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3,4

sur 783 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Deuxième rencontre avec Annie Ernaux, dont je me suis promis, dans mon parcours de découverte des Nobel, d'essayer d'appréhender le travail en faisant fi de mes a priori négatifs - a priori d'ailleurs confirmé par ma première lecture (Passion simple).
A ma grande surprise, l'expérience avec celui-ci a été un peu plus positive que je ne pensais, alors que je me souviens m'être gaussée à sa sortie, avec la petite moue méprisante du lecteur à qui on ne la fait pas, que l'on ose se targuer de faire de la littérature autour d'une promenade dans un supermarché.
Contre toute attente, "quelque chose" a fini par se passer au fil des pages. Une petite musique mélancolique, insinuante qui m'a embarquée dans ce récit, les mains accrochée au caddie.
Au point que l'idée qui me paraissait affligeante au départ, à savoir traiter le sujet de la "vraie vie" en prenant pour objet d'étude des allées d'un Auchan de banlieue, s'est avérée sinon lumineuse, du moins pertinente : quoi de mieux, ou de pire, pour souligner le vide existentiel face à la profusion, pour dessiner en creux la carte des classes sociales, que ces temples de la consommation sur-illuminés, aliénants, désespérément laids ou merveilleusement féériques, rythmant le quotidien à coup de foires de Noël, de rentrée, aux vins, aux jouets, aux sacro-saintes promotions.
Evidemment j'aurais préféré Houellebecq dans cet exercice, c'est tellement plus drôle quand c'est désespéré. Mais sous la plume d'Ernaux, banale (pas la trace d'une idée forte dans ses observations, juste quelques maladresses justement relevées par d'autres babeliautes), paresseuse même sur la forme (une restitution à plat de notes prises au jour le jour), on finit par se sentir pris dans un collectif, un peu triste, un peu médiocre, pas très grave, et cela laisse la sensation paradoxale d'un bourdon presque joyeux.
Alors, suis-je passée du camp des contre au camp des pour de cette auteure clivante? Pas encore, mais ma lecture suivante d'Ernaux (qui a sans doute influencé ce billet) me fait franchir un pas de plus...
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Regarde les lumières mon amour... avec un titre pareil, on s'attend à une love story déchirante, à l'émerveillement d'un couple devant la féerie de Noël à New York, à la stupéfaction d'un passager survolant Paris la nuit pour la première fois, au soulagement d'un rescapé du désert arrivant à Dubaï... en tous cas pas à l'observation d'un hypermarché Auchan au centre des Trois-Fontaines de Cergy : la poésie n'a pas d'à-priori !
L'hypermarché Auchan des Trois-Fontaines donc, temple de la consommation multi-ethnique, échantillon socio-culturel qui présente pas moins de 50 000 références de 8h00 à 22h00 et affiche des promos ébouriffantes.
Annie Ernaux fait ses courses, regarde, écoute et prend des notes dans un lieu qui n'obéit pas aux diktats du politiquement correct mais aux impératifs de la consommation et du marketing : ainsi elle s'amuse de constater au moment de Noël les allées bleu-garçon et rose-fille pendant qu'on nous bassine avec les études de genre, ou le désintérêt total au lendemain des fêtes pour les jouets ou les oeufs en chocolat qu'on s'arrachait la veille. S'étonne du paradoxe de la multiplication des caisses automatiques au détriment des caissières quand le chômage suit la pente que l'on sait. le commerce comme l'argent n'a pas d'odeur et si au Bengladesh la main d'oeuvre esclave nous permet d'acheter des t-shirts à 3 ou 5€, on ne s'offusquera pas trop longtemps des conditions de travail qui leur coûtent la vie.
Et puis elle regarde et écoute les gens, les enfants qui exigent, les ados scotchés à leurs prothèses high-tech, les vieux qui se retiennent à leur poussette de marché, les gens seuls qui parlent tous seuls en la prenant à témoin, les caissières … un petit monde, un concentré (presque) complet d'humanité de tous les jours.

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J'ai pris des notes en lisant ce livre et me voici bien ennuyée en rédigeant cet avis. En effet, la première pensée qui me vient est "trop court". J'aurai vraiment aimé que l'autrice développe son analyse, tout simplement parce que nombreuses sont celles qui auraient mérité d'être plus poussées.
L'on pourra me répondre qu'au début, Annie Ernaux souhaite simplement tenir un journal. Certes. Mais est-ce réellement suffisant ? Elle s'interroge, j'en demeure d'accord, sur les conditionnements sociologiques qui viennent très tôt (p. 18) : les jouets pour garçon d'un côté, ceux pour les filles de l'autre ). Oui, un supermarché veut vendre "bêtement", si j'ose dire, mais faire bouger les choses, c'est bien aussi.
Annie Ernaux revient à deux reprises sur le rayon librairie, sur son classement des meilleures ventes, sur le fait qu'elle ne peut pas y trouver tous les livres qu'elle veut. Faut-il vraiment rappeler que nous sommes dans un rayon comme un autre de supermarché, que le but, c'est de vendre, et qu'ici, comme ailleurs, le but est d'inciter à acheter davantage ? Non, on ne découvrira pas un auteur rare dans un supermarché, c'est plutôt, aussi, si le rayon librairie est au beau milieu du magasin, l'occasion d'un achat coup de coeur.
Elle s'interroge aussi, sur le langage qu'elle utilise, sur le fait que prendre un petit garçon noir qui joue dans un carton pourrait être vu comme du néo-colonialisme. Pour ma part, prendre la photo d'un petit garçon que je ne connais pas, sans même demander l'accord de ses parents, me dérange quelle que soit sa couleur de peau ! Elle remarque, aussi, la diversité des voiles que portent les femmes, dans les rayons du supermarché. Elle s'intéresse un peu aux caissières, à qui elle dit qu'elle n'est fidèle à personne quand on lui demande sa carte de fidélité (pour ma part, je dis oui ou non, selon que je l'ai ou pas). Ne pas oublier qu'elles n'ont pas le choix - et qu'il serait aussi intéressant qu'elle se questionne plus finement sur cette profession essentiellement féminine.
Ah, pardon, pas partout : la téléphonie, l'informatique, c'est masculin. Et quand un homme fait les courses, il faut nécessairement qu'il téléphone pour demander conseil à sa femme. Oui, je sais, c'est un rapprochement rapide, mais j'imagine bien l'homme passer faire dépanner son portable parce qu'il a un souci avec ses courses ! 
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Venant après une ribambelle d'avis, je n'ajouterai pas de l'eau au moulin, juste dire que ce livre était dans la liste de ma fille pour le bac français, je l'avais donc sous la main, et ma fois je l'ai lu. Maintenant, je dirais que sur le plan littéraire, je n'y trouve rien d'exceptionnel, mais sur le plan sociologie, oui. On peut aussi remercier l'auteure d'avoir eu cette idée de laisser une trace d'un pan de vie du consommateur lambda, qui sait dans plusieurs décennies notre descendance sourirons peut être ou soupirerons d'un air nostalgique du temps où on pouvait encore rencontrer un panel vaste et varié de son voisinage. L'aire de l'écran engloutit le peu qui reste des contacts au quotidien, d'échanges même si simples soient-ils. On commande, on nous livre, bonjour au revoir et basta c'est bouclé. Ca plait ou pas, pour ma part je préfère de loin faire le marché et papoter avec le maraîcher, le fromager, prendre ma baguette chez le boulanger. Et je reste fidèle à mon petit supermarché de quartier, point besoin d'un hyper où il faut quasi un GPS pour repérer le rayon untel.
Chacun fait comme il peut selon son budget, sa localité et ses moyens de déplacement, et ses envies.

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Annie Ernaux adore l'hypermarché Auchan du centre commercial des Trois Fontaines de Cergy-Pontoise. D'ailleurs, elle va partager dans cet ouvrage, présenté sous forme de journal intime de jours de courses. Découverte d'un autre oeil cet espace de mixités sociales aux codes sous-entendus.

Elle écrit : « Voir pour écrire, c'est voir autrement ». Et en effet, beaucoup de gens vont faire leurs courses avec leurs rituelles dans ces hypermarchés qui s'ouvrent dans toute la France. Mais regardez-vous vraiment ce qui vous entoure dans ces espaces cloisonnés et pensés juste pour que vous consommiez ? Annie Ernaux y pose un autre regard et aussi des interrogations qui vont me pousser à regarder autrement le Monop à côté de chez moi. Elle y décrit des rendez-vous, des codes d'échanges, la communication du magasin sur certains produits et pas d'autres, l'attente envers la caissière qui ne va jamais assez vite…. Aussi les différentes populations qui viennent, se mélangent, se côtoient sans se voir quelle que soit la question de statut sociale, d'argent, d'origine, de couleur de peaux, de langues, de voile… Car il n'en n'existe pas beaucoup des espaces de partages multi-ethniques et sociales.

Alors en effet, je ne vais que très rarement aux supermarchés qui sont bien trop loin de chez moi. Dans le Monoprix, je ne sympathise pas avec les autres clients et j'engage rarement la conversation. Mais je reconnais de vue la plupart des employés que je salue toujours et avec qui parfois j'échange sur des banalités. Mon père, lui prend, l'hypermarché pour un lieu de socialisation. Il discute avec d'anciennes connaissances, des inconnus dans les rayons, les vendeurs de produits frais et bien entendu la caissière. L'image d'un lieu que je trouve souvent assez distant et pourtant il y a quelque chose convivial possède une importance certaine pour beaucoup de gens. Rituel de vie, d'échange, d'espoir, de tranquillité… les courses cachent au final d'autres messages que celui de simplement aller se nourrir.

Une petite tranche de vie originale et sympathique entre deux romans à lire. Parfois, une porte s'entrouverte juste pour regarder autrement ce qui nous entoure. C'est un peu cela que m'a inspiré Regarde les lumières mon amour.
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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Pendant quelques mois au cours des années 2012/2013, Annie Ernaux a consigné ses observations et ses réflexions sur le monde de l'hypermarché Auchan de Cergy qu'elle fréquentait régulièrement à cette époque. Ces notes, elles les a complétées trois ans plus tard.
A la fois cliente et discrète analyste, elle exprime dans ce petit recueil d'à peine 100 pages, combien ce vaste lieu très fréquenté, est ambivalent. Il grouille de vie et de gens pressés, mais il peut être aussi un endroit où chacun entre à sa guise, où l'on peut flâner et prendre le temps. Il est impersonnel et sans convivialité avec ses espaces banalisés et ses néons artificiels, mais il peut aussi avoir ses lumières et dégager des sensations confortables. Symbole de l'hyperconsommation et d'un "présent répété" à chaque visite, l'auteure ne manque pas, par ailleurs, de faire remarquer que cet univers est faussement statique, et qu'il avance avec L Histoire économique et culturelle d'une société.
Ainsi, ce recueil paru en 2016 est déjà ancien et n'est qu'une photographie d'un moment donné de l'histoire collective de la consommation d'une population de la région parisienne. Et, pour un lecteur de 2023, il est donc aisé de conclure que l'hypermarché n'est aujourd'hui déjà plus le même.
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Sous la forme d'un journal, Annie Ernaux consigne ses remarques sur le magasin Auchan qu'elle fréquente. L'occasion de démasquer et mettre en mots les travers de notre société de consommation, les dérives du marketing, mais surtout de souligner la solitude que créent ces espaces géants de la consommation, véritables symboles de nos vies actuelles, faites de vitesse, d'envie, d'individualisme, de trop plein et de conventions.
Au final, reconnaissons que l'idée de l'auteure était excellente, et la dame a une plume remarquable. On pourra seulement déplorer la brièveté de ce petit journal, un peu répétitif au final, tournant un peu en rond, comme dans les allées de ce supermarché...
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Une bonne lecture que ce petit livre où l'auteur, de surcroît talentueuse, nous offre une vision acérée mais plutôt complaisante d'un phénomène de la consommation : un supermarché. Une vraie promenade sociologique et humaine.
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Je remercie chaleureusement le professeur de littérature de mon fils d'avoir mis ce récit au programme de la classe de 3ème. Pour une fois qu'on avait autre chose à lire que du Molière.
Je n'ai rien contre Molière, mais pour cause de déménagements et du manque d'imagination de certains professeurs il y a quelques années, j'ai quand même du lire et étudier trois fois les Fourberies de Scapin. Alors oui, je m'autorise le droit d'être un tantinet critique.
Bref là, pour une fois les jeunes vont lire du concret, du contemporain. Ils vont j'espère aiguiser leur oeil critique pour ne pas tomber dans les pièges de la grande consommation à outrance : l'hupermarché hypermaché.
Ils vont apprendre à décrypter les messages subliminaux, parfois faux, parfois sexistes. Il vont j'espère être des consommateurs plus responsables. C'est un voeu pieux, mais en tout cas, cette lecture ne peut pas faire de mal, bien au contraire.
Je suis restée toutefois un peu sur ma faim. J'aurais aimé que l'auteure soit moins spectatrice, mais plus actrice, en parvenant à faire parler certains clients, les employés, les caissières.

Alors faut-il le lire ? Oui. En particulier si vous habitez non loin de Cergy : vous pourrez ensuite vous offrir une virée dans l'hypermarché dont il est question.
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Mon fils a ce livre au programme de 2nde donc c'était parfait pour découvrir cette auteure nobellisée. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre donc je me lance.
Me voici plongée dans un journal sur les hypermarchés, personnellement ça ne me fait pas rêver mais le texte est court (moins de 100 pages).
Le bon côté c'est que l'écriture est plaisante et que cela se lit facilement. Pour le reste je n'ai pas trouvé le sujet très creusé.
L'auteure fait une sorte d'étude sociologique à chaque passage dans le centre commercial mais peu développée, plutôt des sensations et des constats sur le vif.
L'idée n'en reste pas moins originale.


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