Étrange ce roman de
Mathias Enard, est-ce une fiction, un récit, une apologie de la culture Ottomane, un réquisitoire en règle contre ces rois chrétiens et ce pape Jules II ou bien est-ce tout simplement un conte pour enfants car Michel ange est un enfant qui dessine des éléphants ?
Le très beau lyrisme de
Mathias Enard maté d'une somptueuse érudition, le nom des étoffes, des parfums, des matières précieuses, des onguents, des couleurs, nous plonge dans des mondes disparus. Constantinople se déploie sous nos yeux émerveillés, nous sommes sous hypnose tant
Michel Ange plane de bonheur après les affres de Rome.
Anesthésiés par tant de beauté les superlatifs se déversent tels des compliments enfantins ou féeriques, le lyrisme resplendit alors pour évoquer l'art Ottoman, "ces Ottomans sont vraiment les maîtres de la lumière ", " cette lumière est mystérieuse et d'une haute majesté ", pour le lecteur dans cette bibliothèque où toutes les cultures se retrouvent, " la lumière flatte le lecteur, l'exalte et le rassure" . Deux siècles avant voltaire les vrais maîtres sont actés.
Encore étourdi par cette fête nocturne la décapitation est rendu supportable, le condamné a pu prendre de l'opium.En symétrie après une nuit agitée l'agonie de Savonarole hante le sculpteur,
Mathias Enard nous donne de sa mise à mort une description dantesque, cruelle, humainement inacceptable et clôt ainsi la sauvagerie de l'inquisition, la messe est dite la sublime porte ne connaît pas de telles pratiques, ne commet pas de si odieuses tortures.
Dans les bras de cette si enivrante andalouse
Michel Ange, va entendre le récit, ou le conte de la cruauté des rois chrétiens et de son départ en exil loin de sa terre natale.
Récit non, fiction oui
Michel Ange n'est pas allé à Constantinople.
La fascination de
Michel Ange est celle de
Mathias Enard, tout doit aller vers ce seul but imaginer que les futures fresques de la chapelle Sixtine ont été inspiré par le poète Messihi et par la belle andalouse.
Pourquoi pas !!!
Tracer un pont d'idées convenues entre un Occident forcément décadent et un Orient tout aussi forcément tentateur, nouveau, dépaysant, fascinant, chatoyant, ondoyant bref, oriental. L'Orient de toutes les tentations charnelles, devenu cliché aussi jauni qu'une faïence turque de l'époque ottomane cf Stalker-Hautetfort.
Ce
Michel-Ange, du moins le ridicule
Michel-Ange tel que
Mathias Enard le peint sans talent ni grâce, n'est qu'un amateur de femmes et d'hommes, un artiste se déclarant toutes les deux pages, en guise de pensée politique, avili par les puissants (cf. p. 109), un homme sale et irascible .
Mais surtout ô prodige d'invention romanesque, Enard nous déclare que le regard de
Michel-Ange «est transformé par la ville et l'altérité; des scènes, des couleurs, des formes imprégneront son travail pour le reste de sa vie» (p. 91).
Comment aimer ce
Michel Ange après avoir lu le Roman de Léonor Récondo Piétra Viva, Celui ci est plus charnel moins grandiloquent plus vrai, Léonor Récondo ne garde avec pudeur que la sensualité d'un artiste qui est capable de rendre la vie à la Piéta.
La fin est aussi soudaine que floue écrite pour en finir vite avec ce trop court roman.
Mystification c'est en fait un peut cela car on est en permanence entre des écrits historiques repris mots pour mots et des digressions de plus en plus fictives,
Mathias Enard nous mène en bateau, et on se laisse prendre à sa fougue et à son lyrisme.
N'étions nous pas prévenu c'est un conte oui un vrai conte qui ne raconte pas des histoires vraies.