C'est un bon programme. Les moralistes nous emmerdent et en plus, ils peuvent être nocifs.
Un. S. Emp. s'attaque aux dogmatiques. Ceux qui disent « ceci est bon » et « ceci est mauvais ». Il dénonce la recherche dogmatique en matière de morale car elle est dangereuse. Elle pousse à faire des efforts incertains et douteux, sources de troubles ravageurs. C'est une opinion qui cherche en fait à tuer le mouvement de la pensée. Quand on croit avoir des certitudes, on évite ensuite de les remettre en cause. La rigidité, ça peut faire mal.
Deux. S. Emp. privilégie le scepticisme, qui recommande d'atteindre la tranquillité de l'âme non en devenant sage ou savant (ça n'existe pas) mais parce qu'on a fait l'épokhè, parce qu'on a suspendu son jugement, court-circuité la théorie par une déprise de la raison faite par la raison. Magnifique. Un genre de processus auto-immune de la raison qui, décidemment, n'a rien à foutre dans une tête humaine (parce qu'on sait pas s'en servir de toute façon).
Conclusion :
« Si l'on se disait que rien n'est, par nature, digne d'être choisi plutôt que d'être fui, ni digne d'être fui plutôt que d'être choisi, et si l'on se disait que tout ce qui arrive est relatif et se présente, selon les différentes occasions et circonstances, comme étant tantôt digne d'être choisi, tantôt digne d'être fui, on aura une vie heureuse et sans trouble, sans être exalté par le bien en tant que bien, ni abattu par le mal, acceptant bravement ce qui nous arrive par nécessité et nous voyant libéré du tourment associé à l'opinion selon laquelle un mal ou un bien est jugé présent. »
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Si l’on se disait que rien n’est, par nature, digne d’être choisi plutôt que d’être fui, ni digne d’être fui plutôt que d’être choisi, et si l’on se disait que tout ce qui arrive est relatif et se présente, selon les différentes occasions et circonstances, comme étant tantôt digne d’être choisi, tantôt digne d’être fui, on aura une vie heureuse et sans trouble, sans être exalté par le bien en tant que bien, ni abattu par le mal, acceptant bravement ce qui nous arrive par nécessité et nous voyant libéré du tourment associé à l’opinion selon laquelle un mal ou un bien est jugé présent.
Les sceptiques […] enseignent que, pour ceux qui ne supposeront l’existence d’un bien et d’un mal par nature, une vie malheureuse s’ensuivra ; tandis que pour ceux qui restent indéterminés et suspendent leur jugement La vie, pour les mortels, s’écoule calmement.
Il n’existe aucun bien par nature. En effet, si le bien propre à chacun n’est pas celui de tous et n’existe pas par nature, et si à côté du bien propre à chacun il n’y en a pas qui fasse l’objet d’un accord, alors le bien n’existe pas.
Celui qui dit que le bien c’est l’utile ou ce que l’on choisit pour lui-même ou ce qui contribue au bonheur […] n’enseigne pas ce qu’est le bien, mais n’en établit qu’une propriété accidentelle.
Même une belle sagesse est sans grâce, qui ne possède pas une noble santé.