AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,35

sur 1488 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cette lecture m'a vraiment marquée. D'abord le thème est rarement traité: la vie des Berlinois lambda pendant la guerre. On y rencontre une galerie de personnages qui ne sont pas des héros mais des gens ordinaires. On découvre leurs sentiments face à cette administration nazie à la fois lointaine physiquement mais qui dirige tout. On suit leurs réactions: révolte plus ou moins silencieuse, soumission ou passivité. Mais quelle qu'elle soit, ils sont presque toujours rattrapés par un destin implacable. Alors je me souviendrai d'Enno, Otto, Anna, Eva ou Kuno pour leur humanité très différente mais bien réelle.
Commenter  J’apprécie          240
Si Les Bienveillantes permettait une immersion dans les rouages de la machine de guerre nazie , par l'entremise d'un de ses acteurs opérationnels , Seul dans Berlin s'attache à la ville ,et au quotidien des ses habitants dans les premières années de la guerre. La grande force de ce livre à la hauteur de sa réputation, c'est la simplicité de son ecriture ,garante à elle seule de la précision et de l'acuité d'un récit dantesque , tout en tension contenue. Simplicité de l'écriture à l'unisson de ses personnages ordinaires et dérisoires. Dérisoires car en réalité le personnage principal et omnipotent du livre c'est la Peur. La peur , ce maitre intraitable qui structure et innerve l'ensemble des relations interpersonnelles de la cité. Si l'on peut parler de Peur dans son acception organique ou comme fait social, sur un plan politique on est d'avantage ici sous le règne de la Terreur ,et la pire qui soit, la Terreur d'Etat. de manière implacable le livre met à jour les ressorts de cet machine infernale ou chaque habitant est un coupable en devenir,
Machine infernale qui s'appuie à la fois sur un lupenprolétariat dont la collaboration guidée par le ressentiment et la désocialisation , s'achète à vil prix et sur une justice de classe hysterisée , rendue par une grande bourgeoisie haineuse et revancharde. On ne saurait oublier évidemment le rôle des différents dispositifs policiers ,incontournable colonne vertébrale de cette entreprise mortifère et apocalyptique. Que peuvent donc dans ses conditions, là aussi ces dérisoires tentatives de résistance bricolées par des êtres tétanisés mais dont la détermination est en tout point bouleversante ? Peut être nous permettrent de ne pas désespérer complètement des hommes. Magistral et indispensable.
Commenter  J’apprécie          242
Témoignage de la vie à Berlin sous le III ème Reich.

Hitler n'a pas seulement terrorisé le monde international, il a également terrorisé son peuple. Un quotidien où suspicion, délation, violence instaurent un climat de tension extrême pour chaque civil allemand, qu'il soit ou non adhérent au parti.

Un lecture en apnée tant la peur et la tension sont palpables dans ce récit. Un roman difficile mais éclairant.
Commenter  J’apprécie          230
Roman d'Hans Fallada

L'action prend place en 1940, dans l'Allemagne du IIIème Reich.
Le Reich a mis la France à genoux et montre sa puissance, tout porte à croire que le peuple allemand en est fier et heureux.

C'est dans ce portrait de Berlin que nous allons suivre la vie d'Otto et Anna Quangel, couple sans histoire.
Apprenant la mort de leur fils unique au front, leurs sentiments jusqu'ici peu portés vers le régime vont s'exprimer, et ils vont choisir de rentrer en résistance contre le Reich.

Cette résistance, ils vont la mener, en diffusant des cartes postales.
Une idée qui surprend au premier abord.
Mais ces cartes postales, dénonçant tous les actes indignes du régime, en incitant à la révolte, et posées ou postées dans des bâtiments publics, avec une forte fréquentation, vont vite être lues et relayées.
Et cet acte, anodin à première vue, va alarmer la Gestapo, et rapidement prendre de l'ampleur, les plus hauts responsables du gouvernement nazi parlant de haute trahison et voulant étouffer cette affaire.
Rapidement, le couple deviendra l'ennemi public numéro un.

Une magnifique oeuvre de Fallada donc, qui nous permet de nous plonger au coeur de la société allemande à l'époque de la guerre, une Allemagne où la plupart des citoyens ne sont pas nazis, et qui ont simplement vu à l'époque l'aspect de relance économique proposé par le NSDAP.
Un peuple tenu par la peur et soumis à toutes sortes de restrictions, qui fait au mieux pour s'en sortir.
Un parti politique qui place ses sujets à tous les postes clés, pour mieux cadrer la population et une Gestapo qui voit chaque individu comme un suspect potentiel. Des dirigeants haineux, et des arrivistes, prêts à tout pour profiter de la misère des autres.

Un roman qui contera à divers niveaux des actes de resistance contre le régime, mais en particulier l'histoire de ce couple, qui fut bien réel, et qui devint un symbole de la resistance anti nazie. Ils sont connus de leurs vrais noms: Otto et Elise Hampel.
Commenter  J’apprécie          230
Un livre à lire absolument pour enrichir votre culture littéraire. Hans Fallada nous raconte une autre vision du nazisme : la résistance de l'intérieur au travers de la vie d'un couple opposé au nazisme et de la vie quotidienne des habitants d'un immeuble berlinois de la rue Jablonski pendant la guerre 40-45.
L'auteur a eu accès au dossier de la Gestapo du couple Otto et Else Hampel peu après la guerre. Il en a écrit un roman sorti en 1947 l'année de sa mort. le couple sera arrêté par la Gestapo et exécuté en avril 1943 pour acte de résistance au régime. Ce roman raconte la bassesse du régime nazi vue de l'intérieur et de l'audace de quelque uns à s'opposer au pouvoir. Les moyens de résister de l'intérieur sont bien maigres. alors Quangel, le héros, utilise des moyens simples, discrets avec des moyens à sa portée.
Un roman dont on ne peut se détacher qu'après avoir terminé la lecture de la dernière page tellement l'intrigue est passionnante. (lu en 2016)
Commenter  J’apprécie          234
Seul dans Berlin, ou, on oublie souvent que les premières victimes du national-socialisme fut aussi avant tout le peuple allemand. Hans Fallada décrit cette période funeste à travers divers personnages représentatifs de l'état d'esprit de l'époque, du pleutre profiteur au fanatique enragé en passant par ce couple anodin, les Quangel, désespéré suite à un événement mais aussi transformé, qui tentera de se révolter
Tirée d'une histoire vraie, l'intrigue principale, la traque des Quangel par le détective Escherich, reste très moderne et captivante.
Fallada fait revivre de Berlin des lieux tristement célèbres comme le 8 Prinz-Albrecht-Straße, siège de la gestapo et l'Alexanderplatz, mais aussi des simples ateliers d'ouvrier devenus usines pour assouvir l'effort de guerre totale. On ressent par moment, en plus de l'horreur, la démonstration implacable du côté irrationnellement brutal, animal d'un tel régime sans compter l'absurdité grotesque mis en scène par le semblant de procès final devant le Volksgerichtshof, des thèmes abordés dans 1984 d'Orwell qui sera publié 2 ans plus tard.
Un roman indispensable, utile et nécessaire, à profiter dans sa version intégrale et retraduite chez Denoël.
Commenter  J’apprécie          234
Rares sont les livres qui traitent de la résistance allemande sous le nazisme, de la vie des allemands en Allemagne à cette période. C'est ce à quoi nous convie Hans Fallada dans ce roman palpitant et terrifiant qui permet de mieux appréhender cet épisode méconnu de la vie des allemands de Berlin ici présent. Intelligent
Commenter  J’apprécie          235
Jeder stirbt für sich allein
Traduction : A. Virelle et A. Vandevoorde

"Seul dans Berlin" s'ouvre dans cette ville, alors que l'Allemagne nazie célèbre l'heureuse issue de la campagne de France, et s'achève six ans plus tard, durant l'été 1946, dans la campagne brandebourgeoise. Personnage commun aux deux époques : Emil Borkhausen, l'un de ces parasites qui, sous n'importe quel régime politique, trouvent le moyen de prospérer aux dépens d'autrui.

A Berlin, Borkhausen, bien qu'il dût, comme tout le monde, faire profil bas devant la morgue de ses voisins, les Persicke, dont tous les membres profitaient honteusement de leurs relations au sein du Parti nazi, détenait encore un certain pouvoir. le pouvoir de la petite frappe, du petit indic qui louvoie entre les gros poissons pour leur ramener du fretin, petit ou grand. Emil vivait aussi sur le dos de sa femme, n'hésitant nullement à profiter des avantages que lui procuraient ses amants. Enfin, il lui arrivait de s'en prendre à leurs enfants, tout particulièrement à leur fils de treize ans, Kuno-Dieter, ainsi prénommé parce que, de l'aveu même de Mme Borkhausen, l'enfant était en fait le fils d'un aristocrate qui avait eu une fantaisie pour elle.

C'est ainsi que Borkhausen, mettant à profit le climat de terreur quotidienne et de méfiance mutuelle qui règne dans la société allemande depuis la prise de pouvoir par Hitler, cherche à dévaliser l'appartement abandonné par Frau Rosenthal, se met en quatre pour Baldur Persicke, un répugnant adolescent de 16 ans appartenant aux Jeunesses Hitlériennes, fait l'indic pour le commissaire Escherich, fait du chantage à Frau Hete et cause la perte de son ancien acolyte, Enno Kluge.

Dans l'immeuble de la rue Jablonsky où gravite tout ce petit monde, certains parce qu'ils y vivent, d'autres parce que les y amènent leurs obligations professionnelles, il n'y a guère que Otto Quangel et sa femme, Anna, pour ne pas se commettre avec Emil. Les Quangel viennent de perdre leur fils, tué lors de la campagne de France et cette mort va certainement les inciter à se replier encore un peu plus sur eux-mêmes.

De temps en temps pourtant, on les voit sortir, bras-dessus, bras-dessous, pour une petite promenade ... En les voyant passer, personne ne les soupçonnerait - non, pas même Baldur ou Emil - de disséminer régulièrement des cartes postales appelant les Allemands à la résistance dans des cages d'escalier choisies au hasard ...

Il faudra de longs mois au commissaire Escherich avant de parvenir à démasquer Quangel. Encore le moment où celui-ci choisit de se laisser prendre ressemble-t-il plus au premier pas vers une mort souhaitée qu'à un acte maladroit.

Le plus triste, comme le constatera le commissaire, c'est que les pauvres cartes du couple Quangel ne paraissent pas avoir servi à grand chose. Les deux tiers ont été directement remises à la police par des citoyens que la seule idée de les avoir touchées et lues menait au bord de la panique. le tiers restant ... Qu'est-il advenu du tiers restant ? ...

Quangel et sa femme sont évidemment condamnés, lui à la peine capitale, elle à la prison à vie. Séparée de son mari, Anna sombre dans une folie douce qui prendra fin quelques années plus tard, sous les bombardements. Les rares fréquentations des Quangel sont, elles aussi, arrêtées, torturées et, pour certaines, exécutées. le commissaire Escherich lui-même, à qui toute l'affaire a ouvert les yeux sur les pratiques du pouvoir en place, se suicide. Et, de combat en défaite, l'Allemagne nazie finit par s'écrouler.

Et c'est là que nous retrouvons Emil Borkhausen, hâve, déguenillé mais toujours aussi ignoble, bien décidé à se faire entretenir cette fois-ci par son fils, Kuno, lequel s'était enfui de Berlin après avoir reçu une énième correction des mains de son père pour l'Etat-Civil. Grâce à on ne sait trop quels renseignements, Borkhausen a appris que l'enfant avait été recueilli par Eva Kluge, l'ancienne factrice de la rue Jablonski, qui avait trouvé refuge à la campagne après que la Gestapo se fût intéressée à Enno, son ex-mari. Il a remonté la piste et, en ce jour de l'été 1946, il se dresse devant la charrette dans laquelle Kuno a pris place pour aller se ravaitailler à la ville.

... La petite scène entre le père et le fils constitue le seul moment de joie véritable de ce roman au style nerveux, encore souligné par l'emploi systématique du présent de l'indicatif, qui fourmille de notations précises sur la vie à Berlin chez M. et Mme Tout-le-Monde pendant l'Age d'Or du nazisme et porte témoignage de toute une époque. En filigrane, la grande question que se pose Hans Fallada : pourquoi la résistance ne s'est-elle pas organisée en Allemagne sur une échelle comparable à celle des autres pays ? Sans le dire expressément, le romancier met d'abord en cause la discipline germanique et le rapport très puissant qui unit l'Allemand au pouvoir, quel qu'il soit. En dernière position seulement, vient cette tare qui afflige Borkhausen mais qui n'est pas représentative du peuple allemand en particulier : la lâcheté, le désir de survivre aux dépens des autres.

Un roman qui ressemble à son personnage principal, Otto Quangel ou encore (et ce n'est pas si paradoxal que ça en a l'air car les deux hommes ont bien des points communs et finissent par s'estimer l'un l'autre) au commissaire Escherich : tranquille, déterminé, mesuré, minutieux et ... impitoyable. L'hommage également d'un citoyen allemand et d'un écrivain de talent à ceux de son peuple qui, malgré tout, eurent le cran de s'opposer aux Nazis. Ne passez pas à côté. ;o)
Commenter  J’apprécie          230
Seul dans Berlin, titre choisi pour la version française du grand roman d'Hans Fallada, me paraît bien mettre en exergue le thème principal de ces récits très balzaciens mettant en scène une multitude de personnages bien typés, qu'il s'agisse du protagoniste, Otto Quangel, avec sa tête d'oiseau, d'oiseau de malheur pour les nazis, ou des acteurs secondaires, comme l'insupportable fouine Barkhausen ou l'atroce Obergruppenfürher Prall. Certains y voient des caricatures grossières, mais la réalité ne dépasse-t-elle pas souvent la peinture que l'on en fait? le thème principal de ces récits, donc, serait cette terrible solitude du résistant allemand durant le IIIe Reich. Non pas "seuls", mais bien "seul" singulièrement. Hans Fallada exprime remarquablement l'emprise totalitaire du pouvoir nazi sur la société avec l'assentiment d'une grande majorité des Allemands. le roman débute au moment de la victoire allemande sur la France l'été 1940. Apogée qui annonce pourtant la future chute du régime par la sidération qu'il provoque dans le monde, mais aussi chez quelques Allemands jusqu'alors aveuglés par les fictions populistes de la propagande hitlérienne. le couple Quangel ne se lance dans la résistance qu'après la mort au combat de leur fils unique. L'inspecteur de la Gestapo, Escherich, bourreau cynique et froid, n'ouvrira les yeux sur la réalité macabre du nazisme qu'après sa rencontre avec Otto Quangel, figure messianique et rédemptrice. Mais ces quelques résistants font face à un mur: le soutien toujours massif de la population allemande à son Führer, par une adhésion irréfléchie ou égoïste à son discours mensonger, et par la peur instaurée chez chacun devant ce terrible pouvoir répressif qui donne libre cours à l'impunité et l'injustice.



Commenter  J’apprécie          223
Wouwaww !!!
Si vous avez lu avec plaisir les enquêtes de Bernhard Gunther de Philip Kerr , vous allez adorer cette brique de 700 pages , écrite dans les années 1940, et rééditer sans la censure en 2014 ( néanmoins sans l'humour de notre Bernhard).
Fallada nous décrit avec une précision chirurgicale la vie des petites gens dans Berlin dans le début des années 1940.
Ils nous fait ressentir au plus profond de nos tripes, le climat de peur ,de suspicion , de délation auquel était soumis la population.
Quoi qu'ils fassent ou disent pouvait être "interpréter" comme haute trahison par la SA ou les SS , et donc ils pouvaient être embarqués et soumis à la torture.
Nous sommes enfin étonnés de l'immense fierté , de l'intégralité de ces gens et même de leur humanité teintée d'espoir et de Vie dans les pires moments .....
Commenter  J’apprécie          223




Lecteurs (4127) Voir plus



Quiz Voir plus

C'est la guerre !

Complétez le titre de cette pièce de Jean Giraudoux : La Guerre ... n'aura pas lieu

de Corée
de Troie
des sexes
des mondes

8 questions
1127 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , batailles , armeeCréer un quiz sur ce livre

{* *}