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EAN : 9782221215012
192 pages
Robert Laffont (16/08/2018)
3.17/5   21 notes
Résumé :
Qui était Siyah Qalam, autrement dit « le calame noir » ? Fasciné par les nomades des steppes d’Asie centrale, ce peintre énigmatique de la fin du XVe siècle a laissé des dessins très loin des canons esthétiques de son époque. Son style réaliste intrigue depuis toujours les historiens d’art islamique. Un album de ses oeuvres conservé au musée de Topkapi renferme son secret. On y voit des hommes et des femmes au sein d’un campement d’été dans leurs tâches quotidienne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Une salle d'exposition à la Royal Academy de Londres, un peintre mystérieux connu sous le nom de “Calame noir”, des dessins étranges qui ouvrent la porte à des mondes magiques, démoniaques et terrifiants, deux âmes qui se connectent à cinq siècles de distance, aimantées par un même vide, une même absence - celle du père -, et la voix impérieuse de la fille du peintre qui s'empare de la narratrice, Suzanne, pour lui dévoiler ce que nul ne connaît : la vie secrète de son père, Muhammad Siyah Qalam - "le calame noir".

Le récit nous emporte à la fin du XVe siècle, parmi les peuples nomades des steppes de l'Asie centrale où la vie du Calame noir, descendant d'une illustre lignée de dessinateurs et de scribes, se déroule au gré des vicissitudes du pouvoir politique et des humeurs des princes. Homme singulier, ascétique et volontiers méditatif, ce peintre au talent décalé, disciple de Mâni, qui porte sur les êtres et le monde un regard profond, mystique et comme habité, est pour tous une énigme. Il l'est tout particulièrement pour sa fille, Aygül, dont l'admiration sans borne qu'elle lui porte se heurte sans cesse à son silence, et qui semble condamnée à rester à la marge de ce père distant, avec en offrande son amour de petite fille, inemployé et inutile.

Le roman nous convie au sein de la tribu nomade récemment sédentarisée des Moutons blancs chez qui l'art, la peinture et la calligraphie occupent une place centrale. Muhammad Siyah Qalam nous entraîne à sa suite au milieu des campements des nomades du désert, peuple simple et rude, autour des feux de camp, à l'écoute du vent des steppes, des battements des tambours, des rituels d'exorcisme et des prières des prêtres ; nous le suivons à la cour des princes, derrière les hauts remparts du royaume fragile de Tabriz divisé par les querelles, menacé par la guerre ; et nous pénétrons pas à pas, guidés par sa fille, dans l'intime de la vie de cet artiste singulier que les jeux du pouvoir porteront aux plus hauts sommets des honneurs et de la gloire avant que la fortune incertaine des armes et de la guerre ne le renvoie au discrédit, à la misère, à la démence et à la mort.

Un roman dépaysant, plein de charme et de mystère, qui au-delà du pittoresque et de l'exotisme raconte chez ces deux femmes mystérieusement connectées l'une à l'autre la blessure inguérissable de l'absence, la douleur, et le deuil - pour elles impossible - du père. Une lecture que j'ai trouvée agréable et plaisante, même si je suis restée un peu en dehors du drame de cette double relation père/fille qui m'a parue un peu simpliste, quelque peu outrée, et ne m'a pas totalement convaincue.
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***

Avant d'évoquer le roman de Yasmine Ghata, je tiens à remercier Babelio et les Éditions Robert Laffont pour leur confiance.

C'est au détour d'une exposition à la Royal Academy de Londres que Suzanne fait la rencontre de Siyah Qalam, peintre du XVème siècle, et de sa fille Aygül. Suzanne sent l'énergie et le souffle de cette jeune femme en admiration devant son père et en quête perpétuel de son amour. Suzanne est alors portée par leur histoire...

De Yasmine Ghata j'avais lu et sincèrement apprécié "J'ai longtemps eu peur de la nuit" écrit en 2016. C'est donc avec enthousiasme que j'ai répondu à la dernière Masse Critique de Babelio, espérant fortement recevoir le dernier livre de l'auteur.

C'est dans un registre totalement différent que je l'ai retrouvé. On est ici dans un conte, une histoire à lire et écouter au coin d'un feu.
On découvre un peintre et sa fille, leur vie dans la dynastie des Moutons Blancs, dans une cour orientale où l'art a sa part de lumière. Siyah Qalam est un homme mystérieux, aux yeux de tous y compris ceux de sa fille. Qu'il soit dans l'atelier de Tabriz ou dans les steppes au milieu des nomades, c'est un homme qui parle peu. Seul son calame noir dit pour lui ce qu'il ressent, ce qu'il voit, ce qu'il aime...

La quête et le deuil du père a également sa place dans cette histoire presque magique. Aygül et Suzanne idéalisent cette figure paternelle inaccessible. Elles l'attendent et recherchent en permanence sa présence. Elles sont incapables de faire le deuil d'une relation qu'elles voudraient fusionnelles et elles se sentent abandonnées. Cette blessure les façonne et les rapproche...

C'est donc avec plaisir que j'ai lu ce roman particulier, comme une petite bulle dans cette rentrée littéraire...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
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Un joli roman qui emprunte au conte oriental et tente de tisser un lien entre deux femmes ayant vécu à des époques et en des lieux différents, par l'intermédiaire d'une oeuvre d'art. En l'occurrence des dessins, réalisés à la fin du 15ème siècle par l'un des artistes de la cour du sultan d'un empire d'Asie centrale et baptisé "le calame noir", dans lesquels il exprime une belle singularité.
Lorsque Suzanne visite l'exposition à Londres, elle est happée par ces dessins et la voix de la fille du calame noir qui semble lui conter leur histoire. Une histoire qui fait étrangement écho à la sienne.
Pour le lecteur, c'est l'occasion d'un voyage assez envoûtant (même si l'on se perd parfois dans la complexité des tribus, des ethnies et des subtilités politiques de l'époque) à la découverte d'un peuple nomade et de la condition précaire des artistes de l'époque, inféodés et quasiment prisonniers de la volonté du sultan. La relation entre la jeune Aygül et son père, faite d'admiration et de tendresse semble traverser les âges pour atteindre Suzanne et tenter de lui offrir l'apaisement qu'elle recherche.
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Je tiens tout d'abord à remercier Masse Critique – Babelio et les Editions Robert Laffont de m'avoir permis de découvrir ce livre. J' ai apprécié tout particulièrement l'originalité de l'histoire ainsi que la poésie de l écriture.

Dans la tradition orientale, il y a souvent ce que l'on appelle des « contes à tiroirs » : vous écoutez une histoire et à l'intérieur de celle-ci vous en découvrez une autre.

Ce roman est construit de façon similaire : en suivant Suzanne dans sa déambulation à la Royal Academy de Londres, nous découvrons à travers les yeux de sa fille la vie d'un peintre du XVème siècle.

Il s'agit de Siyah Qalam, surnommé » le calame noir ». Issu d'une lignée prestigieuse de scribes, dessinateurs, il fut intégré très jeune au sein de l'Atelier des Miniatures du palais de la ville de Tabriz alors prospère car c'était une étape sur la route de la soie.

Apprécié de son sultan, le calame noir jouissait d'une position un peu particulière : il avait le droit de s'adonner à sa passion : peindre les nomades des steppes. Il était autorisé chaque année à passer plusieurs mois du printemps à l'été dans un camp de nomades.

L'année de ses treize ans, sa fille le supplia de la laisser l'accompagner : » Cette traversée fut un rite de passage entre enfance et adolescence, je laissais mon monde imaginaire et assumais la réalité. La seule présence de mon père suffisait à consolider mon existence. »

C'est pendant cette période que la jeune fille va découvrir la personnalité de son père, bien loin du monde d'hypocrisie et d'intrigues du palais.

» Ici, il n'y a pas grand-chose à voir, ce qui, dit-il, favorise la méditation. Mon père m'explique que le foisonnement n'est pas dans l'excès mais dans la simplicité. Son jardin à lui, c'est cette terre si pauvre. Elle est son lieu d'intimité, d'ascension et d'envol, elle abolit toutes limites, celles du temps et de l'espace. Ici se trouve le centre du monde. »

A leur retour au palais, tout aura changé : le sultan est mort, son fils âgé de 9 ans va lui succéder. Les querelles, les intrigues pour le pouvoir, les meurtres vont se succéder, le chaos va s'installer et le calame noir ne jouira plus ni de respect ni de notoriété.

Sa fille, Aygül, aura bien du mal à survivre à son chagrin après le décès de son père. Ce qui la lie à Suzanne qui, sa vie durant, a souffert d'un cruel manque de repères paternels.

« Seul un père donne une valeur. Toutes ses tentatives sont demeurées infructueuses, tous ses efforts vains : on n'est pas une femme sans la reconnaissance d'un père. Il faut sans cesse réparer les manques, raccommoder cette lourde lacune de la vie. Aimer éperdument donne l'illusion d'une guérison, mais les filles sans père aiment mal car elles aiment trop et imposent parfois à l'être aimé une exigence sans cesse renouvelée d'amour parfait, d'amour idéal, d'amour inconditionnel. »

Les oeuvres de Siyah Qalam ont été sauvées par le sultan ottoman Selim le Terrible qui les a ramenées à Constantinople où elles ont été installées dans le somptueux palais de Topkapi.

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Le lecteur suit Suzanne qui visite une exposition sur l'art turc, au coeur de la Royal Academy de Londres (une exposition qui a réellement eu lieu en 2005). Alors qu'elle déambule dans une des salles, au milieu des oeuvres de l'énigmatique Siyah Qalam, un peintre du XVe siècle, dont la vie est entourée de mystères et dont l'oeuvre ne cesse d'interroger tant elle diffère des diktats de l'époque, elle ressent une forte impression et entend une voix...c'est la voix d'Aygül, la fille du peintre.

Suzanne qui cherche à trouver un sens à sa vie depuis qu'elle a perdu son père, décide de se laisser porter par le récit d'Aygül pour découvrir qui était réellement Siyah Qalam, ce peintre mal aimé et incompris, qui vouait une véritable fascination aux nomades de la steppe...On le surnommait, le calame noir.
Le lecteur découvre la vie imaginée du peintre et de sa fille dans la dynastie des Moutons Blancs. le père appartient à l'Atelier des peintres miniaturistes du palais de la ville de Tabriz, une ville riche située sur la Route de la Soie.
Chaque printemps, le sultan l'autorise à se rendre durant quelques mois dans le campement d'été des nomades des steppes d'Asie Centrale.
Il est le seul à savoir particulièrement bien les représenter de manière très réaliste et vivante et ces représentations plaisent au souverain.
Alors qu'Aygül a 13 ans, son père accepte de l'emmener avec lui dans la steppe, sa mère était elle-même une nomade, après tout. Il parle peu et celle-ci va le découvrir sous un autre jour, à travers ses dessins dans lesquels il exprime toute sa créativité.
Là-bas, elle va découvrir une autre vie, loin des mesquineries du palais et quitter à jamais son enfance.
Le lecteur découvre plus en détails la vie quotidienne de ces nomades, leurs fêtes et cérémonies traditionnelles et en même temps, il entre dans les pensées de ce peintre au style si éloigné des clichés de l'époque.
Mais à la fin de l'été, il leur faut rentrer à Tabriz... Ils découvrent que tout a changé durant leur absence ! le sultan est mort et son fils, son successeur qui n'a que 9 ans, sera très vite lui-même remplacé.
L'art est relégué au second plan : magouilles et luttes de pouvoir seront à présent les seuls objectifs du sultan...

J'ai aimé découvrir cette histoire qui se lit comme un conte.
J'ai aimé lire la vie de ce peintre qui était totalement inconnu pour moi et d'apprendre que quelques-unes de ces oeuvres ont pu être sauvées de l'usure du temps, et conservées au musée de Topkapi, grâce à Selim le Terrible. Elles font toujours aujourd'hui, l'objet d'études approfondies par les historiens d'art islamique.
La passion de l'auteur pour les mondes anciens est palpable et son univers très particulier, empreint de poésie, nous permet d'entrer facilement dans la vie de ses personnages.
L'intervention de Suzanne dans l'histoire qui apparaît presque marginale, devient en fait au fil du récit, essentielle...
Tout d'abord elle permet de faire le lien entre les deux jeunes femmes qui sont toutes deux, à la recherche de leur père disparu, incapable de vivre seules, sans cette relation fusionnelle qu'elles partageaient avec lui. Ensuite, la relation particulièrement pleine de tendresse et de compréhension mutuelle, qu'Aygül entretient avec son père, va aider Suzanne a accepter de vivre enfin, sans le sien.
C'est un pur plaisir que de lire ces passages où, tantôt l'une tantôt l'autre, nous parle de leur père...

Ce récit est donc à la fois un hommage au père mais aussi une plongée dans l'histoire des peuples et des souverains et dans l'histoire de l'art au XVe en Asie Centrale.
Au coeur du livre, quatre pages montrent quelques-unes des oeuvres du peintre.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mon père avait atteint l'extrémité droite de son long rouleau, les personnages démoniaques y dansaient comme ils l'avaient fait sous nos yeux. Leurs corps abominables paraissaient tournoyer encore sur la surface lisse du papier lustré… Cette soirée m'avait changée à jamais.
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Je roule ses dessins, les retire de leur vue et les range pour écourter leurs bavardages acerbes. Je les maudits en silence, exècre leur mépris. Je plains leur ignorance, leur inexpérience et leur imbécillité. Ils n’accéderont jamais à la beauté et resteront asservis à l'illusion d'une perfection et d'une excellence.
Mon père cherche un point central et non le meilleur point de vue, fuit les univers divinement ordonnés. Il cherche la ligne pure sans sophistication, il cherche une présence.
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Un père nous ouvre le monde, construit votre être loin des peurs archaïques et vous donne de l'amour pour toute votre vie...
Seul un père donne une valeur...on naît pas femme sans la reconnaissance d'un père. Il faut sans cesse réparer les manques, raccommoder cette lourde lacune de la vie...
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Je n'étais pas en mesure d'exister sans mon père, ma propre identité reposant sur la sienne. Je n'étais plus personne, imaginais sans cesse les instants privilégiés qu'il vivait loin de ma présence. Mon père était inaccessible, introverti et absent mais il était ma raison d'être...
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