Court texte sous forme de journal rédigé entre 2012 et 2013 à partir de visites à l'hypermarché Auchan, au centre commercial "Les Trois Fontaines" de Cergy. A la fois hommage et critique des grandes surfaces, on retrouve dans ce texte des accents nostalgiques - comme toujours chez
Annie Ernaux -, mais également certains points de vue politiques sur la société de consommation et la paupérisation des consommateurs.
Je me suis pas mal retrouvée dans ce livre, parce que je me suis déjà faite plusieurs des réflexions formulées ici par
Annie Ernaux - notamment autour de l'impératif de consommation, du sexisme au rayon jouets, du caractère essentiellement féminin (car domestique et ménager) des courses.
Je mets 5 étoiles à ce texte, car c'est la première fois que je retrouve dans la littérature un peu de mon propre ressenti vis-à-vis des grandes surfaces. Relation d'amour/haine, car l'hypermarché c'est à la fois diablement pratique, mais en même temps c'est un endroit qui m'inspire une sainte horreur. Personnellement, j'abhorre les grandes surfaces, et les grands magasins en général ; je préfère les boutiques à taille humaine, les épiceries ou à la rigueur les petits Franprix ou
Carrefour Market. Il faut dire que j'ai des tendances agoraphobes et les hypermarchés me font complètement flipper, avec leurs lumières aveuglantes, leur acoustique dégueulasse, et cet air bovin qu'y ont les gens. Faire la queue à la caisse d'un hypermarché est clairement l'une des situations les plus anxiogènes que je connaisse. Et ces gens qui titubent comme des zombies entre les rayons, se parlant à soi-même, en transe devant les rayonnages de produits... Bref je trouve ça horrible, j'aimais bien quand j'étais toute petite, ça m'amusait, mais depuis l'adolescence j'exècre ces temples du consumérisme.
En parcourant les critiques j'ai vu que plusieurs lecteurs ont reproché à
Annie Ernaux de se montrer snob et dédaigneuse, mais pour moi elle ne l'est pas assez, justement. Je défends les commerces de proximité, les petites épiceries (bio de préférence) - et pourtant je n'ai rien d'une bobo, rassurez-vous, je suis immigrée et ma mère a galéré plusieurs années au RSA, on a même mangé aux Restos du Coeur... En tout cas pour moi, le véritable signe de ma réussite sociale - ce moment où je me suis dit "Ca y est, j'ai réussi !" - c'est lorsque j'ai arrêté de regarder le prix des articles alimentaires (exactement comme le décrit
Annie Ernaux !), lorsque j'ai eu les moyens de manger bio, de faire mes courses dans des petits commerces et d'éviter les fameux "hypers" !