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3,4

sur 783 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En direct des "3 Fontaines"
Ecrire sur la grande distribution est un exercice rare, comme oublié. de son expérience de cliente dans un hypermarché Auchan, Annie Ernaux nous présente, d'une écriture subtile, le journal de ses émotions et des scènes littéraires qu'elle a pu observer. Une analyse fine de la société. D'une intelligence rare !

Lu en 2014, relu en mai 2018.

Mon nouvel article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Annie-E..
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J'ai beaucoup aimé ce très court livre d'Annie Ernaux. Je suis entré un peu à reculons dans ce journal dans lequel la récente nobélisée raconte essentiellement ses passages à l'hypermarché Auchan de Cergy-Pontoise. Tout m'a frappé dans ce livre, la pureté de l'écriture, l'honnêteté vis-à-vis d'elle même et du lecteur dont elle fait toujours preuve, la justesse de ses observations. Parfois on avait pu avoir une intuition proche, mais elle le dit tellement mieux. Ce qui m'a encore davantage frappé c'est son humanisme, son regard tendre envers les gens, tous. Ses courtes description d'un jeune caissier rapide, de jeunes filles voilées sont précises et dénuée des préjugés que l'on entend souvent. Et c'est parfois littéralement bouleversant comme lorsqu'elle entent quelqu'un dire à sa fille qu'ils iront voir le Père Noël vert...
La justesse du regard d'Annie Ernaux à la fois sur les délaissés, sur la société de consommation, sur la vieillesse, sur la banlieue font de ce livre un objet unique à mes yeux. J'imagine que si je voulais montrer la puissance de la littérature à des jeunes gens parfois rétifs à cet exercice, cela pourrait être à l'aide de ce très court livre, ancré dans le quotidien, dans la réalité sociale, et de nature à dessiller bien des yeux. A commencer par les miens. Chapeau. Oublions le Prix Nobel et les polémiques qui ont pu suivre. La lecture d'un tel texte remet clairement les pendules à l'heure. Et manifestement il est l'heure de faire ses courses à Cergy !
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Durant une année, de novembre 2012 à octobre 2013, l'écrivaine Annie Ernaux a tenu un journal sur ses visites à l'hypermarché Auchan de Cergy dans le Val d'Oise. Familière de ce lieu où elle se rend régulièrement pour faire ses achats, elle fait de ce temple de la consommation un sujet littéraire. Ni enquête ni reportage, c'est bel et bien un relevé libre et intime d'observations, de sensations, qui tente de retranscrire des comportements , des gestes, quelque chose de notre vie à tous.

Les premières observations de l'écrivaine, très minutieuses, la conduisent rapidement à dénoncer cet univers qui nous pousse à la consommation de manière pernicieuse, qui nous séduit par des rêves et des mensonges, et nous attache à lui par des injonctions cachées. Lieu de rentabilité, lieu de surveillance aussi où les caméras nous scrutent et où les cartes de fidélité dévoilent tout de nous. Rien n'est innocent dans les supposés « offres promotionnelles » où l'on fait croire aux gens qu'ils « gagnent » de l'argent. de l'art d'embobiner le chaland...

Pourtant, comme pour beaucoup de personnes – moi y compris – l'hypermarché est un lieu incontournable de notre vie quotidienne, un lieu où l'on retrouve certains de nos repères. le rituel des courses du samedi matin, les gens que l'on croise régulièrement sans jamais les connaître, la flânerie dans la galerie marchande… Comme nous, c'est donc avec ambivalence que l'auteure observe ce lieu paradoxal, image réduite de notre société. A travers des petits tableaux de vie, l'écrivaine retrouve dans cet espace un sexisme admis dans notre société (regardez le rayon jouets au moment des fêtes de fin d'année...) et les inégalités sociales, avec notamment le rayon discount qui propose non seulement des produits à bas prix industrialisés et insipides, mais qui les propose forcément dans des emballages les plus basiques possibles et bien reconnaissables. le passage à la caisse, quand se rassemblent tous les clients de conditions et âges différents, est ce moment où chacun dévoile sa plus grande intimité : compte en banque, habitudes alimentaires, hygiéniques, sanitaires… Pourtant, nulle gêne. En effet, l'anonymat est roi à l'hypermarché. On se frôle, on se côtoie mais on reste tous des « invisibles » les uns pour les autres. C'est la règle. Qui penserait à engager la conversation avec un inconnu dans ce lieu ?

Lieu d'injustice et lieu de communion, lieu de distraction et de flânerie, l'hypermarché est tout simplement un lieu de vie.

« Regarde les lumières mon amour » est le premier livre que je lis d'Annie Ernaux. Court et rapide à lire dans un style vivant et fin, ce petit livre confirme le talent de cette écrivaine dont on m'a souvent vanté les ouvrages.
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Dans cette courte chronique de la vie d'un magasin, qui est aussi la chronique de la vie dans notre société, Annie Ernaux déploie un talent rare.
Avec vérité et simplicité, celle-ci nous conte la vie d'un supermarché, lieu banal mais tellement significatif quant aux processus qui dominent notre vie en société et notre monde économique.
On y retrouve le style d'Annie Ernaux, simple et beau, qui a fait le succès de ces précédents textes.
Excellent !
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En voilà une bonne surprise !!!

Je partais avec beaucoup d'a priori négatifs sur cette lecture que j'avais choisie en raison du nombre de challenges qu'elle allait me faire valider et de sa petite taille... Parmi ces a priori : prix nobel dont tout le monde parle = style ampoulé, pompeux et ennuyeux, sujet (l'hypermarché !) pas du tout appétissant... Bref j'avais dans l'idée que j'étais partie poru m'enquiquiner une petite heure, et que ça valait le coup, par rapport aux challenges.

Eh bien j'ai vraiment apprécié cette lecture !

Déjà parce que le style d'Annie Ernaux est drôle, décalé, lucide et ironique tout à la fois, sans jamais vraiment sombrer dans le cynisme, et que le sujet n'est pas du tout l'hypermarché, mais les gens qu'elle y croise, et c'est limite une analyse sociologique. En tous cas, elle en tire beaucoup de conclusions sur notre société, avec lesquelles je suis entièrement d'accord par ailleurs.

Bref, une lecture extrêmement réjouissante. Après, aurais-je autant apprécié si je ne m'étais pas attendue à une purge ? Je l'ignore, et ça me convient très bien !!!
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Quand un grand écrivain regarde la vie dans un hypermarché Auchan, cela donne un livre aussi beau que son titre.
Vous me direz que c'est étrange d'employer le mot "beau" pour évoquer cet ouvrage paru dans une collection à caractère sociologique. C'est oublier que le regard d'Annie Ernaux est on ne peut plus subtil, humain et qu'il est doublé d'une écriture limpide, directe et belle. Au final cela donne un livre d'une parfaite concision (72 pages), qui vous brosse un portrait lumineux et sans concession de ce temple de la consommation.
En cliente ordinaire, régulière et fidèle, Annie Ernaux observe ce lieu de promiscuité subi, le décrypte, le dissèque avec toute sa subjectivité, ne faisant donc pas un travail de sociologue. Elle s'implique personnellement dans ce lieu, s'y inscrit pleinement en tant que femme d'abord, subissant les assauts sexistes de ce lieu où l'acte d'achat est pensé plus au féminin. Ecoeurée par l'extrême séparation des genres des rayons des jouets de Noël qui façonne les inconscients tout autant que par la répartition des rayons en zone de marquage des richesses, elle dissèque un par un tous les rouages de ces usines à consommer. Entre la décoration clinquante et joyeuse ou les panneaux fluorescents qui donnent l'impression que le magasin est généreux en bradant ses produits, l'écrivain note, analyse, pour mieux comprendre tous les enjeux économiques mais aussi humains qui règnent en ces lieux.
Avec un écriture simple, mais où chaque mot fait mouche, Annie Ernaux exprime librement et magnifiquement toute une myriade de sensations que tout un chacun a éprouvé lorsqu'il s'est trouvé à pousser un caddie...
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Livre très court, qui dit l'essentiel avec finesse. Un thème qui ne m'attire pas (si tu n'as pas compris, sache que les lumières que l'autrice a l'air de montrer à son amoureux dans le titre ne sont pas de romantiques étoiles scintillantes, mais bien les néons éclairant les rayonnages d'un supermarché). Sauf que c'est Annie Ernaux, et Annie Ernaux, je sais qu'elle peut tout me raconter, même sur des sujets pas faciles, même sur les supermarchés. Et sans surprise, ça marche: sous forme de journal, l'autrice nous partage ses impressions et ses observations sur une année de fréquentation d'un supermarché d'île de France. Au final c'est le monde et la vie qu'elle nous raconte, concentrés entre les rayons de ces lieux de consommation où se rassemblent tant de personnes disparates. le Auchan du coin comme nouvelle tour de Babel. On n'est pas habitués à trouver Annie Ernaux sur ce terrain, et pourtant on la reconnait à chaque page avec ses questionnements sur le genre, le féminisme, la diversité ethnique, l'exploitation ouvrière, la manipulation commerciale, le rang social au gré de ses déambulations aux rayons poissonnerie ou jouets.
Lien : https://tsllangues.wordpress..
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En lisant ce livre issu d'une liste de lecture de ma fille, j'ai été étonnée.
D'abord, comment peut-on faire un roman sur les hypermarchés ? Comment ai je pu lire cela d'une traite ?
Certes le sujet est trivial, mais c'est raconté avec tellement de verve que j'ai pris plaisir à le lire.
Mon deuxième étonnement concernait le lieu principal. En fait, je connais cet endroit parce que je vais de temps en temps dans le centre commercial qui l'entoure. Je peux dire que tout est comme dans le livre.
Chapeau donc à Annie Erneau. Comme certains lauréats récents, ce livre n'est pas difficile à lire même si l'auteure est prix Nobel de littérature.
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De novembre 2012 à octobre 2013, Annie Ernaux se mêle à la foule du centre commercial des Trois-Fontaines à Cergy, et consigne sous forme d'un journal ses observations de ce lieu où se côtoient toutes les catégories de la population. Photographie de notre société consumériste, ce court récit livre une analyse très juste des comportements humains et décortique les rouages de ce temple de la consommation que quasiment tout le monde fréquente. J'ai vraiment apprécié cette lecture et le style d'Annie Ernaux, son sens aigu de l'observation du comportement des clients et des salariés d'un centre commercial.
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"Regarde les lumières, mon amour" est un livre brillant, et qui fait mine de ne pas l'être. Annie Ernaux dans toute son excellence et son humilité présente une observation, ni éloge ni condamnation, des supermarchés. Aucun sujet n'est trop bas pour Annie Ernaux qui ne méprise jamais sa lectrice ou son lecteur, et aucune observation n'est impartiale. Chaque phrase est utile, chaque entrée au journal résonne. Fort.

Mettre à ce point son talent d'écrivain au service du petit, et le rendre grand, c'est la vraie classe d'Ernaux. À travers ces notes qui peuvent sembler plates au premier abord, c'est d'une civilisation entière qu'elle parle, de son Histoire, de sa sociologie.

Et elle en parle si bien... C'est beau d'avoir Ernaux dans notre paysage. C'est beau et grand.
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