes sauvages, à sa propre famille et à Jasperville. Ce retour forcé dans sa ville natale va être l'occasion pour lui de lever le voile sur son passé et celui de Jasperville, et de mettre des mots sur le geste de son frère, se doutant déjà qu'il a un rapport avec les meurtres. À coup de flashbacks, R.J. Ellory fait la lumière sur les contours d'un passé sombre, relatant aussi bien les drames qu'a connu Jasperville que ceux plus personnels de Jack, expliquant alors ces profonds sentiments d'échec et de culpabilité, ses remords, sa lâcheté et sa fausseté d'aujourd'hui. Si les personnages sont profondément dépeints, notamment Jack et sa quête de rédemption et de pardon, l'atmosphère glaçante et sombre sied particulièrement bien à cette enquête aux multiples rebondissements.
Un roman noir et captivant...

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Ce très bon roman noir de R.J. Ellory tient son lecteur en haleine au fil des pages et pas spécifiquement sur l'enquête menée par le héros principal, Jack, dont le dénouement est d'ailleurs liquidé en quelques pages, mais aussi et sans doute surtout sur l'analyse psychologique des différents protagonistes, et ils sont nomnbreux.

Des victimes d'abord, plusieurs jeunes filles dont l'une, Thérèse, voit sa personnalité profondément analysée par l'auteur. Thérèse conduit le lecteur vers sa mère, Carine, premier amour de Jack et ainsi vers la famille complexe de celui-ci, père tyrannique, mère faible, frère à protéger, Calvis, soeur victime indirecte de l'assassinat de Thérèse qu'elle aimait.

Jack est revenu après plus d'un quart de siècle dans cette ville minière fictive du nord-est du Canada pour aider son jeune frère Calvis, accusé de tentative de meurtre. Et ainsi, R.J. Ellory a choisi une forme mêlant passé et présent dans une longue première partie où les démons du présent de Jack se voient confrontés à ceux de son passé à travers lequel l'auteur déroule tous les faits entourant les assassinats supposés des jeunes filles que d'autres croient victimes d'improbables animaux.

Ce choix dans le rythme de l'écriture peut avoir ses amateurs et ses détracteurs. Pour ma part, j'ai plutôt apprécié son originalité et précisément que l'auteur sait s'en détacher au moment opportun, réservant toute la deuxième partie à la progression de l'enquête réalisée par Jack.

Au cours de celle-ci, il approche des personnages pouvant paraître secondaires qui, en fait, ont tous un rôle important à jouer dans les différents aspects psychologiques du roman, tels le flic manquant de moyen d'enquêter tant d'années après sur des meurtres que ses prédecesseurs ont ignoré, les membres du personnel de la mine, l'homme que Calvis a tenté d'éliminer convaincu qu'il était de sa culpabilité. Tout cela participe à la qualité de ce roman étoffé par de nombreuses expressions du quotidien de la vie, de l'amour, de la famille, de la mort.

C'est aussi un roman sur la folie qui gagne peu à peu les esprits les plus faibles, abandonnés à leur sort comme Calvis, torturés comme son père, perdus comme son grand-père et d'autres encore emportés par le tumulte d'une existence qu'ils n'ont pas choisi, tumulte devenant trop souvent létargie, les plus faibles ou les plus souffrants n'ayant guère de choix pour échapper à leurs malheurs que de se donner la mort ou, pire peut-être, laisser celle-ci envahir leur esprit.

C'est bien une saison pour les ombres, la plus sombre ainsi que l'exprime son titre original, un beau roman très sombre et très réussi.



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R.J. Ellory fait partie de ces auteurs que je suivais régulièrement à une époque où je lisais énormément de policiers, thrillers et romans noirs. J'ai aimé « Seul le silence » ou « le chant de l'assassin ».
Aujourd'hui, je ne ferme pas la porte à ces genres littéraires mais mes goûts ont évolué avec le temps et je recherche davantage des romans plus lumineux, originaux, engagés ou vibrants.

« Une saison pour les ombres » est un thriller psychologique, un roman noir. R.J. Ellory bâtit son intrigue autour de Jack Devereaux, un enquêteur sur incendie pour les compagnies d'assurance qui revient, après de nombreuses années d'absence, dans la ville où il a vécu pendant son enfance.

*
L'auteur nous emmène ainsi dans l'extrême nord-est du Québec, à Jasperville, une petite ville industrielle gérée par une grosse entreprise, la Canada Iron.
Jasperville est situé en plein coeur d'un immense parc national, dans un territoire particulièrement inhospitalier et sinistre, entouré de chaînes de montagnes et de forêts abritant plusieurs sortes d'animaux sauvages, comme les ours noirs ou les loups de l'Est.

L'ambiance arctique produit une ambiance étrange et glaciale, noire et austère, qui, immanquablement, participe à installer un climat d'isolement et de tension.
Les habitants vivent dans des conditions climatiques extrêmes. Ils doivent composer avec des hivers longs, sombres, rigoureux et des étés humides où la glace fondue crée de vastes marécages, véritables viviers de moustiques.
C'est aussi un lieu hors du temps, chargé de mystère et qui porte malheur, une terre de magie où subsistent de vieilles légendes amérindiennes. Dans ses entrailles, vivrait le wendigo, un être surnaturel animé du désir de tuer et de se repaître de ses victimes.

*
Le lecteur entre tout de suite dans l'intrigue, harponné par un incipit fort et une vue en plongée sur le personnage principal.
Fuyant une enfance difficile marquée de nombreux décès d'une extrême sauvagerie, Jack Devereaux a quitté la maison familiale jusqu'au jour où un policier de la ville le contacte pour lui demander de revenir. En effet, Calvis, son jeune frère, vient d'être arrêté pour tentative d'assassinat.

« À ces mots, tout lui était revenu. Les monts Torngat, les forêts éloignées. L'odeur des feux de bois, du métal brûlant, des cirés mouillés dans l'entrée. Les vêtements humides, gelés, cassants comme l'ardoise le matin. Des formations de glace insensées – couche sur couche – aux fenêtres et aux murs. La triste vacuité horizontale du passé ; rien à voir que la distance. »

Les raisons de son geste restent encore obscures pour la police, mais Jack devine aussitôt un lien avec le décès de plusieurs jeunes filles de Jasperville lorsqu'il était enfant.

Cela fait vingt-six ans que Jack a coupé tous les liens avec cette ville maudite, avec sa famille, ses amis, son amour de jeunesse. Mais est-il possible d'oublier les évènements traumatisants de l'enfance, la violence psychologique subie, sa famille, ses promesses et ses manques, sans être rattrapé par les ombres du passé ?

« Les questions restées sans réponse creusaient un vide où se portait toute l'attention. Impossible de faire son deuil. Malgré tous leurs efforts pour accueillir le moment présent, le passé les aspirait tel un tourbillon, sans jamais desserrer son étreinte. »

*
R.J. Ellory a le sens du rythme et de la tension dramatique.
Mais en fin stratège, il n'hésite pas à prendre le temps de décrire les personnages, les paysages drapés de neige et de glace, l'ambiance oppressante et mystérieuse de ces lieux plongés dans la nuit polaire.
J'ai trouvé en cela qu'il se rapprochait davantage du roman atmosphérique que du roman d'action.

L'auteur a structuré la première moitié du récit autour de l'alternance entre passé et présent. La trame complète, tout comme les liens entre les personnages, se construit progressivement pour mieux nous faire comprendre la fragilité émotionnelle de Jack, la nécessité de fuir les événements comme celui d'y faire face.

« Un homme construit un château pour se protéger, puis se retrouve piégé à l'intérieur. Où qu'il aille, tous les couloirs le ramènent au même endroit. »

Pour cela, des flashbacks nous ramènent dans les années 70. Chapitre après chapitre, lentement, j'ai glissé dans l'enfance de Jack, aspirée par ses souvenirs douloureux, heureuse de remonter à la surface du présent pour enfin découvrir la vérité sur ces morts suspectes qui affectent toute la ville et plus particulièrement la famille de Jack.

« Il commençait à comprendre que les fantômes étaient en lui et que, même s'il partait au bout du monde, ils l'attendraient encore. »

Puis, dans la deuxième moitié du récit, l'ambiance s'alourdit, le mystère est là et l'intrigue démarre véritablement pour nous entraîner progressivement, de plus en plus loin, dans les profondeurs, les tourments et les déconvenues de l'âme humaine.

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J'ai apprécié l'écriture de l'auteur, agréable, fluide et introspective. J. R. Ellory sait s'y prendre pour fouiller, creuser, excaver, déterrer les secrets en dévoilant peu à chaque fois pour mieux nous garder captif.
J'ai aimé le ton nostalgique du récit, la lenteur voulue, le sentiment omniprésent de désarroi et de conscience tourmentée, le suspense mélancolique qui ne laissent pas de côté les émotions, mais au contraire, diffusent la peur, la souffrance, le doute et la peur.

*
Tout au long de la narration, J. R. Ellory dresse des portraits sans concession, crédibles et nuancés, magnifiquement bien travaillés. Il n'y a pas de manichéisme, l'auteur décrit aussi bien les qualités que les failles de chaque personnage.
Jack est un protagoniste attachant, profondément humain, brisé qui tente de se racheter. Se sentant abandonné par les morts, il a abandonné les vivants à leur sort. Dans son esprit flotte un sentiment de solitude, de peur, d'abandon, de honte et de douleur silencieuse.

« La conscience est un pays intérieur. On a beau changer de décor, il y a toujours quelque chose qui vient vous rappeler ce que vous avez fait de pire dans votre vie. »

Avec ses destins brisés et ses personnages abîmés, le roman explore les thèmes de la culpabilité et de la trahison, du manque de communication dans les familles et des espoirs déçus, des blessures affectives et de la folie, et plus que tout, du poids des souvenirs et de la volonté de rédemption.

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Malheureusement pour moi, mon avis va se situer un peu à contre-courant des autres lecteurs qui ont posté des billets plutôt positifs. Si j'ai savouré le développement émotionnel des personnages et la façon dont l'auteur maîtrise le suspense, si j'ai apprécié la peinture d'une ville terne et triste, ainsi que l'atmosphère empesée qui se resserre lentement en un huis-clos introspectif, il m'a manqué toutefois plus de densité, d'originalité ainsi qu'une conclusion plus aboutie et moins précipitée.

*
Pour conclure, J. R. Ellory fait preuve d'une belle maîtrise de l'intrigue, sa fausse simplicité soutenue par des descriptions d'une communauté isolée dans un climat hostile et une nature peinte dans un camaïeu entre blanc et noir.
« Une saison pour les ombres » est une lecture agréable et distrayante qui demande un regard lent et introspectif. Mais personnellement, il m'a manqué quelque chose pour être totalement conquise, plus de souffle, de singularité. Ce n'est bien sûr qu'un ressenti très personnel parmi tant d'autres. A vous de vous faire votre propre avis si le coeur vous en dit.
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Camper du noir dans le très blanc de notre nordicité toute québécoise et surtout bien particulière est un exploit apprécié à savourer. RJ Ellory a très bien su, avec mains de maître, utiliser les codes d'une communauté, des gens qui, par choix ou obligation, décident de s'installer et de vivre dans ce climat si singulier caractérisé par le froid intense et une nature aussi inhospitalière.
C'est le propre des villes ponctuelles, développées autour d'une seule industrie, ici le fer, l'exploitation minière du fer. Des villes et des gens qui ne doivent leur survie qu'à la santé des filons. Saluons les recherches effectuées et le travail de documentation de l'auteur, car Une saison pour les ombres est tout à fait crédible.
C'est l'histoire d'une famille, les Devereaux, qui sombre, qui s'abîme, qui se fait englober par les ombres justement. Folie générée par le climat? le mode de vie? L'isolement? Que deviennent ceux qui restent à Jasperville? Ceux qui partent se reconstruisent-ils?
Dans cette petite ville des jeunes filles sont retrouvées horriblement mutilées, éventrées. Est-ce les bêtes sauvages? Est-ce LA bête? Est-ce l'homme? Car vivre dans un environnement aussi particulier c'est aussi alimenter les légendes de créatures diaboliques telles le Windigo. Et c'est très habilement que RJ Ellory a su marier le surnaturel au réel, les légendes aux faits, les diables et les âmes humaines qui parfois les habitent. C'est une longue enquête qu'effectuera Jacques, l'ainé de cette famille pour sauver (ou se sauver) son jeune frère et trouver une vérité.
Une saison pour les ombres est aussi cauchemar et ténèbres. Heureusement, quelques mois par année, on voit poindre le soleil.
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le premier livre que j'ai lu de l'auteur, " Seul le silence" m'a tellement marquée que tous les autres romans que j'ai lus de lui depuis me paraissent en comparaison bien moins prenants.

Présenté comme étant justement dans la lignée de mon préféré, ce dernier opus offre effectivement quelques similitudes : un enfant puis adolescent torturé par des ombres, une atmosphère malsaine, des meurtres de jeunes filles jamais élucidés.

Mais là s'arrête pour moi la ressemblance. Je n'ai pas retrouvé l'intensité du récit, l'empathie pour le personnage principal, comme en lisant " Seul le silence".

'Pourtant, ce lieu lugubre et glacial,aux confins du Canada, Jasperville, surnomme Despairville, est bien décrit par l'auteur. On ressent tout le poids d'un endroit où l'on ne vit que par obligation, afin de nourrir sa famille , en travaillant dur pour l'extraction du minerai de fer.

Mais Jack, qui s'est enfui à dix-neuf ans, ne m'a pas vraiment touchée. Jack, contraint de revenir vingt-six ans plus tard, pour aider son frère, en mauvaise posture...

Je n'en dirai pas davantage. Comme souvent chez l'auteur, il est question de culpabilité, de désir de rédemption, d'enfance brisée. Des thèmes bien traités ici. Un roman à l'atmosphère particulière, que j'ai pris plaisir à lire, malgré mes quelques réticences.
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Dehors, il faisait gris, le vent était froid et moi, au lieu de choisir un roman se passant sous le soleil, je me suis aventurée à Jasperville, au nord-est du Canada !

Cette petite ville, c'est le trou du cul du monde, un trou du cul gelé, un lieu où l'on se gèle tout ce qui dépasse (peut-être même le kiki, si l'on n'y fait pas gaffe), où l'été ne dure que 4 mois et l'hiver, sans soleil, 8 mois.

Bref, le lieu où personne n'a envie d'aller passer des vacances, ni même bosser, et pourtant, il y a des gens qui y vivent et qui s'accommodent de ce froid, de cette solitude et des horreurs qui s'y passent.

L'auteur a choisi l'alternance des époques (de 1969 à 2011), afin de nous plonger encore mieux dans cet environnement peu habituel où il faut résister à la Nature hostile, aux froids extrêmes et aux animaux sauvages qui vivaient déjà là avant l'arrivée de l'Homme et de la société d'extraction de minerai de fer, la Canada Iron (je lui préfère le Canada Dry).

Après un chapitre consacré à ce qu'il se passe dans le présent, le suivant est consacré à l'enfance de Jacques (Jack) Deveraux, à sa famille et de ce qu'il s'est passé dans cette petite ville où des crimes atroces ont été commis, même si tout le monde a préféré les attribuer à des animaux sauvages.

Le nouveau roman d'Ellory n'est pas vraiment un roman policier habituel : il faut attendre la moitié du livre pour que Jack arrive enfin à Jasperville et il faut encore du temps avant qu'il ne commence son enquête.

Nous sommes dans un roman d'atmosphères et d'introspection, car Jack Deveraux est parti en 1984, abandonnant son petit frère avec son père et n'est plus revenu dans cette ville depuis 25 ans.

Sa conscience le travaille, il a des regrets, des choses à se faire pardonner... Son petit frère semble être devenu fou, parlant de wendigos, ces créatures surnaturelles, maléfiques, anthropophages… Bref, des bestioles que vous n'avez pas envie de croiser. Légendes ? Réalité ?

Ce roman est noir, foncièrement noir comme le charbon, avec peu de lumière, même lorsque durant 4 mois, le soleil ne descend jamais sous l'horizon. Rien à redire, Ellory a réussi ses décors et durant ma lecture, j'avais froid, j'ai ressenti au fond de mes tripes la désolation de ce lieu, la dépression qui pouvait atteindre tout le monde, surtout durant les mois sombres de l'hiver et face à ces hauts fourneaux qui ne s'arrêtaient jamais.

Les personnages, quels qu'ils soient, étaient bien campés, réalistes, complexes, alliant de la fragilité et de la solidité. Bref, tout simplement humains, terriblement humain. On pourrait être n'importe lequel, il est facile de s'y identifier, de les comprendre, d'être d'accord avec leurs colères ou avec leur fuite.

Certains ont fui leur passé, d'autres n'ont pas pu y échapper, mais au final, est-ce qu'on arrive vraiment à se détacher de notre passé, à le fuir ? Ou bien est-il toujours tapis en nous, tel un wendigo attendant de nous attraper, pour nous emporter là où on ne veut pas aller ?

Ce roman sombre et froid, est très bien construit, j'ai apprécié le voyage, même si j'ai eu froid aux miches. Les personnages, bien campés, m'ont subjugués grâce à leur réalisme et l'enquête, bien que ramassée sur le dernier tiers, était bien construite, et réaliste, elle aussi, pour un homme qui n'est pas un policier, même s'il est enquêteur puisque son job est "expert en incendie pour les assurances".

Malgré tout, le coup de coeur n'est pas total, il a manqué une étincelle pour allumer le feu, un accélérant, un produit inflammable qui aurait transformé ce roman en brasier, emportant tout sur son passage, comme certains romans de l'auteur ont fait.

Attention, la lecture fut bonne, même si j'espérais un coup de coeur !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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L'histoire se déroule à Jasperville au Nord du Canada en 1972.
On va suivre la famille Deveraux qui s'y installe, parce que leur père a trouvé un boulot dans les mines de fer.
Ils sont loin de s'imaginer que s'installer dans cette région n'est pas aussi facile qu'on pourrait le croire.
Et c'est sans parler des disparitions de filles qu'on retrouve morte avec l'abdomen ouvert ! Serait-ce un accident suivi d'un animal qui aurait les crocs ou un tueur ?

Ça faisait longtemps que je n'avais plus lu un livre de RJ Ellory.
J'avais hâte de me plonger dans cette histoire, dont je n'avais évidemment pas lu le résumé avant de commencer le livre.
Une histoire racontée lentement, mais qui petit à petit nous mets dans une ambiance pesante et plein de questionnement.
Elle est aussi racontée en deux temps, mêlant passée et présent pour petit à petit atteindre la vérité.
J'ai beaucoup aimé la plume de l'auteur et la façon dont il raconte son histoire.
Avec ce dernier livre, l'auteur confirme toujours que c'est l'un de mes favoris !

Pour moi Une saison pour les ombres fût une très bonne lecture que j'ai beaucoup aimé lire !
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Austère, noir et glacé, le décor du quinzième roman de RJ Ellory ne laisse que peu d'espoir à son lecteur. On est dans du noir, du très noir.
Jasperville, cité minière implantée au nord est du Québec, est née de ses ressources en minerais. C'est une pustule incongrue dans une région où même les loups et les ours peinent à survivre tant le froid et la nuit y sont implacablement installés.
Cinq milles âmes vivent et meurent sur ce territoire hostile, dans le halo de la fonderie ronflant 24 heures sur 24, seule touche de couleur d'un tableau que Bosch n'aurait pas renié.
"L'enfer est vide, tous les démons sont ici." L'ami Shakespeare avait raison. Il est des lieux qui aspirent les ténèbres pour mieux les dévorer.
En orfèvre de la psyché maléfique, Ellory mêle allègrement goules, esprits cannibales à la triste et triviale réalité d'hommes passés du côté obscur du miroir
Des jeunes filles sont retrouvées mortes déchiquetées à intervalles réguliers entre les années 70 et 90. Dans ce lieu isolé de tout, il semble plus simple de conclure à des attaques de bêtes sauvages, même s'il se murmure des rumeurs de wendigo, ces esprits du mal vengeurs et cruels des légendes algonquines.
RJ Ellory excelle dans la construction de personnages déviants, blessés, englués dans des histoires familiales torturées. Jacques et Calvis, deux frères ayant grandi à Jasperville, n'échappent pas à la propension névrotique de leur créateur. L'un a fui 26 ans plus tôt, préférant se trahir pour survivre; l'autre est resté et a sombré lentement dans la folie. L'histoire les rattrape, et Jacques, pour sauver Calvis, se lance sur la piste du wendigo.
"Seul le silence", roman sorti en 2008, m'avait happée par sa puissance d'écriture. S'il ne réitère pas la même sidération, Une saison pour les ombres est incontestablement un bon cru. A ne déguster toutefois qu'au coin d'un bon feu en ce printemps frisquet!
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1972 à Jasperville, bled artificiel du Nord-Est Canadien, fondé par Canada Iron, plus grosse entreprise minière Nord américaine. Les hivers sont rudes et s'étendent sur plus de la moitié de l'année. Les rayons du soleil y scintillent quelques heures par jour seulement. À l'extérieur de la ville les contrées hostiles sont peuplés de loups et d'ours. C'est dans cet environnement que la famille Devereaux est venue fuir le passé, pour se reconstruire et repartir d'une feuille blanche. Cela a été un succès, jusqu'à la découverte du corps déchiqueté d'une adolescente, puis d'une seconde quelques années plus tard.
2011 à Montréal, Jack Devereaux qui avait fuit Jasperville est rattrapé par les liens du sang. Son jeune frère, Calvis a été arrêté pour tentative d'homicide. Malgré sa réticence, il se doit de l'aider et de le retrouver à Jasperville, bled que le dernier des Devereaux n'a pas quitté.

Entre mythe algonquien, animaux sauvages et homme dérangé, Jack va devoir se plonger dans les souvenirs les plus douloureux de son enfance pour découvrir les raisons ayant poussées son frère à une telle animosité.
Dans une ambiance noire et glaciale, R.J Ellory vous emporte au bout du monde où la folie de l'isolement tutoie dangereusement le wendigo, créature surnaturelle cannibale.

R.J Ellory possède un talent qui va au delà de celui de conteur, il a le don d'embarquer ses lecteurs dans des ambiances exceptionnelles. Une saison pour les ombres n'y fait pas exception !

Les seules ombres que j'ai côtoyé sont celles que faisaient danser les flammes de mon feu de cheminée, mon meilleur allié pour survivre en ce territoire.
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