L'histoire ne décolle vraiment qu'à partir du quart du roman environ. Avant, c'est très descriptif : les différents membres du cirque itinérant, leurs animaux, leurs histoires personnelles, etc., mais pas grand-chose qui fasse avancer l'intrigue principale. Des flash-backs sur des scènes de vie au sein de la troupe, avec des descriptions longues et détaillées des personnes et des caravanes (où on est content que les protagonistes habitent des roulottes et non des palais avec des centaines de pièces !). Les personnages secondaires sont cela dit intéressants.
Ce qui n'est pas forcément le cas du héros, Arlis, dans un premier temps du moins : jeune garçon de onze ans, qui a peu de d'ambitions, peu de rêves, d'aspirations, il est assez peureux, dans l'expectative, il n'est pas proactif, il se laisse porter, il se promène au hasard pour passer le temps, il suit, ne prend pas d'initiative… Il semble aussi qu'il ne fasse pas grand-chose de ses journées, puisqu'il ne fréquente pas l'école, ne semble pas apprendre les arts du cirque, ni un métier quel qu'il soit…
Du coup, on se pose la question : Quelle est sa motivation dans la vie ?
Un ado qui ne court pas les filles (ben oui ça existe quand même !), ne rêve pas plus que ça d'indépendance, ne se projette pas plus loin, ni ailleurs, ni dans le temps ni l'espace… Il est assez désincarné et on a du mal à éprouver de l'empathie. Alors qu'il ne connait pas ses origines, la puberté est souvent un temps de remise en question, du moins de questionnement, lui, semble avoir fait le deuil de la connaissance de la vérité.
Et puis, ensuite, on se rend compte que finalement NON justement : ses motivations sont d'abord noyées dans le récit des scènes de son passé pour apparaître enfin vers le milieu du roman. Là, en effet, il commence à se révéler : en savoir plus sur sa famille de naissance, se révolter contre certains adultes, piquer des colères, vouloir passer à l'action… Ça y est, l'histoire démarre vraiment. le fantastique s'exprime. Et on est emporté !
Faith est plus intéressante comme personnage dans un premier temps. En conflit spirituel avec son père pasteur. Elle semble vouloir s'opposer à tout ce qu'incarne son géniteur. Elle crache sur le sacré, sur l'église, veut amadouer la bête (Satan)... En cachette, ce n'est plus du tout la gentille petite fille bien élevée.
Est-elle le déclencheur qui fait basculer le héros ? A partir de ce moment, elle devient transparente à l'intrigue, et c'est Arlis qui prend toute la place. Ce qui est logique car son histoire à lui est bien plus spéciale que la sienne à elle. Ce qui est caché en lui et autour de lui aussi. Et c'est le basculement, Faith montre son vrai visage : celui d'une jeune fille ordinaire, encore ancrée dans l'enfance ; et Arlis, le sien : celui d'un garçon qui entre dans l'adolescence, se dirige vers l'âge adulte, accompagné par les fantômes de son passé, les souvenirs enfouis, les secrets de famille...
🌾 La force de l'auteure réside dans la manière de faire surgir le surnaturel d'un lieu quelconque, comme un champ de blé. 🌾 Mais y a-t-il finalement du surnaturel ? Ce qui est sûr, c'est qu'on se place dans le cadre d'un récit fantastique au sens premier, c'est-à-dire qui produit une hésitation entre le surnaturel et le naturel explicable par une logique rationnelle...
A chacun d'interpréter les événements comme il l'entend…
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