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Dominique Fabre (Autre)
EAN : 9782213717463
300 pages
Fayard (06/01/2021)
3.56/5   8 notes
Résumé :
Un homme mûr revient dans la banlieue de son enfance et de son adolescence, revoir un ami malade et enfermé chez lui. Dès le train, plus confortable qu’autrefois, il se met sans le vouloir à faire le compte de ce qui a changé et de ce qui ne changera jamais. Les wagons sont neufs, mais les rails sur lesquels ils roulent suivent toujours le même trajet.
S’agit-il de renouer les fils d’une histoire ancienne ? Peut-être. Il s’agit de se souvenir, d’exprimer ce q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La petite musique de Dominique Fabre est toujours là…
Le lieu : la banlieue parisienne, notamment Bécon les Bruyères dont il est originaire
Ses thèmes : la nostalgie des lieux, le souvenir des êtres aimés, l'amitié…
Tous ses livres tournent autour de ces éléments, cela pourrait être répétitif mais si on y est sensible, c'est un rendez-vous agréable.
Ici il retrouve un ami d'enfance après trente ans de silence.
Que reste-t-il des amitiés de jeunesse, comment se retrouver sans jouer « les anciens combattants » ?
Les va-et-vient spatiaux et temporels (parfois on s'y perd…) nous font ressentir peu à peu les profondes émotions du narrateur, et c'est tout le charme de ce joli livre mélancolique.
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Dominique Fabre a écrit le texte d'une magnifique chanson de Dominique A intitulée le temps qui passe sans moi.
la chanson commence par : je ne sais plus où donner du regard.
j'ai pensé à cela en lisant Aujourd'hui. le narrateur multiplie les angles de vue des quartiers familiers et nous introduit les retrouvailles avec ses amis dans un va et vient qui illustre la richesse du moment présent et la permanence des souvenirs. Une touche de “cubisme” dans une écriture toujours aussi sensible autour de l'enfance et de l'amitié.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ils avaient bouché le tunnel sous les voies. Il n’y avait plus cette odeur de pissotière ni la céramique blanche qui fait toujours penser aux salles de bains des années soixante-dix dans les maisons construites par des maçons portugais ou italiens. Désormais, on peut passer de Courbevoie à Asnières, ou d’Asnières à Courbevoie, par un pont de fer avec des escaliers. Il y a des ascenseurs de chaque côté. Peu de personnes hésitent pour se rendre d’un côté ou de l’autre. Comme toujours, les gens de Courbevoie semblent les plus nombreux à emprunter cette sortie. Quand il fait assez beau, les jeunes gens occupent les chaises du café Les Terrasses à côté de la boutique de fleurs. On bavarde, on ne fait plus attention aux trains. Il y a encore trois cafés à la sortie côté Asnières, mais ils sont plutôt moins encombrés. Un jour, en haussant les épaules, un voyageur se dira que bon, ceci va changer aussi. Il faisait beau. D’avoir habité pas mal d’années à Bécon-les-Bruyères change une vie, quand on la regarde à l’envers. On ne retourne pas dans cette ville volontiers. Tel Asniérois de circonstance vous dira garder à peine un souvenir des cinq ou dix années passées là-bas… Un autre, ou plus encore un Béconnais, se croira reconnaissable et reconnu partout, en vacances à Saint-Brieuc, ou qu’on le croise loin de la banlieue de Paris… J’en ai rencontré un à Echo Park, à LA, une autre dans une montagne de Suisse, à l’heure du pique-nique, au milieu d’une randonnée. Sur la voie B, le ciel, plus bleu qu’à l’ordinaire, m’a fait penser aux lunettes polarisantes que les filles mettaient sur le bout du nez, assises près de la boutique de fleurs, devant leur Perrier, leur demi ou leur café verre d’eau. Quelques nuages blancs sortis du compartiment à nuages d’un très grand réfrigérateur, bien au-dessus de nous, là où on ne peut jamais imaginer le moindre réchauffement planétaire.
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Il n’habitait pas loin, avant. Quand nous étions adolescents, ses parents louaient un appartement à Wagram, dans le 17e arrondissement, derrière la porte de Champerret. Il y avait passé son enfance et ses premières années d’étudiant. Je me rappelle les moulures au plafond. Il y avait une porte cochère, une concierge, des tapis dans la cage d’escalier. Il avait quitté cet endroit à la vingtaine pour s’installer à Asnières, ou plutôt dans cette partie de Bécon-les-Bruyères rattachée à Asnières puisque, pour ainsi dire, Bécon n’existe pas. Sa rue donnait presque sur la gare, une petite rue à sens unique, les voitures garées d’un seul côté, presque toutes noires, blanches ou grises. Avant, un hôtel au mois tenu par des Tamouls accueillait des gens, bien à l’abri dans le calme profond des journées d’ici. Ils ne se racontaient pas leurs histoires horribles, ils n’avaient pas fait la queue des heures dans des aéroports, ils n’avaient pas passé des jours en garde à vue dans les commissariats. Ils n’avaient pas soulevé des montagnes pour arriver jusqu’à leur chambre au mois dans cet hôtel. Ils ne racontaient rien de leur vie.
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Il a fait très beau en avril. C’était une de ces années de plus en plus fréquentes où l’on soupçonne qu’un jour Paris sera planté dans une sorte de désert. Un jour sans travail, j’ai cherché dans les annuaires et sur le net les noms et adresses de celles et ceux qui faisaient partie de la bande, de près ou de loin. De plus en plus de loin. J’ai été troublé de les revoir dans les listes. Personne n’a changé de nom ou de prénom. J’ai cherché Hélène sur LinkedIn ; il n’était pas dans la liste de ses relations. Odile aussi, je l’ai retrouvée. J’ai eu envie de savoir pour eux, que leur histoire n’était pas seulement du passé, si elle se rappelait sa visite aussi… C’était idiot, mais je me moquais bien de ça ; est-ce qu’il disait encore à qui voulait l’entendre qu’il avait raté sa vie ? J’avais envie de prendre de ses nouvelles, à chaque fois que j’ai eu en tête sa phrase, son air persuadé en disant ça. Odile Ribeiro, dans le 15e. J’ai hésité un jour ou deux. J’aurai passé sans doute beaucoup trop de temps dans ma vie à enquêter sur rien, ni crime, ni larcin, ni mystère ou vie cachée, seulement pour ne pas se perdre, essayer de raconter pour nous tous, car nous avons eu de belles vies et je ne veux pas que nous puissions l’oublier, ou se dire que non. C’est pareil.
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J’ai longé le bâtiment en face du nôtre pour voir si je pouvais escalader quelque part. Rien à faire. Je suis arrivé du côté des voies ferrées. La plupart des trains arrivent d’Asnières au ralenti. Dans l’avenue de la Lauzière, les banlieusards juste descendus à la gare remontaient. C’était vraiment devenu une ville de Blancs par ici. Un jeune type avec des écouteurs, en jean rouge, tennis à la mode et veste jaune fluo, arrivait à l’entrée de la grille, c’était maintenant ou jamais. Il m’a regardé tout de suite d’un drôle d’air quand je me suis mis derrière lui.
– Vous habitez ici ? J’aurais dû me méfier, mais bon…
– Non, mais j’y ai habité longtemps.
– Ouais.
Il a hoché la tête en me regardant curieusement.
– Vous pouvez pas entrer. On ne laisse pas entrer les étrangers dans la voie privée.
– Oh, vrai ?
Il avait une nette envie de m’emmerder, je me suis dit.
– Je vais juste faire un tour, regarder, c’est tout…
– Oui mais non. Pas possible.
J’ai mis vingt-trois secondes à deviner sa profession. Il avait une tête de flic. Désolé pour eux, mais c’est un fait. Il portait des habits de flic en RTT. D’ailleurs, rentré chez lui, il a dû faire dix pompes et nettoyer la culasse de son pistolet à plomb, regarder si son nouveau profil sur Meetic marchait mieux que le précédent. Punaise ! M’interdire d’entrer dans l’ILM d’Asnières ! Je suis tombé bien bas ! Quand il a franchi la grille, j’ai juste eu le temps de mettre un vieux Kleenex à hauteur de la serrure. Je suis entré un peu après, quand j’ai été sûr qu’il n’aurait pas idée de me chercher des noises. Un quinquagénaire abattu par un policier en civil, enfin une raison de lire ses livres. Deux balles dans la poitrine pour cet ancien résident du square Gay-Lussac, revenu pacifiquement pour voir s’il y était toujours, sauf que non. Le coupable, bien noté par ses supérieurs, invoque la légitime défense. Une enquête est en cours…
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Videos de Dominique Fabre (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Fabre
Avec des décennies de recul, un homme revient sur les traces de son enfance et de son adolescence, dans la salle des pas perdus de la gare Saint-Lazare, les rues populeuses alentour, les cafés où les banlieusards boivent debout au comptoir avant d'attraper leur train.
Dans "Gare Saint-Lazare" (Fayard), Dominique Fabre contemple de son regard d'enfant meurtri les milles vies qu'accueille la gare. Et nous partage son espoir d'une réconciliation avec sa mère.
En savoir plus https://www.hachette.fr/videos/lire-et-ecrire-avec-dominique-fabre
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