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« Sujet de plainte »

La nouvelle met en scène, avec un style très juste et très maîtrisé, une lycéenne indo-américaine, Prakrti, qui pour échapper à un mariage forcé, va séduire Matthew, venu faire une conférence sur les ondes gravitationnelles dans la petite université de sa ville du Delaware.
Jeffrey Eugenides n'enfonce pas ses personnages plus que nécessaire, la narration est très détachée. Reste que Matthew et Prakrti ne sont pas très sympathiques, ni attachants.
C'est très bien fait, très dans la mesure, sans débordement. Mais j'ai trouvé ça un peu froid, il y a un gros contraste entre la narration très sage et les personnages qui ne le sont pas, comme une mise à distance des émotions que j'ai moyennement appréciée. Je crois qu'en ce moment j'ai besoin d'écritures moins froidement réalistes, qui ne craignent pas les tourbillons, le bazar des sentiments, qui préfèrent aux routes bien droites et bien comme il faut de la raison les chemins un peu tortueux et troubles de l'affectif. J'ai besoin d'écritures plus chaleureuses, ou plus surprenantes.
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Jeffrey Eugenides est un auteur si bon et si rare (seulement trois romans à son actif en vingt cinq ans) que quand un nouveau livre de lui sort, je me jette dessus, même si c'est un recueil de nouvelles.
Surtout si c'est un recueil de nouvelles d'ailleurs, car c'est l'assurance de déguster en concentré le nectar de son talent! A défaut d'être toutes parfaites, ces quelques dix nouvelles portent toutes sa patte si singulière faite d'un cocktail de justesse, d'acuité de regard et d'humour, avec une capacité étonnante à créer en quelques mots une réalité fictionnelle plus vraie que nature.
Outre une nouvelle sur le thème de l'hermaphrodisme annonciatrice de son formidable roman Middlesex, on marche à tous les coups en découvrant ces tranches de vie de gueules cassées de la vie : femme approchant la mort, mari rejeté pour son irresponsabilité , intello cocu de la financiarisation de la société américaine. J'ai particulièrement aimé ce vieil entrepreneur qui court de manière aussi volontariste que pathétique de mirages de fortune immobilière en échecs minables sous les yeux de son fils qui regarde fondre son patrimoine auquel il ne croit plus.
Mention spéciale aussi pour la mise en scène de quatre personnages qui se retrouvent dans une belle maison d'été et dont les aspirations personnelles se croisent sans jamais se rencontrer.
Excellente idée que ce recueil en fait pour découvrir cet auteur tout à fait singulier dans les lettres américaines!
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Quand la vie vous refuse le destin auquel vous avez droit, vous avez bien des raisons de vous plaindre non ?

Ce recueil de nouvelles explore la vie de personnes qui ont tout fait comme il faut, et qui se retrouve pourtant dans une situation terriblement décevante : un mariage d'amour qui finit sur un triste divorce réglé à coups d'avocats ; un grand musicologue endetté jusqu'au cou pour jouer, entre son travail et ses enfants, vingt minutes par soir de son instrument favori ; un éditeur ambitieux qui côtoie le cercle des très riches sans jamais avoir réussi à y entrer malgré des années de sacrifice ; des brillantes études menacées par un mariage arrangé ; etc.

On suit donc ces individus dans leur dernière tentative, un chant du cygne un peu pathétique, pour atteindre la vie qu'ils pensent mériter. Mais il n'y a que dans les films que l'on redresse son avenir à la force du poignet. Dans la vraie vie, c'est la force d'inertie qui gagne, et l'indifférence ou l'incompréhension des autres vient enterrer les derniers espoirs. Même les apparentes victoires laissent une profonde amertume.

Un recueil pas très joyeux donc, vous l'aurez compris. Malgré tout, l'auteur parvient à nous immerger totalement dans ces vies bancales, en quelques lignes à peine. L'espace d'un instant, on ne fait qu'un avec le protagoniste de l'histoire.

Mention spéciale à la nouvelle « Des jardins capricieux » dans laquelle quatre personnes, croyant deviner les intentions cachées de l'objet de leur attention, se ruinent mutuellement leur soirée dans un gigantesque quiproquo.
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On est attiré pour de multiples par un livre. Moi, c'est le nom de l'auteur qui m'interpelait ici . On y ajoute une critique lu ici et je franchis le pas. Avec bonheur.
L'auteur nous offre une dizaine de textes , écrits sur une vingtaine d'années.

Le point commun ? Les personnages sont communs , croqués dans leurs travers quotidiens. Cela pourrait être nous, un membre de notre famille, un voisin. On finit par se reconnaître dans l'une de ses nouvelles (en espérant pour vous que ce ne soit pas dans celle de la dysenterie carabinée en Thaïlande !).
En vrac , une octogénaire livrée à une maison de retraite, une quadra courant après la maternité,des couples surendettés, des investisseurs mal avisés, des professeurs d'université croisant la tentation sur la route des conférences, des célibataires épanouis après leur divorce et d'autres au bord du suicide...
Le style ? Corrosif, sarcastique , plein d'ironie mais très "écrivains de la cote est " . Mélange de Russo, Dee, Frantzen .
Plein de raison de se plonger dans "Des raisons de se plaindre ". S'y retrouver (même s'il ne vaut mieux pas , mais bon tout le monde a au moins rencontré des poils suspects dans sa baignoire ....), plonger rapidement dans une histoire du quotidien, s'enthousiasmer du style de l'auteur .
N'hésitez pas !
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DES RAISONS DE SE PLAINDRE de JEFFREY EUGENIDES
10 nouvelles par l'auteur de Virgin Suicides et Middlesex
Cathy rend visite à Della, 88 ans, dans une maison de retraite, elles se sont connues aux Weight Watchers. La tête de Della est comme un puzzle, elles se souviennent de leurs maris, divorces, Della chute dans un magasin, hôpital et à la sortie, elles louent une voiture et quittent tout…
En Inde Mitchell voyage avec Larry, il a la diarrhée, ne veut pas prendre de médocs, il jeûne, il veut affamer les amibes…
Tomasina, la quarantaine, veut désespérément un enfant, avec sa copine Diane elle va mettre en place une stratégie pour récupérer du sperme de ses meilleurs copains…
Rodney joue du clavicorde, sa femme fabrique des souris en peluche, les factures s‘entassent, ils ont des jumelles à élever, Rebecca en a marre des souris, demain c'est la saisie ou rendre le clavicorde…
Son père est dans l'immobilier, il a toujours des projets plus ou moins profitables. Sa mère a des visions de leur futur qui ne l'ont jamais trompé et là, ce qu'elle entrevoit est inquiétant…
Pour avoir couché avoir Cheyenne la baby-sitter, sa femme a obtenu une mesure d'éloignement de 45 mètres de la maison, il est dans le jardin à regarder ses enfants, il pense que c'est 15 mètres la distance de sa condamnation…
Il fût il y a trois ans le grand spécialiste de l'intersexualité humaine avec son célèbre essai « la Vulve Oraculaire » jusqu'à ce que Pappas invalide sa théorie avec une étude faite au Guatemala, il a fui en Irian Jaya chez les Dawats pour prendre sa revanche…
Kendall est l'éditeur de Jimmy dont Piasecki est le comptable. Ce dernier propose un plan à Kendall pour prélever de l'argent sur les comptes du richissime Jimmy…
Il est prof de physique, donne des conférences, un jour il se fait harceler par une belle jeune fille d'origine indienne que sa mère veut marier à l'ancienne. Il résiste mais la chair est faible…
Dans toutes ces nouvelles, globalement très bonnes, il y a effectivement de quoi se plaindre, de ses malheurs, de l'injustice supposer de la vie, de la difficulté à survivre. C'est très drôle et particulièrement bien vu.
EUGENIDES est définitivement pour moi un des grands écrivains contemporains américains. Un vrai plaisir de lecture.
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Avec ces nouvelles, Jeffrey Eugenides nous offre une galerie de portraits doux-amers d'Américains qui connaissent un moment de basculement, plus ou moins décisif, dans leur existence. Ces portraits ont le mérite de nous présenter des personnages profondément humains, tant dans leurs qualités que dans leurs défauts, sans fioritures d'aucune sorte.

Il nous dresse ainsi le portrait d'une Amérique dans toute sa variété et complexité, en complète mutation, au même titre que ceux qui la représentent, peu importe leur âge, leur genre, leurs loisirs... Portrait non dénué d'une pointe de dérision, qui rend finalement encore davantage touchants ces personnages, qu'ils soient appréciables ou détestables.

Une découverte très intéressante, qui me fera revenir bien volontiers vers cet auteur qui a le sens du réalisme et de la simplicité, sans pour autant en oublier de faire preuve de la petite pointe d'ironie qui fait mouche pour mieux nous conter son pays.
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D'une écriture juste et plaisante, Jeffrey Eugenides nous offre quelques tranches de vies où les hommes ne sont guère à leur avantage. C'est cynique et réjouissant !
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Le grand romancier Jeffrey Eugenides est de retour avec un très bon recueil de nouvelles : Des raisons de se plaindre !

Il est très difficile qu'un recueil de nouvelles soit absolument parfait, il y a toujours des nouvelles plus passionnantes que d'autres. Ici même si l'ensemble n'est pas parfaitement homogène, j'ai pris grand plaisir à retrouver la plume de ce talentueux écrivain.

Jeffrey Eugenides est un véritable peintre de son époque, des tourments de chacun, il met en lumière de nombreuses thématiques, des thèmes importants qu'on ne lit/voit pas partout. le talent de l'auteur repose sur sa faculté à s'imprégner des personnages, à s'imprégner des sujets abordés et de tout retranscrire avec brio et sincérité.

Chaque personnage de ces nouvelles a une faille voire plusieurs, a des défauts, a un aspect brisé ou un côté sombre. Aucun n'est manichéen, ils sont tous profondément humains. Jeffrey Eugenides confirme son immense talent et démontre qu'il peut tout écrire, il sait retranscrire la substantifique moelle d'une intrigue au travers d'une nouvelle.

En définitive, un très bon recueil de nouvelles, certaines histoires résonneront plus pour certains lecteurs que pour d'autres mais quoiqu'il en soit ce recueil est de grande qualité !
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Le livre commence tout d'abord par « Les râleuses », une nouvelle très belle et sensible, qui donne une belle image de l'amitié féminine et de la vieillesse, et où la littérature joue un joli rôle… Dans les autres nouvelles, « Par avion », « Musique ancienne », « La vulve oraculaire » ou « Multipropriété », pour n'en citer que quelques-unes, les personnages principaux sont plutôt des hommes, et pas toujours au meilleur de leur forme. Malades, ruinés ou récemment séparés, ils jettent un regard désenchanté sur leur vie, tentent d'en recoller les morceaux, ou essayent de redresser la tête sans voir qu'ils vont tomber de mal en pis. Souvent originaux, les thèmes évoqués conviennent bien à un format court, et le regard doux-amer de l'auteur fait merveille. Quel talent d'observation, quel art des dialogues où l'incompréhension domine !

L'auteur manipule avec dextérité les thèmes des relations familiales, du travail, du sexe, de l'argent, de l'attachement à un lieu, une maison, une ville. Après, comme bien souvent avec les nouvelles, le lecteur se retrouve plus dans l'une que dans l'autre, d'autant qu'ont été regroupées dans ce recueil dix nouvelles parues sur une vingtaine d'années, et qu'on sent qu'elles sont, dans une certaine mesure, inspirées par l'actualité de l'époque. Il est donc difficile de les apprécier toutes de la même manière, mais elles sont de bonne facture, pas trop brèves, l'auteur prend le temps d'installer personnages et situations, et elles sont tout à fait représentatives d'une vision ironique mais compatissante de l'individu dans la société américaine.
Je conseille ce livre aux amoureux de la littérature américaine, aux amateurs de nouvelles, aux curieux !



Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Jeffrey Eugenides, né dans une famille aisée mêlant origines grecques et irlandaises en 1960 à Détroit dans le Michigan, est un romancier américain. Il a obtenu une licence à l'Université Brown en 1983, et un master d'écriture créative à l'université Stanford. Après avoir vécu à Berlin de 1999 à 2004, il s'installe à Princeton dans le New Jersey. Jeffrey Eugenides est l'auteur de trois romans (dont son premier, Virgin Suicide en 1993 doit sa renommée à l'adaptation au cinéma par Sofia Coppola en 1999) et de nombreuses nouvelles. Des raisons de se plaindre, un recueil de dix nouvelles, est son dernier ouvrage, paru à l'automne.
J'irai droit au but, je n'ai pas grand-chose à dire de ce bouquin, sauf – mais c'est l'essentiel – que toutes ces nouvelles sont excellentes ! Ayant abattu toutes mes cartes, je ne sais plus trop comment développer mon propos.
« La gent masculine, voilà le sujet des nouvelles qui composent Des raisons de se plaindre » annonce la quatrième de couverture, sauf que manque de pot, le premier texte Les Râleuses, met en scène deux femmes ! C'est l'une des meilleures nouvelles du recueil, Della une octogénaire lentement grignotée par Alzheimer et son amie Cathy, dix ou quinze ans plus jeune, lancées dans une grande évasion…
Difficile, pour moi en tout cas, de trouver un fil rouge reliant tous ces textes. Disons qu'ils permettent à l'écrivain de décrire les rapports humains sous des angles très variés, ce qui fait la force de cet ouvrage. Par exemple, parmi les meilleures nouvelles, Mauvaise poire, où une femme célibataire atteignant la quarantaine veut désespérément un enfant et pour ce faire, cherche à recueillir le sperme de trois hommes triés sur le volet pour confectionner un élixir idéal ! Dans Fondements nouveaux, deux employés d'un vieil éditeur tentent d'arnaquer l'entreprise pour compenser leur maigre salaire, tandis que dans Sujet de plainte, un conférencier en cosmologie se fait sexuellement piéger par une (très) jeune étudiante d'origine Indienne pour empêcher le mariage forcé envisagé par ses parents.
A la réflexion, il y a pourtant un fil rouge. Il est très mince et très rarement au coeur véritable des intrigues mais néanmoins toujours présent : c'est le corps ! Tous ces textes de près ou de loin, font référence au corps, soit qu'il vieillisse et c'est très présent dans Les Râleuses, par contre ce n'est qu'un détail sans intérêt (prise de viagra) dans Fondements nouveaux ; à moins qu'il ne s'agisse de l'os du doigt de Saint-Augustin dans Des Jardins capricieux ou de la diarrhée dans Par avion… etc.
J'en termine, dix textes parfaits, écrits très simplement souvent avec une ironie tendre, chacun nous ouvrant un autre paysage de lecture, comme dix minuscules romans compilés dans un seul livre.
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