Ce fut comme un long cauchemar, un tunnel sans fin . . .
Il m'a fallu plus d'un mois pour venir à bout de ce qu'il convient d'appeler une bouillie littéraire.
Je n'ai pas connu de pareille sensation d'imposture depuis un certain livre sur les vampires qui faisait l'actualité, que tout le monde lisait mais qui était scandaleusement indigent.
J'ai coutume de m'imposer de finir une lecture, par principe, par respect pour celui qui écrit. Pour garder quelques lignes directrices comportementales dans ce monde qui part en sucette chaque minute.
La seule exception (il en faut toujours une en Français) a été ce fameux twillight. Alors là, quant au bout de 50 pages (sur 850) je me suis posé LA question : dois-je perdre mon temps ou continuer ? je me suis senti tiraillé. D'autant que je le lisais pour préparer la suite : «
la tempête qui vient» qu'on venait de m'offrir . . .
Un conseil pour ceux que la critique même du livre n'intéresse que moyennement : passez votre chemin, c'est une supercherie.
Cela me désole de dire cela à propos du « grand
Ellroy » mais l'honnêteté prime.
J'ai ressorti « le Dahlia noir » pour comparer un peu et je crois pouvoir dire qu'en comparaison, c'est une catastrophe littéraire.
Commençons par la forme.
Ce livre pouvait faire 100 ou 200 pages. Il n'y avait pas matière à plus. Tout est répété trente-six fois, à croire que l'auteur doute de la capacité de ses lecteurs à comprendre du premier coup. Il est vrai qu'à la suite de cette épreuve, notre santé mentale peut défaillir.
Ensuite, c'est mal écrit :
Ellroy ne sait peut-être plus faire des phrases, il faut donc qu'il passe à autre chose. Un style « coup de poing » lit-on à droite ou à gauche de la part de journalistes littéraires, qui à l'instar de leurs confrères généralistes, ne savent sans doute pas de quoi ils parlent. Je soupçonne même que les « spécialistes » ayant réellement lu
Perfidia de A à Z sans couper en diagonale (ici la fameuse diagonale du fou) sont dénombrables sur les doigts de la main.
C'est de la bouillie de Français (et donc d'anglais à la base je suppose) : indigeste, incompréhensible.
Comment imaginer qu'on puisse se farcir cette prose débilitante et oser ensuite s'en émerveiller ?
Zola ou
Ellroy, il faut choisir . . .
Pourquoi
Zola pensez-vous à cet endroit ? Passons au fond donc . . .
Pour deux raisons : la première est la prétention du Nord-américain de décrire la société états-unienne à l'aube du vingtième siècle. Intention louable certes, nous qui sommes nourris, gavés, à la propagande Hollywoodienne, raison culturelle des vainqueurs de la deuxième guerre mondiale. Mais si l'inspiration vient certainement d'Historiens remarquables comme par exemple
Howard Zinn pour ne pas le citer, et sa géniale « histoire populaire des états unis », il n'en fait rien. Son apport fictionnel est nul. Même la lecture de ce dernier ouvrage est plus agréable que ce pseudo thriller sans envergure qui nous est proposé avec
Perfidia. Vouloir être l'auteur naturaliste (voilà pourquoi
Zola) de la côte Ouest ne suffit pas. Il faut avoir quelque chose à raconter et là, c'est proprement nul.
Pire en fait : le quatuor est un ramassis d'ordures sans envergure. Il fait de ses personnages des êtres méprisables, aux comportements repoussants.
Même les personnages secondaires, les Japs, les Chinetoques, les Youpins, les Nègres, les Boches, les tantes, les putes, les Papistes, les . . . (j'en oublie tellement il n'y a que cela) sont tous plus méprisables les uns que les autres.
On découvre une société entière qui, s'il fallait statuer sur son sort, mériterait l'anéantissement.
Il n'y a rien à sauver ni personne, aucune bouée à laquelle se raccrocher : on sombre corps et âme à la lecture de ce livre.
Voilà, j'arrête, j'espère avoir donné un aperçu de l'état de dépression dans laquelle m'a plongée la lecture de ce livre.
Heureusement, j'en lis un autre en parallèle (voilà la deuxième apparition de
Zola pour ceux qui ont eu le courage de me lire jusqu'au bout) et il va de la littérature comme de l'humanité : le pire côtoie le meilleur.