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4,35

sur 1498 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Extra-Ordinaire vision de Berlin, des berlinois au quotidien d'une folie dévastatrice pour les rapports humains au sein même des entreprises, des familles, de la justice et la police. En ces temps de confinement, il ne faut pas se plaindre,... le vrai confinement, c'est celui de la pensée.
Après Philip Kerr, Jonathan Littlle, je découvre une autre façon de voir l'Allemagne de cette cruelle période du XXème siècle.
Très bon.
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J'ai dévoré les 760 pages de ce roman sans jamais m'ennuyer. J'ai adoré suivre les personnages en me demandant comment tout cela se finirait.

La fin est douce-amère. Triste puis elle nous fait sourire. A l'image de l'Homme: elle oscille, elle nous montre le meilleur et le pire de l'Homme. Je pense que c'est ce que Hans Fallada a voulu faire passer. Il nous montre que malgré toutes les atrocités dont l'Homme est capable, il peut aussi trouver une rédemption. J'aurais aimé ce livre du début à la fin. Je suis vraiment contente d'avoir découvert ce roman et je pense que je le relirai encore. C'est une très bonne découverte qui restera inoubliable.

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Ce livre est admirable en dépit, seule minuscule critique, d'un tout dernier chapitre un peu trop dans le style "Après la pluie, le beau temps", moment idyllique destiné sans nul doute à alléger le sentiment du lecteur arrivé au terme de sa lecture des 760 pages que comporte l'ouvrage (dans son édition de poche).
Admirable par sa toile de fond, relativement peu illustrée : la vie quotidienne des allemands, plus précisément des Berlinois "de base", dans les toutes premières années de la seconde guerre alors que le pouvoir omniprésent et oppressant d'Hitler s'étalait dans toute son écoeurante ampleur. Incontestable et malheur à qui s'aventurait alors à le contester. Les SS, SA, Gestapo, jeunesses hitlériennes et autres organisations au service du pouvoir dictatorial veillaient au grain.
Le livre présente un aspect fort plaisant de roman policier lorsque Otto Quangel et son épouse Anna, autrefois passifs citoyens "comme il faut" de l'Allemagne nazie, se trouvent précipités de manière quasiment irrésistible dans la situation de résistants au régime à la suite du décès de leur fils unique au front lors des premiers combats de 1940, écrivant cartes postales et lettres critiques du régime et les dispersant ensuite dans des endroits publics de la ville de Berlin, les cartes étant éventuellement ramassées par des citoyens vite épouvantés et pour la plupart diligentement confiées aux mains de la Gestapo. Celle-ci, en la personne de l'Inspecteur Escherich, devra investiguer durant deux longues années avant de démasquer le couple Quangel. Parallèlement c'est la vie de tous les habitants de leur immeuble, s'étalant sur un spectre allant des nazis convaincus à la veuve juive rapidement sacrifiée, en passant par celle de nombreux soumis tâchant de survivre tant bien que mal au sein d'une société totalitaire pour s'arrêter aux Quangel, qui se trouve également balayée au passage.
La vie de ces personnages, même ceux du "bon" côté du pouvoir déshumanisé, et donc impitoyable, en même temps que pathétique (les "petits chefs" bornés et ivrognes), est loin d'être simple ni même supportable et la noirceur des forces qui s'expriment plonge l'ensemble du roman dans une atmosphère particulièrement sombre, le peuple allemand se partageant alors entre les mouchards, largement majoritaires, et leurs victimes.
Mais l'auteur lui-même explique, en préface de son ouvrage, que dépeindre un tableau aux lignes plus joyeuses aurait été mentir et il a vécu l'époque, son récit s'inspirant au demeurant de faits réels.
Il n'empêche que j'ai régulièrement souri au récit des mésaventures des deux "seconds couteaux" de cette histoire, deux petites frappes sans scrupules ni sentiments ayant pour nom Kluge et Barkhausen. Le premier est chanceux et plaît inexplicablement aux femmes, en dépit d'un physique peu avantageux, mais gâche toutes les chances se présentant à lui en raison de sa fainéantise, sa goujaterie et de son addiction au jeu. Le second est appliqué à la tâche et besogneux mais pétri de haîne et victime d'une poisse sans nom. Leur destin sera pourtant tragique.
Les Quangel sont des héros simples et dignes, pas encore tout à fait de ce qui deviendra la classe moyenne d'après-guerre, emportés par un destin qui a en quelque sorte choisi pour eux et dont ils se montreront humblement mais magnifiquement dignes.
Le style est agréable, fluide, palpitant parfois. Vite les pages se tournent alors que monte l'émotion et le sentiment de la profonde actualité d'un récit mettant en scène des citoyens aux prises avec le totalitarisme, qu'ils en soient les acteurs plus ou moins zélés ou les victimes plus ou moins volontaires.
Magnifique.



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Ce roman pour moi est à classer parmi les chefs-d'oeuvre. Otto Quangel est un ouvrier ordinaire à l'aspect rébarbatif. Il aspire au calme et la tranquilité dans son quotidien mais celui çi va être bouleversé par la mort de son fils au front.

A partir de cet événement, Otto se lance dans une propagande anti fasciste de son cru. Au bout de deux années, il se fait prendre. L'auteur a dans la vraie vie fait de la prison et cela se sent dans son roman. J'ai rarement lu une descente aux enfers avec autant de relents d'authenticité. Fallada a vécu l'hitlérisme sans plonger dans le pathos. Quel roman ! J'ai aimé Otto Quangel dès les premières lignes jusqu'aux dernières. J'ai même étiré ma lecture le plus longtemps possible tant je n'avais pas envie de refermer le livre.

Ce roman laisse en nous des échos pendant longtemps.
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Ce n'est pas un ouvrage qui « classiquement » décrit l'horreur et l'ampleur des crimes nazis. Au contraire, nous sommes placés au coeur d'un système fondé sur la délation et la surveillance réciproque. La vie quotidienne à Berlin n'offre absolument aucun espace de liberté. La hiérarchie brutale, inepte, monstrueuse s'impose. Une classe dirigeante, illégitime et bassement cupide (le parti national-socialiste, les SA, les SS, la Gestapo) s'immisce dans tous les faits et gestes du quotidien.
On comprend en 1940, à Berlin, qu'il est extrêmement difficile de lutter même de façon insignifiante. Les actes de résistance de Otto et Anna n'en sont que plus méritoires.
C'est un roman qui interroge grandement sur les fondements des régimes totalitaires.
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Je me posais la question des résistants allemands et on m'a conseillé ce livre écrit en 1946. J'ai la version intégrale, un peu longue mais qui répond bien à ma curiosité. C'est la misère, le deuil, l'absence de liberté de penser, la peur, les tortures, les camps, les exécutions (pendaison ou guillotine).
La délation va bon train, les rumeurs circulent et peu de personnages sont sympathiques.
L'auteur dresse un tableau fidèle de la société allemande de cette époque.
Il est beaucoup question de l'activité illégale d'un couple d'ouvriers berlinois de 40 à 42 les Quangel: leur fils est mort au combat et le père, Otto, invente une action qui peut paraître dérisoire mais dont il espère beaucoup: avec son épouse Anna, il écrit des cartes postales dénonçant l'action du führer et ils vont les déposer dans des endroits stratégiques. Ils ne seront pris qu'après deux ans de cette activité...qui les conduira aux tortures et à la mort.

Mais auparavant, il y a la vieille juive qui finira par se défenestrer; L'ignoble Baldur, le couard Enno, l'infect Barkhausen, amateur de femmes, de courses de chevaux, allergique au travail et alcoolique etc.
On finit par avoir de l'empathie pour les Quangel, j'ai aimé le vieux juge Fromm, le bon pasteur: il n'y a pas que des monstres.
La pauvre Trudel a accumulé les malheurs et n'a connu qu'un peu de vie heureuse avant sa fausse couche...
Un livre très dur, une sorte de documentaire inséré dans un roman aux multiples personnages (trop?).
Pas vraiment seul dans Berlin mais presque. Les autres admirent Hitler ou s'enferment dans leur peur.
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« Là vous ne verrez rien. Tout est en ordre M. Bouillard. Tout est normal. Rien de particulier. On nous avait dit qu'Hitler tiendrait trois mois, six mois au maximum. Il a tenu, tout nettoyé ! Regardez les rues M. Bouillard, nos rues sont les plus propres d'Europe. Plus de musiciens, de syndicalistes, d'avocats, d'opposants. Tout est net. » Ces phrases dites par Anna Hellwig dans « la Passante du Sans-Souci » me sont venues à l'esprit lors de la fin de la lecture de « Seul dans Berlin ». A cet instant où Mme Anna Hellwig dit ces mots à Maurice Bouillard - négociant en champagne français, faisant affaire avec tout le monde - elle doit effectivement se sentir bien seule ; Femme de maître Hellwig, avocat juif berlinois à qui Maurice Bouillard demande à parler, elle lui montre l'urne qu'elle vient de recevoir et dit « Allez-y. Parlez ! Maître Hellwig est là, c'est tout ce qu'il en reste. Allez-y parlez lui ! » Bouillard la prend pour une folle comme il aurait pris pour des fous le couple Quangel. Car faut-il être fou pour se lancer, seuls dans cette distribution dérisoire et pourtant si nécessaire de tracts anti-Hitler.
Dans un Berlin qui sombre inexorablement quelques femmes et quelques hommes décident de résister. Par idéologie politique, religieuse, ou simplement par une conviction profonde qui ne fait appel à aucune idéologie particulière. Hans Fallada avec toujours cette justesse de ton, sans fioritures ni pathos nous raconte cette histoire magnifique et désespérée, par moment teintée d'humour et souvent monstrueuse.
Au lendemain de la guerre, Fallada, sur la demande du poète et écrivain Becher, et après une certaine réticence, écrit « Seul dans Berlin » inspiré de l'histoire du couple Hampel. En fait Becher lui a demandé d'écrire un livre sur la résistance allemande sous le régime nazi. Fallada écrira très vite, peut-être, inconsciemment sent-il la camarde se rapprocher de lui. Il mourra effectivement avant la publication de son livre. Ce qui permettra de l'éditer de façon expurgée pour ne pas heurter « certaines susceptibilités ». Rendons grâce aux éditeurs allemands d'avoir retrouvé du bon sens (même très tardivement) et de l'avoir rééditer en version non censurée.
Comme toujours chez Fallada, il y a la science des dialogues, de l'intrigue, le contexte historique, social et son humanité cabossée qui le rend si proche de ses personnages qu'il peut tous les faire vivre avec une égale authenticité.
En lisant Seul dans Berlin je pensais à un autre livre « Lti, la langue du IIIème Reich » de Victor Klemperer. Ce philologue dans sa description du quotidien et de la « manipulation » de la langue montre le lent processus de nazification de toute une population de la naissance à la mort. Comment résister alors ? Lorsque les mots sont détournés ou qu ils sont interdits ? Lorsque votre vie personnelle est codifiée jusqu'à la naissance de vos enfants pour sublimer et servir le IIIe Reich ? Je ne suis pas là pour parler du livre de Klemperer mais les deux offrent des passerelles de lecture.
Le roman commence en 1940, certains fêtent la victoire de l'Allemagne sur la France, d'autres se taisent, d'autres se cachent, d'autres ont déjà disparus dans tous les sens du terme. Dans une atmosphère ou l'étau de la délation, de l'intimidation, de la suspicion, de la terreur, de la propagande grandit de plus en plus que peut faire ce peuple ? S'épier ? Se dénoncer ? Faire comme si de rien n'était ? Que tout était normal ? Faire comme si le cours de la vie coulait sans chaos ? La vie d'Otto et Anna Quangel se déroulent dans un quotidien morne et gris ; Ils sont ouvriers, ils habitent un quartier populaire de Berlin ; Leur fils unique est à la guerre ; Anna a sa carte du parti comme tant d'autres ; Otto ne l'a pas mais c'est un pingre. Mais quelque chose grippe quelque part, dans un coin de leur cerveau, dans leur inconscient. Mais quoi ? La mort de leur fils au front est le déclencheur d'un processus irréversible : résister à un régime mortifère, ou personne ne semble à l'abri, ou personne ne semble ne pouvoir en réchapper. Otto, personnage peu aimable, avare, solitaire décide soudain d'affirmer son opposition à ce qui ce passe dans son pays. Même sa femme, Anna, au début se moque de lui. Que va-t-il faire, lui ? L'obscur tâcheron avec ses cartes postales ? Pourtant, elle le suit, elle participe. Embarqués tout les deux dans un bateau ivre qui court à sa perte. Ces cartes postales qu'ils disséminent dans Berlin au hasard paraissent tellement insignifiantes. Dessus des phrases simples, courtes mais qui disent toutes qu'Hitler est un imposteur, quelqu'un qui va détruire l'Allemagne, qu'il ne faut pas le laisser faire.
Hans Fallada nous fait participer à l'enquête menée par l'inspecteur Escherich mandaté par la SS pour retrouver ces traitres à la cause. Mais qui sont-ils ? Une organisation politique ? Syndicale ? de dangereux Rouges ? Comment pourrait-on soupçonner ce vieux grincheux et sa femme si terne. Personne en tout cas ne les soupçonne au 55 rue Jablonski. Dans cet immeuble populaire, où résident les Quangel, Hans Fallada nous présente les habitants ; Dans ces appartements il y a ceux qui se terrent, ceux qui continuent leur quotidien « en attendant que ça passe », ceux qui fanfaronnent car ils sont des membres actifs du parti nazi et sûr de monter en grade, ceux certains de leur puissance car il sont dans la SS, ceux qui traficotent, etc.
Hans Fallada nous dépeint une vie de ruelles, d'arrière-cours, de cafés, de petits commerces, d'usine ; Tout un monde populaire brossé d'une lumière dure, crue et parfois impitoyable. Un monde qui a peur : de son voisin, son collègue de travail, son client dans les échoppes et les bistrots, du passant dans la rue, même parfois de ses amis et sa famille. Toutes et tous ont peur de finir à la prison de Moabit, peur du camp de concentration, peur de la prison de Plötzensee. La peur gouverne tout le monde, on la dissimule, on la cherche chez les autres, les mouchards, les dénonciateurs en font commerce, les nazis en font leur force de frappe même si, comme le pense Otto Quangel eux aussi ont peur ; peut-être peur qu'un jour ce monde qu'ils ont forgé les engloutisse ?
Qui a lu « le Buveur » retrouve cette belle plume alerte, efficace dans la dramaturgie, les dialogues, l'art de décrire des scènes amples ou intimistes, le brassage de plusieurs personnages avec une clarté à les faire vivre sans écraser le propos principal. Fallada inscrit parfois, dans une même scène, la tragédie et la bouffonnerie. Jamais dans la réflexion intérieure des protagonistes, dans les voix multiples qui jalonnent cette histoire, dans la marche de chacun vers son destin, jamais Fallada ne perd le fil du coeur central de l'intrigue : la traque des Quangel.
Hans Fallada sans fioritures, sans détours, sans complaisance, de façon franche, brute, presque sèche parfois nous fait entendre un grand cri de désespoir et en même temps un grand cri d'espérance.
Je dois aussi parler d'un aperçu d'une réalité historique qui en 1946 n'a pas encore révélé toute son ampleur et parfois mettra longtemps à le faire. L'Histoire dans la fiction. En petites touches, parfois en quelques phrases, sans les nommer Hans Fallada parle des Einsatzgruppen, de l‘Aktion T4, du Volksgerichtshof.
Les Quangel, couple sans envergure, obstinément, accomplissent ce qu‘ils nomment “leur devoir“. Otto Quangel le dit lui-même, un jour ils seront pris au piège et il sera trop tard. C‘est une chose dont il est sûr. le pire est encore à venir. Mais Otto Quangel, pour peut-être la première fois de sa vie, se sent infiniment libre.

* dialogues de Jacques Kirsner pour La passante du Sans-Souci
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Tout commence dans un immeuble délabré situé au numéro 55 de la rue Jablonski à Berlin dans lequel (sur)vivent des personnages bien différents :

- Au sous-sol, loge le méprisable Barkhausen, un homme sans scrupule et toujours prêt à un mauvais coup pour l'appât du gain ;
- Au premier, se trouve l'ancien Magistrat Herr Fromm, un homme un peu froid mais habité par un idéal de droiture. Ce dernier va s'illustrer par des actes courageux sans que l'on sache réellement s'il agit par compassion pour son prochain ou guidé par les valeurs de sa justice ;
- A l'étage du dessus, résident les Persicke : le stéréotype de la famille aryenne. Tous enrôlés au sein du Parti national-socialiste, ce sont les quatre enfants qui s'avèrent être les plus fervents admirateurs du Führer (deux sont à la SS et les deux autres font parties des jeunesses Hitlériennes). C'est notamment le cas du plus jeune : Baldur, membre respecté de la famille, dont les autres habitants de l'immeuble se méfient comme de la peste ;
- Au troisième, se trouve le logement d'Otto et Anna Quangel, les protagonistes principaux de cette histoire. Lui, est contremaître dans une usine de meubles, taiseux, distant et particulièrement rigoureux. Il ne semble aimer rien ni personne, hormis sa femme à laquelle il réserve de rares paroles et d'encore plus rares signes d'affection. Elle, est membre du Parti, dévouée à son mari et à son fils, Ottochen, envoyé au front. Si, dans un premier temps, leur confiance pour le régime déstabilise le lecteur, on réalise bien vite que leur vote pour Hitler a été motivé par des raisons économiques et non idéologiques. Rapidement, Otto et Anna vont remettre en cause le Parti au pouvoir et s'interroger sur ses aspirations ;
- Au-dessus, Frau Eva Kluge vit seule. Cette factrice a mis son mari, coureur et parieur (Enno), dehors après qu'il lui en ait fait voir des vertes et des pas mûres. C'est toutefois en découvrant les atrocités commises par son fils aîné (son préféré), également membre de la SS, qu'Eva va remettre sa vie en question et chercher à lui (re)donner un sens ;
- Enfin, au dernier étage, se trouve Frau Rosenthal, l'ancienne épicière du quartier. Juive, elle vit recluse dans son petit appartement dans l'attente tragique du retour de son mari, envoyé dans un camp de concentration.
Cette étrange communauté de persécuteurs et de persécutés (représentative de la population allemande de l'époque) est contrainte de cohabiter. Un cocktail qui est prêt à exploser…

Ce sont deux évènements simultanés qui sont servir de détonateurs. D'une part, la spoliation de Frau Rosenthal par ses voisins sans foi, ni loi. D'autre part, la mort d'Ottochen, le fils Quangel.

De là, la machine se met en branle et une série d'évènements va s'enclencher, sans que rien ne puisse plus l'arrêter.

On suit alors la destinée tragique de tous ces personnages de 1940 à 1943, avec un focus particulier sur l'évolution des Quangel, lesquels vont – contre toutes attentes – se lancer dans une forme de résistance. Si, a priori, cette façon de combattre le régime tout puissant peut paraitre assez risible, on en vient à réaliser qu'il n'en faut pas moins de courage pour lutter de l'intérieur contre des ennemis omniprésents. En effet, ce ne sont pas que des membres du Parti, de la SS et de la Gestapo dont il faut se méfier, mais bien de la quasi-totalité des Berlinois, sans cesse tenaillés par la peur et incités à la dénonciation à tout va (d'où le titre français « Seul dans Berlin »).

Ainsi, si l'action des Quangel semble bien peu de chose, il s'agit d'un moyen pour ces derniers de conserver leur intégrité, une forme de résistance patiente et silencieuse de la part de ces « petites gens » qui deviennent, au fur et à mesure de la lecture, des modèles de courage au péril de leur vie et de celle des autres, car c'est l'ensemble des habitants du 55 de la rue Jablonski qui, d'une manière ou d'une autre, va être confronté à ce geste de résistance.

« Seul dans Berlin » est une satire grinçante de l'Allemagne des années 30/40. Ce roman dénonce brillamment la stupidité et l'avidité des membres du Parti national-socialiste, la brutalité de ces hommes et de ces femmes guidés par leurs intérêts personnels, gavés de Schnaps et de jambon bien gras pendant que le reste de la population tremble et travaille sans relâche (à l'image des ouvriers de l'usine dans laquelle oeuvre Otto Quangel qui se tuent à fabriquer… des cercueils).

Dans ce roman qui nous présente un Berlin dégradé et avili, certains passages relèvent du tragi-comique tant les comportements sont ubuesques et les situations sont d'une méchante imbécilité. Rire au coeur de l'effroi, cela est permis aux lecteurs par le biais de quelques personnages de farce.

J'ai apprécié le fait que les Quangel soient présentés avec nuances et non pas comme de grands gentils ou de véritables héros devant l'indicible. Cela facilite l'identification et offre davantage de réalisme à la plongée en immersion du lecteur. C'est justement cette présentation complexe et nuancée qui a fait l'objet d'une censure lors de la parution initiale du livre en 1947 dès lors que les oeuvres autorisées à Berlin-Est (zone soviétique) devaient donner une représentation idéalisée de la lutte du peuple contre le nazisme et le national-socialisme. C'est pourtant loin de cette idée naïve qu'Hans Fallada lève le voile sur les conditions de survie des allemands à cette époque, les difficultés auxquelles certains ont été confrontés et l'ignominie des autres.

Jusqu'aux toutes dernières pages, rien n'est épargné aux lecteurs. La lecture est, nécessairement, glaçante mais le ton « bouffon » adopté par Hans Fallada nous préserve d'en ressortir trop éprouvés.

En bref : Une lecture prenante et nécessaire qui narre les actes de résistance du petit peuple allemand. Une satire brutale et risible d'une période noire de l'Histoire.
Lien : https://thecosmicsam.com
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Des voisins d'un même immeuble, d'un même quartier, d'une même ville, Berlin, vont et viennent depuis la montée au pouvoir d'Hitler jusqu'à ?. Chacun a ses occupations, ses filouteries, son courage, sa droiture, ses déceptions, sa capacité à s'adapter, dans un monde est possiblement délateur ou trahi, qu'il soit pro ou anti-nazi, malgré lui.
Une espèce de documentaire qui vient du fond du vécu.
Herr et Frau Quangel écrivent des cartes pour dénoncer la cruauté du nazisme et d'Hitler, on suit leur parcours dès les premières cartes jusqu'à leur arrestation, quelques 280 cartes et deux années plus tard ; leurs interrogatoires, leur procès, leur exécution.
Ce qui est intéressant, ce sont les états d'âme et l'éloge du courage qui sont faits ; une belle leçon d'espoir. Et la confiance malgré et par dessus tout.
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Un magnifique roman, qui ne paye pas de mine au début avec le récit de la vie d'habitants ordinaires de Berlin en 1940, sauf que leur vie ne peut être ordinaire à cette période. Un récit très fort sur l'Allemagne vue de l'intérieur pendant la Seconde Guerre Mondiale, avec une galerie de personnages plus ou moins attachants, et une plongée dans la résistance anonyme.
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