La somptueuse grenade à fragmentation qui marquait le début du travail de
Pierre Escot, enfin disponible.
Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/05/12/note-de-lecture-
spermogramme-pierre-escot/
Du bar brawler à l'enfant capricieux, de l'amant délicat au tueur à gages inquiet, du mécanicien désespéré au serial killer consciencieux, du fils prodigue attentionné au fils prodigue vengeur, les fragments souvent coupants d'un miroir brisé s'entrechoquent au fil des 130 pages – et il ne s'agit pas de reconstituer le puzzle, bien au contraire, mais peut-être bien de laisser filer et d'accepter, dans une certaine mesure inconfortable, ce bouillonnement multiple. Comme le souligne
Julien Cendres dans sa belle postface : « forme et fond inconvenables pour dire au plus près la solitude, le désir, la peur, le bonheur et le malheur d'aimer, aimer à en mourir, la folie, la fureur de vivre, l'enfer de vivre aussi la mort et que le temps est court, bien sûr, l'espoir et le désespoir mais l'espoir malgré tout… ». Dans cette manière éhontée d'analyser et de traduire le liquide séminal métaphorique (car c'est bien ce que propose ce «
Spermogramme », in fine), nous pouvons imaginer l'artiste heureux.
«
Spermogramme » nous démontre poétiquement que nous sommes toutes et tous potentiellement des grenades à fragmentation, dont, pour ne donner que deux exemples de conjurations ultérieures, l'environnement délétère du cadre dirigeant financier de «
Planning » favorisait l'explosion, tandis que le curieux assemblage de talismans improbables rassemblé au sein du « Carnet Lambert » (en tout cas, des extraits que l'on peut en connaître) en constituait un étonnant antidote. Et c'est ainsi que la trace poétique se creuse et nous propulse.
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