Deux amis vont à la pêche. L'un est séparé de sa femme , l'autre vit avec la sienne qui les suit dans leur sortie.
Norbert, l'homme marié à Carole, pour attraper une truite, se perche sur un rocher, glisse et se tue.
Dès lors le troisième larron, Wilfrid, meilleur ami de Norbert imagine le schéma classique : à l'hôpital où Norbert s'éteint, on parle d'enquête administrative et Wilfrid se dit que Carole et lui vont être soupçonnés d'avoir tué Norbert pour vivre libres. Or il n'en est rien, Wilfrid et Carole se connaissent à peine et n'ont aucune histoire ensemble. Wilfrid, cependant, ne fait aucune confiance aux gendarmes et à la justice qui enferme bien des innocents.
On retrouve bien là le penchant anarchiste de
René Fallet rendu par la paranoïa de toute autorité. Brassens, son meilleur ami -il n'aimerait pas qu'on le dise, il préfèrerait, comme il le dit dans son journal, qu'on dise que Brassens est l'ami de Fallet - disait qu'il prenait toujours le passage pour piétons de peur d'avoir affaire à la maréchaussée.
Donc Carole et Wilfrid qui réussit à la convaincre, fuient à la campagne puis tentent de s'embarquer pour Tanger. Mais d'autres évènements viennent quelque peu freiner leur enthousiasme. L'angoisse d'être pris, la maladie, la venue d'amis fêtards ajoutent à l'ambiance. Wilfrid semble concentrer tous les malheurs du monde, s'en persuade et en persuade sa compagne de route.
C'est un roman court. Je l'ai lu en parallèle du "
Journal de 5 à 7" de
René Fallet. On peut dire qu'on vit dans une autre époque -ici le début des années soixante- où les femmes obéissent et jouent les seconds rôles ou les infirmières dotées de "douceur" qu'on appelle "mon petit"…
Ce qui n'enlève rien à l'efficacité toute hemingwayenne de ce roman qui finit avec des scènes en parallèle pour expliquer le pourquoi du comment. Les dialogues sont crédibles et bien sentis. C'est un roman policier somme toute plutôt moderne, à la sauce Fallet. Un bon moment de lecture.