J'ouvre et tourne les pages de
Peu importe, nouveau recueil d'
Antoine Emaz.
Quand je r
entre dans sa poésie,
c'est comme
entrer dans un lieu qui requiert le silence, un lieu où le temps revient à sa source initiale.
Les poèmes ne sont pas que faits de mots, ils possèdent tous un rythme qui font naître une émotion trouble, une résonance qui, tel un espace d'
entre les mots, saisit l'attention. Cet espace infime retient en lui le temps court, le temps du dehors, le temps instable et sans limites et révèle celui plus intime, plus diffus.
« Une nuit à peine agitée de figures
d'autres lieux
d'autres livres
On va ainsi dans la nuit
Jusqu'à ce plus rien de bleu
qui doucement se ferme
on devient pan de nuit
dans les ardoises du ciel
et tout le reste demeure sans nous
on ne sait pas où
ça brille encore »
Dans l'écriture d'
Antoine Emaz, quelque chose est en train de se passer, de se jouer mystérieusement, qui créé un rythme, une respiration plus ample. On perçoit en elle les mots qui vont et viennent, usés et pourtant utiles, l'écho trouble et secret né de leur liaison. Éphémères et immobiles sur la page, leur résonance porte bien au-delà du langage. Ils viennent parler de la solitude, du désarroi et du retour à la t
erre, du vide.
« Il faudrait pouvoir dire
quelque chose de rien
pour aider
que la terre
soit plus légère
un peu
on voit ce qu'il faudrait
sans pouvoir »
Chez
Antoine Emaz, la langue, comme le temps, s'engouffre dans la page blanche, dans l'épaisseur de l'instant et de la sensation (j'ai aimé lire les poèmes à voix haute). Langue simple, reconnaissable, on sort de la poésie d'Emaz comme si rien ne s'était passé. Et pourtant…
« Il faudrait pouvoir
se délier davantage
dans le peu
trouver encore
il y a de quoi
mais on ne voit plusieurs
le jour
tombe »
.