Et puis mes mots s’enchaînent, ça va comme ça, comme si une sangle avait lâché, une sangle qui retenait des choses qui ne se disent pas, des turbulences matées. Les mots me tiennent. Ils coulent dans un grand noir que je ne regarde pas, leur sens n’importe pas ! Ce qui importe, c’est leur façon de me toucher, de me faire parler. Je continue à dire des mots. Tout haut. Plus bas. Plus leur tempo est stable, mieux je me sens. Plus il est régulier, plus je suis en sécurité. J’ai l’estomac noué. La peur que mes talons éclatent. (…) C’est bien. C’est ce qu’on a cherché. Que les choses soient hostiles. Des griffures.
Rochelle Fack le soleil est battu éditions P.O.L