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3,3

sur 359 notes
Le jeu des ombres.. un titre plutôt énigmatique qui donne très envie... et une très belle couverture... un personnage flou, dans un décor glacial... ça promet une histoire qui donne des frissons... et l'engagement est tenue, parce que Erdrich nous propose un récit qui monte en puissance et dont on sent présager une histoire qui finira très mal. Une histoire de drame, de violence, de non-dits, de vérités qui fait mal. Une histoire machiavélique, de manipulation, d'emprise et de vengeance. Une histoire d'amour malsaine, torturée, destructrice... Une histoire de haine, pesante, lourde, bien noire... Erdrich nous tient en haleine, nous captive, nous embarque avec elle dans cette histoire perverse... Un roman très abouti... J'ai beaucoup aimé !
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De Louise Erdrich, j'avais adoré Dans le silence du vent. Je n'ai donc pas hésité à emprunter un autre de ses ouvrages, sans lire vraiment la quatrième de couverture. Je ne m'attendais pas à un roman aussi douloureux, aussi violent dans le drame conjugal qui nous est ici narré.
Irène et Gil sont mariés depuis longtemps, ils ont trois enfants. Gil est un peintre reconnu dont l'unique modèle est son épouse ; il a mis son corps en scène au fil des années., l'érigeant au statut de muse, allant toujours plus loin dans l'expression de la possession. C'est un mari tourmenté, violent avec ses enfants (physiquement et psychiquement), qui inspire la terreur à tous par l'inconstance de ses humeurs. Tantôt aimant, affectueux et attentionné, il peut aussi avoir de soudains accès de colère.
Jaloux, il lit le journal intime d'Irène qui – le découvrant – décide d'utiliser ce support pour, à son tour, le faire souffrir. Elle souhaite quitter Gil depuis longtemps mais celui-ci refuse de la laisser partir en lui faisant un chantage autour de la garde des enfants. Irène va donc délivrer de fausses informations, relater des secrets susceptibles d'éloigner Gil d'elle définitivement.
Le roman décrit la lente agonie du couple, sur fond d'alcoolisme et de culture indienne. Irène et Gil « trimballent » une histoire familiale, sociale et culturelle qui pèse dans leurs capacités à aimer sereinement et à faire famille.
C'est un roman intense, dont on ne sort pas indemne (et reposé !) mais qui pose des questions vraiment passionnantes sur l'art, la création, l'intime : épouse et modèle, Irène ne s'appartient plus, dans aucun espace. Livrée aux regards de tous, elle se perd peu à peu – en cela, le fait que Gil lise aussi son journal lui ôte toute possibilité de se retrouver et c'est le véritable déclencheur du drame qui se noue au fil des pages.
Le climat familial toujours sur un fil, entre chaleur et crise, nous met dans une sorte d'urgence. L'auteur, par petites touches, traite avec finesse les violences conjugales : Gil n'est pas un monstre, il aime (mal), il souffre (et fait souffrir) ; Irène essaie de protéger ses enfants, se réfugie dans l'alcool, est ambivalente ; les enfants développent chacun des stratégies pour survivre mais ne sortent pas indemne du conflit parental. Pas de manichéisme, ni de simplification à l'extrême mais un ensemble d'éléments qui donnent des pistes pour entrer dans la complexité de ce qui se joue dans cette histoire familiale.
C'est bien écrit, c'est intelligent mais rude !
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Le jeu des ombres, par Louise Erdrich. Ce livre n'est-il qu'une histoire de manipulation au sein d'un couple, par l'intermédiaire de deux journaux intimes écrits par Irène, dont l'un est lu en cachette par son mari, Gil, – sauf qu'Irène s'en aperçoit et s'en servira pour le mener sur une fausse piste ? Il y a effectivement une manipulation mais le livre témoigne avant tout d'une crise conjugale dont les déterminants sont complexes, et d'une quête d'identité.
Gil et Irène sont tous deux des métis qui ont du sang indien et une certaine culture amérindienne, dont leur fille Riel se veut le prolongement intégriste. le couple revendiquent cette appartenance, elle les empreigne, mais ils se présentent comme des Américains bien intégrés. Gil est peintre et vit assez bien de sa peinture, Irène est son modèle, son égérie, il la peint de façon obsessionnelle, nue et dans des positions provocantes. Elle s'est longtemps prêtée à ce jeu, jouissant d'être ainsi possédée, mais finit par ne plus supporter l'emprise de cet homme qui s'emparé de son corps et vient de s'emparer de son esprit, en lisant son journal.
Dès lors, Irène a une idée en tête, divorcer, idée qui l'accapare entière, mais qu'elle ne peut mettre en acte, car Gil prend leurs enfants en otage. Surtout, il tient à son épouse. Ces deux tempéraments explosifs vont transformer leur amour en haine, jusqu'à la tragédie finale, à vrai dire un dénouement de la crise un peu artificiel.
Le livre est bien construit, subtilement mené, écrit non sans cruauté mais avec lucidité. Il lui manque peut-être une sorte d'utilité, un vainqueur en fait.
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Les différentes facettes d'un auteur tel que Louise Erdrich participent beaucoup au plaisir de la retrouver au fil des années, avec des thèmes qui se renouvellent mais quelques fils conducteurs : la culture amérindienne et son influence sur la vie quotidienne, la famille et le couple, l'art…
Gil et Irene forment un couple, d'origine amérindienne, passionné, au bord de la rupture, menant de front leur vie d'artiste-peintre pour lui, d'écrivain pour elle, et l'éducation de leurs trois enfants. Irene soupçonne Gil de lire ses carnets intimes, et laisse à son intention un agenda rouge où elle distille le vrai et le faux, de manière assez perverse. La personnalité de Gil est assez trouble aussi, il est rigide et parfois violent. Leurs trois enfants compensent chacun à leur manière les manques parentaux…
Voilà, résumé assez sommairement, l'esprit de ce roman, qui comporte de très beaux passages sur la vie de couple, sur la maternité, et des scènes émouvantes, notamment celles où interviennent les enfants de Gil et Irene. Toutefois, l'ensemble ne m'a pas totalement convaincue, il m'a manqué un petit quelque chose pour que la mayonnaise prenne, entre manipulation, tension psychologique, et réflexions sur l'art ou sur la culture indienne. Mon roman préféré de l'auteur restera son dernier, Dans le silence du vent, et celui-ci ne me laissera qu'un souvenir distrait, si on excepte la scène finale, magnifique, vers laquelle tend tout le roman.
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Véritable découverte pour ce roman. L'auteur nous livre son univers, les indiens d'Amérique du Nord mais surtout elle nous livre une histoire surprenante.
On suit une famille, Irène : la mère, Gil : le mari et leurs trois enfants : Florian, Riel et Stoney.
Ce couple vit des difficultés, on pense que ce couple va divorcer surtout lorsqu'on découvre que Gil lit le journal intime de sa femme.
Mais sa femme le sait, du coup elle va écrire deux journaux intimes. Un carnet pour son mari et son vrai journal intime.
C'est un récit intriguant, comment Gil va réagir aux écrits de sa femme ?
Comment Irène va vivre cette perte d'intimité ?

J'ai adoré la fin, c'est une fin surprenante, j'ai beaucoup aimé le style de l'auteur également. Bref lisez-le.
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Quand Irene découvre que son mari Gil l'espionne en lisant son journal intime, elle le met à l'abri et débute un nouveau carnet où elle pouvait écrire des choses visant à le manipuler. Et même à lui faire du mal. Irène veut que Gil parte mais il refuse.

Ce livre est loin, très loin d'être qu'une simple histoire de séparation d'un couple. Depuis la la naissance de ses trois enfants, Irène a mis entre parenthèses sa vie professionnelle et continue toujours la rédaction de sa thèse sur George Catlin, le peintre des Indiens.Gil est lui-même un peintre renommé et Irène lui sert de modèle depuis toujours dans des positions provocantes ou sulfureuses. Irène se sent dépossédée de son image par ces peintures. Tous deux sont de descendance indienne mais Gil a toujours refusé d'être considéré comme un artiste indien. Leur histoire d'amour est celle d'une passion incandescente, brûlante, destructive et Irène veut y mettre fin. Gil se montre possessif, jaloux, violent.


la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2012/09/louise-erdrich-le-jeu-des-ombres.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Gil et Irène s'aiment et forment un couple et une famille en apparence heureuse avec leurs trois enfants. Tous deux issus de riches métissages amérindiens, vivant au coeur des bois, près d'un lac, ils portent en eux les paradoxes culturels de l'Amérique du Nord entre connexions aux traditions ancestrales et désir d'anonymat sociétal. Gil est peintre et son sujet, sa muse, son modèle unique est Irène. Les toiles baptisées America suivi d'un numéro selon leur exécution dévoile, parfois avec crudité et violence, toute l'intimité de sa femme. Adulée et dévorée comme modèle, épouse et mère, Irène ne parvient pas à écrire. Ses recherches avortées, ses diplômes tentés sur des sujets variés historiques et artistiques demeurent à l'état d'ébauches... Jusqu'à ce qu'elle se rende compte que son mari lit son journal intime, un petit carnet rouge caché dans son bureau.
Trois voix s'articulent dans ce roman : le carnet intime rouge d'Irène écrit pour manipuler Gil (c'est bien trop tentant), le carnet bleu racontant ses stratagèmes, et un narrateur que le lecteur identifiera à la fin.
Crise de couple, violence conjugale, amour à mort, humour noir, ironie, passion dévorante, métissage, sont autant de sujets qui apparaissent en creux dans cette histoire de couple en compétition tant amoureuse que professionnelle.
Une bonne découverte !
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Une histoire au contenu sensible... Parfois difficile à lire, car la complexité de la psychologie des personnages perturbe beaucoup la lectrice que je suis.
Cependant une histoire simple, courante, un couple, des enfants..
Oui mais quel couple! Un duo plutôt qu'un couple. Lui artiste peintre, fou... d'amour pour elle, mais aussi quelque peu pervers, enfin n'ayant sans doute pas compris tout ce qui le construit.
En bataille permanente avec lui même à travers sa peinture. Et quelle peinture puisqu'il ne peint exclusivement qu'elle, dans toutes les positions, plus que moins scabreuses..
Elle, difficilement rangeable dans la catégorie épouse amoureuse ou mère attentive. Elle se cherche, ne parvient pas à finir sa thèse sur un peintre étrange pour le moins. Elle se laisse représenter par son mari sans même regarder ce qu'il fait d'elle sur la toile, et elle boit.
Une famille à la dérive, dont les deux membres fondateurs, père et mère, jouent à se mentir, à se perdre un peu plus tout en se débattant pour trouver des solutions.
On est dans un marasme , les enfants assistent impuissants à la folie de leurs parents. Enfants qui sont utilisés par ces derniers, manipulés différemment par elle ou lui.
Bien sûr, ce sont eux les plus importants dans ce roman, c'est d'ailleurs la fille qui raconte.
Roman à la Erdrich, intime, flou, percutant, dur, tortueux, mais plein d'amour, de questions existentielles.
La fin est terrible.
C'est une histoire qui restera en moi.
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J'avais envie de découvrir les romans de Louise Erdrich après avoir lu un article la concernant dans Télérama et entendu un entretien sur France Inter.
J'ai donc emprunté ce livre à la médiathèque.
Lorsque j'ai lu l'histoire des carnets au début je me suis dit que cela serait peut-être comme "le Carnet d'or" de Doris Lessing qui permet d'apporter plusieurs points de vue sur une vie. C'est un peu différent dans la mesure où la narratrice cache son vrai journal intime et laisse à la curiosité malsaine de son mari un leurre dans lequel elle ment pour le manipuler.
Irène est mariée à Gil, peintre célèbre qui aime la faire poser nue et transformer son image en la parant de symboles violents et parfois obscènes supposés être une métaphore de la condition indienne. Tous deux sont alcooliques ce qui ne facilite pas la résolution de leurs conflits et problèmes familiaux...
Irène est tiraillée entre le dégoût de cet homme instable et brutal qui l'humilie et l'attirance qu'elle ressent parfois pour lui, qui est par ailleurs le père de ses trois enfants.
J'ai adoré les caractères des 3 enfants si différents les uns des autres !
A la fin de la lecture, il planait un malaise, ce n'est pas un livre lumineux mais il est néanmoins très intéressant.
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Avertissement liminaire : on est loin, vraiment très loin, de la saga familiale. Très loin de la romance aussi (à moins que considérer Les Hauts de Hurlevents comme une romance, bien sûr). Ce n'est pas non plus la Guerre des Roses parce qu'on se surprend peu à rire franchement, ou tout court. S'il est vrai que le pendant de l'amour n'est pas la haine, mais l'indifférence, on peut en déduire que les deux protagonistes du Jeu des ombres s'aiment à la folie, vu comme ils haïssent. Ou plutôt il l'aime, qu'elle ne l'aime plus, qu'ils s'aiguillonnent et s'éperonnent sans cesse. Autour d'eux gravitent trois enfants perdus : le fils aîné de 14 ans, génie scientifique qui a cessé de s'entendre avec son père, une cadette de 11 ans, convaincue d'être la seule à pouvoir sauver sa famille et qui décide de revenir au mode de vie survivaliste de ses ancêtres indiens, et le petit dernier de 6 ans qui ne déplace plus qu'avec une armée de peluches parce qu'on se sait jamais de quoi on doit se protéger. Ils sont le public privilégié de ce pas de deux, les premières victimes aussi, otages que l'on se passe comme un brandon enflammé pour faire du mal à l'autre. Quelques autres personnages frôlent la cellule familiale, sans réellement la pénétrer. Même le thème de prédilection de Louise Erdrich – l'identité indienne contemporaine – n'apparaît qu'en toile de fond, parce qu'elle apporte à Irene une forme de connaissance de soi qui n'appartient qu'à elle. le Jeu des ombres est un huis-clos intimiste, lourd, parfois lent mais sauvé de la monotonie, risque du genre, par l'alternance de points de vue. Cela peut gêner, même s'il n'y a pas vraiment de cliffhanger ; il m'a fallu quelques pages m'habituer au jeu entre les deux carnets d'Irene, le vrai qu'elle tient depuis la naissance de son aîné et le mensonger. Subtil jeu de va-et-vient, qui trouble les rôles et les locuteurs : ainsi Irene adresse-t-elle son vrai faux journal à elle-même d'abord, à son mari ensuite puisqu'il en est devenu le lecteur illégitime, et son vrai journal menteur à un mari qui n'est plus celui dépeint dans le journal précédent. Jeu des ombres, donc.
Un tel jeu de dupes pour un journal intime : l'indiscrétion mérite-t-elle un tel déchaînement de colère ? La réponse tient à la relation particulière qu'entretiennent Irene et Gil. Peintre de « l'indianité », il a fait de sa femme son modèle unique, l'a tracée sous toutes les coutures, les plus intimes, les plus construites, son corps, son visage. En l'état, Irene ne peut pas fuir le regard de son mari, hormis dans son journal. Et Gil ne cesse de vouloir l'attraper toute entière, que rien d'Irene ne lui échappe. Évidemment, c'est invivable. Qui trop embrasse n'étreint qu'une ombre. Pourtant rien n'est bien clair, entre Irene et Gil. On comprend rapidement que le journal bleu d'Irene et sa vengeance n'existe que parce qu'elle ne parvient pas à partir, préférant le vin et les silences lourds à la séparation. de la même façon, Gil cache (mal) son incapacité à rendre heureux femme et enfants par un délire de cadeaux et des explosions de colère incontrôlables quand les choses lui échappent, l'amour de sa femme, ou celui de son fils. Il sombre dans la dépression, elle réfugie dans la froideur, le sarcasme. Il y a quelque chose de terrible, d'intimidant dans cette lente dégradation du regard sur l'autre qui transforme l'un en statue de sel et l'autre en pantin.
Peut-on aimer et mépriser en même temps ? Peut-on aimer et laisser partir ? Peut-on éviter d'être cruel en amour ? Plus que de connaître (et respecter) l'autre, Erdrich interroge la relation amoureuse en ce qu'elle est don et possession, et ce qu'il advient lorsque l'un des deux reprend ses billes. Quand la famille cesse d'être le repli généreux pour devenir un terrain inconnu et disloqué. Roman de la perte de soi/perte de l'autre qui aurait pu être magistral sans un épilogue très mal venu, raccroché par les cheveux, discordant, bref, dont je me serais bien passée d'autant que l'histoire se suffisait à elle-même jusque là. On a l'impression que l'auteur a voulu sauver ses personnages, les relever de la poussière et de la sensation de suffocation dans laquelle elle les avait laissés… Il aurait mieux valu s'abstenir, je pense.

Première incursion dans l'univers de cet auteur en ce qui me concerne, et à défaut de claque, une bonne grande secousse. Ne serait-ce que parce qu'il y a longtemps que je n'ai pas eu entre les mains une écriture et une construction aussi intelligentes, que le vilain final ne parvint pas à effacer.
Lien : http://www.luluoffthebridge...
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