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3,4

sur 783 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Salariée d'hyper depuis 20 ans, derrière ma caisse depuis 7 ans,je lis, regarde et écoute à peu près tout ce qui s'y rapporte.
Ayant soupé des reportages économiques sur la grande méchante grande distribution qui malmène nos producteurs et exploite ses salariés, j'étais bien impatiente de lire ce regard sociologique d'Annie Ernaux, de sortir des marges, du marketting, de politique commerciale et autre business.
Pas trouvé " Regarde les lumières mon amour " dans "mon" Carrefour. Pas de panique, y'a la Fnac en face.
Après lecture, je me dis que l'auteure sera rassurée de ne pas se retrouver cloitrée entre un Musso et un Lévy, lectures de prolos, trouvables dans les commerces de prolos...

" Ce qu'on peut désigner par le terme de littérature n'occupe qu'une portion congrue de cet espace "

Oui nous ne vendons que des classiques et des best sellers, parce que nous sommes des généralistes, que les murs ne sont pas extensibles, et que notre but est de faire du chiffre.
Comme un fin bricoleur se rendrait à Casto plutôt qu'à carrefour, un lecteur cherchant un titre précis ira chez le libraire.
Cela ne fait pas de nos clients des débiles notoires. NOS clients, effectivement, c'est bien le terme que nous employons pour parler de vous.

" Par respect pour nos clients, il est interdit de lire les revues et les magazines dans le magasin (...) ce nos est typiquement faux jeton"

Ce "nos" irrite l'auteure qui estime ne pas être la propriété d'Auchan.
Est ce tout aussi choquant et faux jeton qu'un médecin dise "mon patient", un avocat "mon client", mon patron "mes collaborateurs" ?
Qu'on le veuille où non, dès lors que l'on pose les pieds dans un commerce, nous faisons partie de sa clientèle. Je ne trouve pas cela péjoratif, ni faux jeton.

" A la question posée rituellement à la caisse, est ce que vous avez la carte de fidelité ?, je répondrais tout aussi rituellement : je ne suis fidèle à personne "

Alors la j'explose ! Si vous saviez Madame Ernaux le nombre de clients qui donnent cette réponse, croyant sortir du lot. Avez vous une vague idée de la raison pour laquelle ce rituel est immuable ? Parce que nous y sommes obligées, parce que nous n'avons pas le choix, parce qu'il suffit d'un oubli pour qu'un client mécontent aille se plaindre à l'accueil de l'incompétence de la caissière. Croyez vous vraiment que cela nous amuse de prononcer 300 fois par jour "avez vous notre carte de fidélité" ?
Ceci dit, devant l'affluence des "je ne suis pas fidèle", j'utilise depuis quelques temps une petite variante, du genre, "avez vous la carte Carrefour", ainsi le jeu de mots n'a plus lieu d'être. Mais pas facile de changer ses automatismes, il m'arrive encore par mégarde, surement en auto hypnose après 250 scans, de lâcher un "Vous avez la carte de fidelité ?". Et là, bien souvent, je m'en mords les doigts !

A vous qui répondez simplement "oui" ou "non", MERCI !

" Cet art des hyper de faire croire à leur bienfaisance".

Oui, tous les commerces tentent de nous persuader qu'ils sont les plus performants. Cela s'appelle de la stratègie marketting. Tout le monde sait que dans une grande surface, on n'est pas au secours catholique. Il appartient à chacun de ne pas faire d'amalgame entre publicité et information. C'est notre devoir de consommateur averti. La grande distribution n'est pas responsable de tous les maux.

"Je voudrais lui poser la question de son salaire. Je n'ose pas"

Allez, moi j'ose : 15 746 € pour 2013. Temps partiel. Choisi, précision importante.
Moi elle me fait vivre depuis toujours, cette grosse usine à gaz. Pas grassement, certes, mais comme n'importe quelle autre salarié du privé de n'importe quel autre secteur. La vendeuse de lingerie haut de gamme qui bosse dans la galerie commerciale ne vit pas mieux que moi. C'est l'image de l'employé de grande surface, et en particulier la mienne, celle de caissière, qui est dégradante et mal perçue.

Je le vois quand je côtoie des non Carrefouriens ( oui cela m'arrive, je ne suis pas que caissière ) et quand le sujet du métier arrive sur le tapis : "je suis caissière" ... Je perçois dans leur regard un "oh ma pauvre c'est pas marrant comme job ".
Et bien moi je le vis très bien. J'aime mon travail et n'ai aucune intention d'en changer. j'aime MES clients, mes habituels, ceux qui m'engueulent quand je pars en vacances.

Je suis bien loin des "Trois Fontaines", en Bretagne Sud, où la clientèle est beaucoup moins cosmopolite, plus monochrome, plus locale, plus rurale, où il y a peu de délinquance. Plus tranquille, en somme.
J'ai bien conscience que moi et mes congénères de région parisienne, on ne fait pas le même métier et on n'a pas le même niveau de vie avec le même salaire.

Je dirais qu'Annie Ernaux a le mérite de s'être intéressée à mon milieu. Bien que je ne sois en osmose totale avec son ressenti, j'ai lu son récit avec intérêt. J'ai trop perçu le clivage entre elle et le reste de ce monde là, clients et employés. ce qui lui donne un air supérieur un peu agaçant.

Le problème c'est qu'elle est resté à côté de ce monde là, alors que pour le comprendre il faut être dedans.

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légère déception pour ce résumé de ce que l'on peut voir dans un hyper marché.
J'avais adoré SE PERDRE histoire puissante et magnifique. Je piocherai encore dans Ernaux.
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Après Les Années, ce petit livre est plutôt une déception...
Répondant semble-t-il à la demande d'un éditeur, Annie Ernaux s'emploie ici à nous parler de l'hypermarché comme monde de relations.
Que se passe-t-il à Auchan ? A côté de la corvée des courses et de l'individu vu comme un consommateur, l'hypermarché est aussi un lieu de rencontre. le lieu de toutes les rencontres. le seul lieu où la diversité la plus grande se croise et se côtoie.
Si l'auteure met le doigt sur des interrogations essentielles à notre vivre ensemble, elle se perd dans des descriptions ennuyeuses et peu pertinentes... Heureusement, je n'en reste pas là avec Annie Ernaux et me promets de lire l'Occupation qui paraît être un très bon livre...
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Avec ce titre, cette interpellation, on peut s'attendre à un roman d'amour, ou à une contemplation des étoiles, ou encore à une déclaration d'amour devant la Tour Eiffel illuminée... Ce titre suggère donc implicitement au moins une intrigue, avec des personnages, et une certaine recherche poétique dans l'écriture.
Il n'en a rien été : le titre est pour moi de la publicité mensongère pour filer la métaphore du supermarché, puisqu'il n'y a pas de personnage, pas d'intrigue, et pas de recherche sur l'écriture. Il n'y a pas d'intrigue, puisqu'il s'agit du journal tenu par Annie Ernaux lorsqu'elle se rend dans son hypermarché faire ses courses. Il n'y a pas non plus de recherche sur l'écriture selon moi, je l'ai trouvé très plate, sans volonté d'effets de style. Par contre, Annie Ernaux s'interroge elle-même, pour elle-même, sur la justesse de certains mots, pas parce qu'elle chercherait un mot plus mot, plus recherché, mais toujours par rapport aux connotations implicites des mots : peut-elle écrire « un Noir » ? « une femme voilée »... Si cette relation à la langue pourrait être intéressante, elle n'est pas approfondie, d'autant plus que l'autrice ne s'interroge pas sur ses choix et sur les mécanismes inconscients qui les déterminent. Elle signale le langage de l'hypermarché, tout en euphémismes, en recommandation qui cachent des ordres..., mais sans non plus le questionner.
Je n'ai donc pas trouvé de valeur littéraire à ce texte, qui n'est pas un roman. D'accord, l'autrice veut faire de l'hypermarché un décor, elle veut le faire entrer dans la littérature. Mais ce n'est pas le magasin du Bonheur des dames... Ce lieu n'est pas personnifié, il ne devient pas un personnage en soi, il est à peine un lieu.
Je n'ai pas trouvé non plus de valeur sociologique à ce texte, qui n'est pas une enquête. Annie Ernaux livre quelques observations, mais que tout un chacun a déjà pu expérimenter : selon les heures de la journée, la clientèle n'est pas la même, les affiches des promotions sont criardes et agressives, les promotions diffèrent selon la période de l'année... Elle ne nous apprend rien, ne cherche cependant pas à nous apprendre quelque chose, ce n'est pas son but.
Enfin, j'ai été gêné avec ce qui m'est apparu comme un certain mépris de classe, envers les caissières et les employés du magasin, envers les clients des rayons discount...
Je n'ai donc pas apprécié, je n'ai même pas compris l'intérêt de cet ouvrage ; ce n'est pas celui-ci qui a dû être déterminant dans l'attribution du Prix Nobel...
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Alors que j'ai beaucoup aimé Les années, je n'ai pas été touché par ce petit livre, Regarde les lumières, mon amour. La société de consommation est naturellement l'un des grands sujets pour les artistes d'aujourd'hui, depuis Warhol. Mais je trouve que l'hypermarché n'entre pas bien en littérature.
Je continuerai à lire Annie Ernaux, bien sûr.
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Bon, j'aime beaucoup Annie Ernaux mais là, je suis un peu déçue. Au départ, c'est l'expérience sociologique qui m'intéressait et je pensais trouver un texte aussi passionnant que celui de Florence Aubenas qui a enquêté dans un lieu social qui n'est pas le sien en travaillant comme femme de ménage (Le quai de Ouistreham). Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ce rapprochement parce que les deux livres n'ont rien à voir.
Annie Ernaux a choisi la forme du journal et non celle de l'enquête. Pourquoi pas mais cela donne de longues descriptions de ce qui se passe dans les rayons de l'hypermarché Auchan du centre commercial des Trois fontaines à Cergy, ce qui n'est pas passionnant. Je dis ça car je n'aime pas les hypermarchés et je n'y vais qu'exceptionnellement (c'est mon mari qui fait les courses). C'est un endroit qui donne le vertige avec une abondance de produits où je ne ressens absolument pas « l'excitation secrète » d'Annie Ernaux.
Et puis, je me demande à qui est destiné ce témoignage car il offre peu de perspective de réflexion même si je suis d'accord avec certaines remarques. On est souvent dans le constat. Par exemple, le fait que « les super et hypermarchés demeurent une extension du domaine féminin, le prolongement de l'univers domestique… » cela peut ne poser aucun problème à certaines personnes qui trouvent cela normal.
Sinon le principe du témoignage peut remettre en cause nos visions stéréotypées et nos préjugés mais quand il est trop brut, sans analyse, cela ne permet pas d'éviter les généralisations.


Challenge Nobel illimité
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Pour répondre à 2 challenges, je devais lire un livre d'Annie Ernaux.
J'ai choisi celui-ci car le titre me plaisait, j'imaginais un message positif d'encouragement pour quelqu'un de malade par exemple …
Première déception : le titre n'a rien voir avec le livre, c'est juste une phrase du livre.
En fait, le livre est un journal des impressions de l'auteur après chaque visite au supermarché de Cergy.
Deuxième déception, je n'ai pas aimé le ton du livre, je le trouve froid, hautain voire méprisant. Ce n'est pas un roman, cela pourrait être un reportage. J'espère que ce n'est pas avec celui-ci qu'elle a eu un prix Nobel ... J'en essaierai un autre pour me faire une (meilleure ?) idée.
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En refermant le livre ce soir, j'ignore si je l'ai aimé ou exécré. J'ai aimé l'écriture "au fil de l'eau": les observations sur les différents temps du supermarché, dans la journée, dans le mois, dans l'année, sur les passages, les errances, ou encore sur les différents espaces plus ou moins occupés. Mais , j'ai également détesté une certaine suffisance, comme si, au final, la narratrice ne voulait pas tout à fait partir de cette foule d'anonymes et que l'écriture lui permettait de s'en détacher. Une note de 2/5 est peut être un peu sévère j'en conviens, car paradoxalement j'aimerais en conseiller la lecture, ne serait ce que pour connaitre le ressenti de ceux à qui je l'aurai confié.
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Un témoignage d'auteur qui ne s'engage pas, ni en tant que sociologue, ni en tant qu'écrivain... L'impression d'être restée en surface dans cet hypermarché : était-il nécessaire d'en faire un texte à visée de "nouvelle mythologie" barthienne alors que l'hypermarché est déjà un mythe du quotidien ?
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Raconter la ville
Collection des éditions du Seuil dirigée par Rosanvallon

Un texte simple sur les courses à Auchan d'Annie Ernaux. On s'y reconnaît bien. Elle décrit très bien la vie qui s'y joue. Après avoir lu ce court texte, on ne fait plus les courses de la même façon. Est-ce que ces lieux commerciaux sont les nouvelles places des villages, est ce que les gens se parlent dans ces lieux, pensons nous à ceux qui remplissent les rayons, à ceux qui nous encaissent les produits, à chacun qui, sa liste de course en main, choisit les produits pour ses armoires de cuisine et de frigo... Mais il y a aussi des personnes qui pensent aux consommateurs, pourquoi des musiques d'ambiance, il paraît même qu'il y en a certains qui ont pensé à y mettre des odeurs incitatives.
Ce texte nous parle donc de l'air du temps et de ces lieux de vie si quotidiens.
Ce texte est publié dans la collection dirigée par Rosanvallon et ce veut des textes de sociologie de nos sociétés.
J'ai lu ce texte de façon plaisante, je m'y suis reconnue dans mon quotidien de consommatrice lambda, qui fréquente aussi un Auchan urbain mais je pense que je vais oublier vite ce texte d'Annie Ernaux, alors que d'autres textes de cette auteure m'avaient marqué. Et ce texte simple, s'il avait été envoyé par un auteur inconnu à un éditeur, avait-il une chance d'être édité ?
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