La première chose que j'ai envie de dire est que la magie du conte, l'envoûtement, n'ont pas fonctionné pour moi. Oui, la langue est belle, le procédé narratif original, avec des chapitres très courts, écrits au présent du subjonctif. le livre condense les activités quotidiennes de
Michel-Ange, les sentiments éprouvés pour le futur génie par un poète turc interprète, et enfin quelques passages correspondent aux pensées d'un ou une inconnue dont l'identité mystérieuse est bien vite devinée.
Au final, on découvre l'histoire d'un être frustre, bien loin du génie que j'avais imaginé, qui ne sait pas trop où il en est. Les chapitres sont trop courts pour m'immerger dans une autre culture, il y peu de réflexions sur l'art en tant que tel. J'ai toujours imaginé qu'artiste rimait avec sensations et sentiments, et « Michelagnollo », comme le surnomme son frère, parait un personnage qui semble bien loin de ces deux univers, coincé entre son envie de créer des oeuvres immortelles, la radinerie de la papauté, son complexe vis à vis de Vinci, son refus de la sensualité et de l'amour.
Quant à l'écriture, ma foi… certains chapitres sont à mon avis complètement inutiles ou inintéressants (à mon avis hein, mais puisque je le donne…), comme ceux qui inventorient les possessions ou achats du grand homme :
« 19 mai : bougies, lampe, deux petites pièces ; brouet (herbes, épices, pain, huile) autant ; poissons en fritures, deux pigeons, un ducat et demi ; service, une petite pièce ; couverture de laine, un ducat. Eau fraiche et claire. »
Une page pour si peu…
Et puis il y a des passages certes poétiques, mais dont la métaphore m'échappe complètement :
« Je ne cherche pas l'amour. Je cherche la consolation. le réconfort pour tous ces pays que nous perdons depuis le ventre de notre mère et que nous remplaçons par des histoires, comme des enfants avides, les yeux grands ouverts face au conteur. »
Au commencement était le verbe, parait-il, et du verbe naquit le monde. de cette image jolie et poétique ne nait qu'incompréhension et étonnement de ma part.
Enfin, je suppose qu'il y a une jolie métaphore concernant le pont, qui pourrait relier des cultures, des pays, des hommes, etc… mais c'est pareil, je suis passée à côté !
Bon, le petit singe est mort, c'était mon personnage préféré avec Mesihi, le poète, qui en avait fait cadeau à l'Italien. Il y a aussi du bon dans ce prix Goncourt des lycéens 2010, du bon sur lequel je ne m'étendrais pas, les autres critiqueurs en parlent mieux que moi.
Je reste, au final, assez déçue de cette lecture, et suis étonnée que des lycéens aient choisi ce livre pour un titre aussi prestigieux.