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3,68

sur 897 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« C'était le 15 juin 52. La première date précise et sûre de mon enfance (…) Mon père a voulu tuer ma mère »

Chacun porte ses traumatismes d'enfance, peu comparables les uns aux autres mais qu'importe : quelle que soit leur ampleur, la marque laissée est indélébile. À douze ans, la jeune Annie assiste dans la cave familiale à un acte, qu'on n'appelle pas à l'époque la violence conjugale.

Une scène qu'elle taira jusqu'à ce livre, sous le double effet de la peur et de la honte. Une honte plus large que cet acte, liée à son environnement familial et social, à toutes ces petites scènes du quotidien vécues comme des humiliations personnelles sans savoir qu'elles sont finalement partagées bien plus largement.

Puis un jour, devenue adulte, vient le moment de l'analyse, à froid. Dans La Honte, Annie Ernaux entreprend non pas de décrypter l'événement mais d'en soumettre les images du souvenir à un traitement subjectif et différencié, « être en somme ethnologue de moi-même ».

Cela donne un livre complexe, intimiste, catalogue de fulgurances de forces différentes, où le lecteur semble invité en spectateur (et non voyeur) du travail de l'auteure sur elle-même. Une réflexion sur le conditionnement et la manière dont les choses s'imposent à nous, car « ici rien ne se pense, tout s'accomplit. »
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L'auteure nous raconte un fait personnel qui s'est passé dans son enfance, alors qu'elle avait 12 ans, elle a vu son père (personnage renfermé et sous la coupe de sa femme) menacé sa mère de mort avec une arme, quelques minutes, ses parents vont faire comme si de rien n'était et vont même aller avec leur fille faire leur promenade organisée tous les dimanches. L'auteure nous raconte donc ce fait et va nous expliquer quel sera sa vie dans les mois qui ont suivi cette histoire, on comprend que cette scène restera gravée dans sa mémoire toute sa vie, mais on ne comprend pas pourquoi elle ne cherchera jamais à connaître la vérité en grandissant, c'est un tout petit livre que j'ai lu en une journée, je n'y ai mis que 3 étoiles car même si on comprend que cette histoire va marquer l'auteure, je me dis également que tous faits troublants dans la vie d'une personne ne mériterait pas que cette personne écrive un livre pour autant sinon on serait envahit de ce genre d'histoire, je possède d'autres livres de cette auteure (il s'agissait du premier livre d'elle que je lisais), je les lirais donc car ce sont de petits livres rapidement lus, j'espère seulement qu'ils seront plus intéressants que celui-ci.
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Décidément, je n'aime pas Annie Ernaux d'autant moins que dans la même situation, j'ai réagi très différemment: je tenais plus à mes origines ouvrières qu'à celles de petite bourgeoisie: j'étais très fière lorsqu'un lointain cousin s'étonnait que malgré mes études, je reste proche des "prolos". En revanche, j'ai appris les codes grâce à ma grand-mère: femme de ménage dans un couple bourgeois très cultivé et très ouvert. Je n'ai souffert , sans honte, que de passer des mois à Paris sous les regards méprisants envers la petite provinciale.
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Lire Annie Ernaux est une expérience en soi. Ses écrits, pour la plupart, sont un regard porté sur sa vie, une volonté de comprendre et de se comprendre. Ce livre plus particulièrement vient extirper de sa mémoire et mettre en mots un événement marquant de sa vie. A l'âge de 12 ans, elle assiste à une dispute terrible entre ses parents, d'une grande violence, qui fait naître en elle le sentiment de la honte ; pas seulement de l'embarras, ni de la gêne mais bien une honte profonde et durable, presque constituante. Après le traumatisme (qui n'apparaîtra en tant que tel que très tard dans la conscience de l'auteur), le poison de la honte se distille lentement mais sûrement en elle. Derrière la peur que cela recommence, que la violence s'exprime à nouveau, le regard qu'elle porte sur ses parents, sa famille mais surtout sur elle-même évolue, marqué du sceau de la honte.
D'une écriture exigeante, sociologique, Annie Ernaux nous dissèque la société dans laquelle elle se meut au sortir de son enfance, une petite ville normande marquée d'une culture propre, d'un patois, d'un mode de vie, mais aussi fortement réglementée par des principes religieux, teintée de désir de bienséance. Sans pathos, elle nous emmène dans son parcours de reconstitution mémorielle. Il est parfois difficile de la suivre dans ce cheminement si propre à elle-même, on perd parfois le fil du récit ou du moins vers ce quoi il se dirige. Mais le sujet de la honte est passionnant, universel, encore peu étudié psychologiquement et sociologiquement. Annie Ernaux, à sa manière, met sa pierre à l'édifice avec talent.
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Ecrit plus de 20 ans après les Armoires Vides, la honte en prend un peu la suite dans la vie d'Annie Ernaux puisque la temporalité est celle de ses années de collège dans une école privée et religieuse (mon dieu, comme j'ai eu de la chance d'échapper à ça).
Le ton y est beaucoup plus descriptif, analytique, presque froid, en tous cas posé et apaisé. Il est intéressant d'y lire une autre version, une autre manière, plus distancée, d'y aborder des points déjà présents dans les Armoires Vides, où elle en disait beaucoup plus. Mais c'est justement ce ton plus froid qui me fait préférer le style plus vivant des Armoires Vides.
Ici c'est un peu comme une illustration par l'exemple des analyses sociologiques à la Bourdieu (mais Ernaux a plutôt choisi l'expression "ethnologue" d'elle-même) et l'évocation - aux accents parfois un peu durassiens d'un trauma originel survenu quand elle avait 12 ans, un événement pivot qui la fit basculer sur un autre versant de sa vie d'alors.
C'est aussi un portrait plus fouillé de la mère de l'auteure et j'y ai mieux compris pourquoi ils (ses parents) ou plutôt elle (sa mère) avait décidé que la petite Annie irait dans le collège privé le plus proche et non l'école publique laïque.
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La honte.
Annie ERNAUX

Honte : sentiment pénible d'infériorité ou d'humiliation devant autrui.
C'est bien de cela dont il est question dans « La honte », le sentiment d'infériorité que ressent la petite Annie.
Le moment déclencheur est lorsqu'elle voit son père essayer de tuer sa mère en l'étranglant alors qu'elle a 12 ans.
Elle comprend alors que la violence est bien là et que dans la province où elle vit dans les années 50, les « codes », les us et coutumes sont bien différents de ceux des grandes villes et ne tournent pas en sa faveur.
Elle énumère le vocabulaire, les objets,les vêtements, les habitudes en matière d'hygiène qui ont cours chez elle, dans l'épicerie de ses parents.

C'est un cliché instantané d'une époque avec ses souvenirs un peu sépia qui m'a bien plu.
Même si le récit n'est pas linéaire puisqu'il est entrecoupé de avant et maintenant, l'auteure a réussi à m'intéresser à l'avant (beaucoup plus qu'au présent d'ailleurs).
Cette petite fille a vraiment connu une césure entre son insouciance d'enfant heureuse et la gravité de la scène vécue faisant voler en éclats la sécurité et la stabilité qu'elle croyait acquises.

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Quelle précision sur cette honte des classes sociales qu'il est si difficile de quitter même en s'élevant par le savoir. Annie Ernnaux en a fait une cause personnelle avec cette langue dont elle traque le mot juste qui fait mouche.
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J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture minimaliste et parfois crue d'Annie Ernaux où dans ce volet elle narre un évènement survenu le 15 juin 1952. Ce jour-là, son père a failli tué sa mère et la vie d'Annie ne sera plus jamais la même. Elle revient sur cette année 1952 qu'elle tente de se remémorer au fil des pages, l'avant et l'après l'événement. J'ai un peu moins aimé La honte que les deux autres romans La place qu'elle consacre à son père et surtout Une femme qu'elle dédie à sa mère. Ces trois ouvrages forment comme un triptyque et sont complémentaires.
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Une lecture intéressante en ce qu'elle nous amène à réfléchir sur nos souvenirs.
Une lecture troublante dans ses premières pages au cours desquelles l'auteure revient sur un évènement marquant de son enfance et essaie d'en reconstituer la vérité, la réalité car il ne lui reste que des souvenirs d'enfants.

Annie Ernaux raconte ses souvenirs d'enfance comme ils ont été vécus, expliquant comment les évènements avaient été compris à l'époque et porte également un regard d'adulte sur l'enfant qu'elle était et sa perception des choses comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre.

A travers cet éparpillement de souvenirs, l'auteure nous invite dans une époque, un lieu et un milieu social qu'elle analyse.
La simplicité et la sincérité avec lesquelles sont relatés les souvenirs invitent le lecteur à s'interroger sur ses propres souvenirs, sur la perception du monde qu'il avait étant enfant et sur le rôle qu'ils peuvent jouer dans sa construction personnelle.

Plus qu'un récit autobiographiques, ce livre est le témoignage d'une époque et une invitation à explorer ses souvenirs pour découvrir ce qu'ils révèlent du monde dans lequel nous avons grandi.
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Je n'avais jamais lu l'auteure et je ressors assez mitigée de ma lecture 😕.


Le récit commence fort: «  mon père a voulu tuer ma mère, un dimanche de juin, au début de l'après-midi ». J'attendais donc une tout autre histoire dans laquelle on m'a plongé. ◾️
En effet, l'auteure en un peu moins de 150 pages, utilise cette date fatidique de juin 1952 comme « prétexte » pour nous narrer la vie des années 50. Raconté tel un journal intime, Annie Ernaux renoue avec les souvenirs de ses 12 ans. Ses parents tenant un café-épicerie. Une mère très croyante voulant gommer son origine sociale. Hypocrisie et faux-semblants . Être des gens comme il faut, respectables. Importance de la réputation et du qu'en dira-t-on. Dans cette société d'après-guerre la honte est partout ! ◾️
Ce que je déplore, c'est qu'à aucun moment l'auteure ne cherche à comprendre le geste de son père alors qu'elle restera toujours « aux aguets » qu'un tel acte se reproduise...
◾️
Cependant , je ne suis pas restée insensible à la plume de l'auteure et retenterai sans doute l'expérience 😊
Lien : https://www.instagram.com/ma..
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