Dans un cabaret minable de Whitechapel au XIXème siècle, Corney Sage se produit chaque soir comme comique et comédien. Un simulacre de tribunal lui vaut du succès et la salle est remplie. Il n'y a d'ailleurs pas que les classes populaires qui fréquentent les lieux, des gentlemen s'y encanaillent. L'un d'eux est très entreprenant avec Bessie, pickpocket et prostituée, et l'entraîne dans la ruelle derrière le cabaret. Leurs ébats se terminent dans le sang, Bessie est brutalement assassinée. Mais ils n'étaient pas seuls dans la ruelle ; Lucy, une comédienne et arnaqueuse, et Corney Sage étaient présents et ont tout vu. Terrifiés, chacun part se cacher loin de Londres.
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Que le spectacle commence ! " fait alterner les journaux intimes de Corney Sage et du meurtrier. On sait donc très rapidement quelle est son identité, Ann Fearthstone a choisi de détourner le "whodunit". Cette idée originale est renforcée par les identités multiples du tueur. Déguisements, faux-semblants émaillent le roman, ce qui correspond parfaitement au monde du spectacle dans lequel se déroule l'intrigue. C'était une excellente idée de choisir ce milieu peu exploité habituellement et on sent que l'auteur s'est bien documentée. Les mésaventures de Corney nous montrent les différents pans du métier à l'époque victorienne : cabaret, cirque, foire aux monstres…
Malgré cette pointe d'originalité, je suis plutôt restée sur ma faim. Ma déception pourrait se résumer ainsi : pour un roman policier, ça manque singulièrement de suspens ! Entre le début à Whitechapel et la conclusion, l'intrigue se traîne terriblement. le meurtrier pourchasse mollement Lucy et Corney, d'ailleurs on met un certain temps à comprendre qu'il les poursuit. Il se demande s'il doit les éliminer ou non, pas très virulent notre assassin ! Je vais reprendre le célèbre adage d'
Alfred Hitchcock qui se révèle toujours très juste : un bon film (ou livre) à suspens ne fonctionne que si le méchant est réussi. Et ici ce n'est malheureusement pas le cas. L'idée des différentes identités était intéressante mais l'histoire se délaie dans le quotidien du tueur : ses affres sentimentales (qui font un peu trop penser à
Sarah Waters) et la naissance de son enfant. Ce dernier évènement me semble vraiment inutile et n'apporte rien au récit.
J'attendais beaucoup de cette lecture. Malgré les points positifs et une bonne reconstitution de la société victorienne, je n'ai pas trouvé ce roman haletant, je m'y suis même ennuyée.