Les premières pages du tome 1 expliquent assez bien le fonctionnement du tournoi et de l'univers avec pour preuve un retour en arrière sur l'affrontement de la reine actuelle, Diana Yuga, quand elle n'était qu'une guerrière (planète Gamaïra) il y a plus de 15 ans. On constate vite qu'aucune règle ne vient limiter les combats et que tous les coups sont permis. Quand “naît” enfin Kalki, le clone féminin de Kris, nous sommes agréablement surpris par son innocence (attention elle n'est pas naïve). En effet, ne possédant pas cette folie de la curiosité, le lecteur s'attache très vite à elle. On est même tentée par son idée de vouloir supprimer le roi après son couronnement. Pourquoi ? Réponse dans le tome 2.
C'est dans ce second opus que l'on se dit qu'il est difficile de ne pas lire entre les lignes du scénario d'ETÔ puisque celui-ci offre une critique de la société depuis sa création à nos jours. Nous avons les hommes ayant le droit d'aller à l'université alors que les femmes elles ne sont là que pour se battre et procréer afin d'assurer la lignée. Un programme assez injuste qui nous parle, non ? Pour cela, le mangaka a pris soin d'imposer des personnages féminins forts et déterminés. Si beaucoup des guerrières ne possèdent aucun scrupule à dégommer les autres concurrentes, certaines feront preuve de coeur. On peut citer la douce et très attachante Popola Daca de la planète Jana, maladroite et considérée comme le personnage le plus faible de cette histoire. Pourtant sous son air craintif se cache une redoutable envie de changer le système et mettre fin à l'esclavage qui sévit sur les planètes classées sous la catégorie “habitants dont la force psychique et l'intelligence sont inférieures”. Ici, référence directe à l'esclavagisme et la traite d'êtres humains. Mais ce n'est pas tout puisque le manga parle aussi du sexisme, de la lutte des classes sociales, des inégalités entre les Hommes, de la différence pointée du doigt comme une faiblesse, et une grande critique de ce que l'on appelle les privilèges de la classe supérieure…. ceux qui sont nés avec une cuillère d'argent dans la bouche (pour ne pas dire ailleurs).
Le style graphique de Yoshiyuki MIWA accompagne très bien l'univers cosmique de l'histoire. En regardant les planches je n'ai pu m'empêcher d'y trouver l'influence du trait de mangaka comme
Leiji MATSUMOTO (Capitaine Albator),
Kouiti SHIMABOSHI (Capitaine Albator – Dimension Voyage) et Kondo KAZUMA (Deadmand Wonderland, Smokin' Parade). le charadesign est riche et varié ce qui permet de ne confondre personne. Les détails apportés aux yeux, à la forme des visages, aux bouches, etc. Concrètement, l'artiste a veillé à mettre en avant les différentes populations décrites avec leurs qualités et défauts, pour au final former des personnages attachants et uniques (même Kris à sa façon). Les scènes de combat sont intenses visuellement et on sent bien l'énergie déployé par chaque protagoniste. L'édition de KANA est de qualité et classique, avec une traduction assurée par Rodolphe Gicquel (Log Horizon la Brigade du Vent de l'Ouest, Batman and the
Justice League) sans défaut.
En conclusion, les deux premiers tomes de Last Pretender construisent doucement cet univers intergalactique où la lutte sociétale s'installe afin de renverser le pouvoir politique instauré par une lignée au sang royal. Un scénario teinté d'humour et de sérieux, avec des sujets forts et (malheureusement encore) actuels à notre époque. Des personnages très intéressants où la femme s'émancipe du pouvoir dicté par l'homme. Une sensation de liberté et de dynamisme fondée par un savant mélange intégrant pleinement l'action et les valeurs d'un shonen très plaisant à lire !
Lien :
https://lireenbulles.wordpre..