Des textes un peu décousus, proches de l'écriture automatique pour certains. Une ambiance sombre, triste, où l'espoir n'apparaît que par toute petites touches lumineuses comme le texte ci-dessus.
Ça parle de migrations, d'individualisme, de peur du
changement et d'amour.
A éviter en cas d'humeur maussade.
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Des paysages en nous
des années après notre départ
leurs couleurs leur lumière la douceur des collines
dans le silence encore le vol doré des papillons
et sous les oliviers loin des cimes
scarabées coccinelles chenilles
noir et rouge mêlés entre les pierres sèches
à chacun son parcours ses luttes ses amours
caresse du soleil et sillage du thym
chaque fois que tu reviens vers eux
en toi une allégresse ils sont restés les mêmes (...)
Lumière d’avril…
Lumière d’avril
les jours sortent de l’ombre
tu respires l’âcreté de la terre
la sève par-dessous pousse sans relâche
efface ta fatigue dedans dehors mêlés
l’arbre de Judée s’enflamme et consume l’hiver
revient la saison des bouquets d’anémones
robes d’été et clins d’œil des jonquilles
les jours s’allongent allègent nos départs
la clarté le mouvement te portent
tu sarcles les herbes et les mots
ça continue ça recommence
toujours ça recommence
le temps nous brûle mais
on se fait croire au neuf de l’éternel retour
on l’espère on l’attend
comme on attend le thème en écoutant du jazz
lumière
lumière d’avril
rien que pour nous ça recommence
L’intensité l’inattendu
L’intensité l’inattendu
force fragile du désir
un éclair du dedans
que l’on croit sans limites
comme Ulysse dépasser le Chaos
trouver dans l’univers sa place
dans les déchirements de l’Histoire
condamnés à choisir
il nous faut vivre avec ces failles
chercher dans nos voyages des indices
pour avoir raison d’espérer
en coulisse des songes plus vifs que nous
tenus à l’impossible
même si le partage étranglé
même si tu te sais périssable
dis-toi que maintenant est là devant toi
ouvre-le
Tu as beau déceler le mensonge
Tu as beau déceler le mensonge
bousculer les idées incassables
qu’on jette à la figure
saigne l’inaccompli
on est bien plus que ce qu’on vit
nos cris des chuchotements inaudibles
paroles de l’infans qu’on n’entend pas
pieds nus
une défaite lourde aux tempes
l’avenir ceinturé
quel éveil à attendre
encore toujours obstinément
sans l’« illusion de la fin » ?
faute de preuves quelles boutures çà et là égarées
à replanter sans cesse ?
en nous le pouvoir illimité d’imaginer
donner du souffle à la beauté qu’on frôle
en faisant vivre ainsi ce qui n’existe pas
rien n’efface l’élégance d’une robe qui tombe
le tremblement d’une main sur un corps
et que l’insolence du sang nous emporte !
À l’improviste
À l’improviste
des tableaux des images
ce qui se faufile se transmet malgré
nommer
ces glissements
à la croisée des routes
lentement
déchiffrer ces séquences
leur lumière
leur envers
l’ombre portée du monde
écrire dans l’écart
des marges différentes
une langue désordonnée
permet de voir dans la nuit
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac
Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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