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EAN : 9782709661904
200 pages
J.-C. Lattès (21/02/2018)
3.86/5   36 notes
Résumé :
Quand pour la première fois, elle a franchi les portes du centre d’hébergement d’urgence du 19e arrondissement, près de chez elle, Marie France Etchegoin savait seulement qu’elle voulait « aider » pour ne pas avoir « à regretter de n’avoir rien fait ». Elle n’imaginait pas que Sharokan, Ibrahim ou Salomon lui en apprendraient autant sur elle-même et qu’à travers eux, elle allait redécouvrir la complexité et la richesse de la langue française et aussi ce qui, au fond... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre devrait être lu par tout le monde. Un réalité à découvrir d'une autre façon que par les médias qui relatent leurs propres vérités, la vérité à sensation, la vérité des gouvernements, la vérité qui fait peur et qui laisse le spectateur face à une vision effrayante. Les réfugiés, les sans-papiers, les demandeurs d'asiles, ou quelque soit le nom qu'on leur donne sont avant tout des humains ; avec leur propre histoire passée, avec leur famille laissée derrière eux, avec leurs peurs, leurs espoirs, ou juste avec leur envie de vivre ou de survivre.
Ici, l'auteur nous montre cette humanité. Les réfugiés ne sont plus des réfugiés, ils ont un prénom. On se rend compte que pour arriver en France, ils sont passés par des étapes traumatisantes et que ce parcours n'est malheureusement pas terminé. Rien n'est certain pour eux, encore moins leur avenir. Et pourtant ce livre n'est pas sans espoir. Ce livre, c'est une bouffée d'oxygène, c'est un échange, ce sont des rencontres...
Jamais plus mon regard ne sera le même.
Merci à Marie-France Etchegoin. Et merci aussi à mon amie Christelle pour m'avoir prêté ce livre.
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Quels itinéraires !
"J'apprends le Français", avec tous ces mots épurés, glaçants, épiques, émouvants. Je suis scotché, dégrisé, déplumé par les récits de ces émigrés
Aldon, Abdou, Sharokan, Ibrahim, Suleyman... !
Un combat pour une renaissance, celui que partage maintenant Marie.

Mari-France Etchegoin est un prof, qui leur donne des cours de Français.


Elle commence par ces mots si simples.
"Bonjour je suis Marie. Et vous ?
Je suis Sharokan.
Apprendre à dire Je.
Je Moi, unique, irremplaçable, ce rituel apprend à dire être, sans lequel on n'est rien. Comment être quand on a tout perdu. Page 11".


Mais peut-on dire je dans un monde où dire je est un risque, parfois un combat, voir une folie. Dans ces vies marchandisées par les passeurs, et les trafiquants, les mots qui reviennent décrivent des bourbiers Afgans ou érythréens.
Leur vie est entravée aussi par la pauvreté ou brisée par les ségrégations ethniques ou les paranoïas religieuses.

Parfois ils n'avaient pas le choix, désigné pour partir, vous avez la charge de gagner de l'argent pour votre famille. Un exil pour nourrir tous les autres.


"Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien », Article 13 de la déclaration universelle des droits de l'Homme."
Qui suis-je pour vous juger ?
Dans nos regards vous étiez au mieux des ombres, une cohorte de silhouettes sans visage. Au pire une déferlante, des spectres au milieu des noyés, une jungle, un entassement de douleurs et de blessures.

Pour ceux qui ont pu survivre ils se retrouvent dans les limbes de l'administration sous l'un des 7 ou 8 vocables qui identifient les émigrés selon leur probabilité de devenir français, ADA,DNA.....


Vous vous êtes arrachés à tout, à votre père et à votre mère, à votre terre et à votre langue.
Vous tentez de faire le deuil de votre langue, renaitre à vous même et aux autres, à une langue, exprimer vos émotions avec les mots des autres, avant qu'ils deviennent votre propre langage et votre musicalité originelle.
Ils sont hébergés dans un ancien lycée hôtelier.
Mari-France Etchegoin est leur prof, leur espoir.


"Tous deux avaient presque l'air hilare, comme si leur vie était une farce tragique dont ils ne pouvaient s'extraire que par le rire.
Le rire est peut être la politesse de l'espoir.
P 112"


"Je veux du Cacao, je veux des oiseaux.
Peut on demander à ceux qui ont côtoyé la mort de chanter ce genre de comptine?
Ils chantent pourtant.
Il y a de la joie pendant quelques instants. les muscles se déverrouillent.
Les corps se redressent commente Marie page 70."


La langue maternelle est celle qui accepte le lapsus et donc tout ce qui l'accompagne : le rêve, l'humour, le trait d'esprit.
Pourtant, Mahmoud illettré, ancien esclave, ironise en français.
Il y a une Oasis, Sebha au milieu du désert, c'est la plaque tournante du commerce d'esclaves.


"J'écoute page 241, le récit d'Abdou, ou de salomon, les images de 12 hommes négociés sur un parking.
Qui a besoin d'un mineur ? C'est un homme fort, il va creuser... 500 Dinars 550 ? 600 ? 650..."

Je retrouve le petit groupe, le musicien, le polyglotte, le roseau, ou le footballeur. Un pack, un noyau dur. Un socle étonnant.
"Ce sont des déracinés et pourtant ils m'ancrent avoue t-elle page 150."
Aldon m'a confié que le plus dur, pour lui, s'il était refoulé ne serait pas de se remettre en chemin, mais bien de quitter une langue et la perdre à jamais.
Comment quitter un tel livre.
Il se posera bien au dessus des Goncourts.
Devenir une étoile, un cap, une étrave.
Peut-on aimer une langue à ce point ?






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***

Ils viennent d'arriver en France, après des parcours tous différents mais tous avec leur lot de souffrances et de traumatismes. Ceux qui se retrouvent dans l'ancien lycée hôtelier transformé en centre d'hébergement d'urgence peuvent assister à des cours de français. Marie-France Etchegoin est là depuis 18 mois, à les accueillir, leur parler, les imprégner de cette nouvelle langue qui leur paraît bien étrange. Elle les écoute aussi, apprend à les connaître et à échanger. Elle donne autant qu'elle reçoit...

Même si je ne m'attendais pas à ce style documentaire, j'ai apprécié l'écriture de cette journaliste. Marie-France Etchegoin a les mots pour nous faire partager son expérience et la difficulté de ces hommes coupes de tout. Elle décrit avec justesse ce que les mots dépassent, ce que cette nouvelle langue surmonte et ce que ces cours délient...

Merci à NetGalley et aux éditions JC Lattès pour leur confiance.
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Écrivaine, journaliste, auteure de nombreux essais, et ancienne rédactrice en chef de L'Obs, Marie-France Etchegoin s'est essayée au métier… de « professeur » pour des réfugiés venus d'Afghanistan, du Soudan, d'Erythrée, du Tchad, d'Ethiopie ou de Guinée. Dans " J'apprends le français " paru aux éditions JC Lattès en 2018, elle  témoigne de ces rencontres, émouvantes et enrichissantes, dans un apprentissage réciproque.
Ils sont Aldon, Abdou, Sharokan, Ibrahim, Suleyman, Salomon et bien d'autres encore. Ils sont migrants.
Elle est Marie-France, journaliste et bénévole dans un centre d'hébergement d'urgence pour demandeurs d'asile à Paris.
p. 98 : " J'y vais parce que je reçois plus que je donne. "
En immersion dans ce huit-clos, l'auteure nous raconte ces rencontres autour des mots. Des hommes qui ont tout quitté pour fuir l'indicible. Ils sont très jeunes pour la plupart et doivent tout ré-apprendre. Une nouvelle langue, une nouvelle culture, un nouveau système. Alors c'est un challenge quotidien pour Marie-France de leur enseigner les subtilités de la langue française. Si elle met un point d'honneur à leur inculquer le vouvoiement par exemple, elle l'explique par sa volonté de marquer le respect. Il faut tout recommencer à zéro. Comme avec des enfants. Mais ce ne sont pas des enfants. Ce sont des hommes qui portent en eux de profondes blessures. Des histoires de vie particulièrement douloureuses qui s'immiscent au compte goutte dans des moments de confidences. Autour d'anecdotes aussi drôles que tragiques, l'auteure évolue au grès des situations administratives et légales de chacun. Parce qu'ils ne sont pas que des migrants. Ils sont des hommes, des maris, des pères, des fils, des frères. Chaque semaine apporte son flot de nouveaux arrivants ; son flot d'histoires.
L'écriture journalistique appuyée par sa forme, est le témoignage bouleversant d'une réalité factuelle. Cette lecture est une bouffée d'humanité et d'espoir, qui fait tant de bien par ces temps gangrenés par le sentiment d'insécurité.

p. 285 : " L'accueil de l'étranger n'est pas une charité mais un échange. Il nous ouvre un monde dont nous n'avons pas idée. Il démultiplie nos points de vue, enrichit nos perceptions. Nous en tirons bénéfices. L'accueil, l'hospitalité, l'entraide, la solidarité, la fraternité, l'humanisme, peu importe comment on appelle ce geste ou ce mouvement de l'âme, peu importe qu'il procède d'une éthique, d'une croyance ou d'un heureux caractère, peu importe qu'il soit un engagement ou un passe-temps, plus nous serons nombreux à l'expérimenter, plus les barrières tomberont, plus les politiques s'infléchiront. "
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Un centre d'hébergement d'urgence dans un ancien lycée hôtelier. Marie-France Etchegoin y enseigne le français deux fois par semaine. Elle s'est lancée parce que c'était tout près de chez elle, comme on s'investit dans une bonne résolution de fin d'année, sans analyser plus que ça ses motivations. Les gens qu'elle a appris à connaître, la difficulté d'enseigner quand ce n'est pas son métier, ce que ça révèle de ses propres constructions mentales, tout a concouru à former une expérience hors du commun. C'est une chose d'avoir vaguement en tête les « bourbiers » des situations dramatiques hors de nos frontières, c'en est une tout autre de recevoir en pleine poire les impasses des gens qu'on côtoie. Réalités concrètes de la géopolitique contemporaine, merdier sans nom des politiques migratoires, indignité des structures françaises, tout est là. Et ça plombe. le récit que nous offre Marie-France Etchegoin est salutaire et elle parvient à le rendre attachant. En choisissant de rester dans un registre oral, très vivant, elle rend un bel hommage à ces hommes dont elle a partagé une tranche de vie et se livre elle-même généreusement. A lire !
Lien : https://cuneipage.wordpress...
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
L'accueil de l'étranger n'est pas une charité mais un échange. Il nous ouvre un monde dont nous n'avons pas idée. Il démultiplie nos points de vue, enrichit nos perceptions. Nous en tirons bénéfices. L'accueil, l'hospitalité, l'entraide, la solidarité, la fraternité, l'humanisme, peu importe comment on appelle ce geste ou ce mouvement de l'âme, peu importe qu'il procède d'une éthique, d'une croyance ou d'un heureux caractère, peu importe qu'il soit un engagement ou un passe-temps, plus nous serons nombreux à l'expérimenter, plus les barrières tomberont, plus les politiques s'infléchiront.
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La langue n'est pas juste un moyen de communiquer. Elle nous protège, elle nous solidifie de l'intérieur. Si on vous l'enlève, vous n'êtes pas seulement muets, vous êtes séparés de vous-mêmes.
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Peut-être y a-t-il dans vos rangs de sales types. Peut-être que même les meilleurs d'entre vous ont fait, pour arriver jusqu'ici, des choses que jamais ils n'auraient imaginé faire. Qui suis-je pour juger la qualité de votre courage ? Comparé à moi, vous êtes tous des braves. De même, j'ignore qui parmi vous a été étiqueté 'migrant économique'. Je ne veux pas le savoir. A force de vous fréquenter, je sais que cette classification est absurde et surtout qu'elle ne résout rien. Puisque vous êtes là.
(p. 12)
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Nous avons perdu notre foyer, c'est-à-dire la familiarité de notre vie quotidienne. Nous avons perdu notre profession, c'est-à-dire l'assurance d'être de quelque utilité en ce monde. Nous avons perdu notre langue maternelle, c'est-à-dire nos réactions naturelles, la simplicité des gestes, l'expression spontanée de nos sentiments.
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Je suis comme vous, je n’ai pas choisi ceux qui m’ont donné le jour, je n’ai pas choisi la terre qui m’a vue naître, je n’ai pas choisi la langue qui m’a été transmise. Seul le hasard fait que je ne les ai pas perdus. Vous, vous avez dû vous arracher à tout : à la mère et au père qui vous ont désigné, au sol où vous avez appris à parler, aux mots qui vous ont forgés. Vous n’êtes pas seulement privés de votre identité et de votre pays. Vous êtes privés du pouvoir de dire, coupés de votre « langue maternelle », « parentale », « natale », « première », peu importe comment on l’appelle, le résultat est le même. Il vous faut en faire le deuil et en apprendre une nouvelle, pas seulement des mots et une syntaxe mais aussi la manière dont ils organisent les choses et les êtres. Vous devez naître une deuxième fois.
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