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sur 2076 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Déjà le titre et la couverture de ce livre sont magnifiques.
le jeudi 13 mai 1506, Michel-Ange débarque à Constantinople invité par Bajazet le sultan.
Michel-Ange a quitté Rome, malgré l'interdiction du pape, fâché que celui-ci ne lui accorde pas l'argent frais promis.
le sultan lui offre une somme faramineuse pour un mois, pour projeter, dessiner et débuter le chantier d'un pont pour traverser la Corne d'Or.

Beau voyage que celui de se retrouver avec Michel-Ange qui doit faire un chef-d'oeuvre mais n'a pas d'idée et découvrir la ville avec son ami poète Mesihi.

Michel-Ange aime les histoires et moi aussi j'ai aimé cette histoire si bien écrite!
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C'est beau et j'aime qu'on me raconte des histoires d'amour. Elles ont toutes un charme touchant. Une femme qu'on ne peut cerner, qui n'est écoutée que d'une oreille et pourtant, vous la voyez ? Prise dans un piège infernal, une manipulation implacable qui la dépasse. Et me dépasse. Toutes ces histoires de pouvoir dans lesquelles des figures sont feu de paille alors même qu'elles sont l'illumination, la lumière étincelante qui se retrouvera dans un tableau des années plus tard sur une autre terre. de Rome à Constantinople, Michel-Ange se remplira la tête d'images, de figures, de mains et sans finir un pont, il enjambera l'eau pour rapporter une mèche de cheveux et un sonnet d'amitié qui résonne dans sa tête des années plus tard.
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Ce livre est sans nul doute l'un de mes livres préférés, l'un de ceux que j'ouvre lorsque j'ai besoin de m'évader, besoin d'oublier ou besoin de faire une pause. Absolument tout est réuni dans cet ouvrage pour qu'il soit un diamant brut…

Fidèle globalement à la réalité historique, ce livre quoique un soupçon romancé présente un visage de Michel Ange qui est peu connu voir totalement méconnu par la plupart des néophytes, celle d'un homme qui n'a pas seulement vécu en Italie mais qui a un goût pour le voyage, l'exotisme et la découverte de l'autre. Tout comme son contemporain Léonard de Vinci, Michel Ange à côtoyé les grands de ce monde, ce qui lui a permis d'étoffer sa culture et d'affiner ses connaissances sur « l'autre ».

Personnellement, j'ai l'impression que Mathias Enard nous embarque dans une sorte de conte avec ce roman, il nous plonge totalement dans la nébuleuse que Constantinople pouvait être en 1506. Ses personnages sont tellement proches que l'on dirait que l'auteur les a connus, fréquentés…

Mais ce que j'aime le plus, c'est la construction de ce roman. Sa forme épistolaire immerge le lecteur dans l'histoire comme s'il était le destinataire des lettres de Michel Ange. On a l'impression d'y être, c'est époustouflant !

Je ne peux que vous conseiller ce livre très court mais qui vous ouvre une porte sur l'histoire du monde byzantin, sur l'art et l'architecture du XVIe siècle.
Lien : https://ogrimoire.com/2019/0..
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Imagine-toi, t'es là, j'y suis, on se croise dans les dédales d'une rue marchande. Tu sens cette odeur, ce parfum de souffre et d'interdit. L'iode, la cannelle, la morue. Et ces couleurs, le blanc du marbre, le noir du sable, cet ocre balayé par la poussière. Et cette musique qui sonne en toi, des notes répétitives, des trompettes, de l'oud et le muezzin qui hurle au-delà des minarets. Tu vois la majestueuse Sainte Sophie, dont les icônes chrétiennes ont été recouvertes d'un enduit plâtré. Tu découvres ce bras de mer qui sépare deux rives, deux continents. Magie des lieux, Istanbul qui a l'époque devait se prénommer Constantinople.

Je te parle de batailles, de rois et d'éléphants. Ne sois pas surpris. En 1506, cela t'apparaitrait comme une évidence. Franchement, j'ai été bluffé. A quoi m'attendais-je avant d'ouvrir cette couverture ? Attiré aussi bien par le titre que par Istanbul, je suis parti me laissant guider par la passion et l'entrain de ce florentin et ces stambouliotes. Toi qui voulais être vizir à la place du vizir. Une visite du souk s'impose, tu grimpes sur les hauteurs de la ville, admires le panorama bleu-noir du Bosphore, la Corne d'Or, quel mot magique pour désigner ce lieu. Et tu croises Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni que tout le monde appellera par la suite Michel-Ange. Il est venu justement pour dessiner les plans d'un fabuleux pont entre les deux rives, à la demande du grand Pacha. Il espérait la consécration, une renommée mondiale à travers cette oeuvre. La reconnaissance éternelle pour lui, sa famille. C'était juste avant sa fameuse Chapelle-Sixtine.

De l'opium, du vin et peut-être de l'amour. Dattes. Cannelle. Huile d'olive. Poivre. Ce n'est pas une nouvelle recette de pâtisserie turque, juste une liste de sensation, de découverte, de bonheur. Tu es heureux là-bas, ivre d'une certaine tendresse, de cette musique et de cette danseuse au pied si fin qui tourne et tourne encore. Peut-être est-ce même un danseur. Peut importe, il, elle, est beau, belle. Tu ne peux détourner ton regard de cette cheville qui se déforme au rythme de l'oud, de cette chevelure presque incandescente qui tournoie encore plus vite. Michel-Ange se perdra, un petit peu, dans cette ville qui n'est pas encore Istanbul. Une histoire d'amour et de jalousie qui finira en trahison, comme toujours. Comme une évidence, le triptyque de la vie amour-jalousie-trahison. Mais au milieu de ce drame qui se joue à quelques kilomètres de Rome, il y a l'Art, avec la majuscule, celle de la consécration, mais celle qui provoquera aussi le désir, la jalousie et la trahison. Comme une évidence. La richesse et l'avarice, celles qui créent le pouvoir et le désir encore plus grand. Les complots, les manigances et la trahison. Comme toujours, l'évidence même. Tu reviens toujours à ce même mot, trahison. Mais est-ce qu'elle est réellement présente ?

Quelle belle écriture de Mathias Enard. Sa plume m'a enivré, de bonheur, de poésie et d'odeur. Celle du Bosphore, du Kebab et d'Istanbul. Belle cité qui s'illumine de mille feux lorsque la nuit apparait lentement de l'autre coté de la rive. Que reste-t-il de ce fameux pont que Michel-Ange a échafaudé les plans ? Pas grand-chose, à vrai dire. Tremblements de terre. Mais là n'est plus un problème, Michel-Ange a déjà fuit, sur d'autres projets, toujours à la rencontre de la reconnaissance, toujours pour dépasser son prédécesseur, Léonardo de Vinci. Mais quel bel ouvrage, romanesque, poétique et enivrant. Dessine-moi un éléphant ?
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Parle-leur de voyage, de pays lointain et de Bosphore.
Parle-leur de la ville à la beauté étincelante, aux formes généreuses, à la démarche poétique.
Parle-leur du Sultan, riche d'exigences et de caprices, de grandeur et de folie.
Parle-leur des danseuses envoûtantes aux regards denses, joueurs et complices.
Parle-leur de l'ami, celui qui sert et admire, dont la jalouse compagnie fait souffrir.
Parle-leur de l'artiste talentueux qui rêve d'immensité, de beauté, de légèreté et d'équilibre.
D'admiration et d'idolâtrie aussi.
Parle-leur de la difficulté d'aimer.
Parle-leur de peaux, de pierres, de ponts, de sillons, de parfums, de sens, d'essences.
Parle-leur d''essentiel.
Parle-leur de Michel-Ange.
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants.
Et dis-leur à quel point ce récit a touché mon coeur, bouleversé mon âme, animé mon être.
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L'an passé j'ai lu Zone du même auteur... un gros roman, sans point, que j'ai mis des mois à lire... une véritable épreuve.
Et pourtant, celui ci me faisait le l'oeil. le titre m'intriguait beaucoup. J'ai fini par me laisser convaincre, en me disant que c'est un roman assez court, et donc s'il était aussi pénible à lire que le précédent, alors mon calvaire ne serait que de courte durée.
Et j'ai été totalement séduite. J'ai adoré.
L'histoire tout d'abord : les difficultés de la création et de la subsistance pour un artiste de la renaissance. le contexte : Constantinople quelques décennies après la chute de Byzance.
Et le style : c'est parfois presque de la poésie. Ces petits chapitres d'inventaires peuvent se lire seuls sans forcement se raccrocher au reste du récit et c'est un pur plaisir.
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Déjà le titre fait rêver et le reste de ce court roman est dans la même veine.
A partir de quelques faits historiquement démontrables, Mathias Enard a fait vivre à Michel-Ange une parenthèse hors du temps à Istanbul, alors appelée Constantinople, au mois de mai 1506.

Ce prix Goncourt des lycéens 2010 oscille entre le roman et le conte. Des chapitres très courts, quelques vers par ci par là, la découverte d'une ville symbolique à travers les yeux d'un artiste phare de la Renaissance... le récit m'a presque envoûtée.
Michel-Ange est constamment entre deux rives; entre les deux morceaux de Constantinople qu'est supposé relier le pont qu'il doit dessiner, entre le Pape Jules II pour qui il doit construire un tombeau et le sultan Bayazid qui lui a commandé un ouvrage d'art sur le Bosphore, entre l'Italie et l'Empire Ottoman, entre Dieu et Mahomet, entre le désir d'une mystérieuse danseuse et l'amour d'un gentil poète, entre un petit singe et un éléphant... Et c'est tout cela que Mathias Enard a caché dans moins de 150 pages, avec une économie de mot qui apporte une réelle densité au propos. Une lecture certes atypique mais une jolie lecture quand même...
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11 mai, voile latine, tourmentin, balancine, drisse, déferlage.
Voilà un extrait du carnet usé dans lequel Michel-Ange consignes des trésors. Des mots, de simples mots, ses dépenses, ses fournitures... Tout ce qui croise son chemin.

Mathias Enard s'attarde sur un fait de l'histoire tombé dans les limbes de la mémoire : la conception de ce pont sur la Corne d'Or à Constantinople et le voyage du sculpteur Michel-Ange sur les terres du sultan Bajazet.

À travers de très courts chapitres, autant de traits au fusain sur une feuille de papier, l'auteur nous dépeint ce monde qui s'affronte, cette fracture entre l'Orient et l'Occident qui finissent par se rencontrer dans un équilibre précaire. Par de fins coups de crayons, Constantinople vibre et respire, abritant petits et grands dans son giron.

12 mai, garcette, cabestan, varangue coupée, carlingue.

Le talent de Michel-Ange est loué et reconnu, mais cela ne lui assure pas une vie sauve. Les puissants restent les puissants, en Orient, en Occident ou ailleurs, et son départ de l'Europe ne manque pas de contrarier ceux qui pensaient l'avoir sous sa coupe.

13 mai 1506, étoupe, amadou, briquet, mèche, cire, huile.

Rien n'est dit, tout est dit. L'auteur évoque par effleurements cette réalité qui inspire et expire en évitant de trop attirer les regards. L'adaptation difficile, la langue, ces coutumes différentes, ces peuples qui cohabitent, les expulsés de l'Andalousie qui cherchent leur place, l'amour... Cette danseuse andalouse, ou peut-être est-ce un danseur, à la voix envoûtante qui va hanter les nuits de l'artiste. La fidélité de son traducteur qui est aussi poète.
La tristesse, la débauche, l'alcool qui coule à flot.

14 mai, dix petites feuilles de papier lourd et cinq grandes, trois belles plumes, un encrier, une bouteille d'encre noire, une fiole de rouge, mines de plomb, porte-mine, trois sanguines.

Les lettres que Michel-Ange envoie en Europe dans l'espoir de son retour ponctuent le récit. le Pape sait-il où il se trouve ? Qu'en est-il de l'argent qu'on lui doit ?

Le rythme est lent, aussi envoûtant que cette voix qui berce Michel-Ange et les évènements n'en sont que plus violents.

Deux ducats à Maringhi, ladre, voleur, étrangleur.
Heureusement la mie de pain er le charbon sont gratuits.

J'ai beaucoup aimé cette lecture, cette immersion dans ce monde qui se construit. Je comprends pourquoi ce petit roman a été primé : une lecture forte dont l'intelligence et la sobriété des mots sert à merveille le récit.

Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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La force de ce livre, peut-être plus que l'histoire qu'il décrit, c'est cette écriture époustouflante. C'est un texte plutôt court mais d'une force poétique incroyable, un récit d'une beauté lumineuse et puissante où les mots trouvent leur place et s'ajustent pour créer cette musicalité d'une fluidité joyeuse qui court à travers les lignes.

L'histoire nous emmène sur les traces de Michel-Ange qui pendant quelques semaines partira à la rencontre de ce monde Ottoman si riche et si surprenant. Mandaté pour créer un pont sur la Corne d'Or, c'est son cheminement créatif, ses doutes et ses questionnements que l'auteur nous dévoile à travers ces quelques pages. Un texte qui sait allier le charme suranné de ce monde troublant et mystérieux à la modernité de cette réflexion sur la création. Un texte magnifique qui nous laisse un petit goût d'inachevé car on aurait aimé plonger dans cette langue superbe un peu plus longtemps.
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Constantinople 1506, Michel-Ange se voit confier l'élaboration d'un pont sur la Corne d'Or pour le sultan Bajazet. Animé d'une froide colère envers le pape Jules II et son nouveau protégé, Raphaël, Michel-Ange saisit l'occasion pour s'éloigner de la cour papale.
Il espère ainsi gagner de l'argent pour combler ses dettes.
A Constantinople, Michel-Ange découvre la ville, ses beautés et ses plaisirs.
C'est bien un regard d'artiste qu'il pose tour à tour sur son nouvel environnement.
Pierres, végétaux, femmes et hommes, tout est source d'inspiration pour Michel-Ange.
Il se lie d'amitié avec le poète Mesihi, lequel voit en l'artiste bien plus qu'un simple compagnon d'arts. Mesihi lui dévoile les richesses culturelles de son pays et les deux hommes ont beaucoup d'échanges sur la beauté.
Michel-Ange s'adapte, étudie, mémorise et se met au travail ignorant que sur sa tête plane les ombres et le ressentiment de Rome.
Mathias Enard met en scène le court passage de Michel-Ange à Constantinople. Il imagine les sensations de l'artiste lors de ses diverses découvertes. le récit est centré sur les arts et le processus de création.
Il trouve des éléments pour justifier l'inspiration de l'auteur sur ses oeuvres conçues au retour de son séjour.
Le récit est très poétique et j'ai passé un excellent moment de lecture.
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